ELIE WIESEL ECHOS D'UNE QUETE
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ELIE WIESEL ECHOS D'UNE QUETE

  1. 174 pages
  2. French
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ELIE WIESEL ECHOS D'UNE QUETE

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Table des matières
Citations

À propos de ce livre

L'oeuvre d'Elie Wiesel est celle d'un écrivain, témoin d'une période noire à nulle autre pareille, d'un penseur, d'un homme d'action, d'un éveilleur des consciences.Mises à part deux études concernant l'oeuvre de fiction de l'auteur, un aspect moins focalisé sur la recherche académique a été mis en évidence dans cet ouvrage. Il s'agit du relevé des pensées et des aphorismes enchâssés, souvent de manière percutante, dans l'ensemble de ses écrits.

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Informations

Année
2019
ISBN
9782336885759

Chapitre I

Pensées et aphorismes wieséliens

Puisse la réflexion être ta sauvegarde et la raison, ta protection.
(Proverbes de Salomon (2 : 10)
Nous n’avons pas assez de force pour suivre toute notre raison.
La Rochefoucauld (42)
Un simple énoncé des pensées de Wiesel risquait de transformer leur exposé en un traité à l’image des proverbes ou des maximes des grands auteurs qui l’avaient précédé. Certains motifs illustrant la réflexion d’Élie Wiesel au cours des années méritaient, nous semble-t-il, une approche différente : un commentaire introductif, aussi succinct soit-il. À titre préliminaire seulement, car notre objet n’était pas d’étudier dans le détail chacun des thèmes relevés qui, tous à l’évidence, de par leur portée, auraient pu bénéficier d’un traitement approfondi. Un traitement qui n’était pas forcément dans nos compétences.
En vue d’une meilleure compréhension de la démarche, nous avons privilégié l’examen des œuvres dans l’ordre chronologique1. Laissant au lecteur le loisir d’appréhender le devenir, et le cas échéant, l’extension des thèmes constituant le cadre général des idées de l’auteur… « La dernière chose qu’on trouve en faisant un ouvrage est de savoir celle qu’il faut mettre la première »2, cette citation des Pensées de Pascal met l’accent sur l’importance attribuée à l’ordre pour la bonne appréhension d’une œuvre et de sa fonction signifiante.
Au commencement : « la question »
Au point de départ, la problématique du questionnement semble s’imposer, parce que fondatrice de la pensée d’Élie Wiesel, aussi bien dans ses prises de position fondamentales qu’au plan de l’action concrète. Concept capital qu’il exprime dès l’abord, au début même de La Nuit, son premier ouvrage.
À la fois dans la communication des personnes et la pensée philosophique ou religieuse, Wiesel donne la primauté à la « question », la « réponse » alléguée, dans les échanges d’idées ou les problèmes susceptibles d’être débattus, passant au second plan. Réponses multiples et possibles à une même question souvent, que l’auteur ne pourra pas ne pas considérer, dans certains cas, avec quelque méfiance. De là, le fond de perplexité, voire de doute, qui affleure parfois dans ses récits et ses analyses, exempts d’autre part, autant que faire se peut, de nuance péremptoire.
Mosché-le-bedeau m’expliquait avec beaucoup d’insistance que chaque question possédait une force que la réponse ne contenait plus […]. L’homme s’élève vers Dieu par les questions qu’il lui pose. Voilà le vrai dialogue […] Les vraies réponses, Éliezer, tu ne les trouveras qu’en toi (N. 17).
Comme la question, la réponse a besoin de liberté […] Si tu veux la presser entre tes mains, la réponse fuira, te fuira […] Mais, tandis que la question reste inchangée, la réponse change toujours (CL. 246).
L’homme se définit par ses questions, non par ses réponses (CT. 192).
Cette idée essentielle, on la trouvera, concrétisée, en préliminaire de notre première rubrique, dans les deux premiers aphorismes concernant la Création et le personnage d’Adam. À une même question, de facture identique, mais posée à deux années d’intervalle, l’écrivain donne, en effet, des réponses différentes, en un sens contradictoires, mais chacune, à l’évidence, marquée d’une incontestable et judicieuse profondeur.
En ouvrant les yeux, Adam ne demanda pas à Dieu : « qui es-tu ? » mais : « qui suis-je ? » (SK. 16).
Au commencement, l’homme est seul. Comme Dieu. En ouvrant les yeux, il ne demande pas : « qui suis-je ? » mais : « qui es-tu ? » (CB. 15).
Au commencement ne serait donc pas le verbe, ni l’amour, mais la question (CB. 16).
Dès l’orée de l’histoire de l’Homme, par conséquent, le ton est donné, masqué de points d’interrogation qui parsèmeront l’œuvre tout entière. Un profil explicite aussi bien que virtuel constituant, par ailleurs, le fondement même du raisonnement talmudique autant que philosophique. L’expression préférée d’un maître, Rabbi Yehoshoua ben Lévy n’était-elle pas : « pourquoi ? » (CT.262). Formule en soi suffisamment claire, mais à laquelle on peut encore ajouter, parmi de nombreux autres, ce pénétrant commentaire de Wiesel :
La Haggadah nous parle de quatre fils et de leur attitude envers la question. Le premier la connaît et l’assume ; le second la connaît et la rejette ; le troisième la subit avec indifférence ; le quatrième ne la connaît même pas. Bien sûr, il y a aussi un cinquième, mais il ne figure pas dans le récit, car il n’est plus (CF. 33)3.
Cette absence est, à tous égards, dramatique. C’est parce que ce cinquième fils, ajouté au texte de la Haggadah par Wiesel, n’est plus, que sa question, jamais posée, nous condamne à la voir restée éternellement sans réponse.
Aleph
J’acquis la conviction que Moché-le-Bedeau m’entraînerait avec lui dans l’éternité, dans ce temps où question et réponse devenait UN (N. 19).
Ce qui m’intéressait n’était pas que deux et deux font quatre, mais que Dieu est un. Mieux : que l’homme et Dieu font un. […] Le secret est dans l’aleph4, dans l’un (CH. 20).
L’Amitié
Face au mystère des origines, confronté aux aléas tragiques de l’existence, et d’un passé pesant violemment sur son présent, l’homme, dans sa quête inlassable de l’unité et de la vérité, courait le risque de se laisser aller au découragement, voire de sombrer dans le désespoir. Élie Wiesel, tout comme Albert Camus avant lui, fera tout pour ne pas s’engager dans cette voie.
Car l’idée de l’absurde, corollaire pour beaucoup de l’expérience du mal absolu durant les années noires, ne saurait s’achever sur la défaite de l’être. Indéniablement, pour Élie Wiesel, c’est l’un des témoignages essentiels que sa vie et son œuvre s’efforceront de transmettre.
Dès lors, comment retrouver « l’aleph » et une certaine cohérence dans l’existence, comment s’insérer à nouveau dans une vie normale, dans des rapports où l’homme n’est plus un loup pour l’homme ? Où le prochain vit, ou tente de vivre en communion avec autrui, et non dans sa « démolition » systématique5 ?
Étrangement, c’est d’abord dans le sentiment d’amitié que Wiesel semble découvrir un exutoire au mal être profond qui ne pouvait pas ne pas être le sien, au lendemain de la libération des camps, et dont l’empreinte, chez les rescapés, ces « mutilés de l’âme », restera à jamais indélébile.
Dès le début de l’œuvre, Le Jour, son troisième roman, l’écrivain consacre plusieurs pages pleines d’émotion et de force d’âme à l’amitié « saine, simple et mûre » qui le liait au personnage de Gyula. « Parce que c’était lui, parce que c’était moi » aurait dit Montaigne. Le thème réapparaît, sous différentes formes, figures variées dans presque tous les ouvrages de l’écrivain : Pedro dans La Ville de la chance, Gregor dans Les Portes de la forêt, Gamliel, Iasha, Diego, Bolek (Le Temps des déracinés), Schmoulik, Yoav (Les Juges). En dehors de la fiction, et Wiesel s’y réfère souvent, ce thème se retrouve également, souligné maintes fois dans le Talmud, ainsi que dans la mouvance et les écrits hassidiques. L’écrivain y relève de nombreux aperçus d’une amitié qu’il décrit comme « indispensable, féconde et créatrice » entre les hassidim, adeptes du mouvement et la fidélité nourrie à l’endroit de leurs maîtres (TF. 63).
Autant de personnalités diverses, elles sont nombreuses, qui mériteraient une étude approfondie, chacune d’elles apportant son éclaircissement propre à la connaissance la plus authentiquement humaine d’un écrivain qui s’est vu confronté à une expérience des limites sans pareille.
Les vrais échanges se font à un niveau où les mots simples sont de rigueur (J. 134).
L’expérience de l’amitié marque une vie aussi profondément — plus profondément — que celle de l’amour. L’amour risque de dégénérer en obsession, l’amitié ne signifie jamais autre chose que partage (PF. 35).
Un ami ? C’est celui qui, pour la première fois, te rend conscient de ta solitude et de la sienne, et t’aide à t’en sortir pour que, à ton tour, tu l’aides à s’en sortir (PE. 66).
Pedro, mon ami. Il domine mes souvenirs de l’immédiat après-guerre. Nos conversations à Rovidok. Nos promenades à Paris. (CL. 245).
Leurs regards se croisent et l’amitié jaillit : amitié dure et libre, faite d’exigence et de refus, niant bonté naïve et faiblesse confortable, amitié dont sont capables les hommes lucides et les enfants désespérément courageux (O. 109).
Gamliel nourrissait un culte romantique de l’amitié. C’était sa passion, son ancre, sa raison de vivre. Son cercle protecteur, sa barricade (TD. 162).
L’amitié justifie tout sauf l’intrusion (TD. 184).
Croire en l’humanité de l’autre, cela s’appelle l’amitié (CS. 247).
L’amitié n’est pas la dissolution du moi dans l’autre, mais au contraire, son épanouissement. Contrairement à l’amour, l’amitié ne déclare pas qu’un plus un fait un ; un plus un fait deux (LJ. 85).
L’Amour
Ce dernier aphorisme illustre fort bien l’écart qui existe entre l’amour et l’amitié. Dissemblance paradoxale entre l’amour, aspirant à l’unité, celle des cœurs et des pensées, et l’amitié respectant la dualité dans la liberté des personnes et des opinons… D’où, chose compréhensible et aisément discernable dans les romans d’Élie Wiesel, la quête d’un absolu au plan émotionnel, d’un idéal presque impossible à atteindre, distinct d’une attache moins exigeante s’ouvrant à la plénitude dans les relations.
C’est pourtant dans l’amour que les personnages wieseliens auraient espéré tout d’abord trouver leur équilibre. Un amour qui devait permettre au rescapé, un retour, une réinsertion dans l’existence de « l’après », semblable à celle qui prévalait durant « l’avant ». Or, rien ne paraît plus ardu à réaliser, le passé et ses cauchemars ne cessant de s’ingérer dans l’unité d’un couple à la recherch...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Du même auteur
  5. Titre
  6. Dans la même collection
  7. Dédicace
  8. Introduction
  9. Chapitre I – Pensées et aphorismes wieséliens
  10. Chapitre II – Le Regard dans La Ville de la chance1
  11. Chapitre III – Les Portes de la Forêt : la quête d’une issue
  12. Bibliographie
  13. Table des matières