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- French
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Ă propos de ce livre
Christian Kunda Mutoki porte un nouveau regard sur Le Horla de Guy de Maupassant. Il est précédé d'une préface et suivi d'une postface. Il vient rafraßchir les problématiques qui touchent à la morale, à l'athéisme, à des amours tumultueuses et infidÚles... Le monde d'aujourd'hui diffÚre-t-il de celui décrit au XIXe siÚcle par l'écrivain français? La science a-t-elle amélioré la condition existentielle de l'homme? Voici quelques questions majeures qui trouvent ici un regard neuf.
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Informations
Sous-sujet
LinguistiqueCHAPITRE 1
TRAJECTOIRE DE GUY
DE MAUPASSANT
1. Quelques éléments de la vie de Guy de Maupassant
1.1. Lâenfance
Lâauteur est français. Il « est nĂ© le 5 aoĂ»t 1850, au chĂąteau de Miromesnil, prĂšs de Tourneville-sur-Arques, Ă huit kilomĂštres de Dieppe » [https://www.fnac.com.bio]. Il connaĂźt auprĂšs de sa mĂšre une vie heureuse et acquiert une connaissance intime de la campagne normande. Malheureusement, dĂšs son bas Ăąge, il assiste aux querelles continuelles qui opposent ses parents : Gustave de Maupassant et Laure de Maupassant. Il est informĂ© des aventures incessantes de son pĂšre avec dâautres femmes de la contrĂ©e. Le jeune Maupassant Ă©tait chaque fois envahi par la panique et la terreur quand ses parents, emportĂ©s par la rage et peu soucieux du scandale, sâinvectivaient, vocifĂ©raient des injures. Les parents finissent par divorcer Ă lâamiable. Le jeune Maupassant a alors douze ans. Il sera confiĂ© Ă sa mĂšre, aprĂšs le divorce. Toutefois, malgrĂ© cet Ă©pisode douloureux, il ne partagera pas ses souvenirs pĂ©nibles.
1.2. La formation
Maupassant fut dâabord confiĂ©, par sa mĂšre, aux maĂźtres dâun lycĂ©e parisien, puis Ă un prĂȘtre, le vicaire dâEtretat, Monsieur lâAbbĂ© Aubourg. Celui-ci tentera de lui inculquer des rudiments du catĂ©chisme et du latin. Plus tard, le futur Ă©crivain est inscrit dans une institution ecclĂ©siastique : le sĂ©minaire dâYvetot. Il en fut exclu pour raison de rationalisme intransigeant et pour des maniĂšres peu commodes, contraires aux rĂšgles en vigueur dans lâinstitution de formation. Albert-Marie Schmidt en tĂ©moigne en ces termes : « HabituĂ© aux franchises dâune existence vagabonde, il y souffre dâune sorte de psychose carcĂ©rale. [âŠ] Maupassant cherche des moyens dâĂ©vasion. Il en trouve dans la lecture de livres dĂ©fendus » (A.-M. Schmidt, 1962 : 14-15). Guy de Maupassant termine enfin ses Ă©tudes au LycĂ©e de Rouen.
1.3. La vie sentimentale
Guy de Maupassant ne sâĂ©tait jamais mariĂ©, dĂ©couragĂ© par lâexpĂ©rience nĂ©gative de ses parents dâabord et la sienne : ses rencontres amoureuses ne lui procurent guĂšre lâassurance dâune union Ă long terme. Toutefois, on lui reconnaĂźt un vagabondage sexuel Ă lâissue duquel il a pu avoir trois enfants. Les biographes de lâauteur sont unanimes sur le fait que la vie sentimentale de lâĂ©crivain est essentiellement une consĂ©quence des traumatismes familiaux : les conflits incessants des parents, les infidĂ©litĂ©s du pĂšre, lâĂ©chec de sa mĂšre, ont fini par lui ĂŽter lâenvie de fonder une famille au sens de la morale chrĂ©tienne de lâĂ©poque : « Le souvenir de scĂšnes familiales hanta toujours la mĂ©moire de Maupassant. Plus tard, il connut Mouche, une fille rencontrĂ©e au bord de la Seine quâil prit pour une perle. Mais Mouche nâĂ©tait quâune brave gosse qui se donnait Ă qui la voulait. Le jeune homme fut-il plus profondĂ©ment déçu quâil ne le laissĂąt paraĂźtre ? Sans doute lâĂ©chec de sa mĂšre, le sien, lui enlevĂšrent le goĂ»t du mariage⊠» (C. MarilĂšne, 1969 : 34-35).
Il convient de rappeler aussi que Maupassant Ă©prouvait, du point de vue psychologique et du point de vue physique, un complexe devant les femmes. En 1881, il adresse ces mots Ă GisĂšle dâEstoc : « Physiquement, je ne me sens pas beau et je nâai point lâallure ni la tournure qui plaisent aux femmes. Je manque absolument dâĂ©lĂ©gance⊠» (D. FrĂ©my, 1988 : 2). Il sâagit lĂ dâun tĂ©moignage qui illustre bien le malaise qui accompagnera Maupassant tout au long de son existence.
1.4. Le rapport Ă la notion de Dieu
Toute sa vie, Maupassant nâa eu de cesse de lutter contre Dieu, cet ĂȘtre quâil considĂ©rait comme une pure invention de lâhomme, peureux, incapable de dominer vraiment la nature et le monde. Il lui est mĂȘme arrivĂ© dâaffirmer que la providence : « Ment, triche, vole, trompe [âŠ] Dieu, monsieur, câest un massacreur, il lui faut tous les jours des Morts. Il en faut de toutes les façons pour mieux sâamuser » (A.-M. Schmidt, 1962 : 72-73). Produits Ă cette Ă©poque oĂč lâĂglise catholique est pourvoyeuse incontournable des prĂ©ceptes de la vie sociale et spirituelle, ces propos constituent un parjure autant quâils soulignent lâĂ©loignement de lâauteur par rapport Ă lâordre moral Ă©tabli.
Sa vision du monde et sa conception de Dieu sont profondĂ©ment pessimistes comme il le souligne du reste dans Le DĂ©sespoir philosophique. Cela est dĂ», sans aucun doute, Ă lâinfluence de ses deux maĂźtres, tous athĂ©es, dont lâallemand Arthur Schopenhauer (1788-1860) et son compatriote Gustave Flaubert (1821-1880). Il a connu les pensĂ©es du premier par ses lectures et, le second Ă©tait un ami dâenfance de sa mĂšre. Câest au fait lui qui a dirigĂ© ses premiers pas dans la poĂ©sie et dans lâamour de lâesthĂ©tique littĂ©raire.
1.5. Le parcours professionnel
Jeune journaliste, Guy de Maupassant sâengage comme garde mobile en 1870 et assiste Ă la dĂ©bĂącle, dont il Ă©voquera les scĂšnes dans plusieurs nouvelles.
AprĂšs 1891 (?), il accepte, pour gagner sa vie, une place de commis dans un ministĂšre. Il est un observateur attentif de ce milieu de bureaucrates. Il rejoint des jeunes snobs, car il est solidement musclĂ©, pratique le canotage et frĂ©quente « guinguettes »1. Ils sâamusent au bord de la Seine. Plus tard, lâauteur se consacre essentiellement Ă lâĂ©criture et gagne sa vie grĂące Ă ses publications : « Il vit de sa plume » (G. Maupassant, 1998 : 5).
1.6. Le crépuscule
Guy de Maupassant a, selon les biographes, souffert pendant une longue pĂ©riode (quinze ans) de troubles nerveux. Il Ă©tait hantĂ© par lâidĂ©e de la folie qui finit par se dĂ©clarer en 1891, aprĂšs un suicide manquĂ©. Il fut alors internĂ© dans la maison de santĂ© du docteur Blanche oĂč il mourut le 06 juillet 1893, Ă seulement 43 ans. Le lendemain de son dĂ©cĂšs, on lâenterra au cimetiĂšre Montparnasse, sans cercueil, Ă mĂȘme la terre, comme il lâavait souhaitĂ©, afin de nourrir la terre aprĂšs avoir Ă©tĂ© nourri par celle-ci. Quelques membres de sa famille, ses amis qui lui Ă©taient restĂ©s fidĂšles malgrĂ© son Ă©tat de dĂ©ment sont prĂ©sents. On cite notamment un de ses maĂźtres, Emile Zola qui assiste Ă son inhumation. Aucune dĂ©lĂ©gation des jeunes, aucun personnage officiel important nâavait daignĂ© se dĂ©ranger car tous disaient : « Ne sâagit-il pas du fou ? » (C. MarlĂšne, 1969 : 32).
Le paradoxe de lâexistence est que dix-huit mois plutĂŽt, lâauteur Ă©tait cĂ©lĂ©brĂ©, fĂȘtĂ© dans tous les salons parisiens grĂące Ă la parution de Bel-amour, BelAmant⊠Il a sombrĂ© comme un homme sans aucune renommĂ©e, un illustre anonyme. Et pourtant, il laisse Ă littĂ©rature une Ćuvre de grande envergure.
2. LâĆuvre
Maupassant est un Ă©crivain classique cĂ©lĂšbre, surtout en dehors du pays. Il jouit dâune singuliĂšre fortune littĂ©raire : il est considĂ©rĂ© Ă lâĂ©tranger tout comme en France comme : « Le conteur français par excellence⊠» (G. Flaubert, 2005 : 99).
Câest entre 1871 et 1880 que se prĂ©pare sa carriĂšre littĂ©raire. Il compose des poĂšmes. En 1880, il publie Boule de suif dans les soirĂ©es de MĂ©dan. Ă trente-sept ans, il Ă©crit trois longs romans : Une vie, Bel-Ami et Mont-Oriol. En dehors des contes et nouvelles qui lâont rendu cĂ©lĂšbre, il est lâauteur de piĂšces de thĂ©Ăątre et dâĂ©tudes sur les Ă©crivains de son temps. Luttant contre la fatigue et la douleur, il Ă©crit le roman Pierre et Jean pendant lâĂ©tĂ© de 1887. Dâautres Ćuvres disponibles sont : La maison Tellier (1881), Mademoiselle Fifi (1882), Les contes de la BĂ©casse (1883), Miss Harriet, (1884), Monsieur Parent (1885), Le Horla, une Ćuvre Ă©crite pendant sa crise de folie.
2.1. LâĂ©cole littĂ©raire
Lâauteur de Le Horla, faisait partie dâabord de lâĂ©cole littĂ©raire appelĂ©e le rĂ©alisme de Balzac, de StendhalâŠ, mouvement littĂ©raire nĂ© vers 1830 et qui a connu son apogĂ©e vers 1860. Puis, il fit partie du naturalisme de Zola, de Goncourt⊠mouvement nĂ© dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle. Et les deux Ă©coles sont nettement diffĂ©rentes. Nous y reviendrons.
Le XIXe siĂšcle français et toute lâEurope connaissent des bouleversements non seulement politiques et Ă©conomiques mais aussi des renouveaux littĂ©raires et des innovations scientifiques. Sous lâinfluence du positivisme, terme qui dĂ©signe chez Auguste Comte, ce qui est utile, rĂ©el palpable, par opposition Ă ce qui est fictif, chimĂ©rique ou imaginaire, lâesprit humain ne pouvant atteindre lâessence des choses. Il doit renoncer Ă lâabsolu. Le XVIIIe siĂšcle est un siĂšcle caractĂ©risĂ© par lâathĂ©isme, lâamour de la science, et la naissance balbutiante du romantisme. Ce dernier avait dĂ©jĂ pris ses racines dĂšs la fin du XVIIIe siĂšcle en Allemagne avec Goethe, et en France avec Jean-Jacques Rousseau. Le romantisme en Allemagne avait un caractĂšre particulier, celui de peindre lâamour suicidaire dans les textes littĂ©raires. En guise dâillustration, nous pouvons citer les textes de Jean-Paul Richier, Hölderlin, Heine, Novalis et tant dâautres. Ces auteurs sâattachaient Ă discerner les correspondances entre lâunivers et la pensĂ©e.
En Angleterre, en revanche, le romantisme privilĂ©giait plus la mĂ©lancolie, la malĂ©diction, lâautodestruction auxquelles rĂ©pond la haine du conformisme pour Ă©chapper au rĂ©el. Il sâimpose en France dans la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle grĂące Ă Madame de StaĂ«l.
En France justement, il sâagit de rompre avec la monotonie du classicisme (dont le mode impersonnel est remis en question) pour privilĂ©gier lâinspiration personnelle et le culte du gĂ©nie. En face du classicisme qui fait de lâimpersonnalitĂ© un dogme, le romantisme se rĂ©vĂšle comme lâexpression du moi intĂ©rieur dans les Ćuvres littĂ©raires.
En effet, les romantiques ne craignent pas de laisser transparaĂźtre leurs Ă©motions dans leurs poĂšmes et parfois mĂȘme dâĂ©taler leurs sentiments intimes. Mais lâexpression de ces sentiments nâest touchante ni Ă©mouvante aux yeux des lecteurs que parce quâelle rĂ©veille des Ă©chos dans les Ăąmes des lecteurs. Les sentiments quâils analysent en eux sont des sentiments universels, câest-Ă -dire communs Ă tous les hommes. Ces confidences discrĂštes nous Ă©meuvent parce quâelles comportent quelque chose de profondĂ©ment humain. Quelques dĂ©fenseurs de ce courant sont Victor Hugo, Alphonse de Lamartine, Alfred de Vigny, Alfred de MussetâŠ
Le romantisme a donnĂ© naissance au naturalisme. Cette Ă©cole littĂ©raire rĂ©unit autour de son fondateur et thĂ©oricien Emile Zola plusieurs Ă©crivains, dont Maupassant, Ă partir de 1876. Auparavant, le naturalisme dĂ©signait les savants qui Ă©tudiaient la biologie, qui expliquaient les phĂ©nomĂšnes de la nature par les lois de la science, dâoĂč les refus de la divinitĂ© (de Dieu).
Ămile Zola reprend ces idĂ©es et prĂ©cise que le naturalisme littĂ©raire doit prĂ©senter la vĂ©ritĂ© de maniĂšre objective comme le fait la science. Guy de Maupassant participe au naturalisme avec Boule de suif, en 1880. Pendant ce temps, en parallĂšle, Ă©volue une autre Ă©cole : « Le Parnasse » avec ThĂ©ophile Gautier en tĂȘte, qui prĂŽne la thĂ©orie de « lâart pour lâart » en poĂ©sie, pendant que le naturalisme prĂŽne toute forme dâart qui cherche Ă reproduire le naturel tel quâil est, sans lâidĂ©aliser. Le rĂ©alisme en revanche soutient que reproduire exactement la vie comme le veulent les naturalistes est impossible. Pour ce courant, il faut crĂ©er lâillusion. Aller au-delĂ de ce que lâon pense ĂȘtre le rĂ©el. Les deux courants apportent un renouveau remarquable dans le champ littĂ©raire. Ils apprĂ©hendent les mĂȘmes rĂ©alitĂ©s de la vie sociale. Seulement les rĂ©alistes mettent un accent tout particulier sur la vie des bourgeois en traitant des thĂ©matiques liĂ©es au succĂšs, Ă lâĂ©chec, Ă lâadultĂšre des nobles, aux problĂšmes familiaux, etc. Les naturalistes par contre sâattachent plus Ă toutes sortes de questions qui touchent plutĂŽt la classe moyenne.
De ces Ă©coles naĂźt le symbolisme. Loin dâoffrir Ă lâesprit des perspectives illimitĂ©es, lâobservateur du rĂ©el en dĂ©couvre dâautres (les symboles). Cet ancĂȘtre du dadaĂŻsme et du surrĂ©alisme a le mĂ©rite dâavoir introduit les vers libres en poĂ©sie.
Le rĂ©alisme a rĂ©agi contre le sentimentalisme romantique. Il est caractĂ©risĂ© par une attitude de lâĂ©crivain face au rĂ©el. Il vise Ă reprĂ©senter le plus fidĂšlement possible la rĂ©alitĂ©, y compris des aspects immoraux et vulgaires, avec des sujets et des personnages choisis dans les classes populaires. Contrairement au rĂ©alisme, le naturalisme poursuit dans la mĂȘme direction mais en y ajoutant parfois le contexte physiologique : « Le terme naturalisme, dans son acceptation littĂ©raire, sâest imposĂ© Ă la critique europĂ©enne Ă partir des annĂ©es 1880. Lâinitiateur de cette terminologie est Ămile Zola qui, dans ses articles de critique autant que de thĂ©orie, a propagĂ© un terme qui a appartenu dâabord au vocabulaire scientifique et philosophique, avant dâĂȘtre utilisĂ© dans de la critique artistique⊠Mais câest surtout le critique dâart Castagnary qui suggĂšre lâĂ©mergence dâune Ăcole naturaliste dont il dit, dans son Salon de 1863, quâelle « affirme que lâart est lâexpression de la vie sous tous ses modes et Ă tous ses degrĂ©s, et que son unique but est de reproduire la nature en lâamenant Ă son maximum de puissance et dâintensitĂ© : câest la vĂ©ritĂ© sâĂ©quilibrant avec la science » (EncyclopĂ©die ThĂ©matique, 2005 : 5543).
Le naturalisme littĂ©raire sâest attachĂ© donc Ă dĂ©crire la rĂ©alitĂ© telle quâelle est et non telle quâelle devrait ĂȘtre, tout en accordant une place de choix Ă ...
Table des matiĂšres
- Couverture
- 4e de couverture
- Titre
- Copyright
- DĂ©dicace
- Du mĂȘme auteur
- PRĂFACE GUY DE MAUPASSANT, MAĂTRE SONDEUR DES ABĂMES
- AVANT-PROPOS
- CHAPITRE 1 : TRAJECTOIRE DE GUY DE MAUPASSANT
- CHAPITRE 2 : LES NOUVELLES : UNE VUE SYNOPTIQUE
- CHAPITRE 3 : LE PORTRAIT DE LâHOMME DANS LâĆUVRE
- CONCLUSION
- BIBLIOGRAPHIE SĂLECTIVE
- POSTFACE UNE IDĂE DâUN HOMME NOUVEAU ? UNE QUESTION DE PHILOSOPHIE POSTMODERNE
- TABLE DES MATIĂRES