Les châteaux du Val de Loire et leurs visiteurs
eBook - ePub

Les châteaux du Val de Loire et leurs visiteurs

Après le temps des rois

  1. 210 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Les châteaux du Val de Loire et leurs visiteurs

Après le temps des rois

Détails du livre
Aperçu du livre
Table des matières
Citations

À propos de ce livre

Les châteaux royaux en Val de Loire ont été des lieux de pouvoir avant de s'inscrire dans l'espace commun en tant que lieux publics. Symboles de la majesté des souverains durant deux siècles, ils sont ensuite délaissés pour Paris puis Versailles, menacés de destructions ou de dispersion, restructurés et réemployés. Que présenter au visiteur soucieux d'apprendre, de comprendre ces demeures qui sont une condensation d'histoire de l'art et d'histoire politicoculturelle?

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramètres et de cliquer sur « Résilier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez résilié votre abonnement, il restera actif pour le reste de la période pour laquelle vous avez payé. Découvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l’application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accès complet à la bibliothèque et à toutes les fonctionnalités de Perlego. Les seules différences sont les tarifs ainsi que la période d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous économiserez environ 30 % par rapport à 12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accéder à Les châteaux du Val de Loire et leurs visiteurs par Florence Fix en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Art et Art général. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Année
2019
ISBN
9782336867649
Sujet
Art
Sous-sujet
Art général

Imaginer un château

Les romantiques et les châteaux de la Loire : préservation et créations théâtrales

STÉPHANE ARTHUR
En avril 1825, Victor Hugo vient voir son père, qui vit à Blois. Le 6 mai, il visite Chambord. Il exprime dès le lendemain son enthousiasme dans une lettre adressée à Adolphe de Saint-Valry :
Vous ne pouvez vous figurer comme c’est singulièrement beau. Toutes les magies, toutes les poésies, toutes les folies même sont représentées dans l’admirable bizarrerie de ce palais de fées et de chevaliers17.
Cette impression d’exotisme et cette révélation sont confirmées par une lettre que Hugo écrit le 9 mai 1825 à Paul Foucher, son beau-frère :
Imagine-toi, mon cher Paul, que depuis que j’ai vu Chambord, je vais demandant à chacun : Avez-vous vu Chambord ? comme La Fontaine qui disait à tout passant : Avez-vous lu Baruch18 ?
La même année, Alfred de Vigny compose CinqMars, récit qui évoque Chambord « que l’on aperçoit de loin et qui, avec ses dômes bleus et ses petites coupoles, ressemble à une grande ville de l’Orient19 ». L’enchantement que suscite Chambord auprès de Hugo invite à s’interroger sur la place occupée par les châteaux du Val de Loire dans l’imaginaire des dramaturges de la période romantique, le théâtre étant un lieu idoine en vue de recréer le passé. La question est d’autant plus intéressante que les châteaux du Val de Loire renvoient au temps d’avant l’absolutisme classique, avec lequel les romantiques entendent rompre. C’est pourquoi nous considérerons la volonté de préserver le patrimoine que constituent ces châteaux, avant de déterminer dans quelle mesure ces derniers ont contribué à la fabrique du passé dans le théâtre de la période romantique, dans des pièces destinées à la lecture ou écrites en vue de la représentation sur scène.
La volonté de préserver le patrimoine : la lutte contre les destructeurs
Les œuvres théâtrales du début du XIXe siècle portent des traces profondes de la tourmente révolutionnaire et de la division nationale qu’elle a engendrée : c’est ce contexte qui éclaire les représentations théâtrales romantiques des châteaux du Val de Loire. Rupture avec le passé, la Révolution a eu une dimension traumatique, avec l’exécution de Louis XVI : le peuple a tué le père, en quelque sorte. Or, comme l’a montré Jean-Marie Thomasseau, il est tentant de voir une expression de la mauvaise conscience populaire dans le triomphe du mélodrame, qui met souvent en scène un père bon, menacé par un traître, et restauré dans ses droits à la fin20.
Pour comprendre la volonté des romantiques de mettre en scène des sujets modernes et non plus des sujets antiques comme dans la tragédie classique, il faut en effet considérer les effets de la Révolution française. Certains révolutionnaires ont voulu faire tabula rasa du passé, honni comme temps de la tyrannie et du fanatisme. Une rupture nette est apparue dans l’histoire de France, avec la chute de l’Ancien Régime. Il s’agit donc pour les romantiques de renouer avec les éléments manquants de la tradition nationale.
Cette volonté de retisser les liens avec le passé national par la littérature rencontre les préoccupations de Madame de Staël, qui a propagé en France les idées des auteurs romantiques allemands, pour lesquels le romantisme est indissociable d’une aspiration à la création d’une nation au sens politique21. Grâce à Madame de Staël se développe l’idée que le mérite des ouvrages romantiques est de montrer le caractère national22. Annonciatrices du drame romantique, les scènes historiques puisent ainsi volontiers, de 1826 à 1830, leurs sujets dans l’histoire de France du XVIe siècle : saluée par la critique, la trilogie de Ludovic Vitet porte sur la fin du règne d’Henri III23 ; Blois est le cadre du second volet : Les États de Blois, dont Dumas souligne dans Mes Mémoires l’importance dans l’élaboration d’une nouvelle poétique dramatique24. Stanislas Germeau publie pour sa part en 1829 les scènes historiques La Réforme en 1560 ou le tumulte d’Amboise25.
Honni des révolutionnaires, comme on peut le voir dans le Charles IX de Chénier, le passé national resurgit dans le théâtre romantique : le retour du refoulé se fait grâce à la survivance d’images du passé. Enfant du siècle, né en 1802 comme Dumas et Hugo, inspecteur général des monuments historiques avant Mérimée, Vitet évoque dans le troisième tome de ses Études sur l’histoire de l’art l’intérêt de son temps pour les ruines du passé :
Notre génération, qui se joue de tant de choses et fait si bon marché de ses propres affaires, s’est prise, pour les temps qui ne sont plus, d’une curiosité sérieuse. […] Tout, en France, depuis soixante ans, a été détruit, perdu ou dispersé. C’est là un mal sans remède, un désastre qu’aucun effort ne saurait réparer.
Par bonheur, il s’est trouvé des hommes à qui l’aspect de tant de ruines a fait sentir plus vivement l’inestimable prix de ce qui restait encore. Ils ont osé combattre l’esprit de destruction : ils ont respectueusement recueilli tout ce qui pouvait être sauvé26.
Les vestiges du passé ne sont plus perçus comme des traces de l’infamie à faire disparaître, mais comme les éléments d’une tradition menacée qu’il faut préserver. Le rapport au passé est conçu désormais en termes d’héritage, à « recueillir » : il s’agit de préserver des trésors de culture que les perturbations historiques menacent. L’idée même de patrimoine est alors peu ou prou nouvelle, même si certaines sociétés savantes ont eu un rôle précurseur en la matière, dès le XVIIIe siècle. Le théâtre se met ainsi au service de l’Histoire, par la réinvention du XVIe siècle.
Si l’engouement pour l’architecture des siècles passés est à relier à la poétique des ruines qui connaît un vif succès dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les profonds bouleversements induits par la Révolution Française ont rendu nécessaire cet intérêt pour le passé : « tout […] a été détruit, perdu ou dispersé27 », déplore Vitet. Le sentiment d’une césure suscite chez certains une volonté de préserver ce qui reste des siècles écoulés, de protéger de l’outrage du temps et des hommes les trésors artistiques que leur ont légués leurs pères : l’idée de patrimoine est née. Le patrimoine historique apparaît comme une ressource dramatique féconde, négligée par la scène. Stendhal invite dans Racine et Shakespeare à puiser dans la mémoire nationale afin de créer un théâtre qui mette en scène les grands épisodes de l’histoire de France : « Les règnes de Charles VI, de Charles VII, du noble François Ier, doivent être féconds pour nous en tragédies nationales d’un intérêt profond et durable28. » Libéral, Stendhal présente ainsi le Moyen Âge et le XVIe siècle comme des réservoirs de sujets dramatiques pour un théâtre politique susceptible de captiver le public.
Des ouvrages invitent à la découverte du patrimoine et contribuent à répandre dans l’esprit des spectateurs des images du passé. Tel est le cas des Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France29, publiés à partir de 1820 : la valeur de cette œuvre monumentale repose en grande partie sur le nombre et la qualité des illustrations, grâce au développement de la lithographie30. Ciceri, décorateur de la Comédie-Française, où le baron Taylor est commissaire royal, participe à cette entreprise, ce qui a des incidences sur sa production théâtrale : comme le fait remarquer Jacqueline Razgonnikoff, « ses croquis du château de Plessis-lez-Tours » servent de modèles « pour Louis XI à Péronne de Mely-Janin en 1827, suivi du Louis XI de Delavigne en 183231 ». L’introduction du premier volume, Ancienne Normandie, révèle la volonté des collaborateurs de cette vaste entreprise de lutter contre l’oubli et la destruction des richesses monumentales présentes sur le sol national32. Les croquis sont présentés comme des documents arrachant au temps, à la négligence ou aux mauvaises intentions l’image des monuments voués à disparaître. Ces images sont évoquées comme si elles étaient objectives : il ne faut néanmoins pas perdre de vue que « les dessins ne sont pas des relevés mais des mises en scène33 ». Un rapport au monument, dont l’image est livrée au lecteur, est induit par la manière dont ce monument est représenté et dont le texte introduit cette représentation. Aussi peut-on dire avec Françoise Mélonio que « la lithographie est à la fois un musée, qui garde trace du monument en péril, et une école, qui enseigne le respect du patrimoine34. »
Cette entreprise de redécouverte et de préservation des monuments du passé a des incidences sur le théâtre, comme en témoigne l’annonce par le Courrier des théâtres du dimanche 1er janvier 1826 de « la cinquantième livraison des Voyages pittoresques dans l’an cienne France, par MM. Ch. Nodier, Taylor et Alph. de Cailleux ». La mise en images du patrimoine national peut donc être mise en relation avec la production d’un théâtre historique national, dans la constitution et l’entretien d’une mémoire commune. En outre, la diffusion de représentations matérielles du passé suscite des images mentales, prélude à la fabrique du spectaculaire.
Alors que la scène les célèbre, nombre de monuments nationaux sont menacés dans leur identité et dans leur existence même. On connaît les dégradations et les destructions engendrées par la Révolution française. Il ne faut pas sous-estimer pour autant la persistance d’un esprit révolutionnaire qui se manifeste chez certains, en particulier lorsqu’en 1819 il est décidé de vendre en lotissement le château de Chambord, tandis que d’autres dénoncent l’atteinte qui serait portée à « un des plus magnifiques monumens de la France, qui devoit indiquer à la postérité la plus reculée l’époque de la renaissance des arts dans notre patrie35 », selon la formule d’une lettre non signée datée de Blois le 10 septembre 1819 et publiée par ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Comparaisons
  5. Titre
  6. Déjà parus
  7. Introduction
  8. Imaginer un château
  9. Visiter un château
  10. Conclusion
  11. Bibliographie indicative
  12. Les auteurs
  13. Table des matières