Sous l'empire des mots
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Sous l'empire des mots

  1. 308 pages
  2. French
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Sous l'empire des mots

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À propos de ce livre

Contrairement Ă  l'approche spontanĂ©e du rapport entre la pensĂ©e et le langage, les mots n'ont pas seulement une fonction reproductrice des idĂ©es et des choses, mais ils prĂ©sident Ă  la conception mĂȘme de celles-ci, dans la mesure oĂč c'est d'abord le vocabulaire disponible qui structure l'expĂ©rience des locuteurs. Les mots ne les suivent donc pas comme des outils mais les prĂ©cĂšdent comme des Ă©claireurs. C'est sous leur empire qu'on parle et qu'on pense.

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
EME Editions
Année
2019
ISBN
9782806661821

I. EN UN MOT COMME EN CENT

Nommer les choses

Cela s’est sans doute passĂ© le sixiĂšme jour de la CrĂ©ation. Ayant ƓuvrĂ© tout au long de la premiĂšre semaine de l’univers, l’Éternel Ă©tait passablement Ă©puisĂ©. Tant et si bien qu’il n’était pas fĂąchĂ© de voir arriver le week-end. Mais il se dit en lui-mĂȘme (Ă  l’époque il parlait souvent Ă  lui-mĂȘme, vu qu’il n’y avait encore personne avec qui tailler une bavette) : « Puisque tout ça est magnifique, pourquoi s’arrĂȘter en si bon chemin ? Encore un dernier coup de collier et nous pourrons nous reposer sur nos lauriers ! » (OĂč l’on voit aussi qu’il usait du pluriel majestatif pour parler Ă  lui-mĂȘme.) Et ajoutant le geste Ă  la parole divine il crĂ©a l’homme. À son image, en plus. Puis il convoqua tous les animaux pour que l’homme leur donnĂąt un nom. Et celui-ci s’exĂ©cuta sans se tromper. MĂȘme pour les cas difficiles comme l’oryctĂ©rope, l’ornithorynque et les nĂ©mathelminthes, il eut dix sur dix. Ce qui prouve qu’il Ă©tait fait Ă  l’image de l’Éternel. Car sans cours prĂ©paratoire, sans diplĂŽme, sans mĂȘme avoir potassĂ© le classement de LinnĂ©, il savait nommer les choses.
VoilĂ  une compĂ©tence dont nos Ă©lites politiques seraient dĂ©pourvues de nos jours. C’est tout au moins l’opinion d’un prĂ©sident de la RĂ©publique, Ă  qui l’on reprocha dans un rĂ©cent dĂ©bat tĂ©lĂ©visĂ© d’employer des expressions vulgaires. En effet, en visite Ă  Égleton (CorrĂšze), oĂč des ouvriers de GS&M Ă©taient venus exprimer leurs dolĂ©ances, il avait dit dans un apartĂ© dĂ»ment enregistrĂ© que « certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes lĂ -bas ». À d’autres occasions il avait Ă©voquĂ© « des gens qui ne sont rien », des « fainĂ©ants » qui omettent de chercher du travail, des « zigotos », des « cyniques » qui bloquent les rĂ©formes avec l’aide d’« activistes » sans scrupules. Et quand on lui fit remarquer que c’est peut-ĂȘtre lĂ  un langage auquel on ne s’attend pas dans la bouche d’un prĂ©sident, il fit d’abord un distinguo entre langage soutenu et registre populaire en faisant appel Ă  l’AcadĂ©mie. Il se dĂ©fendit ensuite d’avoir voulu humilier qui que ce soit. Il prĂ©tendit enfin assumer totalement sa façon de communiquer et promit de continuer Ă  dire les choses.
Cette prĂ©tention de nommer ou de dire les choses rappelle Ă©trangement le « parler vrai » de Michel Rocard d’il y a trente ans. Sauf que chez le Premier ministre de l’époque, le but Ă©tait moins de « parler comme tout le monde » que de dire la vĂ©ritĂ© sur la situation socio-Ă©conomique, d’en finir avec une communication qui tendait Ă  cacher les aspects moins reluisants de l’exercice, sous prĂ©texte de ne pas « insulter l’avenir » de maniĂšre Ă  garder toutes ses chances aux prochaines Ă©lections. C’est en pensant aux gens de peu qu’il avait fait voter le RMI (revenu minimum d’insertion), dont les bĂ©nĂ©ficiaires ne furent pas des fainĂ©ants ou des zigotos, encore moins des ouvriers qui foutent le bordel.
Profitons de ce bordel pour retracer la lointaine origine tout Ă  fait honorable du mot. On verra que de simple chose nommĂ©e il a pu devenir familier, vulgaire, voire injurieux. Il fut d’abord empruntĂ© au germanique oĂč bord signifiait une planche servant notamment de plateau de table. DĂšs son adoption en ancien français (au pluriel du diminutif bourdeaux ou bourdiaus), il dĂ©notait aussi une cabane faite de planches, pour devenir ensuite un quartier rĂ©servĂ© au commerce des prostituĂ©es. L’évolution de planche Ă  quartier de prostitution a pris plusieurs siĂšcles. Finalement, tout en gardant son sens de maison de passe ou de lupanar, le mot dĂ©note en français actuel un lieu oĂč rĂšgne le dĂ©sordre. Au surplus, en tant qu’objet direct du verbe foutre, l’expression indique l’action de crĂ©er la pagaille. Or on perçoit sans peine la diffĂ©rence de registre entre crĂ©er le dĂ©sordre et foutre le bordel : l’un appartient au langage soutenu, l’autre au parler relĂąchĂ© ou vulgaire.
Fort de cette distinction on voit donc se dĂ©gager deux formes de dire les choses. La premiĂšre est celle que notre ancĂȘtre lĂ©gendaire aurait pratiquĂ©e au paradis : appeler un lion un lion, un tigre un tigre et mĂȘme un chat un chat. La deuxiĂšme est de nommer les ĂȘtres avec des termes Ă  forte charge pĂ©jorative. C’eĂ»t Ă©tĂ© le cas si Adam avait parlĂ© d’Ève non comme d’une femme, mais d’une gonzesse. Au lieu de baptiser un concept bien dĂ©fini, ce choix eĂ»t exprimĂ© un rapport dĂ©prĂ©ciatif entre le locuteur et l’élĂ©ment qu’il entendait nommer.
Au vu de cette distinction une conclusion s’impose. Un prĂ©sident qui n’hĂ©site pas Ă  dĂ©crire sans ambages la situation du pays rĂ©el, Ă  nommer un chat un chat, force le respect ou l’admiration. Mais c’est Ă  condition qu’il n’ambitionne pas de s’exprimer comme tout le monde, avec la verve et les mots crus qui « font peuple » et dont la dĂ©rive est connue sous le nom de populisme. Car quand un prĂ©sident dĂ©daigne le langage « soutenu » qui sied Ă  sa fonction, il risque bientĂŽt de ne plus ĂȘtre « soutenu » lui-mĂȘme par une majoritĂ© des citoyens qui l’ont Ă©lu.

Le sujet et le verbe

Ça ne vient pas de sortir mais c’est tout comme. Si vous Ă©coutez de temps en temps un dĂ©bat ou une interview sur les ondes, vous avez dĂ» le noter : pour signifier que le problĂšme qu’on vient d’aborder (qu’on se promet d’aborder ou, plus souvent, qu’on n’a plus le temps d’aborder) est trĂšs important, on dit que c’est un vrai sujet. Jadis et naguĂšre on parlait d’une question capitale, d’un point crucial, d’un thĂšme primordial, d’un souci trĂšs actuel, d’une matiĂšre Ă  ne pas perdre de vue. DĂ©sormais, celui ou celle qui estime que sa prĂ©occupation, sa crainte ou son cheval de bataille mĂ©rite qu’on en discute, dit que c’est un vrai sujet.
À premiĂšre vue on pourrait en dĂ©duire qu’il y a aussi de faux sujets, ce qui n’est pas le cas, vrai Ă©tant en l’occurrence un qualificatif qui exprime la dimension, le poids, la profondeur, bref l’importance du sujet. Notons que classer une question comme sujet – dire simplement « c’est un sujet ! » – indique dĂ©jĂ  le droit ou le devoir de la considĂ©rer comme digne d’un dĂ©bat. Mais la promouvoir vrai sujet, c’est bien mieux. C’est dĂ©samorcer par avance toute objection de lĂ©gĂšretĂ© ou de frivolitĂ©. En somme, le vrai sujet est celui qui s’impose comme problĂšme sĂ©rieux, urgent voire incontournable.
Dans l’ordre du discours le contraire du vrai sujet n’est pas le faux, mais celui qu’on nie, auquel on refuse le statut de sujet, de matiĂšre Ă  dispute. Exemple : « Tu dis que tu as jouĂ© de malchance ? Ce n’est pas le sujet ! Ce qu’on te demande, c’est pourquoi tu n’as pas essayĂ© ! » On le voit, la nĂ©gation du sujet, c’est le refus de l’admettre dans l’aire du dĂ©bat, dans l’espace de la discussion.
Sujet est un concept forgĂ© dĂšs l’AntiquitĂ© par des philosophes ou grammairiens qui rĂ©flĂ©chissaient sur les parties du discours. Une des premiĂšres distinctions fut celle entre ce dont on parlait et ce qu’on en disait. Il y avait dans cet ordre le subjectum, le futur sujet (on a perdu le b, mais on l’a gardĂ© dans subjectif), et le predicatum, dans lequel on reconnaĂźt sans peine le prĂ©dicat. De nos jours encore ce dont on parle peut s’appeler couramment le sujet. Ainsi vous avez fixĂ© rendez-vous Ă  quelqu’un qui vous a demandĂ© aide ou conseil. La premiĂšre question que vous lui poserez aprĂšs les salutations d’usage, est celle-ci : « C’est Ă  quel sujet ? » Et la rĂ©action ne se fera pas attendre : « C’est au sujet d’un contentieux avec ma banque, par exemple, avec le syndic de mon immeuble ou avec le propriĂ©taire de la maison mitoyenne. » Et comme son problĂšme, qu’on appelle dĂ©sormais son « souci », l’intĂ©resse au plus haut point, il pourra dire – et vous serez bien d’accord avec lui, mĂȘme si vous n’avez ni secours, ni solution – que c’est un vrai sujet.
À ce sujet comme contenu d’une pensĂ©e, d’un ouvrage, ou d’une Ɠuvre d’art, est venu s’ajouter plus tard celui d’une personne. Sous l’Ancien rĂ©gime, oĂč le monarque de droit divin trĂŽnait au sommet de la sociĂ©tĂ©, tous les humains qui la composaient Ă©taient ses sujets. Le lien qui les unissait au roi Ă©tait celui de la sujĂ©tion, qui est une forme de subordination, sinon de soumission. Plus rĂ©cemment, pour railler un certain prĂ©sident Giscard, Ă  qui on reprochait des airs d’aristocrate ou de ci-devant, des humoristes le dessinaient parfois avec les atours de Versailles et lui faisait dire : « J’aime mes sujets et mes sujets m’adorent ! » Mais cette utilisation du mot pour indiquer une personne humaine a bientĂŽt dĂ©passĂ© le seul lien de subordination. DĂšs le XIXe siĂšcle, sous l’influence notamment de la philosophie allemande, le sujet est devenu un ĂȘtre pensant, siĂšge de la rĂ©flexion, des sensations et des sentiments. Il s’opposait par lĂ  mĂȘme Ă  l’objet, rĂ©putĂ© dĂ©pourvu de ces compĂ©tences. C’est ainsi qu’encore aujourd’hui on peut entendre qualifier un candidat prometteur, un athlĂšte battant un record, un Ă©tudiant ayant obtenu des notes supĂ©rieures, comme d’excellents sujets. Dans ce sens un sujet peut d’ailleurs ĂȘtre appelĂ© bon ou mauvais. Brassens n’a-t-il pas consacrĂ© quelques versets paillards Ă  un « mauvais sujet repenti » ? Et comme on sait que l’homme se distingue des autres animaux par sa capacitĂ© langagiĂšre, on en est venu Ă  parler, dans des sciences modernes comme la linguistique et la psychologie, du « sujet parlant » pour dĂ©signer le locuteur. Ou la locutrice, pourquoi pas ?
Notons Ă  propos de la fĂ©minisation des noms de professions qu’il a fallu des siĂšcles pour qu’une personne humaine appelĂ©e femme soit Ă©galement considĂ©rĂ©e comme un sujet capable d’intelligence et de crĂ©ativitĂ© dans tous les domaines oĂč les sujets se distinguent des objets. Étant donnĂ© les luttes – fĂ©minines et fĂ©ministes – contre l’exploitation de la femme-objet et pour la libĂ©ration de la femme-sujet, vu aussi le torrent de violences faites aux femmes, qui dĂ©frayent la chronique ces temps-ci, n’est-on pas en droit de conclure qu’il y a lĂ  comme un sujet ? Je dirais mĂȘme un vrai sujet ?

Assimil

Il fut une Ă©poque oĂč le Français dĂ©sireux d’apprendre une langue Ă©trangĂšre ne jurait que par un procĂ©dĂ© qui rendait superflus l’entraĂźnement et la mĂ©morisation. Contrairement aux mĂ©thodes traditionnelles, qui n’avaient pas fait leurs preuves, on allait dĂ©sormais acquĂ©rir l’anglais ou l’espagnol par autoapprentissage basĂ© sur la lecture, l’écoute et la rĂ©pĂ©tition d’énoncĂ©s rudimentaires. L’étude astreignante de la grammaire et du vocabulaire Ă©tant mise entre parenthĂšses – ou remise Ă  plus tard –, on allait pouvoir s’adonner Ă  « l’imprĂ©gnation intuitive ». Et comme celle-ci se ferait « sans peine », Ă  la maniĂšre des aliments qu’on assimile, pourquoi ne pas l’appeler assimilation, en plus court : Assimil ? Ce fut Alphonse ChĂ©rel qui en conçut l’idĂ©e en 1929, crĂ©ant ainsi une entreprise florissante, sans qu’elle produise pour autant chez les Français une amĂ©lioration notable de la connaissance des langues Ă©trangĂšres.
Le terme assimilation revient de nos jours dans le discours politique pour traiter du problĂšme de l’immigration. Une fois de plus c’est la mĂ©taphore de la digestion qui prĂ©vaut. En effet, dans un pays d’accueil comme la France, l’étranger est comme avalĂ©, absorbĂ©, assimilĂ© par « l’appareil digestif » de la communautĂ© nationale. L’autre devient le mĂȘme, dans l’exacte mesure oĂč il est censĂ© partager les mĂȘmes droits et devoirs. Immigrer Ă©quivaut alors Ă  adhĂ©rer aux rĂšgles et valeurs de la sociĂ©tĂ© d’accueil, laissant au vestiaire (ou Ă  la frontiĂšre) les normes socio-culturelles auxquelles on Ă©tait habituĂ© dans son pays d’origine. Ou en les limitant strictement Ă  l’espace privĂ©. Bref, pour la communautĂ© autochtone assimiler c’est transformer l’autre en sa propre substance. C’est « incorporer » le corps Ă©tranger en son propre corps.
Or le mĂȘme discours politique recĂšle un autre terme, celui d’intĂ©gration, qui aurait pu ĂȘtre un synonyme du premier si on s’était basĂ© sur sa seule Ă©tymologie. DĂ©rivĂ© du latin in-teger (non-entamĂ©, entier, d’un seul tenant) intĂšgre dĂ©nota d’abord l’état intact d’un Ă©lĂ©ment, avant d’exprimer la qualitĂ© morale d’une personne (honnĂȘte, droite, pure). NĂ©anmoins, pour certains dĂ©rivĂ©s, tels qu’intĂ©grer et surtout intĂ©gration, on est revenu au sens de la « totalitĂ© intacte » Ă  laquelle on s’intĂšgre. L’intĂ©gration a donc fini par dĂ©noter l’opĂ©ration par laquelle un Ă©lĂ©ment quelconque devient membre – c’est-Ă -dire partie intĂ©grante – d’un ensemble. Vu le problĂšme de l’immigration, la question principale est alors de savoir Ă  quelles conditions l’élĂ©ment Ă©tranger devient membre de l’ensemble dit « communautĂ© nationale ». Et c’est lĂ  que le bĂąt blesse. Car l’intĂ©gration est basĂ©e sur la coexistence, qu’on espĂšre harmonieuse, de plusieurs cultures, idĂ©ologies ou religions dans un mĂȘme cadre national. Quand l’adhĂ©sion aux rĂšgles de la sociĂ©tĂ© d’accueil tolĂšre, voire encourage le maintien de diffĂ©rences, le risque est grand que se constituent en son sein des sous-ensembles de plus en plus repliĂ©s sur eux-mĂȘmes et ayant leurs propres rĂšgles de fonctionnement. Cette dĂ©rive, appelĂ©e communautarisme, devient prĂ©occupante quand un groupe d’immigrĂ©s ignore (Ă  la fois au sens de « ne pas connaĂźtre » et de « ne pas respecter ») des valeurs fondamentales telles que la sĂ©paration des pouvoirs, l’égalitĂ© homme-femme, la frontiĂšre entre public et privĂ©, voire la diffĂ©rence entre les rĂšgles morales d’une religion et les lois du code civil. Quand une communautĂ© tend Ă  se constituer en enclave autogĂ©rĂ©e, avec parfois son Ă©conomie parallĂšle, voire ses zones de non-droit, elle illustre plus l’échec de l’intĂ©gration que sa rĂ©ussite.
Or l’autre versant de l’immigration, celui...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Du mĂȘme auteu
  6. Exergues
  7. Avant-propos
  8. I. EN UN MOT COMME EN CENT
  9. II. L’ACTUALITÉ PRISE AU MOT
  10. III. MOTS ET PAROLES D’ÉVANGILE
  11. IV. LES MOTS DE L’ARÈNE POLITIQUE
  12. V. LES INFOS SE PAIENT DE MOTS
  13. VI. LE FIN MOT DE L’HISTOIRE
  14. VII. LES MOTS ET MOI, ET MOI, ÉMOIS
  15. Table des matiĂšres