Guide pratique du brocanteur
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Guide pratique du brocanteur

  1. 164 pages
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Guide pratique du brocanteur

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À propos de ce livre

La brocante, c'est la balade, le souvenir et la retrouvaille. Le deuxiÚme passe-temps du Français toujours à la recherche de ses origines et de la Fortune. La brocante, c'est l'art, l'antiquité, le bric à brac et la vadrouille. Dans cet ouvrage, l'auteur nous accompagne sur le chemin de la découverte pour révéler ce qui reste caché au plus grand nombre.

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
SPM
Année
2018
ISBN
9782336813271

PREMIÈRE PARTIE

Les codes secrets du brocanteur

CHAPITRE 1

Le métier

UNE JEUNESSE INITIATIQUE

On va commencer par raconter ton histoire personnelle, car ce qui intĂ©resse les gens c’est de savoir que ce guide n’a pas Ă©tĂ© crĂ©Ă© de toute piĂšce par moi-mĂȘme en inventant un personnage. En rĂ©vĂ©lant l’authenticitĂ© du personnage, on lui donne la garantie du sĂ©rieux.
Tout d’abord, je viens d’un milieu favorisĂ©, j’ai fait l’acadĂ©mie de la Grande ChaumiĂšre avec Yves Brayer, durant trois ans, de 19 Ă  22 ans. J’ai repris ensuite – et de lĂ  va venir le monde de l’antiquitĂ© et de la brocante – une affaire de glace qui appartenait Ă  la sƓur de ma grand-mĂšre, et je me suis retrouvĂ© catapultĂ©, en 1975-76, Ă  la porte de Vanves avec un camion Ă  glace oĂč j’arrivais au tout dĂ©but vers 10 h du matin, et trĂšs rapidement, Ă©tant un amateur d’art, je me suis aperçu que je pouvais faire des affaires en achetant des peintures aux brocanteurs gĂ©nĂ©ralistes, qui ne connaissaient strictement rien au monde de l’art. J’étais au tout dĂ©but collectionneur et tout l’argent des camions Ă  glace passait dans l’achat de tableaux : je vendais de l’eau, j’achetais du vent, et avec le temps le vent est devenu sympathique puisque les peintures qui, il y a quarante-cinquante ans, ne valaient pas grand-chose – pour l’École de Paris, par exemple –, sont arrivĂ©es Ă  des prix exorbitants. On pouvait Ă  cette Ă©poque acheter des dessins d’Édouard Pignon pour 1 franc, des petits dessins de maĂźtres, Picasso et compagnie Ă  100 balles.
Donc le cƓur de ta collection de l’époque c’était l’École de Paris ?
Je suis d’origine juive-hongroise par ma mĂšre. Ma grand-mĂšre est arrivĂ©e au tout dĂ©but du XXe siĂšcle avec sa mĂšre et a crĂ©Ă© les ceintures Naja qui ont fermĂ© en 1983 ; l’entreprise a durĂ© presque une centaine d’annĂ©es et j’ai connu tout gamin le Tout Paris de la peinture, Bernard Buffet et d’autres, qui venaient faire faire leurs ceintures. Bernard Buffet a offert un sublime torĂ©ador, dans les annĂ©es cinquante, Ă  ma charmante et adorable mamie qui lui avait, Ă  l’époque je crois, fait deux ceintures en crocodile contre ce tableau. Bernard Buffet Ă©tait en contrat avec Maurice Garnier, mais Ă©tant salariĂ© chez Garnier, il faisait autant de black Ă  cĂŽtĂ© que de peintures dĂ©clarĂ©es. Donc il Ă©changeait royalement des tableaux qui ne lui coĂ»taient pas grand-chose avec des ceintures qui ne coĂ»taient pas trop cher Ă  ma grand-mĂšre non plus. J’ai grandi donc dans le monde de l’art.
Par ailleurs tu Ă©tais aussi peintre ?
Quand tu apprends Ă  peindre, en gĂ©nĂ©ral, tu essayes d’ĂȘtre un peintre ! J’ai dĂ©butĂ©, en 1974, rue Mazarine, dans un cafĂ© qui s’appelait Chez Juju oĂč il y avait le tout-politique, l’UDF, Giscard et compagnie qui Ă©tait ministre des Finances Ă  l’époque, devenu chef de l’État cette annĂ©e-lĂ . J’y ai rencontrĂ© Jean-Marie RiviĂšre, qui me trouvait mignon, me proposant de venir faire des portraits Ă  l’Alcazar de Paris. Alors je venais le soir, j’habitais Ă  l’autre bout de la rue Saint-AndrĂ©-des-Arts, place Saint-Michel, chez ma mamie, faire les portraits des gens Ă  la maniĂšre de Lautrec. On me faisait monter sur scĂšne Ă  la fin du prologue, oĂč mĂȘme avant, et on faisait une espĂšce de vente aux enchĂšres du portrait qui avait Ă©tĂ© fait d’un des personnages. J’ai fait entre autre le portrait d’Onassis et de Elmut Berger ; j’ai trĂšs bien connu Salvador Dali avec Amanda Lear, et ces gens, toujours trĂšs gĂ©nĂ©reux, m’ont donnĂ© jusqu’à 500 francs pour un portrait, presque un salaire mensuel moyen. À l’époque, l’argent Ă©tait plus facile et moins contrĂŽlĂ© qu’aujourd’hui.
Je dĂ©marre donc les glaces en reprenant l’affaire de la sƓur de ma grand-mĂšre Ă  la porte de Vanves, de 1977 Ă  1998, et lĂ , j’ai bĂ©nĂ©ficiĂ© de l’environnement et de l’expĂ©rience de vieux marchands, qui avaient souvent commencĂ© Avant-Guerre pour certains. J’ai trĂšs bien connu M. Albert qui a dĂ©marrĂ© aprĂšs la guerre, et d’autres bien avant. J’ai appris le mĂ©tier de brocanteur avec ces braves gens, et ce sont eux qui m’ont bien fait comprendre que, contrairement Ă  un glacier, oĂč c’est une routine permanente, la vie de l’antiquitĂ© fait que tu arrives le matin en ne sachant pas ce que tu vas vendre dans la journĂ©e, car tu ne l’as pas encore achetĂ©.
J’ai appris aussi avec le temps que brocanteur, ça s’apprend ; on n’est pas brocanteur d’un jour Ă  l’autre, il faut de nombreuses annĂ©es, certains ne connaissent jamais le mĂ©tier, les gĂ©nĂ©ralistes qui veulent tout faire, tout connaĂźtre se trompent, puisque le vrai mĂ©tier de brocanteur c’est un mĂ©tier de spĂ©cialiste. Le gars qui veut gagner sa vie, apprend le mĂ©tier, apprend Ă  ĂȘtre spĂ©cialisĂ© dans la peinture, et dans la peinture, tu as « les peintures ». Je connais la peinture de 1890 Ă  1935 et j’ai beaucoup de lacunes, alors que l’expert gĂ©nĂ©raliste dans la peinture, Ă  mon avis, est un branquignole, car un vrai expert est un expert d’un peintre et d’une pĂ©riode. Dans le milieu de la brocante, on peut s’amuser, tu as des gens qui ont de la chance et d’autres qui ne l’ont pas. Tu as des gens qui ont la chance de passer au moment oĂč l’article sort de la caisse et d’autres qui arrivent toujours en retard. C’est un mĂ©tier, comme beaucoup de mĂ©tiers, qui appartient Ă  ceux qui se lĂšvent trĂšs tĂŽt. De moins en moins, car de moins en moins d’amateurs se prĂ©sentent, mais il reste encore certains vides-greniers oĂč les gens sont lĂ  Ă  4 heures du matin pour chiner mais ça devient rare, car la marchandise se rarĂ©fie ; mais elle Ă©volue : la marchandise qu’il y avait il y a quarante ans, aujourd’hui ne vaut plus un coup de cidre. La grande Ă©poque du SiĂšcle des LumiĂšres et le XIXe siĂšcle est bonne Ă  mettre au feu. Le XVIIIe avec tout cet art, les meubles, vaisselle, et autres peintures, Ă  part exception et grand nom, ne vaut plus rien. Maintenant, on s’intĂ©resse Ă  une pĂ©riode oĂč le mĂ©tal Ă©tait trĂšs Ă  la mode, tout ce qui est matĂ©riel d’usine, de bureau, pour les lofts, les lampes, les armoires

C’est mort parce que dĂšs que les gens prennent de l’argent sur des originaux, tous les copistes arrivent, tous les faussaires s’installent. Par exemple tout le XVIIIe siĂšcle s’est Ă©normĂ©ment Ă©croulĂ©, parce que ces fameuses armoires XVIIIe ont Ă©tĂ© remplacĂ©es par toutes ces armoires XIXe siĂšcle normandes qui n’avaient XVIIIe que l’apparence ; les gens croyaient acheter une armoire XVIIIe, en vĂ©ritĂ© ils achetaient une armoire XIXe siĂšcle, qui Ă©tait faite d’une maniĂšre industrielle. AprĂšs 1830, la scie Ă  main a Ă©tĂ© remplacĂ©e par la scie mĂ©canique. DĂšs que l’industrie, dĂšs que le monde industriel s’empare d’un domaine, systĂ©matiquement ce domaine devient multiple ; or ce qui donne la valeur d’un objet c’est sa raretĂ©, et dans la production importante tu peux avoir des productions de trĂšs haut de gamme, tu as des grands noms qui ont fait de la production haut de gamme parce que ça reste somme toute artisanal. Ça peut ĂȘtre des multiples : Baccara et d’autres marques, Saint-Louis, qui sont passĂ©s du fait-main Ă  l’industrie et qui conservent leur valeur. Le cristal est arrivĂ© au milieu du XVIIe siĂšcle et au XVIIIe siĂšcle ; pour le verre par exemple, les gens faisaient graver leurs armoiries. Comme c’était beaucoup plus facile de le faire sur du cristal, ce dernier a supplantĂ© le verre, mais n’oublions jamais que les verres anciens sont beaucoup plus chers que les verres en cristal.
Je reviens à l’apprentissage : tout en continuant la production et la vente de glaces, tu te frottais au milieu professionnel.
Comment j’ai commencĂ© Ă  m’intĂ©resser sĂ©rieusement Ă  la brocante ? C’était un dimanche. C’était le tout dĂ©but des vides-greniers, il y a une trentaine d’annĂ©es. Je me dirige vers les Yvelines et je vais Ă  Montchauvet, oĂč il y a cette fameuse auberge de la Jument Verte, lĂ  oĂč a Ă©tĂ© tournĂ© ce fabuleux film. De fait, donc je suis avec une remorque Ă  glaces – les remorques italiennes, avec les colonnes et les dĂŽmes bien connus, qui font cinquante pour cent de la vente de la glace –, je grimpe le matin vers 8 heures et je vois sur le bord de la route en montant, une dame qui visiblement sortait de chez elle, et dĂ©ballait, et, dans ses affaires, un violon ; je le vois, sympathique, et au bout du manche de ce violon, une tĂȘte sculptĂ©e. Alors, ayant un peu le sens de la sculpture et de l’art, je demande le prix du violon Ă  cette dame, pas du tout pour le violon, mais plutĂŽt pour la tĂȘte – mon intention Ă©tait de couper le morceau du violon pour en faire un pommeau de canne. Tu vois un petit peu la connaissance que j’avais Ă  l’époque. Cette femme me regarde et me dit : j’en veux 300 francs. 300 francs, il y a 40 ans, c’était de l’argent. Donc j’arrive Ă  discuter et je m’aperçois que je n’étais pas si mauvais, parce que j’arrive Ă  l’avoir pour 40 francs. Je continue Ă  monter la cĂŽte et un homme s’approche, avec un chapeau, costumĂ© comme un milord, mais sentant le merlan – il Ă©tait comme un bourgeois mais avec des cĂŽtĂ©s nĂ©gligĂ©s. C’est un voyageur qui s’habille comme un grand bourgeois. Il me regarde et me dit : « – combien tu veux pour ton violon ? – je ne vends pas mon violon ! – combien tu veux pour ton violon, je te donne 300 sacs », c’est-Ă -dire 3000 francs ; tu paies 30 ou 40 francs un violon, on t’offre 3000 francs. Je lui donne le violon, et je pense qu’il a mon goĂ»t et qu’il l’achĂšte pour la tĂȘte. Avec le temps je me suis aperçu qu’il avait achetĂ© pour le moins un grand violon allemand du XVIIIe, et en montant la cĂŽte je me dis, combien de boules de glace je dois vendre pour arriver Ă  faire 3000 francs ? – je vends 3 francs la boule de glace et dois vendre 1000 boules de glace pour faire 3000 francs – je me dis alors : la marge est correcte.
Je retourne Ă  la porte de Vanves et commence Ă  m’intĂ©resser aux violons. Je ne retrouve pas de violon, mais quelques semaines aprĂšs – c’est le problĂšme du joueur qui gagne au dĂ©but, il devient accro et il pense qu’il va regagner –, je m’arrĂȘte Ă  un stand de professionnel et je vois un beau miroir, qui me paraĂźt ancien, de 70 centimĂštres de long et qui, Ă  ma connaissance, Ă©tait de style Louis XV. Je demande le prix, la femme en veut 60 francs ; je commence Ă  faire du cinĂ©ma en lui disant 20 francs. Étant professionnelle, elle me dit : « – d’oĂč tu sors toi ?, un peu familiĂšre, c’est 40 francs ou rien du tout ». Alors je lui donne 40 francs et puis je reviens Ă  mon camion Ă  glace et le pose sur le comptoir, sur le cĂŽtĂ©. Nous Ă©tions en mai, j’ouvre mon camion Ă  glace et au lieu de s’intĂ©resser aux glaces, les gars qui passent s’intĂ©ressent Ă  mon miroir : « – combien tu vends ton miroir ? – mon miroir n’est pas Ă  vendre ! » Mais moi je l’ai achetĂ© pour le revendre. On m’offre royalement 5000 francs le miroir, et lĂ , fou mais pas inconscient, je garde mon miroir. Je l’ai encore, il est au-dessus de mon lit. Il s’est avĂ©rĂ© que c’était un miroir d’époque Louis XV, au sel d’argent. Il est trĂšs facile de savoir qu’il est Louis XV ou pas, puisque Ă  une certaine Ă©poque le verre devint biseautĂ©, et comme le verre devenait biseautĂ©, ça ne pouvait pas ĂȘtre d’époque : le biseautage c’était au XIXe siĂšcle ; c’est ce qu’on appelle un Louis XV tardif, quand tu veux dire aux gens qu’il n’est pas d’époque, il est tardif, et quand tu veux dire qu’il est pas du tout d’époque : il est dans le « goĂ»t de ».
Comment j’ai dĂ©marrĂ© dans le mĂ©tier ? J’ai dĂ©marrĂ© le mĂ©tier – j’étais donc encore glacier – dans les annĂ©es 70. L’hiver je faisais un peu de confiserie, et ayant fait quelques coups je suis tombĂ© en sympathie avec des anciens, avec des messieurs qui Ă©taient dĂ©jĂ  brocanteurs avant la guerre et qui sont morts dans les annĂ©es 80 pour certains et qui, pour les plus assidus, Ă  80-90 ans dĂ©ballaient encore et gagnaient trĂšs trĂšs bien leur vie, faisaient plaisir Ă  leurs petits-enfants et leurs enfants ou faisaient la vie eux-mĂȘmes : beaucoup de gens avec des mƓurs lĂ©gĂšres, beaucoup d’alcooliques. Tu te demandes parfois comment un brocanteur, sans chauffage l’hiver, peut tenir ? c’est le pinard. Est-ce que c’est le cĂŽtĂ© passionnĂ© qui le fait vivre longtemps, peut-ĂȘtre, on ne sait pas, moi j’ai vu des brocanteurs qui avaient 90 ans, 95 ans qui Ă©taient encore en train de dĂ©baller ; ils n’étaient pas facile Ă  rouler ceux-lĂ .
Ça s’est enchaĂźnĂ© : Ă©tant glacier, ayant un faciĂšs un peu latin, on m’offrait – Ă  l’époque c’était autorisĂ© –, de vendre des armes ; je me suis mis Ă  vendre des fusils, des revolvers
 tant et si bien qu’en 1998 j’ai dĂ©cidĂ© d’abandonner complĂštement les glaces, puisque j’étais devenu spĂ©cialiste en armes. J’ai fait des coups de chine assez Ă©tonnants, et on peut toujours actuellement faire des coups de chine en peinture, puisque c’est une toute petite minoritĂ© de gens qui achĂšte de l’art. La peinture a Ă©voluĂ© dans les annĂ©es 1870-80-90, l’École de Barbizon supplantait ce qu’on appelait les peintures de notaires, une peinture qui se vendait trĂšs bien pour les maisons bourgeoises. À un moment, il y a une dizaine ou une quinzaine d’annĂ©es, les peintures cotĂ©es en dessous de 10 000 euros, ne valurent plus un coup de cidre, puisqu’une catĂ©gorie de la population s’est retrouvĂ©e spoliĂ©e par le systĂšme des impĂŽts, littĂ©ralement rincĂ©e par le systĂšme, donc n’ayant plus les moyens. Maintenant, ne sont intĂ©ressants que les grands noms, mais jusqu’à il y a encore 10-15 ans, quelqu’un qui, en ayant la connaissance, pouvait acheter tous les jours, dans les dĂ©pĂŽts-ventes, dans les vides-greniers, partout, des petites aquarelles, des petites peintures de Barbizon et faire des coefficients de un Ă  dix, de un Ă  cent parfois, pouvait gagner trĂšs trĂšs bien sa vie. Maintenant je pense que c’est fini puisque c’est un monde qui s’est littĂ©ralement Ă©croulĂ© au mĂȘme titre que la peinture du XVIIIe, trĂšs peu ont de la valeur Ă  part les trĂšs grands noms bien Ă©videmment.
Quand tu as commencĂ© Ă  pratiquer professionnellement ce mĂ©tier, il est Ă©vident que tu as dĂ» tomber dans des piĂšges, parce que quand on est dĂ©butant on n’échappe pas Ă  tous les piĂšges et puis autour de soi on doit avoir des professionnels qui n’attendent que ça, qui veulent un petit peu te mettre Ă  l’épreuve ?
Absolument, mais ils ne te mettent pas du tout Ă  l’épreuve, puisque c’est un mĂ©tier. Tu as les anciens ou alors une certaine catĂ©gorie de gens qui sont passionnĂ©s. Un exemple, quand tu es passionnĂ© d’un domaine, au bout d’une dizaine d’annĂ©es tu as fait un peu le tour de ta discipline, tu ne fais pas le tour du mĂ©tier, parce que le tour du mĂ©tier, tu ne le feras jamais, c’est tellement vaste : le spĂ©cialiste dans les hameçons de pĂȘche, il y en a 10 000 diffĂ©rents, les appareils photos, il y en a 5 000, les montres il y en a 1 000 ; tu peux Ă©crire 25 guides tous les ans, tu n’auras pas fait le tour. Demain tu peux avoir un spĂ©cialiste des ordinateurs des annĂ©es 70 et il y en a, des Ă©tagĂšres en mĂ©tal, des perroquets du XIXe de chez Thonet. Je connais des marchands qui vendent des crochets pour accrocher des manteaux, ils en ont 1 000 diffĂ©rents. J’ai un ami qui est le grand expert en bouton. Il a la sagesse d’avouer ne connaĂźtre que le 1 : 100e de ce qui existe, alors que c’est le premier expert mondial du bouton.
Il y a des gros livres qui ont été publiés là-dessus.
C’est lui qui les a Ă©crits.
Comment faisais-tu pour à la fois avoir deux métiers ?
Brocanteur, c’est que mĂȘme aujourd’hui, au bout de quarante ans d’expĂ©rience, c’est un mĂ©tier d’incompĂ©tent. Le mĂ©tier de brocanteur, je ne pense pas que ça soit un mĂ©tier, je pense que c’est une passion, c’est comme le chant, c’est comme l’équitation. Dans le monde de la brocante, un cĂ©libataire, s’il est sĂ©rieux, vivra comme un roi toute sa vie en Ă©tant brocanteur ; c’est un mĂ©tier de solitaire, c’est un mĂ©tier oĂč il n’y a pas de partage, c’est un mĂ©tier oĂč il n’y a pas d’associĂ©. DĂšs qu’il y...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. Sommaire
  6. Préface
  7. Introduction
  8. PREMIÈRE PARTIE – Les codes secrets du brocanteur
  9. DEUXIÈME PARTIE – Les rùgles d’or du chineur
  10. TROISIÈME PARTIE – La chasse au trĂ©sor : anecdotes vraies
  11. FlorilÚge illustré de belles découvertes
  12. Annexe : Petit glossaire argotique du brocanteur