Les défis de l'écriture inclusive
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Les défis de l'écriture inclusive

  1. 190 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Les défis de l'écriture inclusive

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Table des matières
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À propos de ce livre

Ce numéro est né d'une volonté de faire le point sur un évènement linguistique au sens où l'entend Jacques Guilhaumou (1996): il est en effet primordial de situer la problématique de l'écriture inclusive dans une perspective d'histoire de la linguistique afin d'en comprendre les enjeux profonds et d'en mesurer la portée épistémologique, théorique, didactique et pratique.

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Informations

Éditeur
EME Editions
Année
2019
ISBN
9782806661852

ÉCRITURE INCLUSIVE ET GENRE :
QUELLES CONTRAINTES
SYSTÉMIQUES ET COGNITIVES À
L’INTERVENTION SUR UNE CATÉGORIE
GRAMMATICALE ET LEXICALE ?
ÉTUDE COMPARÉE
ANGLAIS-FRANÇAIS

Laure GAEDELLE
TUniversité Grenoble Alpes
Résumé
Face à un constat d’andro-centrisme du genre linguistique, considéré comme le reflet d’un andro-centrisme sociétal, des réformes ont été proposées au niveau institutionnel. On s’intéresse ici à l’anglais et au français, représentants des deux grands types de systèmes du genre dans le monde, en se concentrant sur les noms. Le constat initial est double : les stratégies divergent, de même que les succès (stabilisation relative, au moins pour le domaine public, en anglais ; non-stabilisation pour le français, et fortes oppositions).
L’étude proposée ici vise à montrer qu’au moins une large partie des succès et écueils s’explique par des obstacles linguistiques et cognitifs, bien plus puissants que les questions de pertinence sociologique des réformes parce qu’ils dépassent très largement le cadre du genre. Les usages ne peuvent évoluer que s’ils ne connaissent pas de tels obstacles. C’est le cas en anglais de la stratégie d’indifférenciation. Cette stratégie ne pourrait s’appliquer de la même manière au français, le genre étant généralement visible dès le déterminant. Cela dit, l’indifférenciation apparaît bien comme une forme d’évolution naturelle en français informel (l’étude précise comment), et le doublet, malgré les préconisations, ne paraît pas pouvoir devenir un mode unique d’évolution. L’étude prône une diversification des moyens ; des exemples concrets sont donnés à l’aulne de différents types de textes.
Abstract
Given the andro-centrism of linguistic gender, viewed as reflecting andro-centrism in society, a number of reforms have been proposed at the institutional level. The present study focuses on English and French, which belong to the two major types of gender systems in the world languages ; it considers more specifically nouns. The initial facts are as follows : strategies differ in the two languages, and so do the degrees of effectiveness (relative stabilisation in English, at least in the public domain ; no stabilisation in French, and major opposition).
The study seeks to show that at least most of the successes and failures are due to linguistic and cognitive obstacles, which are much more powerful than the idea of social relevance of the reforms because they go far beyond the sole domain of gender. Uses can evolve only if they do not meet such obstacles. That is why the neutralisation strategy in the English language works. It could not be implemented in the same way in French, where gender is very often explicit in the determiner. Yet neutralisation does appear as a natural path of evolution in informal French (the study specificies how), and it seems that doublets, despite the recommendations, cannot be the sole mode of evolution. The study advocates diversification of the means ; this is illustrated by examples from different types of texts.
***
Introduction
Il est aujourd’hui bien établi, dans le monde de la recherche comme dans le débat public occidental, que le genre grammatical véhicule pour l’humain une représentation largement andro-centrée, et à ce titre, discriminante, de la société (voir par exemple le panorama proposé par Chevalier et al. 2017). Le genre grammatical n’en est pas le seul porteur ; on peut citer encore des références peu pertinentes à l’apparence physique ou à la famille pour des femmes en contexte professionnel (ainsi, pour le XXIe siècle, l’étude de Niven 2005 sur le traitement médiatique des membres du Congrès américain), ou des stéréotypes de métier, masculin pour taxi driver ou féminin pour secretary par exemple, malgré l’absence de marque morphologique de genre (Aikhenvald 2016 : 5). Le genre a cependant pour spécificité d’inscrire l’asymétrie hommes/femmes dans la grammaire et la morphologie lexicale ; la démarche de suppression de cette asymétrie entreprise dans l’espace public contemporain implique de ce fait une intervention sur la langue, et pas seulement sur le discours.
Des recommandations de réforme ont été proposées, y compris au niveau institutionnel : institutions universitaires, éditoriales, journalistiques en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou en Australie par exemple, ou encore circulaires relatives à la féminisation des noms de métiers en France (ex. 1984, 1986, 1990), ou préconisations de l’Office Québécois de la Langue Française (désormais OQLF, 2002). L’objectif visé est alternativement qualifié de « gender-fair use of language », « non sexist language », « gender neutral language », « (gender) inclusive language », « écriture épicène », « écriture inclusive », « discours épicène », ou encore « féminisation ». On retiendra ici le terme d’« écriture inclusive », parce qu’il concentre les tensions actuelles dans le débat public français. L’« écriture inclusive » est définie par Haddad (2017 : 4) comme « l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques qui permettent d’assurer une égalité de représentation des deux sexes » ; on pourrait parler de manière plus globale de « discours inclusif », car l’oral est également concerné, même si l’écrit cristallise la majeure partie du débat.
Les pistes de réforme concernent essentiellement deux grandes parties du discours : les noms et les pronoms personnels1.
Le présent article s’intéresse aux noms, sources du genre (le genre des pronoms, lui, résultant d’un accord), dans deux langues considérées comme représentatives des deux grands types de systèmes du genre du monde (Corbett 1991) : l’anglais, au système principalement sémantique, et le français, au système largement formel.
Le point de départ de cette étude est un double constat. D’une part, les stratégies adoptées pour les deux langues divergent. On y reviendra plus en détail plus bas, mais en résumé, en anglais, il s’agit surtout de créer l’indifférenciation (ainsi firefighter au lieu de fireman), alors qu’en français, la politique proposée est au contraire une mention systématique des deux sexes (ainsi manifestant.e.s, les Françaises et les Français). D’autre part, le succès actuel de ces stratégies diffère : en anglais, on note aujourd’hui une relative stabilisation des usages dans le domaine public, là où en français, l’opposition est plus importante – témoin, par exemple, la décision récente du gouvernement français de ne pas adopter l’écriture inclusive pour les références strictement indifférenciées dans les textes publiés au Journal Officiel (JO du 22 novembre 2017)2.
L’objectif de cet article est de dépasser ce constat en apportant un regard linguistique sur ces propositions de réforme ; le plus indépendamment possible de toute implication idéologique, il s’agit d’examiner les conséquences sur le fonctionnement interne de la langue des ajustements lexicaux et/ou grammaticaux proposés pour les noms en anglais et en français, afin d’identifier les facteurs favorisant l’adoption de nouveaux usages et les obstacles systémiques et cognitifs incontournables.
Cette logique linguistique, qui va bien au-delà du système du genre proprement dit, n’est, à notre connaissance, pas prise en compte à l’heure actuelle ; or elle est capitale. Ainsi, une étude des stratégies non discriminatoires pour les pronoms de 3e personne du singulier en anglais a montré que certaines d’entre elles (remplacement du pronom porteur de genre par un GN, ou alternance de masculin et de féminin pour une même chaîne de référence en contexte non spécifique) pouvaient dans certains contextes perturber un autre aspect bien plus fondamental du langage que la représentation des humains : les mécanismes d’accès à la référence (Gardelle 2015 : 86-89). Ce faisant, elles ne pouvaient dans ces contextes constituer un mode d’expression appropriable, stabilisable dans le temps. Qu’en est-il pour les noms ? Comment expliquer le succès moindre des interventions sur le français, et certaines préconisations peuvent-elles être mises en avant pour qui voudrait intervenir ?
Pour répondre à ces questions, on commence par un état des lieux, pour chacune des langues, des noms concernés et des stratégies proposées pour supprimer les discriminations. Dans un deuxième temps, on étudie les enjeux systémiques de ces préconisations. On identifie des obstacles linguistiques et cognitifs, différents pour l’anglais et le français ; ces obstacles peuvent expliquer, très largement au moins, les réactions suscitées, les succès rela...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. Sommaire
  6. L’écriture inclusive, au défi de toutes les inclusions, des contraintes de la langue et des stéréotypes discursifs Laurence Rosier & Alain Rabatel
  7. Quelle écriture pour quelle justice ? « Écriture inclusive » et politique linguistique Jean-Marie Klinkenberg
  8. La parité dans la langue. Réflexions sur une exception française Bernard Cerquiglini
  9. « Touche pas à ma langue » : réformes, polémiques et violence verbale sur fond d’enjeux idéologiques Laurence Rosier
  10. Français inclusif : du discours à la langue ? Alpheratz
  11. L’inclusif, entre accord et désaccord ou « Jusqu’à ce que la proximité nous sépare » Dan van Raemdonck
  12. Retour sur l’écriture inclusive au défi de la neutralisation en français Patrick Charaudeau
  13. La rédaction non sexiste en Suisse : pluralité des discours et des pratiques Daniel Elmiger, Eva Schaeffer-Lacr oix &Verena Tunger
  14. Écriture inclusive et genre : quelles contraintes systémiques et cognitives à l’intervention sur une catégorie grammaticale et lexicale ? Étude comparée anglais-français Laure Gardelle