Crises de gouvernementalité en Afrique post Guerre froide
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Crises de gouvernementalité en Afrique post Guerre froide

Une perspective pluridisciplinaire

  1. 372 pages
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Crises de gouvernementalité en Afrique post Guerre froide

Une perspective pluridisciplinaire

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Cet ouvrage traite de façon pluridisciplinaire les crises majeures des États en Afrique post Guerre froide. Il tente de proposer des solutions endogènes à ces crises. Il fait ensuite le lien entre la faillite de certains États et les crises liées aux tensions religieuses, aux mouvements migratoires, aux changements climatiques et au positionnement de l'Afrique face aux questions géopolitiques en lien avec la reconfiguration de la notion de puissance depuis la fin de la Guerre froide.

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Informations

1re PARTIE

LA CRISE DE L’ÉTAT EN AFRIQUE

Chapitre I

L’Université : un adjuvant méconnu et ignoré dans le processus d’intégration en Afrique

Achille Elvice Bella

La construction nationale des néo-États africains, dans les années 1960, s’est accompagnée d’un ensemble d’initiatives d’intégration régionale et sous régionales des « Afriques » issues de la Conférence de Berlin. Les ressources de ce processus étaient essentiellement politiques et subsidiairement économiques. Quelques décennies plus tard, le résultat de ces institutions politico-économiques, mises en place par des leaders pour créer les conditions idoines d’intégration, est mitigé. L’intégration s’est plutôt réalisée et est perceptible dans l’économie informelle transfrontalière et le marché éducatif en général et celui de l’enseignement supérieur en particulier. L’objet de cet article est de montrer la puissance et la capacité de l’Université dans le processus d’intégration en Afrique.
Mots clés : université, État, Afrique, intégration, Cameroun
Introduction
La décennie 1960 est restée dans les annales d’histoire comme celle de l’Afrique. Au cours de cette décade, la quasi-totalité des pays de l’Afrique noire accèdent à l’indépendance, après un processus de décolonisation à la fois négocié et violent (Cameroun et Madagascar). Si le fait majeur de ce moment sans précédent dans l’histoire contemporaine de l’Afrique a été l’africanisation de l’espace public, il convient de souligner qu’au-delà de l’indigénisation du champ politique se profilait un ensemble d’initiatives et d’institutions qui concrétisaient cette reconnaissance internationale des néo-États de l’Afrique subsaharienne. Le développement du phénomène bureaucratique, la mise en place des institutions, le réajustement contextuel de l’espace urbain, créés par le colonisateur, sont quelques aspects des mutations que connurent les pays africains au lendemain de leurs indépendances.
Parmi les éléments symboliques de la ville post coloniale africaine figurent en bonne place l’Université, véritable instrument et lieu de fabrique à la fois de la nouvelle élite bureaucratique qui peuple les villes africaines et de gestion des savoirs et davantage le levain de la consolidation des unités nationales en construction. Après la structuration des ethos nationaux, ces États s’engagèrent dans la construction des espaces politiques et économiques sous régionaux (CCG, CEDEAO, CEEAC, CEMAC, CEN-SAD, COI, COMESA, EAC, SADC, SACU, UEMOA, UMA). Si des initiatives d’unité à l’échelle nationale furent globalement couronnées de succès, celles, essentiellement politiques et économiques, se rapportant à l’intégration régionale, sont laborieuses avec des résultats mitigés. L’intégration se réalise et se concrétise spontanément, au fil du temps, là où elle a été le moins pensée, notamment à l’Université et dans les grandes écoles. Ces symboles de la ville africaine postcoloniale que sont l’alma mater et les grandes écoles se sont progressivement distinguées comme facteurs déterminants de l’intégration régionale jusqu’à devenir l’espace concret de sa matérialité. La présente étude vise à mettre en évidence, à travers l’exploitation performative des données, le rôle de l’enseignement supérieur du Cameroun dans le processus d’intégration sous régionale en Afrique Centrale.
1. Les obstacles au processus d’intégration des pays africains
L’intégration en Afrique fait face aux obstacles historique, institutionnel et autre. La Conférence de Berlin est obstacle historique majeur, tandis que l’obstacle institutionnel est la charte de l’OUA. À ces deux obstacles s’ajoutent les mécanismes de mise en place des processus d’intégration et de plus en plus la xénophobie1.
La Conférence de Berlin : obstacle historique au processus d’intégration en Afrique ?
Le XIXe siècle est une période de l’histoire au cours de laquelle le continent africain a connu des mutations importantes et inédites. Entre 1880 et 1914, à l’exception du Libéria et de l’Éthiopie, la quasi-totalité des vingt-huit millions de kilomètres carrés que constitue l’Afrique ont été conquis et partagés entre les puissances européennes engagées dans le Scramble for Africa. Le moment décisif de cet écartèlement de l’Afrique entre les puissances industrialisées et impérialistes occidentales fut la Conférence de Berlin du 15 novembre 1884 au 26 février 1885, qui réunit les plénipotentiaires de quatorze nations européennes. Celle-ci fut certes une instance de règlement pacifique des conflits entre les puissances engagées dans la colonisation de l’Afrique, mais davantage le cadre à partir duquel les puissances occidentales élaborèrent le cadre normatif du partage de l’Afrique. La Conférence de Berlin, véritable mensonge sur la magnanimité et utopie de pudeur de la part des puissances impérialistes, fut tout au moins une occasion de promotion des idéaux philanthropiques et humanitaires, en l’occurrence la lutte contre la traite négrière.
Tel fut le prétexte qu’utilisa le chancelier allemand Von Bismarck pour se réconcilier avec l’opinion et les groupes de pression allemands favorables à l’entreprise coloniale. L’acte que les représentants des puissances industrialisées de l’Europe ci-après : V. Bismarck, Bush, V. Kusserow, Szechenyi, Comte Auguste Von Der Straten Ponthoz, Baron Lambermont, E. Vind, Comte De Benomar, John A. Kasson, H.S. Sanford, Alph. De Courcel, Edward B. Malay, Launay, F.-P. Van Der Hoeven, Marquis de Penafiel, H. de Serpa Pimentel, Comte P. Kapnist, Gillis Bildt, eut une incidence pérenne sur l’avenir de l’Afrique. Ils confirmèrent la libre navigation sur les grands bassins fluviaux africains (Congo, Benoué, Niger et leurs affluents). La Conférence de Berlin fut le lieu de ratification et légitimation des procédures qui réglementaient l’annexion et l’occupation des territoires situés sur les côtes du continent africain :
En vertu de l’article 34 de l’Acte de Berlin, document signé par les participants à la Conférence, toute nation européenne qui, dorénavant, prendrait possession d’un territoire sur les côtes africaines ou y assumerait un « protectorat » devrait en informer les membres signataires de l’Acte de Berlin pour que ses prétentions fussent ratifiées. Ce fut la doctrine des « sphères d’influence », à laquelle est lié l’absurde concept d’hinterland. Cette dernière fut interprétée de la façon suivante : la possession d’une partie du littoral entraînait celle de l’hinterland, sans limite territoriale vers l’intérieur. L’article 35 stipulait que l’occupant de tout territoire côtier devait aussi être en mesure de prouver qu’il exerçait une « autorité » suffisante « pour faire respecter les droits acquis et, le cas échéant, la liberté du commerce et du transit dans les conditions où elle serait stipulée ». C’était là la doctrine dite « de l’occupation effective », qui allait faire de la conquête de l’Afrique l’aventure meurtrière.
La matérialisation de ces deux articles du chapitre IV de l’Acte de Berlin dessine la carte spatiale et géopolitique de l’Afrique contemporaine, composée des micro-États identifiables à partir de la langue de la puissance colonisatrice ou tutélaire. Ainsi mentionne-t-on désormais dans les conférences, les interviews, les ouvrages, les articles et les manuels, les dénominations suivantes : l’Afrique anglophone (colonies ou territoires d’abord sous mandat ensuite, sous tutelle britannique) ; l’Afrique francophone (colonies ou territoires d’abord sous mandat ensuite sous tutelle française ou belge) ; l’Afrique lusophone ; l’Afrique espagnole. En d’autres termes, c’est à Berlin qu’on a posé les jalons d’une Afrique divisée en micro-États politiquement, diplomatiquement et économiquement fragiles, qui à terme ont donné naissance « aux Afriques » sur les cendres de l’Afrique telle que pensée et envisagée par les panafricanistes.
Ce moment tragique de l’histoire de l’Afrique au cours duquel les plénipotentiaires des puissances industrialisées de l’Occident ont décidé de l’avenir économique et politique de l’Afrique, entendu comme entité spatiale, et des Africains sans les Africains a fait fi des réalités socioculturelles. Il a annihilé tout possible élan ou mouvement irrédentiste des peuples africains et fut la matrice historique autour de laquelle l’on va remettre en question toutes les initiatives porteuses d’un projet intégrationniste des néo-États africains au lendemain de leur accession à la souveraineté internationale. La Conférence de Berlin est la machinerie politique élaborée par l’occident pour balkaniser et saucissonner l’Afrique en micros-États crées en fonction des intérêts des Européens. Et c’est précisément ce découpage arbitraire que la charte de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) entérina en 1963.
La charte de l’OUA comme obstacle institutionnel
Entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, la lutte contre l’esclavagisme des Noirs en Amérique a donné naissance à un mouvement idéologico-racial qui a considérablement influencé l’histoire coloniale et postcoloniale de l’Afrique : le panafricanisme. Ses pères fondateurs, en l’occurrence Booker T. Washington, le docteur W.E.B. Du Bois et Marcus Garvey, considéraient ce mouvement comme une plateforme qui à terme devait aboutir à une masse critique capable de rassembler et de susciter une dynamique en faveur du Noir dans sa globalité et, selon le Jamaïcain Marcus Garvey, de rassembler « les peuples noirs dans le cadre d’un seul organisme ». Son appropriation par des intellectuels et leaders négro-africains, formés en Occident en général et plus particulièrement aux États-Unis d’Amérique, avant les indépendances, plus précisément en 1935, en l’occurrence Casely-Hayford, Jomo Kenyatta, Kazumu Banda, Nnamdi Azikiwé et singulièrement Kwamé Nkrumah, donne au panafricanisme une résonnance et un contenu particuliers.
Le panafricanisme devient un mouvement à la fois politique et culturel, voire le levier idéologique de ses promoteurs Négro-africains, qui entendaient libérer l’Afrique et les Africains des affres et de l’ignominie coloniale. En d’autres termes, le principal instrument métasocial Négroafricain avait comme principaux objectifs la libération de l’Afrique et son unification en tant qu’entité géopolitique capable de rivaliser avec les grandes puissances occidentales. Le plus audacieux de ces promoteurs est incontestablement Kwamé Nkrumah, qui envisageait, à l’instar de la superpuissance américaine, la création des « États-Unis d’Afrique ». Il s’agissait pour ce panafricain d’aboutir à la création d’un État Africain grand et fort des points de vue politique, diplomatique, militaire, économique et culturel, au sein duquel vivraient tous les Africains et leurs descendants de la diaspora pour, comme l’a écrit Esebede : « régénérer et unifier l’Afrique ainsi qu’a encouragé un sentiment de solidarité entre les populations du monde africain2 ».
Ce levain idéologique de la lutte contre le colonialisme est de facto de libération de l’Afrique de la domination et de l’impérialisme occidental. Parmi les trois phases caractéristiques du panafricanisme, 3 la deuxième ou « l’ère des indépendances » que l’on considère, avec le recul à tort, comme l’âge d’or du panafricanisme du fait de l’accession à la souveraineté de nombre de pays, jadis colonies ou territoires sous tutelle, à la souveraineté internationale, est la période hélas au cours de laquelle le projet des « États-Unis d’Afrique », cher à Nkrumah, devait prendre corps. Le premier Président du Ghana considérait le panafricanisme comme l’institution méta-sociale qui devait permettre aux Africains de réaliser l’intégration, voire l’unification politique, économique et culturelle de l’Afrique. Cette dynamique scinda les leaders des pays africains en deux blocs antagonistes. Ceux qui étaient favorables (le Ghana, la Guinée Conakry, le Mali, le Maroc, le gouvernement en exile d’Algérie, l’Égypte et la Libye) formèrent le groupe de Casablanca.
Lorsque les potentats africains des années de l’indépendance avaient pris l’option de constituer les nouveaux États à l’intérieur des anciennes délimitations coloniales, la logique commandait de les consolider en leur conférant les structures d’un Etat moderne et un fondement national vital à leur stabilité. Cette consolidation était préalablement subordonnée à la garantie de leur existence autonome. Elle postulait ensuite la sauvegarde de leur souveraineté. Les organisations interafricaines, en l’occurrence la plus importante l’OUA, essayerons de satisfaire cette préoccupation.
Cette orientation politique idéologique qui a sous-tendu la naissance des États africains actuels était proche de la vision du groupe de Monrovia, suscitée par l’Occident néocolonial capitaliste. Il regroupait les États néocoloniaux qui étaient sous le joug du projet élaboré par les grandes puissances occidentales consistant en de subtiles manœuvres de division, de concurrence et de c...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. Sommaire
  6. Remerciements
  7. Préface
  8. Comité scientifique
  9. Avant-propos
  10. Introduction : L’Afrique post-Guerre froide et gouvernementalité : quel diagnostic ?
  11. L’Afrique post guerre froide et gouvernementalité en crises : Typologie de crises
  12. 1re PARTIE : LA CRISE DE L’ÉTAT EN AFRIQUE
  13. 2e PARTIE : LES TENSIONS INTERRELIGIEUSES
  14. 3e PARTIE : LES QUESTIONS CLIMATIQUES ET FONCIÈRES
  15. 4e PARTIE : L’AFRIQUE ET LES MOUVEMENTS MIGRATOIRES
  16. 5e PARTIE : L’AFRIQUE ET LES NOUVEAUX ENJEUX GÉOPOLITIQUES
  17. Postface
  18. Biographies des auteurs