Coming In
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Coming In

  1. 176 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Coming In

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À propos de ce livre

« Le coming out n'est pas la solution, mais le problĂšme. Il fallait arrĂȘter mon coming out, arrĂȘter mon implosion. Tant qu'il en Ă©tait encore temps.Et Ă  supposer que je n'implose pas, que se passerait-il aprĂšs avoir dit Ă  tous ma part obscure? Si ce qui se trouvait cachĂ© en moi Ă©mergeait au grand jour, que se passerait-il dans la minute, l'heure, le jour suivant?Non, j'avais besoin de l'inverse. D'un coming in. Pour pouvoir dĂ©cider ce que je voulais faire, il me fallait rĂ©parer ma fracture. De l'intĂ©rieur, et non pas de l'extĂ©rieur. In et non pas out. Prendre le temps de plonger en moi pour comprendre comment et pourquoi j'Ă©tais passĂ© Ă  cĂŽtĂ© de moi-mĂȘme
 »

Foire aux questions

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Informations

Année
2017
ISBN
9791030212037

EN TERRES INDIENNES

15

J’étais dans les airs, ni parti ni arrivĂ©. Ailleurs. Un sas entre Paris et Delhi. Un lieu thĂ©orique, une abstraction, un pont entre les deux. Un vortex m’avait absorbĂ© et me recracherait dans quelques heures. Probablement

Que trouverais-je Ă  l’autre bout ? Je ne voulais pas le savoir. Je n’aimais ni les guides, ni les histoires pensĂ©es Ă  l’avance. J’irais au hasard. J’avais simplement choisi trois Ă©tapes : BĂ©narĂšs, Calcutta et Hampi. Et emportĂ© une pile de livres avec moi, dont plusieurs sur les neurosciences. Envie de comprendre un peu mieux comment fonctionnaient mon foutu cerveau et mes Ă©motions contradictoires. Recherche de clĂ©s de lecture Ă  dĂ©faut de rĂ©ponses toutes faites.
La cabine était immobile, coupée de tout, une bulle virtuelle. La vitesse et le mouvement étaient virtuels, extérieurs. Ici, rien ne bougeait. Une salle de cinéma emboitée dans un tunnel métallique. A peine une sourde vibration.
Si c’était mon premier voyage en Inde, j’avais l’habitude des longs vols en avion. J’aime ces parenthĂšses. TrĂšs propices au songe ou Ă  la rĂ©flexion. J’y suis toujours intellectuellement productif. Aucun tĂ©lĂ©phone ne risque d’y sonner, les voisins n’ont pas l’outrecuidance de m’adresser la parole. La durĂ©e connue et fixĂ©e Ă  l’avance stimule ma crĂ©ativitĂ©, comme pour un examen ou un concours. Je sais quand j’aurai Ă  rendre ma copie.
Ce temps suspendu Ă©tait cette fois celui d’une grossesse. Huit heures pour accoucher de l’Inde, c’était court. Trop court. Beaucoup trop court. Je fermai les yeux.
Je suis dans un bateau qui avance lentement, fendant l’eau dans une traversĂ©e qui dĂ©licieusement n’en finit pas. Non, il ne la fend pas, il glisse sur elle, l’effleurant doucement. L’équipage, complice de ma volontĂ© d’une croisiĂšre paresseuse, a rĂ©glĂ© la vitesse au minimum.
A la diffĂ©rence de l’avion, l’avancĂ©e n’y est pas thĂ©orique : par la fenĂȘtre de ma cabine, je vois l’eau ruisseler sur la coque. Des escales rythment la progression et la ralentissent. Je prends plaisir Ă  les multiplier, Ă  aller Ă  terre et y inventer des visites inutiles afin de retarder le moment du dĂ©part.
Descendre la cĂŽte italienne, se perdre dans les ruelles napolitaines et les pentes du VĂ©suve, tourner autour de la botte, jouer dans le chapelet des Ăźles grecques, dorer longuement sur une crique isolĂ©e, atteindre la cĂŽte turque, m’imprĂ©gner de la moiteur des hammams, trainer le long de la Palestine, m’insinuer dans le canal de Suez, exiger d’aller voir les pyramides, pĂ©nĂ©trer dans la mer Rouge, ne pas rĂ©sister aux appels des muezzins de MĂ©dine et de la Mecque, remonter les terres arides du YĂ©men et du sultanat d’Oman, ne pas m’attarder dans DubaĂŻ l’artificielle, profiter d’une derniĂšre halte au Pakistan, et finir par apercevoir l’Indian Gate de Bombay. Dommage je suis arrivĂ©.
Je rouvris les yeux. L’obscuritĂ© dans la cabine de l’avion Ă©tait totale. Chaque passager Ă  sa place. Pas de cris, pas de paroles plus hautes les unes que les autres. Le trajet Ă©tait aseptisĂ©, un accouchement sous pĂ©ridurale. Tout Ă©tait feutrĂ©, artificiel. Juste le temps qui s’écoulait sans bruit.
Les fenĂȘtres sont des hublots hermĂ©tiques. Nous sommes trop loin de la terre des hommes pour pouvoir y vivre : le dehors est dangereux et impur, froid et lĂ©tal, dĂ©nuĂ© d’oxygĂšne, chargĂ© de rayonnements nocifs. Aucune molĂ©cule ne doit ni rentrer, ni sortir. Nous sommes dans un espace que nous ne pouvons que traverser et en aucun cas habiter. PlongĂ©s dans un milieu dangereux sans air et sans vie. La peau de l’avion est la nĂŽtre, une nouvelle peau protectrice, dont les fenĂȘtres sont tout sauf des pores. Nous sommes isolĂ©s, protĂ©gĂ©s, coupĂ©s de nos racines, pris en charge et infantilisĂ©s.
Je dĂ©couvris plus tard combien dans les trains indiens tout y Ă©tait l’inverse : la paroi n’y est pas une peau qui isole, mais une peau qui relie. Des cloisons poreuses, un organisme mĂ©tallique vivant, un Ă©change omniprĂ©sent. Les vitres sont des grilles, des liens entre dehors et dedans. MĂȘme les portes ne sont pas fermĂ©es. Sans cesse, des arrĂȘts. Partout des corps. AllongĂ©s, debout, assis, immobiles, piĂ©tinĂ©s, piĂ©tinant, montant, descendant, dormant, mangeant, buvant, rotant, parlant, chantant, criant. La vie en mouvement.
Plus que deux heures. Je me plongeai dans « Le Nouvel Inconscient » de Lionel Naccache.

16

BĂ©narĂšs est une hydre Ă  deux tĂȘtes, Jekyll et Hyde, deux mondes parallĂšles, juxtaposĂ©s et entremĂȘlĂ©s, un cĂŽtĂ© lumineux, un cĂŽtĂ© obscur.
Au bord du Gange, le pays des Dieux et de la lumiĂšre. Le soleil y balaie la moindre marche, le moindre recoin. Aucun arbre, aucun abri pour s’en protĂ©ger, juste des berges en pierres nues et sans artifices. Aucune sculpture. Aucune ombre. Rien pour se cacher. CaĂŻn assujetti pour toujours au regard des Dieux. Aucune chance de se soustraire ni au fleuve, ni au ciel. Être au bord du Gange, c’est ĂȘtre Ă©corchĂ© vif et mis Ă  nu. VulnĂ©rable et soumis Ă  la puissance des Ă©lĂ©ments. L’eau et le feu.
Fait de calme et d’énergie, source de vie, le fleuve coule lentement et majestueusement. Il se nourrit des boues et des algues qui soulignent son avancĂ©e. A la fois, dernier vĂ©hicule pour les morts et bain pour les vivants, il est le cƓur et le poumon. Un Dieu fluide au service duquel tout est organisĂ©. Les rives, les Ă©chappĂ©es des ghĂąts, les façades des maisons, tout est dĂ©cor, tout est offrande, tout est supplication. MĂȘme le soleil se courbe Ă  l’horizon.
Les berges sont respectueuses et silencieuses. Pas de cris, pas de voitures, pas de courses. Des hommes, des femmes et des enfants y marchent, prient, chantent, mĂ©ditent, ou, plus prosaĂŻquement, s’y lavent ou lavent. Aucun formalisme, aucun cloisonnement. Un divin inclusif. Rien, ni personne n’est rejetĂ©. Le vivant est un. Les buffles, les vaches et les chiens le savent, et se mĂȘlent naturellement au lent ballet de l’existence.
Tel est l’univers des Dieux, celui de l’ouverture. C’est là qu’ils accueillent, enseignent et consolent.
A l’autre extrĂ©mitĂ© du monde, tout lĂ -haut, loin, se trouve la rue. Elle serpente sur la cime, singeant sinistrement le cours du fleuve. Ici, ce n’est plus de l’eau qui coule, mais des excrĂ©ments. Ici, ce n’est plus la lumiĂšre qui domine, mais le noir Ă©ternel. Ici, ce n’est plus le pays des Dieux, mais celui des hommes.
Coincée entre les maisons ...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. MARC
  6. POUSSER DES PORTES
  7. EN TERRES INDIENNES
  8. ÉPILOGUE