A la recherche des fondements de la valeur économique et de la richesse
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A la recherche des fondements de la valeur économique et de la richesse

  1. 102 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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A la recherche des fondements de la valeur économique et de la richesse

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À propos de ce livre

Est-il normal qu'un litre de gazole ne vaille pas plus qu'un litre de Coca-Cola? La majorité des économistes l'admettent, alors que la valeur donnée par le marché rend très difficile l'élaboration des réponses aux défis écologiques et à la montée des inégalités. Les notions de valeur sociale et de valeur tutélaire émergent; l'homo economicus doit céder la place à l'homo empathicus. Il faut refonder l'économie politique sur de nouvelles manières de penser ce que sont la valeur économique et la richesse.

Foire aux questions

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Informations

Année
2017
ISBN
9782336782836

CHAPITRE 1
Histoire de la pensée économique et valeur économique

« C’était sans doute une question trop métaphysique que celle de la valeur ; les économistes l’ont laissé tomber comme une vieille chaussette. L’économie reste donc une science qui connaît le prix de tout et la valeur de rien », selon l’expression heureuse d’Oscar Wilde.
Michel Musolino, L’Économie Pour Les Nuls,
Paris, Éditions First, 2007.
Il nous faut rappeler avec insistance que tous les principaux courants de la pensée économique se sont fondés au départ sur une certaine idée de ce qu’est la valeur économique. Dans son Histoire de l’analyse économique (1954), Joseph Schumpeter souligne que : « le problème de la valeur doit toujours occuper la position centrale, en tant qu’instrument d’analyse principal dans toute théorie pure »6. Pour Alain Barrère, auteur des trois tomes de l’Histoire de la pensée économique et analyse contemporaine (1974) « aucune théorie économique ne peut être véritablement générale sans valeur ».

1. Partie d’un questionnement sur la valeur, la pensée économique dominante aboutit au concept « prix de marché »

1.1 Deux acceptions différentes de la valeur

Au cours de l’histoire de la pensée économique, les auteurs qui se sont intéressés à la valeur économique ont proposé deux acceptions différentes de la valeur. Comme l’a bien montré François Fourquet dans son ouvrage La généalogie de la valeur, la valeur économique peut être comprise comme le concept permettant de définir la nature de la richesse économique (en quoi elle consiste, de quoi elle est faite) et/ou elle peut être considérée comme la notion permettant de mesurer la richesse. « On peut avoir une conception de l’origine de la richesse sans s’interroger sur sa mesure, en se contentant d’une vague approximation. Inversement on peut, comme les comptables nationaux, la mesurer d’une manière positiviste (avec la monnaie courante) sans énoncer de théorie sur son origine et sa nature ». Soulignons que dans la première acception, c’est la valeur qui définit et donne sens à la richesse ; mais force est de constater que cette approche de la valeur est actuellement quasi absente des débats.
Les manières de concevoir les relations entre valeur et richesse n’ont pas que des enjeux théoriques. C’est seulement la première acceptation de la valeur économique qui nous oblige à repenser la nature de la richesse et c’est celle-ci que nous choisissons dans cet ouvrage, car c’est celle qui permet de concevoir d’autres modèles7 de développement8, alternatifs à celui suivi jusqu’ici par les pays industrialisés. En effet tout modèle de développement est construit à partir d’une théorie économique et donc sur un concept de valeur et sur une manière de mesurer la richesse.

1.2 L’économie est « politique »

Mon dernier livre sur la valeur a permis de montrer que toutes les théories de la valeur ont été construites à partir d’une vision de ce que devrait être une société humaine et de ce que devrait être la place de l’homme dans cette société9.
Par exemple, la théorie néoclassique, courant de pensée dominant depuis plusieurs décennies, est construite à partir de l’hypothèse de l’homo économicus qui est une manière bien spécifique de se représenter et de modéliser l’individu dans la société. L’homo économicus est généralement défini comme ayant deux principales caractéristiques :
• Il poursuit son seul intérêt particulier sans se préoccuper des autres. Il ne compte que sur lui-même pour maximiser son utilité (définie comme la satisfaction qui découle de la consommation d’un bien). L’existence d’une société organisée n’est pour lui un avantage que dans la mesure où l’union des hommes, des ressources et des compétences lui permet d’obtenir plus à un moindre coût, et par là de maximiser son bien-être.
• Il est parfaitement rationnel dans son comportement, dans ses choix. Il connaît ses besoins de manière parfaite et sait les hiérarchiser à tout moment. Par conséquent, il n’est pas influençable.
Aux deux principales caractéristiques généralement attribuées à l’homo économicus, il est important aujourd’hui de rajouter une troisième : l’homo économicus, en tant qu’être pensant et poursuivant son seul intérêt, se considère comme « maître et possesseur de la nature ».
L’homo économicus a deux fonctions produire et consommer. Lorsqu’il produit, il cherche à maximiser son profit sous la contrainte des coûts de production. Lorsqu’il consomme, il cherche à maximiser son « utilité » sous la contrainte de ses revenus. Dans cette conception, seul le profit motive la production et seul le revenu permet de satisfaire les besoins humains.
Il faut souligner que l’homo économicus, n’est pas seulement une construction de l’esprit de certains économistes, c’est aussi le modèle d’être humain que visent à nous faire adopter tous les jours, avec de plus en plus d’insistance et de moyens de pressions perfides, les différentes images et slogans publicitaires qui abreuvent nos télévisions, nos recherches sur internet, nos magazines, les murs de nos villes. Il nous faut savoir que dans les pays industrialisés qui ont le projet et l’ambition de construire une société basée sur l’innovation, les entreprises, prises globalement, dépensent autant en recherche-développement qu’en publicité10 avec l’objectif de nous formater en référence au modèle de l’homo économicus.
Comme le rappelle avec force Christophe Darmangeat de l’Université Paris Diderot dans son cours Introduction à l’Analyse Économique : « de toutes les notions autour desquelles se sont affrontés les économistes, elle [la théorie de la valeur] est sans doute la plus sensible, car la plus directement liée à des intérêts sociaux ; c’est celle qui permet le mieux de comprendre à quel point l’économie est politique, […] les positions sur la théorie de la valeur conduisent à des visions diamétralement opposées de la société, et on comprend que la théorie de la valeur n’ait jamais été un débat purement intellectuel et désincarné, mais qu’elle a toujours représenté un enjeu politique et idéologique majeur […] Ce n’est pas un hasard si le grand essor de la théorie néoclassique date des années 1870, juste après les publications de Marx et l’émergence d’un puissant mouvement ouvrier révolutionnaire (Fondation de l’Association Internationale des Travailleurs en 1864, Commune de Paris en 1871) »11.
Dans son livre L’esprit de Philadelphie, la justice sociale face au marché total12, Alain Supiot montre comment la contre-révolution ultralibérale, « le grand retournement » des années 1980, mise en œuvre par les gouvernements Reagan et Tacher avait pour objectif de remplacer le nouvel ordre international défini après la fin de la Deuxième Guerre mondiale par « l’ordre spontané du Marché ».
En mai 1944, la conférence générale de l’OIT (Organisation Internationale du Travail), a adopté la déclaration de Philadelphie qui redéfinit les buts et les objectifs de l’OIT. Cette déclaration « fut la première expression de la volonté d’édifier, à la sortie de la Deuxième Guerre mondiale, un nouvel ordre international qui ne soit plus fondé sur la force mais sur le droit et la justice »13. Elle donne de la justice sociale une définition large et universelle : « Tous les êtres humains, quelques soient leur race, leur croyance ou leur sexe, ont le droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales » (art. II a). Et elle fait de la réalisation de la justice sociale « le but central de toute politique nationale et internationale ». Cette déclaration de Philadelphie fut suivie par la création de l’Organisation des Nations Unies et par l’adoption en 1948 de la Déclaration universelle des Droits de l’homme. En France, le programme du Conseil National de la Résistance, adopté deux mois avant la déclaration de Philadelphie et qui orientera la rédaction du préambule (« République sociale ») de la constitution de 1945, est animé du même esprit de Philadelphie.
Un des pères fondateurs de l’école néolibérale est Friedrich Hayek, récipiendaire en 1974 de l’un des premiers prix dits Nobel d’économie. Il fut un critique acerbe de l’œuvre normative de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Son objectif de remettre en cause le nouvel ordre international défini à la fin de la Deuxième Guerre est clairement affirmé. Et de préciser « Un fois que nous donnons licence aux politiciens d’intervenir dans l’ordre spontané du marché […] ils amorcent le processus cumulatif dont la logique intrinsèque aboutit forcément à une domination sans cesse élargie de la politique sur l’économie »14. En affirmant l’existence d’un ordre spontané du marché, les néolibéraux affirme que l’économie relève de la science et non du politique, car les normes scientifiques sont les seules à échapper au débat politique. Pour les néo-libéraux, l’accroissement de la richesse passe par la mise en concurrence généralisée de tous les hommes dans tous les pays et y compris par la mise en concurrence des législations et sociales et fiscales de ces pays.

1.3 La valeur économique, un concept négligé depuis plusieurs décennies

Bien que la valeur soit la pierre angulaire qui fonde toute théorie économique, force est de constater que, depuis plusieurs décennies, les traités d’économie politique sur la valeur sont fort rares. Il faut signaler L’empire de la valeur, refonder l’économie15 (2011) d’André Orléan qui est construit sur l’idée principale suivante : « la confiance en la monnaie est au fondement de la valeur économique. (…) Le désir de monnaie est la force qui donne vie à toute la mécanique marchande »16. Soulignons que sa démarche de recherche reste fondée sur la conception actuellement dominante de la valeur : « La valeur d’un bien se mesure à la quantité de monnaie que ce bien permet d’obtenir, à savoir son prix. Prix et valeur sont une seule et même réalité »17. Notons aussi qu’André Orléan positionne sa démarche au sein de la « modélisation néoclassique » tout en élargissant « ses hypothèses institutionnelles ». Parmi les économistes marxistes, il faut aussi mentionner l’ouvrage « La Richesse, La Valeur et L’Inestimable, Fondements d’une critique socio-écologique de l’économie capitaliste, (2013) de Jean-Marie Harribey. Bien que différenciant valeur et richesse, tout le travail de cet auteur est bâti sur l’identification de la valeur au prix, hypothèse qui enferme la pensée économique dans la même impasse que l’école néoclassique.
À part les deux ouvrages notés précédemment, il nous faut remonter jusqu’en 1943, avec l’ouvrage intitulé La valeur de François Perr...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Remerciements
  6. Introduction
  7. CHAPITRE 1 – Histoire de la pensée économique et valeur économique
  8. CHAPITRE 2 – Indicateurs de richesse et de développement durable : des tentatives pour penser autrement la valeur économique ?
  9. CHAPITRE 3 – La théorie de la valeur sociale selon les institutionnalistes Une autre manière de penser l’économie
  10. CHAPITRE 4 – L’homo économicus n’est pas notre vraie nature
  11. Conclusion
  12. Table des matières
  13. Chez le même éditeur