Ferdinand de Saussure
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Ferdinand de Saussure

Un siecle de structuralisme et de post-structuralisme

  1. 384 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Ferdinand de Saussure

Un siecle de structuralisme et de post-structuralisme

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Le Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure a eu un siècle d'existence. Cela méritait de poser sur lui un regard tant rétrospectif que prospectif. Cet exercice scientifique a eu lieu au sein de la Faculté des lettres et sciences humaines de l'Université de Lubumbashi (RDC) lors d'un symposium international consacré à l'évolution du structuralisme. C'est la première fois que l'Afrique ouvre ses bras aux chercheurs et enseignants pour faire le bilan sur la question.

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Informations

Éditeur
EME Editions
Année
2018
ISBN
9782806661340

PARTIE II
Pratiques

LA POÉTIQUE DU RYTHME D’HENRI MESCHONNIC EN DÉBAT : UN HÉRITAGE SAUSSURIEN ?

Martin KOUADIO KOBENAN N’GUETTIA
Université Félix Houphouët Boigny
Introduction
L’avènement du Cours de linguistique générale de Saussure constitue un point de départ très important pour la linguistique, mais aussi pour la poétique. Ce linguiste genevois propose dans ses cours, rassemblés et publiés par deux de ses anciens étudiants, une description systémique de la langue. Les concepts qu’il a développés seront exploités par le structuralisme, notion qui ne figure qu’en filigrane dans ses travaux62. En outre, le néo-structuralisme poétique fait sien l’appareillage conceptuel inventé par le linguiste suisse. Ainsi, la poétique, dont Meschonnic est l’un des animateurs, connaît-elle un regain d’intérêt depuis la parution en 1970 de Pour la poétique I. Un tel dynamisme s’explique par la perspective critique du linguiste et poéticien français, d’une part, et par la dimension heuristique de son entreprise visant à la fondation d’une théorie interprétative du fait littéraire, d’autre part.
En effet, cette entreprise s’origine non seulement dans l’étude philologique du concept de rythme proposée par Benveniste, mais aussi dans la valeur stylistique du contre-accent telle que pressentie par Henri Morier.
Ces ascendances théoriques de la poétique du rythme se fondent sur les implications systémiques de la langue et de la parole telles que théorisées par Ferdinand de Saussure dans son Cours de linguistique générale. La dette de Meschonnic à l’égard de Saussure est grande.
Notre démarche aura pour modeste ambition de situer la poétique de Meschonnic par rapport aux réflexions de Saussure sur le langage puisqu’elle s’appuie sur des postulats saussuriens, mais aussi benvenistiens.
1. Les intuitions heuristiques de Saussure dans le renouvellement épistémologique de la linguistique
Le développement du structuralisme est rendu possible grâce aux travaux de Ferdinand de Saussure. Ce penseur a mené une réflexion théorique sur les phénomènes de langue, de signe linguistique, d’arbitraire du signe linguistique, de système, de valeur, de parole, pour n’en citer que ceux-là.
Dans son ouvrage théorique intitulé Cours de linguistique générale, Saussure procède à la définition d’un certain nombre de concepts dont la plupart sont inventés par lui. Plaçant la langue au centre des préoccupations de la linguistique, il définit cette dernière comme un produit social : « Mais qu’est-ce que la langue ? Pour nous elle ne se confond pas avec le langage ; elle n’en est qu’une partie déterminée, essentielle, il est vrai. C’est à la fois un produit social de la faculté du langage et un ensemble de conventions nécessaires, adoptées par le corps social pour permettre l’exercice de cette faculté chez les individus. Pris dans son tout, le langage est multiforme et hétéroclite ; à cheval sur plusieurs domaines, à la fois physique, physiologique et psychique, il appartient encore au domaine individuel et au domaine social ; il ne se laisse classer dans aucune catégorie des faits humains, parce qu’on ne sait comment dégager son unité » (F. di Mauro, 1980 : 25).
Poursuivant son idée, il ajoute : « La langue est encore comparable à une feuille de papier : la pensée est le recto et le son le verso ; de même dans la langue, on ne saurait isoler ni le son de la pensée, ni la pensée du son ; on y arriverait que par une abstraction dont le résultat serait de faire de la psychologie ou de la phonologie pure » (F. de Saussure, 1969 : 157).
L’explication supplémentaire que Saussure donne à sa pensée découle du fait qu’il assimile la langue à un dictionnaire déposé dans le cerveau de chaque individu du corps social. De cette définition plusieurs conséquences s’imposent.
La première est relative à la différence faite entre la langue et la parole. Si la première est inscrite en puissance dans l’inconscient collectif d’un peuple ayant en partage le même code linguistique, la deuxième relève du domaine de la performance, c’est-à-dire que l’individu ou les entités du corps social réalisent, concrètement, par des actes de parole, cette compétence commune.
La deuxième conséquence se rapporte à la nature du signe linguistique. Ce signe est arbitraire63 et se décompose en signifiant et en signifié : « Le signifiant n’est pas seulement une suite donnée de sens qu’exigerait la nature parlée, vocale, de la langue, il est la forme sonore qui conditionne et détermine le signifié, l’aspect formel de l’entité dite signe » (É. Benveniste, 1974 : 220). Le signe est arbitraire dans la mesure où son choix et l’image mentale n’obéissent à aucune rationalité. Conventionnellement, on a décidé de nommer « soleil » cet astre lumineux qui brille ou se lève à certains moments de la journée. Il aurait pu être désigné « ordinateur » si le corps social l’avait dénommé tel. Si le signifiant renvoie à l’image acoustique ou graphique, le signifié désigne, quant à lui, l’image mentale, c’est-à-dire la représentation idéelle associée au phonème ou au graphème.
La troisième implication saussurienne découle de la nature systémique du langage. Les occurrences sont nombreuses :
« La langue est un système qui ne connaît que son ordre propre (F. de Saussure, 1969 : 43). » ou : « La langue, système de signes arbitraires (F. de Saussure, 1969 : 106). » ou encore : « La langue est un système dont toutes les parties peuvent et doivent être considérées dans leur solidarité synchronique » (F. de Saussure, 1969 : 124).
Une telle postulation théorique est assumée par Benveniste. Ce linguiste prolonge l’œuvre de Saussure. Il renchérit en ces termes : « Le principe fondamental est que la langue constitue un système, dont toutes les parties sont unies par un rapport de solidarité et de dépendance. Ce système organise des unités, qui sont les signes articulés, se différenciant et se délimitant mutuellement » (É. Benveniste, 1966 : 98). Il serait donc illusoire de penser que l’association de termes aboutit au système. Au contraire, le système a préséance sur les éléments constitutifs du langage. Saussure fait cette mise au point assez fondamentale. L’interdépendance des éléments constitutifs du langage implique la quatrième caractéristique du langage, à savoir, celle de la valeur. En effet, pour Saussure, le mot, dans un contexte de synchronie est auréolé d’une valeur. En parlant de valeur du mot, Saussure lui assigne la propriété d’être échangé avec d’autres mots, c’est-à-dire ceux qui lui sont équivalents par opposition à ceux qui se démarquent de lui : « De même un mot peut être échangé contre quelque chose de dissemblable : une idée ; en outre, il peut être comparé avec quelque chose de même nature : un autre mot. La valeur n’est donc pas fixée tant qu’on se borne à constater qu’il peut être “échangé” contre tel ou tel concept, c’est-à-dire qu’il a telle ou telle signification ; il faut encore le comparer avec les valeurs similaires, avec les autres mots qui lui sont opposables. Son contenu n’est vraiment déterminé que par le concours de ce qui existe en dehors de lui. Faisant partie d’un système, il est revêtu, non seulement d’une signification, mais aussi et surtout d’une valeur, et c’est tout autre chose » F. de Saussure, 1969 : 160).
Les intuitions heuristiques de Saussure vont avoir un véritable écho dans le domaine des sciences du langage. La dichotomie saussurienne du signe linguistique ainsi que ses développements vont constituer la pierre angulaire du structuralisme littéraire sinon de la poétique. Cependant, il faudra attendre les travaux d’Émile Benveniste pour permettre à la poétique de prendre son essor. Si dans les faits la linguistique saussurienne est très attachée à la langue ainsi qu’à ses principes de fonctionnement, celle de Benveniste contribue à montrer que le discours, défini comme réalisation concrète de la langue, constitue le terreau du fonctionnement du langage et produit des résultats dignes d’intérêt. Ainsi, les implications de la langue liées au système, à la valeur, trouvent leur réalisation dans les faits de discours.
2. Au début était Saussure… puis Benveniste
La poétique contemporaine, surtout celle de Meschonnic est héritière de Saussure et de Benveniste. En proposant une étude scientifique du langage et en inventant des concepts nouveaux liés au signe linguistique, à l’arbitraire du signe, au système, à la parole, Saussure posait les prémisses de la fondation d’une nouvelle linguistique qui allait servir de levier aux linguistes, dont Émile Benveniste, et aux poéticiens, dont Henri Meschonnic.
Les grandes intuitions heuristiques de Saussure que nous avons énoncées sont relatives à la langue et à la parole. Dans la réalité des faits, le linguiste n’a pas fourni de réponses claires au problème de la parole. Cependant, l’intuition du linguiste genevois sera menée jusqu’à son terme par Émile Benveniste. Ce dernier établit des dichotomies assez claires qui montrent le degré d’étanchéité ou de collaboration entre la langue et le discours.
L’important travail d’Émile Benveniste a donc consisté à prolonger l’œuvre de Saussure. Pour Benveniste, du fait que la parole est une forme d’actualisation de la langue, le traitement du signe linguistique n’est plus le même, selon qu’il se situe dans les limbes de la langue ou celles de la parole. Le discours apparaît ainsi comme l’actualisation de la langue, un peu comme si cette langue prenait vie parce que les potentialités dont elle regorge étaient mises en mouvement. Dans ces circonstances, Benveniste établit une différence fondamentale entre l’énoncé (entendu comme le produit du discours) et l’énonciation (s’appréhendant comme le processus par lequel un sujet produit un discours). L’énonciation implique l’instance de production de l’énoncé, c’est-à-dire son effectuation : « L’énonciation est cette mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation. Le discours, dira-t-on, qui est produit chaque fois qu’on parle, cette manifestation de l’énonciation, n’est-ce pas simplement la “parole” ? – Il faut prendre garde à la condition spécifique de l’énonciation : c’est l’acte même de produire un énoncé et non le texte de l’énoncé qui est notre objet. Cet acte est le fait du locuteur qui mobilise la langue pour son compte. La relation du locuteur à la langue détermine les caractères linguistiques de l’énonciation. On doit l’envisager comme le fait du locuteur, qui prend la langue pour instrument, et dans les caractères linguistiques qui marquent cette relation » (É. Benveniste, 1974 : 80).
Dans ces conditions, si le niveau de la langue et celui du discours sont différents, non dans leur nature, mais dans leur réalisation plus ou moins concrète, c’est bien parce que le discours implique une interdépendance des signes linguistiques convoqués dans l’acte d’énonciation. Mais, selon que la langue est activée pour des besoins de communication ou non, elle est inscrite dans deux catégories d’unités : l’unité sémiotique et l’unité sémantique. Benveniste s’explique : « Le signe saussurien est en réalité l’unité sémiotique, c’est-à-dire l’unité pourvue de sens. Est reconnu ce qui a un sens ; tous les mots qui se trouvent dans un texte français, pour qui possède cette langue, ont un sens. Mais il importe peu qu’on sache quel est ce sens et on ne s’en préoccupe pas. Le niveau sémiotique, c’est ça : être reconnu comme ayant ou non un sens » (É. Benveniste, 1974 : 21).
Quant à la sémantique, « c’est le “sens” résultant de l’enchaînement, de l’appropriation à la circonstance et de l’adaptation des différents signes entre eux. Ça c’est absolument imprévisible. C’est l’ouverture vers le monde. Tandis que la sémiotique, c’est le sens refermé sur lui-même et contenu en quelque sorte en lui-même » (É. Benveniste, 1974 : 21). D’autres paradigmes renvoient égaleme...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. CAHIERS DES SCIENCES DU LANGAGE
  4. Titre
  5. Copyright
  6. Avant-propos
  7. PARTIE I – Théories
  8. PARTIE II – Pratiques
  9. PARTIE III – Varia
  10. Table des matières