Les dynamiques de la Chine en Afrique et en Amérique latine
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Les dynamiques de la Chine en Afrique et en Amérique latine

Enjeux, défis et perspectives

  1. 326 pages
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Les dynamiques de la Chine en Afrique et en Amérique latine

Enjeux, défis et perspectives

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À propos de ce livre

En croisant l'analyse des dynamiques chinoises à l'oeuvre en Afrique et en Amérique latine, cet ouvrage offre un éclairage nouveau sur l'un des phénomènes structurels les plus significatifs des relations internationales: la projection internationale de la Chine et son impact sur les pays en développement. Fruit d'une collaboration scientifique internationale, il livre une réflexion pluridisciplinaire de la «Chine-Afrique» et de la «Chine-Amérique latine» au carrefour de plusieurs area studies.

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Informations

Éditeur
Academia
Année
2019
ISBN
9782806122469

PARTIE III :
LES DYNAMIQUES DE LA CHINE EN AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES : LES CAS DU BRÉSIL, DU MERCOSUR ET DU COSTA RICA

CHAPITRE 6
LES RELATIONS CHINE-BRESIL AU DEBUT DU XXIe SIECLE (2000-2017) : ENTRE COLLABORATION, COMPETITION ET OPPORTUNISME

Danielly Becard
Niels Søndergaard
Résumé
Ces dernières années, les relations entre la Chine et le Brésil ont gagné en intensité. Les demandes de Pékin envers Brasilia ont conduit à de nouveaux enjeux ayant des impacts sur des secteurs productifs importants. Ce chapitre examine ce scénario à travers les succès et lacunes des politiques et des pratiques de la Chine au Brésil d’une part, et identifie les réactions brésiliennes face aux résultats obtenus depuis le début du XXIe siècle (2000-2017) d’autre part. Basé sur une perspective théorique pluraliste de politique étrangère, il avance que (1) les politiques, les pratiques et le principe gagnant-gagnant conduisent à privilégier les intérêts nationaux définis de manière prépondérante et opportuniste par la Chine, et que (2) les avantages ont été inégalement répartis entre les partenaires, ce qui a provoqué des distorsions dans divers secteurs productifs du Brésil. Au final, (3) les réponses du gouvernement brésilien vis-à-vis de la gouvernance de la Chine ont été plutôt réactives et opportunistes et ont fini par concentrer de manière excessive les relations commerciales et économiques sur les domaines de l’agroalimentaire, des infrastructures et de l’énergie, renforçant en définitive l’asymétrie de ces relations.
Mots-clés
Chine – Brésil – Politique – Relations – Sud-Sud

Introduction

Depuis 1974, la Chine et le Brésil maintiennent des relations politiques bilatérales dynamiques qui ont fait de Brasilia le principal partenaire de Pékin en Amérique latine. Tous deux sont porteurs de projets multilatéraux pour défendre leurs positions communes à l’échelle mondiale.
À partir de la fin des années 2000, les relations Chine-Brésil se sont élargies non seulement au commerce, mais aussi aux investissements et financements. Dans la mesure où la Chine a gagné en reconnaissance internationale grâce à sa forte performance économique, le pays a assumé un rôle plus « proactif » dans la politique mondiale. En conséquence, pour accompagner sa modernisation, Pékin a réorienté sa politique étrangère à la recherche de marchés, de technologie, d’énergie et de matières premières étrangères, soit tous les éléments considérés comme essentiels au développement chinois (Becard 2017).
Malgré leurs résultats remarquables obtenus ces dernières années, les relations économiques sino-brésiliennes se sont progressivement déséquilibrées. Même si les agents économiques du Brésil ont pu bénéficier de l’essor des prix à l’exportation des matières premières avec, à la clé, des excédents conséquents de la balance commerciale domestique, ils ont eu à faire face à l’émergence de la concurrence de la Chine sur leur marché interne. En offrant aux pays d’Amérique latine un marché pour leurs exportations de produits basiques et simultanément en les concurrençant et en les écartant des marchés de produits à valeur ajoutée, le commerce chinois tend à emprisonner ces économies dans le secteur des matières premières115 (Dittmer, Yu 2010 ; CEBC 2017).
Bien que ces dissonances puissent être considérées comme normales à ce stade des relations, elles méritent que nous approfondissions notre attention sur elles dans la mesure où les relations bilatérales deviennent plus complexes et interconnectées. On peut s’attendre à ce que la Chine continue à être l’un des partenaires les plus importants et incontournables du Brésil, mais aussi l’un des plus concurrentiels116.
En outre, la conjoncture récente a un impact sur la présence de la Chine au Brésil à court terme. Avec des taux annuels compris entre 6 et 7 % suivis d’une diminution ces prochaines années (Fang 2014), le nouveau modèle de croissance chinoise pose des difficultés auxquelles le Brésil doit faire face. Il a en effet ancré ses exportations de marchandises vers la Chine sur des volumes plus importants et des prix internationaux beaucoup plus élevés que ceux que lui offre la conjoncture actuelle. Dès lors, Brasilia devra trouver d’autres secteurs pour compenser ce manque à gagner de la fin du boom des matières premières. Un élément décisif tient dans sa capacité à identifier de nouvelles opportunités et à découvrir comment la société brésilienne pourrait en profiter. Cette tâche est toutefois relativement ardue pour le Brésil, en particulier dans la mesure où le pays n’est pas encore sorti de ses crises économiques et politiques (Romero 2015).
La fin du boom des matières premières, le ralentissement de l’économie chinoise et les problèmes internes du Brésil avec les scandales de corruption, la récession, une dimunition significative du pib brésilien et l’instabilité économique posent de lourds défis aux gouvernements brésiliens et chinois ainsi qu’à leurs entreprises.
Compte-tenu de ce scénario complexe, ce chapitre étudie les relations entre le Brésil et la Chine depuis le début du XXIe siècle (2000-2017). Plus spécifiquement, il se propose : (1) d’identifier les caractéristiques et défis de la politique étrangère actuelle de la Chine envers le Brésil et du Brésil envers la Chine ; (2) d’examiner les succès et les lacunes des politiques et des pratiques de la Chine au Brésil ; (3) de présenter les réactions brésiliennes face aux résultats obtenus dans ses relations bilatérales avec la Chine.
Basée sur une perspective théorique pluraliste de politique étrangère, ce chapitre s’appuie sur les arguments suivants : (1) les politiques, les pratiques et le principe gagnant-gagnant de la Chine conduisent à privilégier les intérêts nationaux définis par Pékin ; (2) les avantages se répartissent inégalement entre les partenaires, mais les relations s’approfondissent grâce aux opportunités d’investissement qui se présentent notamment dans les domaines de l’agroalimentaire, des infrastructures et de l’énergie ; (3) les réponses du gouvernement brésilien à la gouvernance de la Chine étant plutôt réactives et opportunistes, elles finissent par concentrer de manière excessive les relations commerciales et économiques sur des domaines limités et des secteurs sélectionnés, renforçant en définitive l’asymétrie de ces relations117.
Ainsi, la première partie de ce chapitre présente différentes perspectives théoriques sur les facteurs internes définissant la politique étrangère. La deuxième partie cherche à comprendre l’évolution de la politique extérieure de la Chine et la place du Brésil dans ce cadre. La troisième partie analyse l’évolution des relations politiques et économiques bilatérales et leurs impacts dans des secteurs économiques stratégiques, tels que les secteurs agroalimentaire et de l’énergie, et contribuant prioritairement aux relations sino-brésiliennes.

1. Aspects théoriques des facteurs internes définissant la politique étrangère

Graham T. Allison (1971) a apporté une importante contribution à la branche des études internationales visant à examiner l’influence des acteurs infra-étatiques. Cette approche a été précisée dans une édition révisée de cette recherche (Allison, Zelikow 1999). Ces auteurs soulignent qu’il est nécessaire d’avoir recours à une analyse multi-niveaux pour comprendre les diverses rationalités qui influent sur un large éventail d’acteurs engagés dans le processus définissant la politique étrangère. Ceux-ci sont définis dans trois modèles, soit celui de l’acteur rationnel (Rational Actor Model), celui du comportement organisationnel (Organizational Behavior Model) et celui de la politique gouvernementale (Governmental Politics Model). Le modèle de l’acteur rationnel se concentre sur l’analyse des actes utiles des gouvernements nationaux, alors que dans le modèle du comportement organisationnel, les actions se focalisent sur le fonctionnement interne des organismes qui constituent le gouvernement. Le modèle de la politique gouvernementale vise quant à lui à évaluer les interactions au sein des acteurs politiques des administrations centrales (Allison, Zelikow 1999 : 4-6). Cette approche permet d’évaluer les actions de politique étrangère à travers une perspective élargissant les catégories des acteurs internes, tout en prêtant simultanément attention à la complexité des objectifs qui imprègnent leurs actions. Pour le présent chapitre, ont ainsi été retenus les modèles d’analyse multi-niveaux et de l’acteur rationnel.
L’importance de dépasser le clivage entre les niveaux interne et systémique est centrale pour Benjamin J. Cohen. Ce dernier considère que l’analyse des politiques de commerce extérieur nécessite des approches méthodologiques mêlant en une même analyse les variables internes et systémiques, plutôt que de les évaluer de manière séquentielle (Cohen 1990). Saisir les interrelations dynamiques des jeux qui se déroulent parallèlement aux niveaux interne et international est posé comme un élément essentiel pour Robert Putnam (1988) dans son article majeur « Diplomacy and domestic politics : the logic of two-level games ». La description que fait Putnam de la négociation internationale comme étant un jeu à deux niveaux attire l’attention sur la complexité à parvenir à des résultats acceptables de négociation qui satisferont à la fois l’interlocuteur étranger au premier niveau et en même temps un large éventail d’intérêts privés et publics internes au second niveau. Entre ces deux contraintes opposées, une plage pour l’accord peut ressortir comme évidente et est décrite comme le paquet gagnant (win-sets), se référant à ce qui est tolérable pour l’interlocuteur étranger et pour la majorité des acteurs internes. Les stratégies du négociateur sont de nature à délimiter la taille de ce paquet gagnant. Putnam souligne l’importance de l’utilisation des rétributions indirectes (side-payments) qui peuvent devenir essentielles afin de s’assurer de l’appui des groupes internes, qui, autrement, seraient incités à s’opposer aux accords (Putnam 1988). Jongryn Mo (1994) fait une analyse à partir de l’interprétation de Putnam du processus de négociation à deux niveaux, centrée sur les relations de pouvoir entre le négociateur et ses acteurs internes. Il s’ensuit que le négociateur, aussi bien que les acteurs internes, possède des sources de pouvoirs latentes, désignées sous le nom de preference-based power – autrement dit, la capacité de rejeter une offre dans l’espoir de meilleures options dans le futur. Mo propose par-là les spécificités des mécanismes particuliers de négociation qui deviennent évidents quand des intérêts internes font contrepoids aux engagements de politique étrangère. Dans les relations Chine-Brésil, nous rencontrons ce type de négociation à deux niveaux, d’où l’intérêt de cette théorie.
La question de savoir comment réunir avec succès les considérations de politiques interne et étrangère dans les jeux à deux niveaux est traitée par Deborah Savage et Albert Weale (2009), qui utilisent la distinction de John Rawls entre le raisonnable et le rationnel pour définir l’importance de la ratification interne des engagements internationaux. Alors que des considérations utilitaires devraient faire valoir les bénéfices généraux de l’adhésion à un accord international, l’obtention du support interne est contingente à la manière dont seront répartis les éventuels avantages ou désavantages dudit accord. À cet égard, Savage et Weale appliquent deux principes de l’équité, liés au souci de compenser les groupes déjà vulnérables, et d’éviter la compensation pour des groupes en position privilégiée/en recherche de situation rentable (Savage, Weale 2009). Cette approche peut aider à enrichir l’analyse du degré de succès – ou d’insuccès – dans les cas de tentative de ratification interne. Dans le même ordre d’idée, Kai Opperman et Alexander Spencer (2016) poin...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. COLLECTION « SCIENCE POLITIQUE »
  4. Titre
  5. Copyright
  6. NOTICES BIOGRAPHIQUES
  7. REMERCIEMENTS
  8. INTRODUCTION
  9. PARTIE I : ÉVOLUTION ET GÉOPOLITIQUE DES RELATIONS SINO-AFRICAINES ET SINO-LATINO-AMÉRICAINES
  10. PARTIE II : LES DYNAMIQUES DE LA CHINE EN AFRIQUE : ÉCONOMIE, SÉCURITÉ ET DIPLOMATIE PUBLIQUE
  11. PARTIE III : LES DYNAMIQUES DE LA CHINE EN AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES : LES CAS DU BRÉSIL, DU MERCOSUR ET DU COSTA RICA
  12. CONCLUSION
  13. Table des matières