Matoub Lounès, notes et souvenirs d'un compagnon de lutte
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Matoub Lounès, notes et souvenirs d'un compagnon de lutte

  1. 176 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Matoub Lounès, notes et souvenirs d'un compagnon de lutte

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À propos de ce livre

Après de longues années, censuré et gêné, son acolyte et son compagnon de lutte "pour une Algérie meilleure et une démocratie majeure", Tayeb Abdelli, nous livre des pans intimes et cachés du chantre des libertés que fut Matoub Lounès, lâchement assassiné en 1998.Pourquoi était-il infréquentable alors que des millions de ses concitoyens lui concédaient le titre de "maître"? Pourquoi sa fougue sincère et son engagement politique dérangeaient-ils tant?Les vérités de Tayeb Abdelli feront probablement choquer ou faire frémir. Mais elles contribueront certainement à vous le faire adorer davantage et, surtout, faire réfléchir sur la destinée d'un homme vrai, d'un humaniste jusqu'au bout de l'âme.

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Informations

Année
2019
ISBN
9791030217209

Qui était Lounès Matoub ?

Aujourd’hui, à l’issue de son assassinat1, perpétré par ses ennemis, des dizaines, voire des centaines de millions de personnes connaissent le combat de Lounès Matoub. Mais, lui, le connaît-on ?
Notre fréquentation et notre amitié durèrent deux décennies, pratiquement.
Comment ai-je rencontré celui qui allait devenir mon frère ? Notre première rencontre, en janvier 1978, fut immédiatement placée sous le signe d’une intense complicité. Nous nous sommes rencontrés chez Kader au 16 rue Léon, dans le 18eme. A l’époque, à Paris, les gens concernés par le combat berbère se comptaient sur les doigts d’une main. Nous allions souvent boire un verre, rencontrer des compatriotes, parler de nos préoccupations, de notre Berbérité. La plupart des gens, incrédules, nous jugeaient insensés !
Certains nous traitaient d’attardés, d’autres d’inconscients. Un groupuscule, prétendument de culture berbère, diffusa même un tract nous accusant de fascistes !
Nous prenions un certain plaisir à déranger. Nous nous emportions souvent. Et ceux affirmant s’intéresser à notre lutte finissaient par afficher un total mépris à notre égard. Un mépris qui attisait notre flamme.
Lounès avait un peu plus de vingt-deux ans, moi, vingt-quatre. Il n’avait pas encore son permis de conduire mais avait acheté une Renault 5 Alpine grise, décorée, que je conduisais moi-même.
Après notre première rencontre et en moins de six mois, nous étions devenus inséparables.
Nous passions de longues soirées, en tête-à-tête, à boire et à parler insatiablement de notre identité, de la nouvelle invasion arabo-islamique ; idéologie imposée depuis bientôt vingt-ans.
Dès le début, je lui contai les circonstances de ma fuite d’Algérie, ce que j’avais dû subir en tant qu’animateur à la radio d’Alger, Chaîne II, dite également : chaine kabyle.
Il m’écouta attentivement. Inspiré par ces circonstances, en moins d’une semaine, il composa l’une de ses premières chansons les plus poignantes : “A tidet ṛǧu” (Vérité, attends-nous).
Sa capacité d’écoute était admirable. Il ne pouvait mépriser qui que ce soit. Tous, y compris les gens les plus humbles, avaient droit à sa prévenance.
Quand Lounès finissait de composer un texte ou une chanson, il les faisait lire ou écouter par ceux qu’il savait attentifs. Puis, il enregistrait au studio. Il tenait sensiblement compte de mes remarques et réfléchissait toujours aux modifications que je lui proposais. Il n’ignorait ni ma vigilance ni mon adhésion. Si je retouchais un vers, plusieurs, ou bien la totalité d’un texte, il acceptait mes suggestions avec bonheur. Il m’arrivait d’écrire des textes, de les lui lire. Il me proposait alors d’utiliser telle ou telle expression. Nous souriions et je lui accordais bien volontiers l’autorisation de reprendre un mot, une idée, une rime. Il avait une mémoire phénoménale. Il lui suffisait de parcourir une ou deux fois ce que nous avions peaufiné pour que son cerveau l’imprime ! Cet appui renforça notre connivence. Nous étions comme deux gamins. Nous évoquions et rêvions de l’indépendance de Tamazgha (La Berbérie). Notre idole – l’unique – se nommait Jugurtha, roi de Numidie. Ambitieux, rusé, furieux et perpétuel combattant des forces romaines. Jugurtha était un intrépide défenseur de la liberté de son territoire et de son peuple.
Un jour de 1980, je le rencontrai, comme à l’accoutumée, dans le dix-huitième arrondissement de Paris, aux environs de Marcadet. En me voyant, il s’exclama d’emblée :
– Mon cher, ça y est ! J’ai accompli mon devoir de pèlerin ! J’ai été me recueillir sur les lieux où Jugurtha avait été emprisonné jusqu’à sa mort, de faim, à Rome !
Je lui promis de m’y rendre à mon tour. En 1981, je partis pour l’Italie. Malheureusement, je n’ai pas pu trouver le site. Ce ne n’était que partie remise.
Dans le courant de l’année 1980, peu de temps après la révolte de Kabylie donnant naissance au Printemps berbère, je jugeai indispensable d’établir un lien, une communication radiophonique entre les Kabyles de Paris et de la région parisienne. Je pensais à une radio, vu que les Kabyles aimaient bien écouter la radio et compte tenu de la gravité de la situation qui nécessitait une communication constante. Le seul moyen réalisable consistait à pirater la bande FM. Un soir, rentrant chez moi, vers trois heures du matin, j’allumai la radio. Cherchant une fréquence, je découvris la 88.8 Radio Ivre.
La bande FM était, à l’époque, presque vierge. J’écoutai un instant, le temps que s’imposa une évidence, une idée me vint à l’esprit :
– Je dois les appeler et leur proposer de nous octroyer un petit créneau ! Nous tenterons, ainsi, de diffuser les motivations de notre lutte !
Je saisis le téléphone, composai le numéro de la station et je commençai à bavarder avec l’animateur hors antenne. Je lui fis part de mon projet de réalisation d’un programme culturel franco-berbère. Je n’oubliai pas d’évoquer le combat mené en Algérie contre la tyrannie arabo-islamique. Mon sympathique interlocuteur m’encouragea à prendre contact avec l’un des responsables. Ce que je fis. Quelques jours plus tard, un accord fut conclu. J’allais présenter une émission hebdomadaire de deux heures : “Culture berbère”.
Immédiatement, je courus à Marcadet annoncer la bonne nouvelle à Lounès et aux quelques amis berbéristes dont Boudjemaa Agraw. Je fis imprimer des affiches annonçant la naissance du programme que je collai dans nos cafés habituels, et que je distribuai à chacune de nos connaissances. Certains prirent plaisir à les diffuser.
Mon premier invité ne pouvait être que Lounès, mais hélas, il ne pouvait pas être présent lors de ma première émission. J’invitai alors Boudjemaa Agraw, avec qui nous partagions le même combat, le même idéal, les mêmes peines, les mêmes joies et, quelquefois, la même assiette.
Un des principaux lieux où je collais mon annonce était la coopérative Imedyazen, rue de Lesdiguières à Paris, quartier de la Bastille.
Cette “coopérative” avait été fondée par le groupe berbériste de Paris VIII, Université de Vincennes, à la suite du mystérieux effondrement de Agraw Imazighen, situé 5, rue d’Uzès et animé par Bessaoud Mohand Arab. Quelques éléments du groupe de Vincennes effectuèrent un passage éclair rue d’Uzès.
En apposant ma petite publicité, j’ignorais commettre une bévue !
Une des qualités partagées entre “les amis de Marcadet” était la naïveté. Nous ne soupçonnions guère les gens...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de Couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Exergue
  6. Préface
  7. Avant-propos
  8. Qui était Lounès Matoub ?