Géopolitique de la Russie
eBook - ePub

Géopolitique de la Russie

Approche pluridisciplinaire

  1. 386 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Géopolitique de la Russie

Approche pluridisciplinaire

Détails du livre
Aperçu du livre
Table des matières
Citations

À propos de ce livre

Le retour de la Russie sur l'échiquier géopolitique est une actualité qui nous interroge, tant les évolutions sont rapides et les changements profonds. Après avoir analysé les déterminants intérieurs de la Russie, l'ouvrage évoque les rapports qu'entretient le pays avec son "étranger proche" puis la projection de sa géopolitique dans une dimension mondiale. Fruit de nouvelles études sur l'actualité des fondamentaux de la puissance russe - le territoire, l'appareil militaire et la richesse énergétique - ce travail complète également les connaissances à propos des questions de démographie et de cohésion sociale et religieuse.

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramètres et de cliquer sur « Résilier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez résilié votre abonnement, il restera actif pour le reste de la période pour laquelle vous avez payé. Découvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l’application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accès complet à la bibliothèque et à toutes les fonctionnalités de Perlego. Les seules différences sont les tarifs ainsi que la période d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous économiserez environ 30 % par rapport à 12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accéder à Géopolitique de la Russie par Anne Pinot, Christophe Réveillard en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Politics & International Relations et International Relations. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Éditeur
SPM
Année
2019
ISBN
9782336876580

PREMIÈRE PARTIE
Les déterminants intérieurs de la puissance russe

CHAPITRE I
Aspects de la vie politique russe

Les élections présidentielles russes du 18 mars 2018 ont porté Vladimir Vladimirovitch Poutine au pouvoir pour un quatrième mandat, et c’est à la fois son action passée et les chantiers qui l’attendent à l’intérieur comme à l’extérieur que des chercheurs et des spécialistes du monde russe analysent ici avec rigueur.
La victoire du président russe fut très large : la participation a atteint 67,47 %, ce qui représente 73,36 millions de suffrages exprimés et Vladimir V. Poutine a obtenu 76,6 % des voix (56,2 millions de votes). Là où ses scores sont les plus bas comme en Iakoutie, Altaï, Kraï de Khabarovsk et région de l’Amour, il ne descend pas sous la barre des 65 % de votants et 70 % des voix. Aujourd’hui Vladimir Poutine est dans une position favorable – non seulement dans son pays, mais sur la scène internationale –, car il tire sa légitimité du soutien de son peuple. Les nouveautés de ce scrutin sont la mobilisation des 18-35 ans, auparavant largement abstentionnistes, ou celle de certaines régions comme l’Extrême-Orient, et, bien évidemment, la participation de la Crimée (nouvellement russe depuis le référendum du 16 mars 2014), où Vladimir Poutine obtient 92,15 % des voix (90,2 % dans la ville autonome de Sébastopol).
Avant même l’élection, Cyrille Bret1, reprenant les sondages de l’Institut Levada, pourtant très mal en cour auprès de l’administration russe, confirmait des intentions de vote très favorables au président sortant et donc les « ressorts d’une popularité bien réelle ».
L’homme de l’ordre séduit les Russes depuis vingt ans et cet ancien membre de la communauté des « siloviki » – les « hommes de force » des services de sécurité –, représente aux yeux de la population le gage d’institutions solides et bien administrées, menées par des hommes profondément patriotes. Le principe de l’incarnation du pouvoir s’applique également à V. Poutine, lequel impose sa personnalité à l’international auprès de ses homologues chefs d’État, mais qui entretient parallèlement, en interne, par sa présence médiatique « dans un jeu de questions et réponses directes avec les téléspectateurs de toute la Fédération2 » sa réputation de proximité avec toutes les couches de la population. Ses deux compétiteurs – les communistes Guennadi Ziouganov puis Pavel Groudinine (11,08 %3), et Vladimir Jirinovski, du Parti libéral démocrate de Russie (LDPR-5,66 %) – sont devenus inaudibles tant Vladimir Poutine a accompli dans les faits une bonne partie du programme de la restauration de la grandeur du pays (retour de la Crimée, contre-sanctions UE-ÉU, politique économique plus protectionniste, alternative eurasiatique, intervention en Syrie, etc.). Si Alexeï Navalny s’était présenté, il n’aurait pas dépassé les 6-7 % des voix et Ksenia Sobtchak a péniblement atteint 1,67 %. Réalisant une sorte d’union nationale, Vladimir Poutine et son gouvernement occupent pratiquement tout l’horizon politique.
Les raisons de cette popularité et de l’existence d’une cohésion nationale autour d’un homme, de son équipe et de sa politique apparaissent au grand jour depuis près de vingt ans4. La chute de l’URSS semblait devoir emporter avec elle non seulement tout l’appareil obsolète d’un pays décadent mais la possibilité même d’un avenir. La Russie semblait devoir s’enfoncer toujours plus avant dans un gouffre où l’obsolescence de l’appareil de production, le désordre, les dérives mafieuses, la décomposition morale de la société, la décomposition de l’appareil d’État privaient Moscou de tout exercice effectif du pouvoir et hypothéquaient la perspective d’un relèvement. Pour les Russes, cette toute première expérience de la démocratie n’avait rien qui donnât confiance. En rétablissant la « verticale du pouvoir5 », Vladimir Poutine a restauré un ordre politique, économique et social intérieur ; dès le printemps 2000, il créa sept districts fédéraux de dix à quinze provinces chacun sous la direction d’un représentant du pouvoir central. La lucidité qui, dès avant la chute de l’URSS, lui faisait condamner l’action des communistes qui, en soixante-dix ans avaient détruit la Russie, l’excellente connaissance du pays tel qu’il était à la fin des années 1990 et des réseaux qui le déstructuraient au lieu de le renforcer, ont permis à Vladimir Poutine de faire sortir le pays du marasme où il était plongé, et c’est aussi de cela que les Russes lui sont reconnaissants6.
En outre, ramené dans ses limites du XVIe siècle et fragilisé sur toutes ses frontières intérieures et extérieures, le pays a peu à peu réglé un certain nombre de conflits (second conflit tchétchène, terrorisme interne après le 11 septembre, attentats de Moscou en 2002, de Beslan en 2004, etc.), appris à gérer ses quatre-vingt-trois « sujets7 » et à composer avec ses presque deux cents nationalités ; les électeurs ont également plébiscité la réaffirmation de la puissance et la détermination du pouvoir.
Après le choc de l’ouverture anarchique au marché des années 1990, l’industrie et l’agriculture sont entrées dans une phase de restructuration grâce à la « réforme foncière facilitant la vente de terres agricoles pour relancer le secteur primaire8 », et, dans la première décennie du XXIe siècle, le niveau de vie des Russes a été multiplié par trois ; cette chose qui caractérise les démocraties occidentales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale – l’existence d’une classe moyenne – est devenue une réalité incontestable de la Russie actuelle. Vu de l’intérieur, et même si en déclarant dès l’annonce des premiers résultats, le 18 mars 2018, qu’il consacrerait les années à venir à l’amélioration de la situation économique, Vladimir Poutine reconnaissait implicitement qu’il y avait encore beaucoup à faire sur ce point, le bilan est incontestablement positif et explique le choix des Russes. C’est en effet à partir de la politique libérale modérée par un interventionnisme d’État qu’il a menée pendant ses deux premiers mandats de la décennie 2000, que la croissance russe a atteint un rythme de croisière annuel proche des 7 %. Cette reprise de la croissance a stoppé l’inflation incontrôlée des années 1990 et provoqué une hausse importante et régulière du niveau de vie de la population. L’indice de développement humain (I.D.H.), qui se calcule sur une échelle de 0 à 1 et mesure la qualité de vie moyenne de la population d’un pays sur des critères d’espérance de vie, de scolarisation et de standards de vie, a connu une croissance régulière (de 0,690 en 2000 à 0,805 en 2015) après une chute continue dans les années 1990 ; par comparaison, l’IDH se calculant sur une échelle de 0 à 1, la France atteignait 0,888 en 2015.
Les deux chocs qui viendront casser la tendance sont extérieurs : en 2008, la crise financière américaine et, en 2014, la baisse des cours des hydrocarbures principalement en raison de la politique anti-gaz et pétrole de schiste américains de l’Arabie saoudite qui a inondé le marché pour conserver la prééminence. Malgré tout, le souvenir des désastreuses années 1990, la mise au pas par le nouveau président des oligarques à l’origine de la fuite de capitaux (les contraignant soit à l’exil, soit à la prison comme Mikhail Khodorkovski, gracié en décembre 2013), plus récemment la capacité de son équipe à surmonter d’une manière plutôt satisfaisante les deux crises financières – notamment, pour la dernière, les conséquences sur le rouble –, ont considérablement conforté la stature d’homme d’État d’exception de V. Poutine et expliqué sa popularité. D’autres éléments socio-économiques sont entrés en jeu comme son programme de réduction des inégalités et d’augmentation des prestations sociales, mais également sa politique familiale, un taux d’imposition unique de 13 % pour décourager l’évasion fiscale, un taux de chômage maintenu sous la barre des 5 %, une dette publique ramenée à 22 % du P.I.B. avec des « réserves de change confortables et un excédent courant » (Coface), sa capacité à investir dans une politique de grands travaux lors de la hausse des prix des hydrocarbures (et non à dilapider ces recettes comme avaient pu le faire la bureaucratie soviétique ou la corruption sous Eltsine), etc.
Après deux années de récession à partir de 2014 et malgré les sanctions occidentales, la Russie renoue avec la croissance et l’on constate une remontée de la productivité industrielle qui était jusqu’ici le point faible de l’économie russe, une croissance de la consommation, l’émergence d’une nouvelle classe entrepreneuriale issue des contre-sanctions et une forte relance de l’agroalimentaire, conséquence de l’embargo russe sur les produits alimentaires européens en réponse aux sanctions américaines et européennes. Surtout, la croissance est soutenue par des facteurs globaux et non plus seulement industriels. Les points faibles demeurent la place limitée des P.M.E. dans l’économie, des investissements privés trop timides, des inégalités encore importantes, des infrastructures et un secteur bancaire en pleine réforme. De plus, la décision du relèvement de l’âge de la retraite et la hausse de la TVA pèseront sur le pouvoir d’achat.
En fait, ayant quitté le statut d’économie de rente9, la Russie, ancienne puissance industrielle, vit depuis dix ans le classique mais difficile passage à un nouveau modèle industriel, mais, comme il l’avait indiqué dans son discours de candidat du 1er mars 2018, Vladimir Poutine a justement la volonté de ne pas avoir à craindre un « décrochage technologique ». L’avenir réside donc dans la capacité à achever la diversification de l’économie russe par la localisation et une substitution de la production nationale à une partie des exportations, par la définition d’un modèle entrepreneurial sous la gouverne d’une nouvelle élite ou une adaptation des élites économiques actuelles, par le choix ou plutôt le mélange notamment entre les deux lignes Alexis Koudryne (Centre de recherches stratégiques)/Boris Titov (club Stolypine), c’est-à-dire la rigueur budgétaire plus libérale ou le soutien massif des investissements publics à l’économie10, etc. D’autres défis de taille modèleront l’avenir économique russe, tels que l’internationalisation des entreprises, la situation et le développement de la Sibérie orientale, le projet chinois de la route ou ceinture d’intégration eurasiatique, la capacité de la Russie à conserver son autonomie de décision face aux investissements chinois alternatifs à ceux de l’Occident en raison des sanctions (ferroviaire à grande vitesse, infrastructures des hydrocarbures, aérospatiale, très haute technologie, etc.), le maintien du cadre d’interdépendance énergétique Russie/ UE parallèlement au développement de la nouvelle toile des réseaux d’approvisionnement tournés vers l’Asie dans son ensemble, etc.
Enfin, les Russes ont pu apprécier également qu’à l’échelle internationale, le pays se retrouve acteur majeur et incontournable, jouant de l’alternative pluripolaire, en particulier dans tous les rapports qu’elle développe avec l’Orient et l’Asie, qu’il s’agisse du projet de « Nouvelle Route de la Soie », des B.R.I.C.S. ou de l’O.C.S., dans le renforcement de sa capacité de projection (Baltique, Géorgie, Ukraine, Syrie), mais également dans un rapport bilatéral avec les grands occidentaux, États-Unis, Allemagne, Japon, Grande-Bretagne et France. Avec les présidences Poutine, les électeurs ont tourné la page des années d’humiliation vécues sous Mikhaïl Gorbatchev et Boris Eltsine.
AP, CR

1 Cyrille Bret (Sciences Po/Université Sorbonne Paris Cité), « Pourquoi Vladimir Poutine a déjà gagné la présidentielle en Russie », The Conversation, 15 mars 2018.
2 Ibidem.
3 Le score le plus bas de son histoire enregistré par le parti communiste russe.
4 La première présidence de Vladimir V. Poutine commence le 7 mai 2000 (élection du 26 mars) après une période de trois mois d’intérim prévue par la constitution suite à la démission télévisée de Boris Eltsine le 31 décembre 1999, « Je veux vous demander pardon… ».
5 Selon l’expression appar...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. Sommaire
  6. Préface
  7. Introduction générale
  8. PREMIÈRE PARTIE – Les déterminants intérieurs de la puissance russe
  9. DEUXIÈME PARTIE – La Russie et son étranger proche
  10. TROISIÈME PARTIE – La Russie et le monde
  11. POSTFACE – France-Russie, une relation géopolitique à réinventer
  12. BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
  13. Les auteurs