Diplomates et espions français, héros oubliés
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Diplomates et espions français, héros oubliés

Balkans, 1940-1945 - Témoignage

  1. 174 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Diplomates et espions français, héros oubliés

Balkans, 1940-1945 - Témoignage

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À propos de ce livre

Quatre diplomates français, Jules Blondel, Henri Roux, Charles Colonna-Césari et le marquis Edgar de Kergariou, au péril de leur vie, ont aidé, protégé et sauvé de nombreuses vies de l'enfer nazi. René Arav rend ici hommage à tous ces diplomates français, de l'ombre ou de la presque ombre, qui ont permis de sauver des vies au cours de l'année 1943, époque la plus sombre de la ville de Sofia, alors tombée aux mains des nazis.

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Informations

Année
2019
ISBN
9782336882710

L’année
de tous les malheurs
1943

À Sofia, il y avait plusieurs diplomates français, mais les responsables étaient le chargé d’affaire S. E. Henri Roux et le consul S. E. Charles Colonna-Césari.
À la fin de l’été, S.E. le marquis Edgar de Kergariou est nommé ministre plénipotentiaire à Sofia et il intègre immédiatement son poste. Il avait été préalablement maire de Lannion et sénateur des Côtes-du-Nord. Héros de la guerre de 14-18, il était opposant au maréchal Pétain. Il était viscéralement antiallemand, antinazi, antitotalitaire et anti-raciste.
À son arrivée, il prendra la défense énergique des prisonniers français évadés et des Français juifs et non juifs (sans négliger les intérêts de la France).

Diplomates français

Très respectés par les Bulgares
Ils ont fait savoir directement et indirectement aux autorités bulgares que l’ensemble du corps diplomatique à Sofia était contre les déportations (sauf les amis des nazis). Comme le dit Romain Gary :
« Ils étaient l’incarnation même du tact, du savoir-vivre, de la discrétion et de la tenue ».

Réactions des nazis

Les nazis ne sont pas dupes en voyant tout ce remue-ménage en leur défaveur, ce qui provoque l’indignation de l’ambassadeur SS Bekerle qui, lucide, constate navré, dans un long rapport à ses supérieurs :
« Les efforts des Bulgares pour sauver leurs juifs sont dus à la mentalité du peuple bulgare, qui manque de notre clarté d’esprit et de notre vision idéologique. Après avoir vécu avec des Grecs, des Arméniens et des Tsiganes, les Bulgares n’ont aucun problème pour vivre avec des Juifs, à tel point que pour eux rien ne justifie nos mesures contre les Juifs. »
Les diplomates américains, en fonction à Ankara et Istanbul en guerre avec la Bulgarie, ont travaillé avec les nombreux Bulgares émigrés aux États-Unis qui les renseignaient et ainsi aidaient indirectement les victimes du nazisme en Bulgarie.

Les silences
de la Croix-Rouge internationale

Dans ces moments dramatiques, la Croix-Rouge internationale en Bulgarie est pratiquement inexistante, sourde et muette, malgré l’envoi de quelques délégués qui ont uniquement fait un travail platonique et virtuel. Ils donnent l’impression d’être complètement impuissants et dépassés par les événements.
Il était connu que, lorsqu’il leur fallait agir,
« Ils faisaient semblant de regarder sans voir et de voir
sans regarder et surtout de voir sans être vu. »
Malheureusement, leurs excuses tardives et sincères quelques années plus tard ne feront pas revenir les millions de morts.

Avril 1943

La Bulgarie était le plus grand producteur de roses au monde. Cette fleur extraordinaire dont l’essence est intégrée dans de nombreux parfums, ceux les plus vendus au monde. Entre les deux guerres, il y avait eu une collaboration entre Grasse et la vallée des Roses bulgares. Hélas la guerre a interrompu tout cela.

La tragique affaire des savons français
« Germandrée-Derby »
et des cosmétiques « Mignot-Boucher »

Dans ce drame sont plus ou moins impliquées, la Bulgarie, la France, l’Espagne et ma famille séfarade les Arié.
Après la capitulation de Stalingrad le 2 février 1943, en Bulgarie, excepté pour quelques fanatiques, un observateur attentif ne pouvait douter de l’impossibilité de l’Allemagne de gagner la guerre. Un souffle de résistance, que l’on commençait à sentir, nous donnait l’espoir de la fin du cauchemar.
C’est à ce moment que le ministre Goebbels déclare la guerre « totale » qui sera menée par les nazis et aura une répercussion dramatique en Europe. Tout cela s’est traduit par des massacres et l’extermination de millions d’humains.
Pour Hitler, l’élimination de la France n’était pas qu’une fin en soi, mais un moyen au service d’une ambition plus vaste, la domination totale du continent européen. C’était une idée fixe, une des obsessions du dictateur. Pour cela, il fallait éliminer la France définitivement pour son influence politique, sociale, économique industrielle et surtout culturelle.
L’administration SS s’est tout de suite mise au travail dans les pays occupés. Concernant la Bulgarie (avec ses sous-traitants), ils ont attaqué l’industrie cosmétique française en commençant par les propriétaires juifs, qui donnaient du travail à des centaines de Bulgares.
Un rappel pour comprendre : au début du XXe siècle, mon grand-père Joseph est né dans une fratrie de huit frères et sœurs.
Au début du XXe siècle, il crée à Sofia un négoce international. Malheureusement il meurt en 1907 et laisse une jeune veuve, Émilie ma grand-mère, mon oncle Samy, orphelin, et ma mère Régine qui avait deux ans. Ses frères qui étaient associés avec lui reprennent l’affaire axée sur la parfumerie et les cosmétiques.
Après la première guerre mondiale, en 1918, mon grand-oncle Léon s’installe à Paris et rachète deux affaires de cosmétiques françaises, très connues : « Mignot-Boucher », médaille d’or à l’Exposition de Paris en 1900 et « Germandrée », très réputé pour ses savons. Les parfums « Mignot-Boucher » ont été créés par messieurs Mignot et Boucher après la guerre franco-prussienne de 1870. Léon ouvre une usine à Neuilly-sur-Seine, rue du Bois de Boulogne (le centre mondial de la parfumerie), et des bureaux rue Édouard Nortier.
Plus tard, avec ses frères, Isaac à Sofia et Avram à Bucarest, il introduit dans les Balkans la mode, la beauté, l’élégance et le chic parisien. Donnant du travail à plus de 1 300 personnes en Europe et devenant les leaders de la parfumerie française de luxe dans les Balkans, ils créent une poudre « Cosmetic Valley », visage de l’excellence française et donnent l’espoir de nouveaux développements.
En ce qui me concerne, dans les années 1940 – 41 – 42, pendant les vacances scolaires, en juillet et août, mes parents m’envoyaient tous les matins à l’usine de Sofia où je voyais les cadres et les ouvriers travailler dans la production, la manutention et les expéditions.
De temps en temps, j’entendais parler français, c’étaient les maîtres savonniers qui venaient de France pour apprendre aux Bulgares la fabrication des meilleurs savons du monde.
C’était une très belle expérience. Parfois, j’allais aussi à l’usine de mon grand-oncle, Beraha, où je voyais aussi la production des bonbons, des chocolats et autres confiseries. Je me rappelle qu’il y avait environ 200 ouvriers et employés. Les affaires étaient prospères et florissantes dans les années 30. Et, d’ailleurs, Léon quitte Paris pour Sofia avec toute sa famille pour épauler son frère Isaac qui était débordé.
Les cosmétiques français étaient vendus dans le monde entier. En Europe et en particulier en Allemagne, les poudres (maquillage) étaient très demandées pour leur qualité. Ma famille maternelle venait tous les étés en vacances à Trouville et avait des contacts avec d’autres groupes de parfumerie française, en particulier, la « start-up » Lancôme qui venait de débuter. Il y avait une ébauche de collaboration pour introduire l’essence de rose – dont la Bulgarie était le plus grand producteur mondial. Des contacts étaient établis afin que cette essence de rose soit intégrée dans un rouge à lèvres révolutionnaire. Malheureusement, la guerre a stoppé tous ces projets.

Atmosphère Sofia 1940-1943

J’essaie de revivre une adolescence, la mienne, si différente ! Nous étions isolés, incompris, au moindre signe de danger nos sens étaient décuplés pour tenter de nous défendre. Nos parents nous obligeaient à être toujours correctement habillés, à avoir la tête haute en marchant dans les rues, en manifestant un semblant de respect pour l’ami ou l’ennemi.
Dans la rue, l’atmosphère était pesante avec des haut-parleurs hurlant des discours que nous ne comprenions pas. Les gens étaient apeurés. Dans les émissions de propagande à la radio, les paroles étaient toujours les mêmes avec un langage nouveau du « nazisme éternel ». L’Allemagne était la plus grande et la plus belle – heureusement avec les totalitaires nous ne rions pas de la même chose. Un nouveau vocabulaire nous qualifiant de « sous-hommes » avec des mots codés : évacuation et solution finale.
Ce sont les Bulgares qui ont créé l’alphabet cyrillique au XIIe siècle, inventé par deux moines qui s’appelaient Cyril et Méthode. Je crois que les Allemands ont fait un mauvais calcul géopolitique et diplomatique en sous-estimant les Slaves dans un pays qu’ils considéraient comme allié. « Sous-homme », je ne comprenais pas. Dans ma tête, je m’imaginais sûrement un grand, un moyen et un tout petit « sous-homme ». J’ai demandé à mon père. Il ne parlait pas beaucoup, il était très énervé et ne voulait pas nous transmettre son pessimisme.
Plus tard, j’ai compris qu’un optimiste était un homme qui ne savait ou ne voulait pas savoir. Alors qu’un pessimiste connaissait, comprenait ou essayait de prévoir la situation.
En Europe, beaucoup d’optimistes sont morts et beaucoup de pessimistes sont restés vivants.
Malgré la guerre, les usines travaillent à plein temps. C’était trop beau pour les nazis et le drame commence : en automne 1942, un revendeur bulgare des savons germandrée a eu quelques problèmes avec les autorités et a subi un chantage. « Nous oublions tes problèmes si tu dénonces les propriétaires des usines cosmétiques françaises à Sofia ».
Le 10 novembre 1942, la police, aux ordres, arrête mon grand-oncle Léon et notre cousin Roufy, 36 ans, ce dernier sous la torture avoue les mensonges du vendeur. Une instruction bâclée et un procès sont mis en place. Ayant trouvé les boucs émissaires, les médias fascistes en Europe sont déchaînés. Ma famille prend pour leur défense, les pénalistes les plus réputés en Bulgarie, les professeurs Dolaptchief et Naslednikov.
Le procès, ayant pris un sens politique, commence dans un climat de crainte sans possibilité pour la défense de faire son travail correctement. Rapidement, ils sont tous les trois condamnés à mort. Confirmé en appel.
Cependant, le Bulgare est un homme honnête et ne comprend pas cet acharnement contre ceux qui ont œuvré pour la grandeur et la prospérité de leur pays, et qu’ils fassent surtout l’objet de fausses accusations.
La majorité de l’opinion publique, parlementaires, écrivains, avocats, politiciens et diplomates, s’interroge ; en premier lieu, les diplomates espagnols, français et neutres y voient une nouvelle affaire Dreyfus déshonorant la Bulgarie. Ils ne comprennent pas que dans une fausse affaire banale de droit commercial, on ait demandé la peine maximale : la mort. Ma mère et mon père, ma sœur et moi attendions la suite de ce cauchemar.
Entre temps, notre grand-oncle Avram de Bucarest, de nationalité espagnole, contacte son ami intime, l’ambassadeur d’Espagne, S. E. le Comte de Rojas, qui prend immédiatement contact avec son collègue à Sofia, S. E. Julio Palencia, qui comprend l’injustice de la situation. Il essaie par ses relations d’intervenir, mais sans succès.
Il y a eu d’autres interventions internationales qui n’ont pas abouti. Tous les matins, je descends au kiosque à journaux et, le 15 avril 1943, j’ai un choc en voyant les gros titres : « les trois inculpés des savons germandrée ont été exécutés à 6 heures du matin ». Nos parents et voisins sont effondrés, nous partons à pied à la résidence des Arié. Nous y retrouvons beaucoup de monde ainsi que Monsieur Hanalel (rabbin), qui avait été convoqué pour assister les condamnés avant leur exécution. Nous retrouvons toute la famille et des amis bulgares, c’était insoutenable. Les jeunes et les adolescents, nous étions dans une grande chambre à part.
Au milieu de l’après-midi se fit un grand silence, un homme est arrivé, nous salue et nous présente ses condoléances : c’était son Excellence l’ambassadeur d’Espagne, Julio Palencia. Ce geste était fort pour notre famille. Il était témoin d’une injustice flagrante.
Le pauvre Bulgare dénonciateur pour ne pas avoir dénoncé l’imposture, est exécuté lui aussi.
L’ambassadeur décide de sauver la famille de Léon et demande une procédure d’urgence auprès de la justice bulgare pour adopter les deux orphelins, Claudy et René. Il parvient avec une certaine pression et de la diplomatie à obtenir l’adoption – il faut reconnaître que les magistrats bulgares l’ont beaucoup aidé. Par sécurité et avec l’immunité diplomatique, il envoie mes cousins et ma tante Rachel chez son ami à Bucarest.
La colère d’Hitler et des autorités fascistes était à son comble et ils demandent à ce que son Excellence Julio Palencia soit déclaré « persona non grata », en l’obligeant à quitter le pays, le plus rapidement possible.
Suivant le protocole, le roi Boris le reçoit en audience d’adieu pendant une heure, lui remet un cordon du Grand mérite bulgare et lui dédicace sa photo. Cette prise de position courageuse et humanitaire provoque un choc, pas seulement dans la grande majorité de l’opinion publique bulgare, mais encourage les diplomates en poste à Sofia à prendre des décisions à l’égard des persécutés bulgares.
Immédiatement après l’exécution, l’usine fut confisquée illégalement, mettant au chômage tous les ouvriers bulgares et mettant en difficulté le fonctionnement de l’entreprise française. Une grande famille francophone prospère, qui laisse des traces culturelles profondes en France, en Espagne et en Bulgarie a été détruite en quelques mois (cela a été l’une des dernières victoires des nazis).
Je rappelle que son Excellence Palencia, surnommé « ami des persécutés » par ses ennemis, Espagnol, a été diplomate de carrière, en occupant des postes à Shanghai et à Istanbul. Il avait, partout, construit des relations intimes avec les juifs séfarades. Il était francophile et avait établi, à Sofia, des relations particulières avec un diplomate français, l’ambassadeur Blondel.
Pendant les guerres les deux légations de France et d’Espagne étaient côte à côte, les Français au n° 27 et les Espagnols au n° 29 de la rue Oborichté. Ce qui a facilité les contacts entre collègues engagés dans un même combat contre le nazisme. Les Allemands n’étaient pas dupes et une antenne de la Gestapo avait été installée en face, mettant les ennemis sous surveillance permanente.

Supplément d’information
sur la tragique affaire
des savons français Germandrée

Cette affaire a vu sa liquidation ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. Dédicace
  6. Préface Diplomates « Justes parmi les nations »
  7. Avant-propos
  8. Introduction
  9. Origine
  10. Sofia entre les deux guerres mondiales
  11. Drôle de guerre 1939-1940
  12. La diplomatie alliée en plein échec 1940-1941
  13. Double peine Double punition À partir de 1942
  14. Préparation en secret de notre déportation 9 - 10 - 11 mars 1943
  15. L’année de tous les malheurs 1943
  16. La guerre réelle devient présente 10 janvier 1944
  17. Le 14 juillet 1944 Notre fête nationale
  18. Le 30 août 1944
  19. L’enfer est enfin terminé pour nous Septembre 1944
  20. Capitulation de l’Allemagne mai 1945
  21. Conclusion
  22. Bibliographie
  23. Annexes
  24. Remerciements
  25. Table
  26. Adresse