Définir l'identité de la recherche-création
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Définir l'identité de la recherche-création

État des lieux et au-delà

  1. 292 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Définir l'identité de la recherche-création

État des lieux et au-delà

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À propos de ce livre

Autour de la recherche-création et des questions liées à l'enseignement des arts, cet ouvrage réunit plusieurs contributions issues de deux rencontres internationales entre chercheuses, chercheurs, artistes et pédagogues (Académie d'été, Lausanne2017 et Académie d'hiver, Strasbourg2018) qui témoignent de l'effervescence actuelle autour de ce paradigme de connaissance qui met la création au centre du discours.

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Informations

Éditeur
EME Editions
Année
2020
ISBN
9782806661937

NOTES INTRODUCTIVES (1)

RECHERCHE[-]CRÉATION : ÉTATS ET LIEUX

John Didier et Grazia Giacco

Recherche[-]création : deux termes qui, au-delà de l’espace proposé par le trait d’union, semblent incarner à eux seuls deux perspectives indissociables propres à nos sociétés modernes. Par le territoire que nous ouvrons en convoquant ces deux termes et en ciblant l’espace qui les sépare et qui les réunit dans une mise en tension instable et fluctuante, cet ouvrage aborde l’émergence d’un nouveau territoire de création de savoirs. Il serait dès lors aisé de convoquer l’apparition d’une nouvelle discipline, située au carrefour de l’interdisciplinarité et à l’affût de toute parcelle non encore annexée par les sciences déjà délimitées. Pourtant, la recherche-création se complaît à agir dans l’interstice des espaces (pluriels) qu’elle rapproche, superpose, oppose et fait dialoguer.
Aujourd’hui, la recherche-création dépasse les contours d’une catégorie déterminée et se positionne davantage comme un « champ à sonder » (Giacco, 2018, p. 52). Née au Québec pour circonscrire le périmètre d’action des artistes-chercheurs1 à l’université, cette appellation a progressivement assumé sa polysémie et peut indiquer aujourd’hui autant les recherches à l’intersection entre arts et science (Fourmentraux, 2012 ; Peilloux, 2019) que les travaux de recherche issus de la pratique artistique (Bruneau, Villeneuve et Burns, 2007 ; Gosselin et Le Coguiec, 2006) ou encore la création présentée sous forme de recherche (Chapman et Sawchuk, 2012), sans oublier les différentes appellations utilisées dans les études anglophones anglophone (Candy, 2006 ; Macleod et Holdrige, 2006 ; Borgdorff, 2008, 2010 ; Smith et Dean, 2009).
Dans une tradition de la recherche en art en quête d’identité, avide de convoquer la philosophie, l’esthétique, la sémiotique, la psychologie, la sociologie ou l’anthropologie, pour cerner et regrouper les propos liés à la création, les chercheurs travaillés par la création (Giacco, 2018) s’autorisent, par cette combinaison, à légitimer un territoire conceptuel réunissant création et recherche. La recherche-création, par sa spécificité à être indisciplinée dans le sens d’une science autre, établit une introspection dans la création et une émergence qui parfois se réalise à partir du non formalisé. Elle se construit ensuite par une pratique discursive qui accompagne et prolonge, selon des méthodologies propres, le processus de création. Parfois retenue avec circonspection à l’écart des pratiques scientifiques, la recherche en art convoque les relations de territoires et les relations systémiques, au-delà de toute forme d’annexion et de délimitation strictement établie. La recherche-création opère ainsi telle une pratique discursive tout en redéfinissant sans cesse ses « préoccupations » (Gosselin et Le Coguiec, 2006) épistémologiques, ontologiques et méthodologiques. Cette « pratique discursive » (Foucault, 1969, p. 246) permet aux praticiens de « participer à la construction du discours sur l’art en laissant transparaître leur point de vue » (Gosselin, 2006, p. 21). Le savoir, pour Foucault, indique :
ce dont on peut parler dans une pratique discursive qui se trouve par là spécifiée : le domaine constitué par les différents objets qui acquerront ou non un statut scientifique […] ; un savoir, c’est aussi l’espace dans lequel le sujet peut prendre position pour parler des objets auxquels il a affaire dans son discours […] ; un savoir, c’est aussi le champ de coordination et de subordination des énoncés où les concepts apparaissent, se définissent, s’appliquent et se transforment […] ; enfin un savoir se définit par des possibilités d’utilisation et d’appropriation offertes par le discours […]. (Ibid., p. 246-247)2
En cela, la recherche-création ouvre un nouvel espace de fabrication des savoirs qui permet de faire dialoguer les pratiques de création. Au fil du temps, la difficulté pour la pratique artistique de se plier aux méthodes de recherches positivistes (Fortin et Houssa, 2012) et le désir d’en concevoir d’autres ont activement contribué à encourager l’expérimentation des créateurs-chercheurs au sein de leurs recherches sur/par la création, en renforçant cette articulation d’un double processus dynamique : la création par/avec la recherche et la recherche par/avec la création. Aussi, nous prolongeons les propos de Gosselin qui a rapidement ressenti le besoin de se soustraire d’une sémantique extérieure au champ de l’art, car elle semblait dans l’incapacité même à saisir la subtilité des dynamiques activées dans les processus de création (Gosselin, 2006, 2017). C’est par cette intuition du chercheur relié à sa pratique de création qu’il nous semble indispensable de repenser la terminologie propre à la création, de la spécifier au regard de ce territoire émergent, de convoquer des concepts tout en les redéfinissant, en modifiant la nature même des approches portées par les chercheurs extérieurs à la création. En d’autres termes, réhabiliter la confiance du créateur-chercheur sur sa propre pratique dans un contexte de recherche et de formation supérieures, et sur ce qu’elle peut apporter à la production de connaissances.
Pourtant, la recherche-création ne possède pas la prétention d’exclure ou de mettre en dehors d’un hypothétique contour disciplinaire les acteurs et les auteurs intéressés à formaliser les savoirs convoqués émergeant des différents processus activés par la création. En cela, la recherche-création caractérise un non-lieu du savoir, dans le sens où elle permet de se soustraire de cadres préexistants pour s’autoriser à repenser la recherche hors cadres, parfois dans des actes de transgression, offrant ainsi asile à tous les chercheurs animés par la création. C’est ainsi que la recherche-création s’inscrit dans une tension induite par une neutralité autorisant les écarts, les non-dits, les associations impensées, les controverses, la remise au centre des débats sur, pour et par la création.
Ce territoire émergeant se dresse en confrontation face aux disciplines parfaitement instituées. Au-delà d’un acte de refus d’autorité de ces disciplines qui critiquent et reflètent les tentatives de formalisation de nouveaux territoires, la recherche-création se dresse comme un garde-fou au XXIe siècle. Elle nous rappelle son potentiel d’émancipation qui permet au praticien et chercheur d’engendrer de nouvelles problématiques et de participer ainsi à l’apparition et à la formalisation de nouveaux savoirs et de nouvelles manières de les transmettre.
La recherche-création contribue par la création de savoirs à s’écarter et à se défaire de l’emprise des filiations et des traditions des disciplines. Elle convoque les mécanismes d’émancipation et d’individuation qui émergent de la relation entre création et effort technique (Simondon, 1989), participant à la constitution d’un collectif. Contrairement au nomadisme qui prime pour une logique de la circulation, du réseau et de l’avancée perpétuelle, le territoire de la recherche-création s’autorise à se positionner et à s’établir dans les interstices du déjà-là, élargissant les microsillons de l’infra-mince, pour s’autoriser à tisser des relations, à métisser, à hybrider les savoirs, les postures, les méthodologies animés par une quête liée au désir et à la pulsion de défaire toute entrave à sa propre liberté.
La puissance qui crée afin de jouir de soi, de son propre pouvoir, est en effet celle qui veut jouir de plus de puissance ; ou elle est celle qui cherche à pallier ce qu’elle éprouve alors sous la forme d’une diminution de puissance, d’un déficit de pouvoir. Mais pour remplir cette « tâche », il lui faut, en tout premier lieu, se résoudre à affronter et accepter de détruire tous les obstacles susceptibles d’entraver l’irrépressible avancée de son « vouloir intime », l’inusable méchanè de son incessant besoin de soi. (Audi, 2010, p. 67-68)
La recherche-création s’inscrit dans la transgression des disciplines. Elle autorise le chercheur travaillé par la création (Giacco, 2018) à réhabiliter l’acte de création dans une visée émancipatrice et dans sa logique de production et de partage des connaissances. C’est en cela que les mécanismes liés à l’errance, au tâtonnement ou à l’erreur participent à l’élargissement de la nature même du savoir, pour amener progressivement celle-ci à celle du non-savoir (Lassus, 2019). Questionner l’articulation entre création et recherche (Gosselin et Le Coguiec, 2006 ; Bruneau et Villeneuve, 2007 ; Dautrey, 2010), ainsi que son apport pour l’enseignement des disciplines artistiques et techniques, tout en ouvrant sur d’autres perspectives transversales (ontologique, poïétique, politique, sociologique, anthropologique) situe notre débat au sujet de la création en affirmant un positionnement épistémologique (Métral, 2015).
Cet ouvrage naît d’une nécessité : celle de réunir plusieurs acteurs (chercheurs, enseignants, artistes) autour d’un déplacement du paradigme de la connaissance qui est en train de se mettre en place au sein des institutions de 3e cycle dans la formation supérieure. Le questionnement issu de la place de la recherche en art et de ses liens avec les enjeux de la transmission et de la construction de savoirs anime cette réflexion collective.
Deux questions centrales ont nourri les réflexions de ces dernières années (Giacco, Didier et Spampinato, 2017 ; Didier, Giacco et Chatelain, 2018) : quelles sont les perspectives didactiques issues de la recherche-création ? Comment définir l’identité de la recherche-création dans l’espace de la recherche et de la formation supérieures ? Autour de ces deux questions, nous avons réuni plusieurs points de vue/points de voix. Il en ressort davantage une polyphonie de textes qu’un assemblage de sections distinctes. Chaque contribution, en effet, se positionne dans une structure en tuilage : les thématiques qu’elle aborde se retrouvent déclinées de différentes manières dans les contributions qui précèdent ou suivent.
D’où parlent les différentes voix ? Artistes, chercheurs, formateurs permettent de reconstruire l’identité de la recherche-création et de la didactique de la création artistique à partir de leurs propres points de vue qui, pour la plupart, expriment des identités multiples, à l’instar d’une mosaïque dans laquelle chaque auteur apporterait son tasseau.
Le chapitre de Jean Arnaud part d’une question disciplinaire (arts plastiques) et aborde la recherche-création sous une perspective historique mais aussi dans sa relation arts/sciences. Exposant les enjeux actuels du doctorat en recherche-création, il propose une lecture de la recherche-création dans une dimension pluriet interdisciplinaire.
Pierre Litzler questionne l’espace de la recherche-action comme lieu de résonance de la recherche-création. En revenant sur le rôle de la poïétique, il fait émerger la force du dessein ainsi qu’une dialectique entre faire et savoir.
Témoignant d’une tension dans la recherche en et avec l’art, Frédéric Verry aborde le regard du plasticien travaillé par la recherche. Son point de vue s’appuie sur une pratique artistique personnelle comme élément déclencheur d’un processus de réflexion et de production de connaissances.
Gwenaëlle Bertrand et Maxime Favard valorisent l’articulation entre pratique et théorie au sein du design comme moyen de formation. Ils pointent la nécessité d’ouvrir les frontières disciplinaires et de saisir la recherche-création comme terrain propice à ces nouveaux enjeux sociaux et éthiques.
Pierre-Albert Castanet utilise le Ready-made comme un déclencheur pour l’imaginaire artistique à partir duquel il développe une posture d’apprenti-concepteur qu’il met au centre de la transmission des savoirs.
Christine Esclapez et Grazia Giacco adoptent le format épistolaire pour questionner l’approche musicologique à l’heure de la recherche-création. Elles détournent la structure conventionnelle de l’article scientifique tout en abordant avec rigueur les enjeux de l’identité du chercheur confronté à ce no...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. CREArTe
  4. Titre
  5. Copyright
  6. Notes introductives (1) – Recherche[-]création : états et lieux – John Didier et Grazia Giacco
  7. Le rêve et la raison – Jean Arnaud
  8. La recherche en Arts plastiques avec la pratique – Frédéric Verry
  9. Recherche-création : la force du dessein – Pierre Litzler
  10. La recherche-création en design : synthèse de l’atelier Réalités Déplacées (2017-2018) mené avec les étudiants du Master Design Projet de l’Université de Strasbourg – Gwenaëlle Bertrand et Maxime Favard
  11. Musique et Création : l’esprit du ready-made, stimulus pour l’imaginaire artistique – Hommage à Marcel Duchamp – Pierre Albert Castanet
  12. Créer ou ne pas créer : pour une relocalisation de l’approche musicologique dans l’espace de la recherche-création – Christine Esclapez et Grazia Giacco
  13. Notes introductives (2) – Grazia Giacco et John Didier
  14. Méthodologies de recherche-création et modalités pour l’évaluation de la compétence à créer des étudiants des collèges et des universités – Pierre Gosselin
  15. Proposition d’une rencontre scientifique et artistique. Retours sur le colloque « Artiste et enseignant : duo-duel ? » – Clara Périssé Arozarena, Florence Quinche et Nicole Goetschi Danesi
  16. Que faire de l’aura de Walter Benjamin en classe ? Commentaires sur l’usage d’un fonds d’oeuvres d’art contemporain en milieu scolaire – Tilo Steireif
  17. De la littérature considérée comme un sport sans combat – Jean-Manuel Warnet
  18. Recherche-création et art imprimé : « authenticité », « accumulation » et « autoconstruction » – Stéphane Mroczkowski
  19. Notes introductives (3) – John Didier et Grazia Giacco
  20. Arts plastiques, archive et catastrophe : examen des processus mémoriels à l’œuvre dans Teiten, projet de recherche-création en hommage à Katia et Maurice Krafft – Thibault Honoré
  21. Danse en réseau, quels défis chorégraphiques ? Une invitation à réfléchir à travers l’installation Cyberautoscopie. Danse-recherche-interactivité – Vivian Fritz, Nathalie Boudet et Sergio Núñez Meneses
  22. Résidus d’histoires, auto-ethnographie d’une oeuvre musicale socio-sonore – Eric Maestri et Laura Odasso
  23. Notes finales (et prélude) – Grazia Giacco et John Didier
  24. Liste des auteurs
  25. Table des matières