Parler et écrire en français à Madagascar
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Parler et écrire en français à Madagascar

  1. 274 pages
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Parler et écrire en français à Madagascar

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La langue française, implantée en 1896 par la colonisation à Madagascar où il y avait une langue nationale, est actuellement la langue de l'enseignement et la langue d'écriture d'une partie des écrivains. Ce volume rappelle cette trajectoire et propose un panorama de la production littéraire malgache en français et de la littérature contemporaine inspirée par la Grande Ile et publiée à Madagascar pour le Sommet de la Francophonie de 2016.

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Informations

Éditeur
Sépia
Année
2019
ISBN
9791033407591

PARTIE II ‒ ÉCRIRE EN FRANÇAIS À MADAGASCAR

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Quelques caractéristiques de la production en français

Une écriture adossée à un riche héritage oral

La littérature malgache en tant que production écrite, en quelque langue que ce soit, est l’héritière directe des traditions transmises oralement. Ces genres nombreux constituent le patrimoine culturel vivant d’une communauté nationale que bien des vicissitudes mettent à mal mais qui peut s’identifier à eux en dépit et grâce à des particularités régionales.
Le genre commun à toutes les régions est le conte : destiné à tous, il véhicule la vision du monde de la communauté, avec sa morale, sa spiritualité, ses interdits (fady), son rapport aux autres et à la nature. La transmission orale dans la communauté a fonctionné tant que celle-ci demeurait stable, à l’écoute des anciens, dans le respect et la confiance en ces repères donnés comme vrais, pour autant que ces temps idéalisés aient jamais existé. Ce sont les étrangers qui, conscients de l’originalité et de la valeur de cette culture, ont commencé à collecter, transcrire et éditer en malgache des recueils de contes. Le premier conte (Ibonia) publié en malgache en 1830 fut suivi d’un recueil (Angano) en 1875 repris en anglais (Spécimens of Malagasy Folk-Lore) en 1877. Cette collecte continua pendant la colonisation avec en particulier les recueils en français de Charles Renel1 et se poursuit actuellement avec des publications et des études de linguistes et d’ethnologues. Citons les recueils des Contes masikoro ou encore L’origine des choses, des contes de la côte Ouest recueillis, transcrits, traduits en français et analysés par Velonandro, Paes, Rabemidy, Rajaonarimanana et publiés à Antananarivo (Foi et Justice) en 1995 et 2001. D’autres recueils sont publiés en France ou en coédition : Contes de la côte ouest de Madagascar2, Le lac bleu et autres contes de Madagascar3, Contes et légendes tandroy4, Au fil de la sente. Récits du nord de Madagascar5. Ces contes ayant le statut de production culturelle et de matériau à la fois ethnologique et linguistique, leur version écrite est destinée à un lectorat adulte averti, voire savant.
D’autres recueils présentent des versions illustrées, simplifiées, toujours pour adultes. Le recueil le plus diffusé, est Contes et légendes de Madagascar publié en 1994 par Rabearison6.
Les réécritures de contes sont souvent destinées aux enfants. Pour cette raison nous les présenterons dans le chapitre « Littérature jeunesse ».
Les proverbes sont aussi au fondement de la culture. Recueillis et publiés en anglais puis en malgache dès 18717, ils émaillent toujours la vie courante et les discours solennels (kabary). Les écrivains francophones les reprennent à l’intérieur de leurs textes en prose.
La poésie traditionnelle malgache se décline en différents genres selon les régions. Le plus connu est la forme courte des hainteny de la région centrale de l’Imerina. Leur esthétique minimaliste comme leurs formules énigmatiques inspirent non seulement les poètes mais aussi les romanciers.
Le hira gasy est un autre élément dynamique de la culture orale qui ressort à la fois de la danse, de l’opéra et de l’art oratoire. Deux troupes d’artistes tout à la fois chanteurs, musiciens, danseurs et acrobates s’affrontent lors de joutes artistiques au cours desquelles ils haranguent la foule sur des sujets de la vie quotidienne. Aucune de ces prestations n’a fait l’objet de recueils selon le schéma de la collecte des autres productions orales.
Les auteurs francophones puisent tous dans ces diverses productions qui ne correspondent pas à la répartition générique occidentale.

Une production francophone entre les genres

Pour des raisons de lisibilité, nous présenterons les textes malgaches selon une répartition générique certes importée des classifications occidentales mais en partie adoptée par des écrivains francophones qui ont l’ambition de conquérir une légitimité dans un champ internationalisé. Cependant, nous mesurons les limites de cette répartition dans la mesure où les écrivains puisent dans des genres qui n’existent pas en français ou qui ont d’autres valeurs.
En même temps, les écrivains malgaches s’inscrivent dans un champ littéraire francophone structuré par ces catégories (en particulier celle du roman) et qui, dans la période contemporaine, valorise l’hybridité générique.
Cette répartition des textes, si elle permet une présentation rapide, met en évidence la polygraphie de nombreux auteurs et la difficulté de catégoriser leurs textes. Nous retrouverons par exemple Cyprienne Toazara écrivaine de nouvelles et auteur de littérature jeunesse alors qu’elle-même n’opère pas cette distinction. Certains textes de Raharimanana sont présentés comme des essais qui relèvent à la fois du théâtre et de la poésie, d’autres du journal et du roman ; les poèmes de Mahavanona relèvent presque du carnet de voyage et la longue nouvelle de Jaomanoro devient roman tandis que le roman de Naivo est parcouru de proverbes et de hainteny.
L’objectif étant de centrer l’analyse sur les textes et non sur les personnes, cette solution permet de mettre en évidence la part relative de chaque genre. Il apparaîtra ainsi que la poésie domine la production alors que le théâtre, après avoir été assez dynamique dans les années 1980-1990 (avec Michèle Rakotoson, Charlotte Rafenomanjato et David Jaomanoro), n’a plus aujourd’hui de représentants.

1 Contes. Recueils de folklore. 3 volumes, Paris, Leroux, 1910 à 1930.
2 Sous la direction de Noël Gueunier, Antananarivo-Paris, Ambozontany-Karthala, 1995.
3 Texte bilingue. Bodo Ravololomanga, Paris, L’Harmattan, 1996.
4 Sambo, adaptation par Olivier Bleys, Paris, L’Harmattan, 1999.
5 Cyprienne Toazara, Paris, L’Harmattan, 2007.
6 Antananarivo, TPFLM.
7 Cousins et Parrets, Malagasy proverbs puis Houlder, Ohabolana, 1894. Tous ces recueils ont été publiés à Tananarive.

La poésie

La poésie est le genre littéraire le plus répandu, avec les contes. La poésie en malgache, construite sur les assonances et les anaphores, joue avant tout sur le rythme et la musicalité de la langue. Elle devient musique au point que les deux arts sont désignés par le même mot (kalo).
L’écriture poétique, née avec les cantiques protestants au milieu du XIXe siècle, s’est développée grâce aux publications dans les nombreux et divers bulletins et revues locaux. La production en français a été marquée dans les années 1920 et 30 par l’œuvre de Jean-Joseph Rabearivelo (1903-1937) qui fait toujours figure d’ombre tutélaire puis par celle de Jacques Rabemananjara (1913-2005). La retenue de l’un et le lyrisme de l’autre sont toujours lus comme deux preuves que le français peut être choisi pour exprimer les valeurs traditionnelles (Rabearivelo) ou le patriotisme malgaches (Rabemananjara). Cependant, malgré leur prestige, leurs œuvres sont très peu diffusées et donc peu lues à Madagascar. Peu étudiées, elles ne constituent pas de réels exemples pour les nombreux jeunes poètes malgaches.
En effet, la poésie en malgache est aujourd’hui très dynamique. De très nombreux jeunes écrivent des poèmes ; certains se regroupent en associations (l’Havat-sa-Upem existe depuis 1952, Sandratra depuis 1982, AJA sy Rakemba depuis 2011). Elles soutiennent la publication de recueils individuels ou collectifs, organisent des spectacles poétiques et musicaux très populaires, des expositions, diffusent des bulletins, vendent même des videos de spectacles poétiques1. Des poèmes sont publiés dans des journaux et déclamés à la radio. L’esthétique commune est l’exaltation des valeurs comme l’amour, le lien social, la fidélité à la langue, à la patrie.
La production en français s’affranchit de ce modèle. Les écrivains osent y adopter des attitudes politiques et esthétiques beaucoup plus audacieuses, voire violentes pour exprimer leurs sentiments ou rendre compte des réalités sociales insupportables. Les mots comme le rythme sont retravaillés en toute liberté, associés parfois à des mots malgaches.

Hery Mahavanona

Hery Mahavanona (Herison Andriamihafy, 1953) écrit des nouvelles et des poèmes en français depuis sa jeunesse. Il est originaire de la région tanala au Sud-Est du pays, caractérisée par ses immenses forêts et les difficultés rencontrées par ses populations. Dans une poésie lyrique, il se fait le porte-parole de sa communauté. Il a publié trois recueils Urgence d’écriture pour l’émergence annoncée du mont Ikongo (La Réunion, Grand Océan, Prix de poésie Grand Océan, 1999), Lumière océane du petit matin (La Réunion, Grand Océan, 2004) et Cauchemar de chlorophylle (Antananarivo, Tsipika, 2008).
Il explique ainsi sa démarche poétique : « J’écris sous le poids de l’oppression intérieure née de ma prise de consc...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. Préface
  6. Avertissement
  7. PARTIE I ‒ LA LANGUE FRANÇAISE À MADAGASCAR : HISTOIRE, PRATIQUE, IMAGINAIRE
  8. PARTIE II ‒ ÉCRIRE EN FRANÇAIS À MADAGASCAR
  9. PARTIE III ‒ ÉCRIRE EN FRANÇAIS SUR MADAGASCAR
  10. Table des matières
  11. Autres ouvrages sur Madagascar publiés par Dominique Ranaivoson