Démocraties et cultures
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Démocraties et cultures

Quelles politiques culturelles pour quelles ambitions démocratiques?

  1. 358 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Démocraties et cultures

Quelles politiques culturelles pour quelles ambitions démocratiques?

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Quelles seront les politiques culturelles qui contribueront demain à renouveler les goûts, les formes et la pratique de la participation démocratique? Quelles orientations donner à nos politiques culturelles pour inventer de nouvelles façons d'être et de vivre ensemble?

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Informations

Éditeur
Academia
Année
2017
ISBN
9782806121745

AXE 1.

Référentiels des démocraties et référentiels des politiques culturelles

David Aubin, membre du Conseil scientifique de l’Observatoire des politiques culturelles, UCL : président de séance
Introduction
Démocraties et politiques culturelles : évolutions et mutations
Anne-Marie Autissier, intervenante
La Zinneke parade interroge les référentiels
Myriam Stoffen, intervenante
Une expérience de terrain
Laurence Jenard, intervenante
La démocratie dans le système culturel
Roland de Bodt, intervenant
Repenser aujourd’hui la tension entre démocratisation de la culture et démocratie culturelle
Jean-Louis Genard, discutant
Conclusion
Axe 1. De g. à dr. Roland de Bodt, Anne-Marie Autissier, David Aubin, Jean-Louis Genard, Laurence Jenard, Myriam Stoffen.
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© Direction Communication – Jean Poucet

Introduction

L’histoire des politiques culturelles plonge ses racines dans le mouvement de la modernité : c’est autour des Lumières, au 18e siècle, qu’émerge l’idée d’une émancipation par la connaissance et la fréquentation des œuvres d’art. Intellectuellement autonomes, dégagés des appartenances particulières et des traditions, les citoyens éclairés apparaissent comme les garants de sociétés orientées vers le progrès, prenant en main leur destin.
Quand elles sont mises en place dans les années 1960 comme catégorie d’intervention publique à part entière, les politiques culturelles héritent de cette conception humaniste et progressiste de la culture, conçue comme un vecteur de construction de soi et d’émancipation. Le socle de l’action publique dans ce domaine repose en effet sur des valeurs fondatrices de la démocratie : la démocratisation culturelle vise à une plus juste répartition des biens culturels, en renforçant leur accessibilité ; plus tard, la démocratie culturelle mettra l’accent sur l’égalité d’expression, en reconnaissant les formes culturelles dans leur diversité.
Aujourd’hui, de nouvelles notions ont vu le jour et sont utilisées pour baliser le champ des politiques culturelles et orienter l’action : reconnaissance, empowerment, ville créative, multiculturalité, interculturalité, durabilité, droits culturels, attractivité, hybridité, participation… Autant de mots-clés qui sous-tendent une conception de la culture et une vision de la démocratie, qui déterminent un rôle pour la culture en régime démocratique.
Comment de grands principes, qu’ils soient anciens ou plus récents, peuvent-ils nous aider à penser l’articulation entre culture et démocratie ? Que nous disent ces référentiels, à la fois de la démocratie que nous construisons et de la place que nous y aménageons pour la culture ? Peuvent-ils appuyer ou stimuler l’action des opérateurs ou risquent-ils de la contraindre, voire de l’asservir ? Une attention particulière mérite d’être accordée au concept d’émancipation par la culture, indissociable de l’ambition originelle des politiques culturelles et étroitement lié aux aspirations démocratiques : quelle place occupe aujourd’hui cet idéal dans les politiques culturelles ?
Ce sont toutes ces questions qui traversent les exposés de ce premier chapitre, posant les bases des grands enjeux explorés par le colloque.
Pour comprendre les référentiels des politiques culturelles, il faut sans doute revenir à leur histoire. Anne-Marie Autissier, docteur en sociologie, enseignante à l’Institut d’Études Européennes de l’Université Paris 8, spécialiste des politiques culturelles européennes, retrace ici les grandes lignes de leur développement, entre l’après-guerre et les années 1980. De l’ouest à l’est, on observe alors des idées convergentes : la protection de l’artiste, l’importance de la préservation du patrimoine… Dès leur origine, les politiques culturelles soutiennent une certaine vision de la communauté : outils de promotion de l’indépendance nationale et de l’intégrité territoriale au gré de la construction européenne ou de l’éclatement du bloc de l’est, elles ont également pu être instrumentalisées sous l’impulsion de la droite populiste et de l’extrême droite dans les années 2000. Elles se sont bel et bien construites en épousant la trajectoire des démocraties.
Aujourd’hui, le modèle dominant, celui des industries culturelles et créatives et de sa valeur-phare, la créativité, ne semble pas à même de proposer une articulation forte entre culture et citoyenneté, tant il est centré sur une vision économique de la création. Quelles notions pourraient aujourd’hui permettre de penser la culture comme un vecteur de partage et d’imaginaire commun, tout en prenant en compte les évolutions socioéconomiques et la mutation des pratiques culturelles ? C’est dans l’idée de participation et dans la figure de l’amateur qu’Anne-Marie Autissier perçoit les pistes les plus fécondes.
D’autres éléments de réponse peuvent être amenés par la réflexion issue du terrain, là où les opérateurs expérimentent au quotidien et très concrètement de nouvelles manières d’agir. Le point de vue proposé par Laurence Jenard, largement appuyé sur son riche parcours dans le secteur culturel bruxellois, montre comment les associations innovent pour sortir des schémas habituels et ne pas être corsetées par des cadres institutionnels parfois très rigides. Aujourd’hui directrice de l’association A + Architecture in Belgium visant à promouvoir l’architecture comme donnée culturelle du paysage belge, Laurence Jenard présente ici le fonctionnement et l’action de trois organisations : l’ASBL Recyclart, où elle a travaillé pendant quinze ans ; le BNA BBOT ; le Réseau des Arts à Bruxelles, dont elle a été présidente de 2012 à 2014.
Ces trois initiatives sont en effet fortement hybrides et révélatrices d’un travail des opérateurs souvent polymorphe, au croisement d’univers, de valeurs et d’objectifs divers. Ainsi l’ASBL Recyclart combine-t-elle de manière originale l’innovation urbaine, l’économie solidaire et la création artistique, tandis que la BNA BBOT portant le projet Bruxelles nous appartient, base de données de la mémoire vivante de Bruxelles, produit un objet à la lisière du patrimoine immatériel, du documentaire et de l’outil d’éducation permanente. Quant au Réseau des Arts à Bruxelles, qui met en relation les acteurs professionnels du secteur artistique, il défie la logique top-down en misant sur la collaboration et le dialogue entre des acteurs liés à des niveaux de pouvoirs publics différents.
Si les acteurs du secteur culturel innovent en dehors de cadres trop étroits, le regard du terrain pose aussi une autre question : à quoi peuvent servir les grands principes des politiques et de l’action culturelles, comme par exemple l’exigence de démocratie ? Ouvrent-ils la voie à l’inventivité ou contribuent-ils au contraire à la restreindre ? C’est la question fondamentale aux yeux de Myriam Stoffen, forte d’un double parcours dans la recherche, mené à la Vrije Universiteit Brussel (VUB), et dans les organisations culturelles en tant que directrice de Zinneke ASBL, qui coordonne la Zinneke Parade. Elle nous invite ainsi à repenser les soubassements mêmes de la démocratie et de la politique culturelle, afin d’élaborer une action publique qui soit véritablement l’action des publics. Elle rappelle aussi que l’ambition démocratique de la politique culturelle ne peut s’envisager sans une inscription de la démocratie dans le fonctionnement et les pratiques mêmes des opérateurs culturels : plutôt que d’être des mots d’ordre prêts à l’emploi, court-circuitant la réflexion et appauvrissant l’action, les référentiels déterminent une exigence et une attention.
Roland de Bodt s’emploie lui aussi à bousculer les bases des politiques culturelles et à revoir les définitions communément acceptées. Directeur de recherche à l’Observatoire des politiques culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles (OPC) depuis sa fondation en 2001, il est responsable de différents chantiers de recherche et notamment l’étude de faisabilité relative à la démarche de codification des matières culturelles, le suivi du droit à la culture et l’histoire des politiques culturelles. Depuis le poste d’observation privilégiée des politiques culturelles que constitue l’OPC, Roland de Bodt s’interroge sur la pertinence de nos représentations. En effet, la culture envisagée par les politiques culturelles est, selon lui, une valeur morale orientée vers l’humanisme et le progrès. Il propose de la penser plutôt comme un dialogue complexe entre différents plans incluant les valeurs, les droits fondamentaux, les régimes politiques, les politiques et les pratiques. Système construit, toujours à composer, jouant sur plusieurs niveaux, la culture engage toujours une société occupée à faire des choix : en cela, elle jette la lumière sur le fonctionnement de la démocratie.
Mais s’il n’y a pas de lien naturel entre la culture et le progrès, les politiques culturelles sont bel et bien imprégnées de l’idéal d’émancipation. Sous quelles formes le décèle-t-on aujourd’hui ? Jean-Louis Genard, philosophe et docteur en sociologie, professeur à la Faculté d’architecture « La Cambre-Horta » de l’Université libre de Bruxelles où il dirige le GRAP (groupe de recherche sur l’action publique), revient sur la tension entre démocratisation et démocratie culturelle pour proposer une actualisation de cette perspective émancipatoire. La domination aujourd’hui n’est plus seulement économique, tant le capitalisme s’impose comme système de valeurs et mode de vie ; en somme, comme culture. Face à cela, Jean-Louis Genard préconise l’attention à des critiques émergentes qui débouchent sur des formes organisationnelles alternatives : la critique écologique ou les mouvements faisant appel à la notion de commun. Dans ces nouveaux référentiels, la dimension culturelle s’adosse à une critique sociale et économique plus large visant à redynamiser la démocratie. Au sein d’initiatives multiformes, mêlant l’artistique à l’innovation sociale, elle apparaît alors comme une ressource critique créative pour réinventer la vie.

Démocraties et politiques culturelles : évolutions et mutations

Anne-Marie Autissier

Directrice de l’Institut d’études européennes de Paris 8 Membre de l’Unité mixte de recherche CNRS n° 7217, CRESPPA-LabTop
Depuis les années d’après-guerre qui ont connu la création ou la modernisation d’administrations publiques culturelles en Europe occidentale, l’on a pu constater jusqu’aux années 1980, une relative convergence des principes, malgré les incessantes proclamations des différences entre États : la liberté artistique, la culture et l’art objets de politique publique, la reconnaissance des langues et des cultures régionales, la restauration et préservation du patrimoine bâti ainsi que la promotion du répertoire national, la montée en charge des collectivités territoriales en matière culturelle, voire l’affirmation de politiques autonomes, positionnant différemment l’échelle des hiérarchies culturelles, de l’art aux activités socioculturelles. Dans les pays issus du communisme d’État, les gouvernements se sont dotés d’administrations souvent inspirées des politiques européennes occidentales. Mais le succès du modèle est-il encore synonyme d’adhésion ? Dans les années 2000, des partis d’extrême droite ou de droite populiste n’ont pas hésité à mettre en doute le bien-fondé de telles politiques, en insistant sur leur caractère « propagandiste et autoritaire » (Autriche, Italie…). Une pierre dans le jardin d’acquis démocratiques que l’on pensait collectivement indiscutables. Sans doute faut-il évoluer vers de nouvelles visions du rôle des arts et de la culture dans nos sociétés contemporaines.

Un modèle européen d’action culturelle publique ?

De 1945 à 1980, beaucoup d’États européens – non nécessairement membres de la Communauté – ont mis en place des mesures uniques au monde qui pourraient, à notre sens, accréditer l’idée d’un modèle culturel européen d’intervention publique : renforcement de et délégation aux sociétés de gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins, mesures spécifiques en faveur des artistes (salariat en Allemagne, en Autriche, tout au moins dans les institutions nationales et fédérales et, un temps, salariat aux Pays-Bas, création de bourses de tous ordres en Suède, exemption d’impôts en Irlande, régime des intermittents en France etc.). Conformément à l’autonomie revendiquée par les différents champs artistiques, l’artiste est protégé mais libre et il apparaît – tout au moins dans les représentations – comme la figure de l’individu à même de fédérer une communauté inédite autour de son œuvre. Autrement dit, les politiques culturelles nationales d’après-guerre sont perçues comme l’essence d’une souveraineté à laquelle les États membres de la Communauté européenne ne sont pas pressés de renoncer. Pourtant, le diptyque excellence – démocratisation subit des assauts dès la fin des années 1960. Au Royaume-Uni, l’école des Cultural Studies met l’accent non seulement sur de nouveaux entrants dans la carrière – artistes et politiciens locaux – mais aussi sur la nécessaire attention aux diverses expressions contemporaines, qu’elles émanent des classes populaires, des minorités régionales, des jeunes, des femmes… En 1967, la première secrétaire d’État aux Arts et à la Culture, la travailliste Jennie Lee, prie le Conseil des Arts (Arts Council of Great Britain) de revoir sa charte pour la rendre plus conforme aux nouveaux enjeux, tout en triplant son budget. Le concept d’égalité des expressions culturelles contribue à la mise en œuvre, par le gouvernement suédois, d’une politique multiculturelle dont les avancées tout comme les difficultés sont aujourd’hui encore, source d’enseignement (Wieviorka Michel, 2001).
Des mobilisations se font jour sur fond de désindustrialisation, notamment en Allemagne, en Suisse, en Belgique...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Dans la même collection
  4. Titre
  5. Copyright
  6. Table des matières
  7. Remerciements
  8. Couverture
  9. Accueil Frédéric, Delcor
  10. Discours de la ministre, Joëlle Milquet
  11. Note d’orientation générale
  12. Introduction, Michel Guérin
  13. AXE 1. Référentiels des démocraties et référentiels des politiques culturelles
  14. AXE 2. Pratiques culturelles et pratiques démocratiques en évolution
  15. AXE 3. Grilles de lecture des pratiques et des politiques culturelles
  16. AXE 4. Quelles politiques culturelles pour quelles ambitions démocratiques ?
  17. Conclusion générale, Guy Saez
  18. Conclusion prospective. Quelle actualité pour la démocratie culturelle ? Jean-Louis Genard