Processus de transformation et consolidation identitaires dans les sociétés européennes et américaines aux XXe-XXIe siècles
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Processus de transformation et consolidation identitaires dans les sociétés européennes et américaines aux XXe-XXIe siècles

  1. 254 pages
  2. French
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Processus de transformation et consolidation identitaires dans les sociétés européennes et américaines aux XXe-XXIe siècles

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Omniprésente dans le débat public, la notion d'identité nationale suscite toujours à l'ère de la mondialisation nombre de polémiques et de controverses. À partir d'une approche pluridisciplinaire et comparative, cet ouvrage se propose d'interroger les mécanismes à l'oeuvre dans les processus de construction identitaire en prenant appui sur des analyses qui portent sur la Catalogne, le Pays basque, l'Écosse, le Royaume-Uni, les États-Unis, l'Uruguay et le Chili.

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Informations

Éditeur
Academia
Année
2020
ISBN
9782806123114

DEUXIÈME PARTIE

ENJEUX POLITIQUES
DU DISCOURS IDENTITAIRE

LE NATIONALISME ÉCOSSAIS ET L’IDENTITÉ
POLITIQUE DU SCOTTISH NATIONAL PARTY

Nathalie Duclos
Université de Toulouse-Jean Jaurès

Introduction : grandes typologies
du nationalisme

Comment faire sens d’un concept aussi protéiforme que celui de « nationalisme », alors que, comme l’a bien résumé Michael Ignatieff : « nationalism is not one thing in many disguises but many things in many disguises »1 ? Si le nationalisme recouvre des réalités très multiples, c’est parce qu’il renvoie à la fois à une ou des idéologies, et à des mouvements politiques, et parce que les mouvements nationalistes ont eux-mêmes des objectifs divergents. Afin d’essayer d’appréhender le nationalisme dans sa globalité, les spécialistes du phénomène national ont proposé de nombreuses typologies du nationalisme.
Parmi les modes de classification les plus récurrents dans la littérature spécialisée, on trouve notamment la dichotomie ethnique / civique, dont l’utilité analytique est souvent remise en cause de nos jours2, mais qui a longtemps connu un grand succès. Le nationalisme civique et le nationalisme ethnique reposent sur deux conceptions différentes de la nation : d’un côté, une nation fondée sur un territoire et surtout sur un contrat social, sur des valeurs et des institutions partagées, et sur une histoire commune, une « association politique des citoyens, une construction rationnelle et volontariste »3 ; de l’autre, une « nation organique, héritée »4, fondée sur des caractéristiques communes d’ordre ethnique ou culturel, comme la race, les origines, la religion, la langue ou les coutumes. La première serait un héritage des Lumières et des Révolutions française et américaine, tandis que la seconde serait un héritage du romantisme allemand du XIXe siècle et le fruit d’une réaction anti-napoléonienne et d’une révolte romantique contre l’idéal français de l’État-nation.
La division entre nationalismes ethnique et civique a longtemps été jugée utile parce qu’elle a permis de clairement distinguer les « bons » des « mauvais » nationalismes, et notamment les nationalismes pacifiques et démocratiques, des nationalismes violents, bellicistes, et tentés par le totalitarisme. Toutefois, la littérature récente sur le nationalisme pointe souvent les limites de cette distinction. Premièrement, celle-ci a pu être utilisée5 pour pointer du doigt les « mauvais nationalismes » orientaux par opposition aux « bons nationalismes » occidentaux. Deuxièmement – et plus fondamentalement, cette critique touchant à l’utilité même des concepts, plus qu’à la façon dont ils ont été utilisés –, de nombreux auteurs jugent problématique de mettre ensemble les critères d’ordre ethnique (tels que la race ou les origines communes) et ceux d’ordre culturel (tels que la langue et la religion). Certains préfèrent donc remplacer la dichotomie ethnique / civique par la trilogie ethnique / culturel / civique6. Comme l’a souligné le sociologue Rogers Brubaker, nul nationalisme n’est purement ethnique sans dimension culturelle, et nul n’est purement civique sans dimension culturelle. Il serait donc plus utile d’envisager les nationalismes comme étant plutôt ethnoculturels, ou plutôt civiques et culturels7.
Une autre dichotomie qui est souvent reprise dans les ouvrages théoriques sur le nationalisme, et qui a notamment été conceptualisée par le politiste écossais Michael Keating8 mais que l’on retrouve également, par exemple, dans certains ouvrages du philosophe politique Tom Nairn ou du sociologue Michael Hechter9, est celle qui distingue les « nationalismes d’État » (state nationalisms) des nationalismes dits « minoritaires », « périphériques » ou « sans État » (peripheral /minority / stateless nationalisms), parfois aussi qualifiés de « nationalismes régionaux »10, ou encore de « nationalismes de dissociation » ou « de disjonction »11. Pour sa part, Rogers Brubaker oppose ce qu’il appelle les nationalismes « encadrés par l’État » (state-framed) aux nationalismes « contre-étatiques » (counter-state)12. Tous ces termes ont l’avantage de bien mettre en lumière la principale différence qui existe entre les nationalismes d’État et les nationalismes périphériques, à savoir leurs objectifs et leur rapport à l’État dans lequel ils s’inscrivent : « alors que [les nationalismes d’État] s’inscrivent par définition dans le cadre étatique existant, les nationalismes de disjonction s’emploient à créer de nouveaux espaces politiques »13. En d’autres termes, pour les nationalismes périphériques, l’objectif principal est généralement, soit la sécession de la nation et l’obtention d’un nouvel État correspondant aux frontières de la nation, soit, a minima, l’obtention d’une large forme d’autonomie pour la nation.
Toutes ces typologies sont très utiles pour établir des « familles » de mouvements nationalistes, et pour mettre en lumière les points de convergence entre différents mouvements ou au contraire leurs spécificités. Le présent chapitre a pour objectif de mettre au jour certaines des spécificités du nationalisme écossais à travers l’étude du cas de figure du plus grand parti nationaliste et indépendantiste écossais, à savoir le SNP (Scottish National Party), au pouvoir en Écosse depuis 2007. Ce chapitre se concentrera sur ce que Pierre-André Taguieff appelle le « nationalisme-doctrine », c’est-à-dire sur « ce que les nationalistes disent d’eux-mêmes et de leurs conceptions »14. Comment les nationalistes écossais du SNP se présentent-ils, et quels sont leurs principaux arguments dans le but d’atteindre leur objectif premier (selon les statuts du parti), à savoir l’indépendance de l’Écosse ? Montserrat Guibernau a affirmé que le nationalisme des « nations sans État propre telles que la Catalogne, le Québec et l’Écosse » avance « deux types d’arguments principaux pour légitimer ses revendications » : les arguments politiques qui « font référence à l’importance de la démocratie et de la souveraineté populaire », et « l’argument culturel, basé sur les raisonnements du nationalisme romantique »15. Le présent chapitre tâchera de démontrer que contrairement à ce qu’affirme Guibernau, les nationalistes écossais du SNP ne mettent aujourd’hui en avant que des arguments de type politique, et non des arguments de type culturel ou identitaire. À notre sens, c’est même là ce qui fait toute la spécificité du nationalisme écossais vis-à-vis de nationalismes auquel il est souvent comparé.
Ce chapitre se propose de mettre en lumière la spécificité du nationalisme du SNP en deux temps. Il commencera par retracer dans ses grandes lignes l’évolution de l’identité politique et idéologique du parti depuis que celui-ci est sorti de la marginalité électorale à la fin des années 1960. Il sera démontré que le SNP est passé dans les années 1970 et 1980 d’un parti qui se présentait comme « ni de gauche, ni de droite » mais national, à un parti revendiquant clairement une identité nationaliste de gauche. Ce chapitre analysera ensuite le discours politique actuel du SNP, et notamment les arguments que le parti met aujourd’hui en avant pour promouvoir la cause indépendantiste, ce qui nous permettra de mieux cerner les contours du nationalisme écossais sous ses traits contemporains. Notre étude se concentrera sur deux moments forts de l’histoire très récente de l’Écosse : la longue période de campagne qui a précédé le référendum d’indépendance de 2014 (le seul jamais organisé en Écosse à ce jour), et la période qui a suivi le référendum de 2016 sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne, une période qui a ouvert la possibilité d’un second référendum d’indépendance écossaise. Cette étude tâchera de démontrer que les principaux arguments du SNP pour l’indépendance tournent autour de deux thèmes : la démocratie d’une part, et les questions économiques et sociales d’autre part. Ainsi, le nationalisme écossais peut-il être défini comme un nationalisme « utilitaire » et civique, et comme un nationalisme fondamentalement politique, plutôt que culturel ou identitaire.

I. Évolution de l’identité politique du SNP

Tableau 1 : Résultats du SNP aux élections législatives britanniques depuis 1945
...
Candidats
Sièges
% vote écossais

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Ouvrage publié avec le soutien du Centre Interlangues Texte
  4. Titre
  5. INTRODUCTION
  6. PREMIÈRE PARTIE IDENTITÉS EN CONFLIT
  7. DEUXIÈME PARTIE ENJEUX POLITIQUES DU DISCOURS IDENTITAIRE
  8. TROISIÈME PARTIE REPRÉSENTATION ET CONSTRUCTION DES IMAGINAIRES NATIONAUX