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- 182 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Maman, je suis un réfugié
Détails du livre
Aperçu du livre
Table des matières
Citations
À propos de ce livre
Maman, je suis un réfugié est un récit écrit à quatre mains pendant l'attente d'une demande d'asile. Né en Irak sous la dictature, Ali Talib grandit en rêvant d'une vie meilleure. Une fois arrivé au pays de ses rêves, il cherche par l'écriture à garder le lien avec sa mère, ses espoirs, l'obstination qui permet de tourner les pages de chaque jour.
Foire aux questions
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Informations
Sujet
LiteratureSous-sujet
Literary CriticismLE MARIAGE
2015
26 ANS
Nous sommes la veille de mon mariage. Ce vieux rêve, ce grand rêve aux yeux noirs remplit toute la nuit. Demain, j’épouse la femme que j’aime. Anosha, mon secret depuis cinq ans. Je la veux. Elle et personne d’autre. Pour toujours. Tant de nuits à patienter. Des années cachées pour une vie ensemble. Tu peux imaginer comme je suis impatient. Mon père et toi, maman, vous êtes heureux et fiers. Vous avez attendu avec moi. Ton fils se marie. Les années d’enfer se terminent.
Je suis dans la chambre qui sera bientôt la nôtre. Mon costume est prêt. Je le porterai sans cravate, tissu qui tord le cou et empêche de respirer. Je n’ai pas besoin de ça pour être ému. Je me prépare à aller chez le barbier. C’est un ami. Il s’appelle Ali, comme moi. Depuis des années, il rase mon visage en écoutant mes histoires. Les yeux noirs d’Anosha en boucle. Épousera, épousera pas. Ali mon barbier est un homme patient. Toujours calme et précis. Je ne sais pas s’il a une amoureuse. Il n’est pas encore marié et ne parle jamais de trouver une femme. Je me demande qui pourrait le raser s’il se décide.
Je vais à la fenêtre et j’ouvre les rideaux pour que le soleil chauffe notre lit. Mon père et mes amis nettoient le jardin en triangle et le préparent pour la fête. Les chaises s’alignent.
Depuis cinq ans, chaque année, sans te le dire, mon père me donne de l’argent pour que je choisisse des cadeaux d’anniversaire pour Anosha. Des bijoux. Un petit anneau avec trois améthystes. Il me fait promettre à chaque fois que je m’occuperai bien d’elle quand nous serons mariés. Il se moque quand nos conversations téléphoniques n’en finissent pas.
« Dites-vous au revoir au début des conversations, comme ça vous aurez le temps de discuter de tout ce qu’il y a à dire après. »
À partir de quel moment sait-on que la vie est un succès ? En Irak, se marier est une étape très ritualisée. Indispensable pour devenir pleinement adulte. Je me marie avec Anosha parce que je l’aime mais aussi pour devenir père des enfants qui complèteront la famille. Nous ne vivons pas éclatés. Les enfants s’occupent des parents. Charges puis soutiens. Quand tu apprends que je veux me marier, tu me bénis, tu décides de cuisiner dix repas pour dix familles moins chanceuses que la nôtre.
Mon amour, Anosha, ma future femme, rassemble toutes ses affaires. Cela lui prend la journée. Elle pleure son dernier jour dans sa famille. Je déteste ça. Les larmes. Je peux affronter la colère, le défi, les remises en question, mais pas la tristesse. Je tremble de voir la peine de ceux que j’aime. Est-ce qu’elle se souvient quand je lui ai dit à notre rencontre qu’elle serait pour moi ? Elle a souri parce qu’elle n’y croyait pas. Elle pensait que je me moquais d’elle.
La tradition, quand un garçon veut se marier, c’est de parler de l’élue à sa mère. Souvent, c’est une cousine. C’est la mère qui va parler à la mère de la fille. Les garçons choisissent et les filles décident. Si la fille accepte, le père du garçon va avec toute sa famille demander la fille en mariage à son père, entouré des siens. Mais pendant cinq ans, tu n’as pas pu aller voir la mère d’Anosha. Leur famille ne voulait pas de la nôtre.
Anosha est arrivée sans que je l’attende. Une fois dans mon cœur, je ne l’ai pas laissé sortir. À notre rencontre, elle m’a dit que sa famille avait l’esprit étroit. Dans mon pays, les mariages se décident aussi en fonction de la religion. Je parle à Dieu parfois. J’ai l’impression qu’il m’écoute. La famille d’Anosha ne me dérange pas. Chiites. Sunnites. Pourquoi pas les deux ou aucun des deux. Toi qui es croyante, tu ne m’as pas appris à refuser les autres. Tu n’utilises pas la religion pour t’éloigner mais pour te rapprocher. Pour aimer mieux.
Mon père, tous mes oncles, mes cousins et mes amis viennent avec moi pour la demande en mariage. Tu es là aussi, avec mes tantes et quelques femmes, de l’autre côté de la cloison. Mon père parle :
« Nous sommes ici aujourd’hui et c’est un honneur, pour rassembler nos familles. Si vous êtes d’accord, nous voulons Anosha, votre fille pour notre fils Ali. Nous sommes très heureux pour eux et pour le bonheur qu’ils partageront ensemble. Nous sommes prêts à les prendre sous notre responsabilité. Ali est venu me voir pour me dire qu’il avait trouvé une fille extraordinaire et qu’il voulait l’épouser et j’ai accepté de l’aider à rendre ce mariage possible. Je suis persuadé que vous voulez la même chose pour votre fille mais vous devez encore le dire. »
Je suis très inquiet, le père d’Anosha reste silencieux. Il a l’air de vouloir refuser. Il tourne sa tête de gauche à droite et dit :
« Ce n’est pas ma décision, c’est la décision de ma fille. Mon devoir envers elle était de vérifier que vous êtes une famille sérieuse et je l’ai fait. Tout le monde a dit que nous pouvions vous la confier. Anosha a décidé. La réponse est oui. Nous acceptons qu’Ali épouse notre fille. »
J’entends les cris de joie des femmes avec toi dans la pièce d’à côté. Mon père me demande d’aller embrasser la tête et la main de mon futur beau-père en signe de respect. Je m’avance. Il me donne l’accolade et me dit :
« C’était une fille heureuse ici, alors ne la rends pas triste, promets-le-moi. »
Je promets.
Nous buvons du thé et mangeons des gâteaux préparés par ma fiancée. Je veux la serrer dans mes bras mais les traditions sont comme des épées, pas moyen de marcher dessus. Je dois attendre et prétendre ne l’avoir jamais vue. Un ami de mon père tire quelques coups de pistolet dans la rue. Le signal qu’Anosha est fiancée et que personne ne peut plus venir demander sa main.
Après, j’ai l’impression de devenir fou. Je veux être sûr qu’Anosha devienne ma femme. J’ai peur que quelque chose arrive et qu’on doive retarder le mariage. Si quelqu’un meurt dans l’une de nos familles, il faudra attendre un an. Personne ne meurt. Nous devons aller choisir des bijoux et des meubles pour notre chambre. Tu prends rendez-vous avec Anosha et sa mère. Dans les magasins, nous restons distants, cela nous amuse de jouer ce rôle. Des inconnus timides, les yeux baissés. Tu ne le sais pas mais nous avons partagé des photos en secret et déjà tout passé en revue. Tu es heureuse. Je suis presque marié. Nous avons le droit de nous toucher la main avec Anosha alors nous le faisons.
Main abandonnée dans la mienne
Des alliances qui brillent
Une chambre à coucher en bois noir
Une nuit pour un mariage
Un mariage qui s’approche et ne doit pas s’échapper. L’union des cœurs et des corps. Le soir, je suis dans mon lit et Anosha dans le sien. Tout le monde dort, je parle avec elle de la virginité. C’est encore à la mode en Irak et pourquoi pas, si elle préserve l’âme. Qu’il reste quelque chose de vierge dans les têtes des amoureux. Hommes et femmes. Rien ne prouve qu’il y ait une différence sexuelle du point de vue de nos âmes. Anosha dit que son âme a hâte de donner sa virginité à la mienne. Nos traditions peuvent nous unir. Nous donner de l’amour et de la joie.
Je lui dis que je ne crois pas que la virginité du corps permette de mesurer l’honneur. C’est facile de faire l’amour par téléphone sans casser l’hymen de la fille, des dizaines, des centaines de fois. Le corps n’est pas sacré. Il n’est pas réservé à une seule personne. Je déteste l’idée que les filles doivent rester vierges pour se marier et pas les garçons, pour donner au mari l’illusion qu’il est le premier à toucher le corps de sa femme. C’est stupide et ça permet de persécuter les femmes qui sont nos mères, nos sœurs, nos amantes. Et leurs filles après elles. Ça ne peut pas être ça, la grandeur du mariage.
Nous avons les bijoux. Nous célébrons la fête des alliances. C’est la tradition. Un pas de plus pour enfin être mariés. Des anneaux, nous en avions déjà, pour aller au restaurant ou dans les magasins. L’arnaque va devenir réalité. Nous voilà chez Anosha avec une armée de femmes de ma famille. Aucun homme admis, à part le photographe. « Je suis vraiment un putain de chanceux » en boucle dans ma tête. J’aide Anosha à mettre les bijoux qu’elle portera toute sa vie. Elle attrape mon annulaire pour l’emprisonner à son tour. Toutes les femmes crient et tapent des mains comme des folles mais personne n’est aussi heureux que moi. Anosha tient ma main, elle l’agrippe même. Je veux crier à la ronde combien je l’aime mais à la place, je lui demande un peu officiellement quand elle souhaite que nous nous enregistrions légalement comme mari et femme. Je l’embrasse sur les joues devant tout le monde. Je crois que je l’embrasse. Toutes les nuits elle se dérobe.
Un baiser perdu
Pas de paix
La nuit
Anosha enfermée
Dans une chambre
La famille d’Anosha a découvert notre amour. Une famille étroite d’esprit. Tu n’as pas pu aller parler à la mère d’Anosha. Nous avons la même religion. J’ai parlé à Dieu et j’ai eu l’impression qu’il m’écoutait. Mais l’Islam est divisé entre courants qui empêchent les amours. Les contraires restent séparés. J’ai perdu. Mon premier amour, celui que j’ai protégé pendant cinq ans. La fille qui a des doigts faits pour les anneaux. Mon chouchou aux yeux noirs.
La chambre pas prête
La barbe pas faite
Les bijoux en toc
Pas de mariage
La fiancée n’a pas dit oui
La guerre civile en Irak n’a pas seulement volé les hommes et laissé les corps coupés en morceaux dans les rues. Elle a aussi planté la haine bien profondément dans les âmes des vivants. Je fais partie des damnés qui ont cru que leur ouverture d’esprit pourrait sauver quelque chose.
Je parle à Dieu quand ça m’arrange. Je ne suis pas religieux, je n’ai pas pu me persuader qu’il arrangerait tout. Non, c’est l’homme qui doit se débrouiller pour vivre sans tout casser. Je sais que les filles d’Irak ne se résument pas à celle que j’ai aimée. Anosha séquestrée dans sa propre famille avant d’être mariée de force avec son cousin. Qu’est-ce qu’elle a pu faire de l’anneau factice que je lui avais donné ? Et ce rire qu...
Table des matières
- Couverture
- 4e de couverture
- ÉCHO
- Copyright
- Titre
- Dédicaces
- LE MARIAGE
- EN LIGNE
- TIRER
- LE SUCCÈS
- LE JARDIN EN TRIANGLE
- LES RÉFUGIÉS
- L’ÉVIDENCE
- LES BLAGUES
- FUIR
- LES PLAISIRS
- LE CANAPÉ BLANC
- LES CAUCHEMARS
- LA PREMIÈRE MORT
- LE POISON
- LE FAUX CALME
- LE SQUARE BASMANA
- TALYA
- LA CLAQUE
- LA CUILLÈRE
- LE MEILLEUR
- LE SORT
- LE SYMBOLE
- LES POULES
- LE MARCHÉ
- LA PLAQUE TOURNANTE
- LE JET SKI
- LES SAUVEURS
- LES TROIS SOLDATS
- LE TANK
- LA FUITE
- LA LEÇON
- L’EXPLOSION
- L’OFFRE
- LA TRAQUE
- LA DESTRUCTION
- LA MER
- SAMOS
- GRAVIR
- LA PAUSE
- LES CARAPACES
- L’ATTAQUE AU PARADIS
- LA DOULEUR
- DÉTRITUS
- LE SOULAGEMENT
- LA SOIF
- YASSIR
- YASSIR AU VERGER
- LA BELGIQUE
- BRUXELLES
- LES TEMPS DIFFICILES
- LE BON PAYS
- À CŒUR
- LE FEU
- PERSONNE
- L’AMERTUME
- TOURNAI
- LA FIN DE LA CHASSE
- LE COPAIN
- L’ANNIVERSAIRE
- MON FRÈRE
- LE RÉSISTANT
- RÉSISTER
- LA LISTE
- LE PROF
- L’ENGAGEMENT
- LE CHECKPOINT
- LA CHAUVE-SOURIS
- LE SNIPER
- L’ÉPICIER
- LA VIE PIÉGÉE
- LA DÉMOCRATIE
- LE CONTRASTE
- LE PREMIER AMOUR
- AVANT L’AUBE
- LE CADEAU
- LES VOILES
- LES TRADITIONS
- LES JEUNES MILICIENS
- LES RISQUES
- L’ARRESTATION
- LE QUARTIER GÉNÉRAL
- LE SOUTIEN
- L’AMOUR INTERDIT
- LA VOLTIGE
- LE CONSEIL
- LA VÉRITÉ
- LE VENT
- LE SILENCE
- LA PEUR
- LA RÉPONSE
- LA BOULIMIE
- LES RÉSULTATS
- LA FIN DU CHECKPOINT
- LA MENACE
- LA MALÉDICTION
- LES VIES DU PROF
- LA FIN
- LA RUPTURE
- LE VOL
- LA PERTE
- L’INSTANT
- UNE VIE NORMALE
- LA PROPOSITION
- LE FUYARD
- LE DEUXIÈME ENTRETIEN
- LE FUTUR
- LA RÉPONSE
- L’APPEL
- LUTTER
- L’ENVOL
- BUTHAINA
- LE SOUFI
- ÉPILOGUE
- INDEX
- REMERCIEMENTS
- TABLE DES MATIÈRES