Pour une éthique de l'accompagnement biographique
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Pour une éthique de l'accompagnement biographique

Sous la coordination de Anne Dizerbo et Jérôme Mbiatong

  1. 160 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Pour une éthique de l'accompagnement biographique

Sous la coordination de Anne Dizerbo et Jérôme Mbiatong

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À propos de ce livre

Issu des échanges et de la réflexion d'un groupe d'analyse de pratiques professionnelles, cet ouvrage met en avant la question éthique dans les pratiques d'accompagnement s'appuyant sur des approches biographiques. S'attachant à développer une praxis de l'accompagnement visant à promouvoir la puissance d'agir des personnes accompagnées, les auteur.e.s relatent et problématisent la manière dont chacune et chacun dans son domaine d'intervention est amené.e à rencontrer la préoccupation de la dimension éthique de sa propre action, du respect et de la dignité de l'Autre dans la reconnaissance de sa personne et de ses capacités, et se trouve confronté.e aux contraintes, visées et règlements institutionnels.

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Informations

Éditeur
Téraèdre
Année
2019
ISBN
9782336889566

Fragments d’éthique au fil des ans

Entretien avec Claude Melonio
J’ai eu l’occasion de participer aux séminaires de l’ASHIVIF à un moment où je souhaitais développer une activité d’écrivain public biographe. Lorsque la possibilité de constituer un groupe d’échanges de pratique s’est présentée, j’ai saisi immédiatement l’occasion d’y participer. Un peu comme l’explique Alex Lainé1, je pense être une empirique : de ma pratique, je peux induire la théorie. Aussi, lorsqu’au sein de notre groupe nous avons décidé d’écrire et de publier nos questions sur l’éthique dans l’accompagnement biographique (que j’entends comme le fait de tenir compte, en tant que formatrice, des éléments biographiques qui interviennent dans ma rencontre avec les stagiaires), la forme de l’entretien proposée par les membres du groupe s’est imposée à moi car facilitatrice du récit de mon expérience.

Éthique et formation

Laurence Leguay : Claude, comment se pose pour toi la question de l’éthique dans l’accompagnement biographique, au travers de ta double expérience en tant que formatrice et que biographe ?
Claude Melonio : Je vais commencer par mon travail de formatrice, celui que je pratique depuis plus de vingt ans. Je n’y suis pas par hasard : la question de l’éthique à l’école a toujours été problématique pour moi. Je crois qu’on n’était pas sur la même planète. Le contenu, les profs, le fond, la forme… Pour dire simple, j’ai détesté l’école, l’institution, j’en garde des souvenirs d’injustice, d’humiliations. J’aimais apprendre pourtant. Quand je suis rentrée à l’école primaire, je savais lire. Déjà, j’avais cette prédilection pour les mots. J’adorais le dictionnaire. Et cependant, toutes les rentrées scolaires, j’étais malade ! Je me suis demandé comment on pouvait passer à côté de l’école, ou plus exactement comment, malgré une appétence aux apprentissages, somme toute commune aux enfants, les besoins et envies n’étaient pas en adéquation avec les réponses apportées par l’école. Je n’ai pas compris ce qui m’était demandé mais j’avais intégré, afin de ne pas prolonger les désagréments, qu’il ne fallait pas redoubler. Il n’y a qu’en latin et en philo que ça se passait bien. Depuis le collège, chaque année j’étais déléguée de classe, rôle que je prenais très au sérieux.
Assez bizarrement, après le bac, on m’a proposé un poste d’enseignante suppléante. À l’époque il y avait un concours, mais on pouvait enseigner tout de suite après le bac. J’ai exercé un an. J’avais des bouffées d’angoisse, c’était assez cauchemardesque et pourtant ça me plaisait d’être avec les enfants. C’était difficile car, dans certains établissements, les armoires pédagogiques des enseignants étaient fermées à clés, les enseignants rentraient dans ma classe en criant après les élèves s’il y avait « trop de bazar ». Au bout d’un an j’ai passé le concours. Le sujet était emprunté au livre de Neill, Libres enfants de Summerhill2 : c’était l’occasion pour moi de mettre en mots mon vécu dans l’institution. J’ai réalisé après cette courte expérience que je n’aurais pas la carrure pour imposer mon éthique de conviction, un peu comme ce que j’avais vécu en tant qu’élève. J’étais habitée par un sentiment d’étrangeté, d’être toujours à côté ; une sorte d’électron libre ! J’ai eu 18/20 à l’écrit mais je ne me suis pas présentée à l’oral, il fallait que je fasse autre chose. Après une formation, j’ai fait du secrétariat une dizaine d’années, et après mon divorce et un bilan de compétences, je suis revenue à la pédagogie. C’était comme une évidence. J’avais besoin de me former, j’ai donc repris le chemin de l’université pour obtenir un DUFA (diplôme universitaire de formateurs pour adultes) spécialisé dans la lutte contre l’illettrisme. Le cadre de la formation pour adultes, me semblait respecter davantage la temporalité du sujet que l’institution scolaire qui impose avec les programmes sa propre temporalité aux enfants.

Éthique et pratique professionnelle

J’ai travaillé dans différentes institutions, en changeant tous les trois ans de poste à peu près durant quinze ans. Besoin de changer de publics, de contenus. Tout le temps envie de découvrir autre chose. C’est là que se posait la question de l’éthique. Ce n’est pas une question de support, c’est plutôt ce qui se passait avec les publics. Mettre mes qualités d’empathie au service des publics. Une question d’empathie, un point d’honneur que de me fixer sur les difficultés d’apprentissage, sur l’individualisation afin que chacun trouve sa place dans les groupes. Donc je suis intervenue auprès des publics analphabètes, des publics délinquants, dans des centres d’apprentis. Les matières générales leur paraissaient inaccessibles.
Laurence Leguay : Dans ce que tu racontes, c’est un rapport douloureux avec l’institution censée transmettre un savoir qui semble te rapprocher d’un public, qui, lui aussi, a, disons, un rapport endolori avec l’institution « école ».
Claude Melonio : Oui, c’est ça…
Laurence Leguay : Donc, du coup, il y aura des individus, qui ne sont pas dans le cadre ni dans la norme pour lesquels tu vas mobiliser des ressources personnelles, venues d’autres sources. C’est en toi-même, et non dans l’institution qui fait cadre, que tu puises des ressources qui permettent de faire sens, donc de fonder une éthique.
Claude Melonio : Oui, c’est cela, avec ces publics, on ne peut pas faire « académique ». Il faut chercher comment faire autrement. J’identifie très vite leurs difficultés. Les études de psycho que j’ai faites me sont utiles. Cependant, le média qu’est la thérapie n’est pas le média de l’apprentissage. Comme je suis un peu éponge, ce média me correspond davantage.
Lorsque j’ai travaillé trois ans en tant que professeur technique à la Protection Judiciaire de la Jeunesse, il n’était pas question de pratiquer un enseignement académique auprès des jeunes placés sous main de justice ou sous protection. L’objectif que je m’étais fixé était la remobilisation de leur appétence aux savoirs. C’était souvent touchant de voir ces grands gaillards tout à coup lumineux, lorsqu’ils avaient compris ce qu’est la multiplication. Ils avaient compris bien autre chose sur la remédiation. Il me paraissait essentiel que cet atelier soit une parenthèse et, tel un laboratoire de chercheurs, à l’abri de toutes les injonctions extérieures et de toutes les interférences avec leur parcours de vie trouble. J’ai un savoir-faire venu de ce que j’ai vécu et je me dois de le transmettre.
Laurence Leguay : Cette éthique, si elle repose sur un rapport douloureux avec une institution, suppose alors qu’on va se positionner puisqu’on va agir avec d’autres techniques que celles prévues dans la norme. On va puiser dans ses valeurs personnelles, dans son expérience et dans ses qualités personnelles. Cela suppose que l’on soit à l’aise avec la non-conformité. Je ne sais pas si c’est une difficulté, ou une incapacité, d’ailleurs, à rentrer dans une certaine norme, celle que suppose l’Institution.

Éthique et posture subversive

Claude Melonio : C’est vrai, ce que tu dis. Je crois que, fondamentalement, je suis subversive. Lorsque je me frotte à l’institution, je me fais mal. Je me perds. Je connais de très bons pédagogues dans les institutions, ça vient de moi à elles, d’elles à moi. Cela a à voir avec mon rapport avec l’institution. Lorsque j’ai travaillé auprès des jeunes délinquants, j’ai de nouveau été confrontée à cette difficulté. J’étais en contrat de trois ans à la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ). Je me suis fait très mal. Cela n’a rien à voir avec ma pratique professionnelle avec les jeunes. Je pense que je suis juste venue vérifier, vingt-cinq ans plus tard, que, face à l’institution, c’est invivable pour moi. J’ai de nouveau perdu pied. Alors je suis partie, je n’ai pas renouvelé mon contrat. Je ne peux pas adhérer face à l’institution, je ne peux pas plier sans m’y rompre.
Laurence Leguay : Sans vouloir mettre en question ta lecture, qui est incarnée, convaincue, donc incontestable, quand je t’écoute, j’ai en tête l’exemple d’une personne de ma connaissance, que j’ai connue à l’école et qui est aujourd’hui professeur d’université. Au lycée, c’était une des personnes les plus contestataires de la classe. En ayant discuté avec elle bien après, ce qui apparaît c’est qu’en développant une pensée propre en dehors de l’école, elle a pu se distancier de l’école et de ce qu’impliquait la réussite scolaire. Les personnes parfaitement intégrées au système scolaire ont moins fait d’études que les contestataires.
Claude Melonio : J’entends. Le point commun, c’est la subversion. Je ne connais pas cette personne, mais d’après ce que tu m’en dis, il y a une grosse différence, c’est que je suis une éponge. Je ne sais pas me protéger.
Laurence Leguay : Du coup, cette intensité des émotions t’affecterait, très rapidement, dans ta capacité à endurer le caractère normatif de l’institution. Faire face à la pression à la conformité qu’implique une institution serait trop difficile, trop incompatible avec ce que tu es. Ce serait incompatible avec ta personnalité.
Claude Melonio : Oui, tout à fait. Je me suis toujours comparée à un mollusque, sans carapace. Ce n’est pas péjoratif pour moi.
Laurence Leguay : D’accord. C’est une réponse immédiate, l’intolérance à l’institution.
Claude Melonio : Oui, immédiate. Je ne vais pas faire de mal à l’institution. J’ai mis du temps à comprendre qu’en fait, l’institution ne me fait pas de mal. Elle obéit à sa logique. C’est moi qui me fais mal. Je crois que ce qui est « invivable » pour moi, justement, c’est que face à l’Institution, je n’ai pas d’interlocuteurs, c’est un peu comme face à la rigidité des machines, comment exister ou faire exister mon « je » ? Ce n’est sûrement pas si manichéen mais je me sens dans l’incapacité d’imposer ma force subversive. Mes doutes, mes questions prennent le dessus et ne font pas le poids (à mes yeux, bien sûr) face aux réponses « péremptoires » institutionnelles, tout à coup, je suis comme gommée…
Laurence Leguay : Donc, une posture qui prône l’indépendance telle que…
Claude Melonio : J’ai pu exercer avec plaisir durant une vingtaine d’années dans des postes de contractuelle ou vacataire…
Laurence Leguay : Tu as pu tenir dans notre groupe, aussi. Finalement c’est une posture de protection.

Éthique et posture de protection

Claude Melonio : Oui, j’ai intérêt à savoir ce qui est juste pour moi. Là où je suis bien, où l’existence de mon « je » n’est pas menacée. Cela s’est posé pour moi dans le choix de mes formations. Déjà, il y a quelques années, cela a été intense. J’ai dû être hospitalisée. L’écriture du mémoire de mon DUFA en 1996, Le cancre las, a été difficile. Comme un décalage, avec des doutes. Mention Assez Bien comme pour mes bulletins scolaires. Quand j’étais à la PJJ, j’ai pu bénéficier d’une formation, un DU spécialisé dans l’accompagnement des adolescents difficiles, avec trois institutions partenaires, l’Éducation nationale, la PJJ et la Police. Une chance, alors j’y retourne. Un plaisir infini. Tout le discours des différents intervenants, des praticiens psychiatres, psychologues, éducateurs, enseignants-chercheurs, etc., porte sur l’éthique.
Laurence Leguay : Trois institutions qui n’ont pas un rapport anodin à la loi !
Claude Melonio : Oui ! Incroyable ! Ce n’est pas anodin du tout. Mais nous avions des intervenants issus de la psychiatrie. Des gens ouverts, à la fois avec une pratique institutionnelle atypique et une réflexion théorique, l’essentiel étant mis sur l’importance des questions, du doute et du partage dans les institutions de ces questionnements. Le président du DU était Philippe Jeammet, pédopsychiatre, prof...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Collection « (Auto) biographie ∞ Éducation »
  4. Titre
  5. Copyright
  6. Introduction – Le BIOGAP
  7. Sommaire
  8. La délibération éthique : conjuguer des normes professionnelles et sociales avec des valeurs personnelles pour élaborer une cohésion identitaire
  9. Score EPICES et injonction biographique
  10. L’éthique du geste biographique enseignant
  11. Pour une éthique de l’accompagnement biographique dans le travail social
  12. Fragments d’éthique au fil des ans
  13. La recherche biographique en éducation pour l’éthique
  14. Ouvrages parus dans la même collection