Messianisme : entre gnose et apocalypse
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Messianisme : entre gnose et apocalypse

Jésus de Nazareth et Sabbataï Tsevi

  1. 228 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Messianisme : entre gnose et apocalypse

Jésus de Nazareth et Sabbataï Tsevi

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À propos de ce livre

Le messianisme est exploré à l'aune de deux expériences historiques, celles de Jésus de Nazareth et de Sabbataï Tsevi (1626-1676). Il oscille entre deux pôles: l'apocalypse et la gnose. Ces modalités marquées par des dichotomies - spirituel et matériel, individuel et collectif, éternel et chronologique -, le messianisme vient les rendre inopérantes. D'une tendance à l'autre, il épouserait les événements. Ainsi, sur la scène de l'âme ou sur celle de l'histoire, le messianisme poursuit son oeuvre.

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Informations

Éditeur
EME Editions
Année
2018
ISBN
9782806661425

Partie I
Entre apocalypse et gnose : Jésus

Venue
Dans cette première partie, nous disposerons le vaste schéma chronologique à partir duquel toutes les variantes du messianisme – apocalyptisme, millénarisme, gnosticisme – pourront être comprises.
L’idée fondamentale qui permet l’élaboration de ce schéma trouve son origine dans les textes bibliques. Elle est la suivante :
Une fin est posée, unique, irréversible. La certitude de son imminence est affirmée. En retour, le présent en est modifié. La venue du messie est ce qui marquera cette fin. Il ne viendra qu’une seule fois. Ce sera un événement unique dans l’histoire.
À partir de cette idée de fin, une représentation linéaire du temps est mise en forme. La représentation cyclique qui prévalait dans le monde païen est abandonnée.
Comme l’esprit humain a l’expérience du temps sans en avoir la représentation, il se représente nécessairement le temps au moyen d’images spatiales. La conception qu’a du temps l’Antiquité gréco-romaine est fondamentalement circulaire et continue1.
Avec le judaïsme puis le christianisme, le temps commence et va finir.2 L’histoire humaine a lieu entre ces deux pôles du commencement et de la fin, entre la création et la rédemption. Rien ne se répète, tout a lieu une fois pour toutes. Il en va ainsi de la venue du messie.
L’hellénisme conçoit, avant tout, le temps comme cyclique ou circulaire, revenant perpétuellement sur lui-même, bouclé éternellement sur soi (…). Pour le christianisme, au contraire, le temps, lié à la Création et à l’action continue de Dieu, se déroule unilatéralement, en un seul sens, à partir d’un point de départ unique et en direction d’un but également unique : il est orienté, et un progrès s’accomplit en lui, du passé vers l’avenir3.
Cette image du temps linéaire, se déroulant irréversiblement, en sens unique et sans retour possible, trouve ses racines dans les textes bibliques. Elle découle du fait de poser un eschaton, un terme, une fin ultime et définitive, ce qui permet de briser le cercle de la temporalité cyclique et d’ouvrir celui-ci à l’inconnu de l’avenir. Cet eschaton est la venue du messie. Il sauve les hommes fidèles, le « reste » d’Israël. Il marquera un avant et un après absolus.
L’eschatologie est alors le nom du savoir portant sur cette fin. Mais de quoi précisément est-ce la fin : du temps, de l’histoire, du monde ? La tradition juive parle de la fin d’un temps-monde (olam), de l’olam hazeh qui laisserait place à un autre temps et un autre monde, l’olam haba4 : le monde qui vient, le Royaume (basileia) diront les chrétiens, le monde du tikoun pour certains kabbalistes. Dans une optique chrétienne il s’agit même plutôt de la fin de l’histoire. À partir de là, le temps redevient éternel et le monde est transfiguré.
Cet eschaton qu’est la venue du messie fut accompli pour les chrétiens par Jésus de Nazareth – mais seulement en partie, là est toute la subtilité. Depuis notre calendrier en porte la marque. Nous comptons positivement et négativement les années depuis le repère messianique central que constitue sa naissance, qui devint ainsi l’événement messianique, tandis que pour Paul, celui-ci est sa résurrection. Nous avons pris l’habitude de nous représenter le temps comme une ligne droite, allant du passé vers l’avenir, et dont le 0 central correspond à l’événement messianique « Jésus ».
Cette représentation linéaire du temps s’enracine profondément dans la tradition juive biblique. Elle est dirigée vers l’avenir. Toute l’histoire du christianisme en dépend, toute philosophie de l’histoire également. Il n’est pas jusqu’à l’idée moderne de progrès ou l’idée marxienne de révolution qui n’en porte la trace5.
*
Selon Puech, l’histoire païenne est tournée vers le passé, vers un passé immuable et immobile. Nous dirions plutôt que les trois modalités du temps chronologique, passé, présent et futur étaient synchrones, jointes, conjuguées. Cette histoire est soumise à la loi cosmique du devenir et à l’éternel retour du même. Elle laisse place à des processus naturels et cycliques, qui répondent au constant et régulier mouvement des astres.
Avec le judaïsme et le christianisme, l’avenir acquiert une place essentielle et devient « véritablement le foyer de l’histoire »6. L’histoire se tourne vers cet avenir imprévisible et sa fin ultime pour les hommes : le salut7.
L’interprétation chrétienne de l’histoire tourne son regard vers l’avenir, horizon temporel d’un but défini et d’un ultime accomplissement. Toutes les tentatives modernes pour présenter l’histoire comme une progression orientée et sensée vers un accomplissement intra-mondain, même si elle est toujours inachevée, reposent sur ce schéma théologique de l’histoire du Salut8.
S’il est clair que pour les hommes de l’Antiquité païenne le temps est circulaire et qu’il est linéaire pour les chrétiens, il n’est pas facile de déterminer ce qu’il en est pour les juifs.
*
La figure du messie prend forme chez les prophètes, mais c’est avec la littérature apocalyptique et le livre de Daniel que le schéma eschatologique deviendra plus clair. Il reviendra à l’Apocalypse canonique de Jean, de poser définitivement les repères de la vision eschatologique de l’histoire et d’évoquer avec force le millenium, cette période transitoire de mille années durant lesquelles le messie doit régner avant que ne vienne finalement s’abattre le jugement dernier et que ne s’instaure définitivement le Royaume tant espéré.
Nous pensons avec Jacob Taubes qu’il ne faut pas attendre le christianisme pour voir émerger une temporalité linéaire et que c’est même dans la tradition juive par l’idée d’un eschaton messianique que celle-ci devint possible.

1 Giorgio AGAMBEN, Enfance et histoire, op. cit., p. 114.
2 Nous laissons de côté dans cette étude l’influence du Zoroastrisme sur ces derniers. cf. Norman COHN, Cosmos, chaos et le monde qui vient (1993), trad. G. Tordjman, Paris, Allia, 2013.
3 Henri-Charles PUECH, En quête de la Gnose, I. La Gnose et le temps, Paris, Gallimard, 1978, p. 217.
4 Giorgio AGAMBEN, Le temps qui reste. Un commentaire de l’Épître aux Romains, trad. J. Revel, Paris, Payot & Rivages, 2000, p. 111 : « La tradition du discours apocalyptique juif et la tradition rabbinique connaissaient la distinction entre deux temps, ou deux mondes (olamim) : le olam hazzeh, qui désigne la durée du monde depuis sa création jusqu’à sa fin, et le olam habba, le monde qui vient, l’éternité intemporelle qui fera suite à la fin du monde ».
5 Karl LÖWITH, Histoire et salut. Les présupposés théologiques de la philosophie de l’histoire (1949 ; 1953), trad. M-C. Challiol-Gillet, S. Hurstel et J-F. Kervégan, Paris, Gallimard, 2002, p. 25 : « Pour les Juifs et les chrétiens, l’histoire est avant tout comprise comme histoire du Salut (…). La philosophie de l’histoire comme fait et son questionnement du sens ultime sont issus de la croyance eschatologique en une fin ultime de l’histoire du Salut ».
6 Karl LÖWITH, Histoire et salut. Les présupposés théologiques de la philosophie de l’histoire (1949 ; 1953), op. cit., p. 40.
7 Giorgio AGAMBEN, Enfance et histoire, op. cit., p. 117 : « L’histoire de l’humanité apparaît comme une histoire du salut, c’est-à-dire de la réalisation progressive d’une rédemption, dont le fondement est en Dieu. Et tout au long de cette aventure, chaque événement reste unique et irremplaçable ».
8 Ibid., p. 200.

1.
L’Apocalyptique selon Jacob Taubes

De prime abord, nous essayerons de clarifier les notions d’apocalyptique, de messianisme et de gnosticisme dans l’œuvre jusqu’ici traduite en français de Jacob Taubes9.
Nous présenterons ensuite la littérature apocalyptique qui, à en suivre Taubes, trouve sa forme typique au IIe s. av. J.-C.10. Une intense production de littérature apocalyptique se poursuivie jusqu’au IIe s. apr. J.-C., jusqu’à la défaite des armées de Bar Kokhba face aux Romains en 135 et l’expulsion de ceux-ci hors de Palestine. Nous en exposerons les principales caractéristiques en ce qui regarde notre problématique de la temporalité messianique et tenterons de distinguer le plus clairement possible à quelle position, quelle attitude, quelle forme de vie nous mène l’apocalyptique.
L’hypothèse que nous avançons en partant de l’œuvre de Taubes est la suivante : le messianisme ne peut se réduire à l’apocalyptique n...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Remerciements
  6. Citation
  7. Préface
  8. Introduction
  9. Partie I – Entre apocalypse et gnose : Jésus
  10. Partie II – Kabbale : d’Espagne en Terre Sainte
  11. Partie III – Entre gnose et apocalypse : Sabbataï Tsevi
  12. AnnexeHeidegger : Messie et Ereignis
  13. Bibliographie
  14. Table des matières