Précarité des populations de l'ex-Katanga face à la loi de la valeur mondialisée

Vincent Kimba Kapanda

• Éditeur: Academia
• Année: 2017
• ISBN:
  9782806121653
• Sujet: Politics & International Relations
• Sous-sujet: Globalisation

L'émergence de l'exploitation artisanale des minerais libéralisée par la législation congolaise s'est destinée à promouvoir une classe moyenne. Elle s'inscrit dans la création de la base matérielle de la société capitaliste dans l'ex-Katanga par l'application de la loi de la valeur mondialisée. Celle-ci repose sur la trilogie de maximisation de la production, minimisation des coûts de production et maximisation du profit.

Chapitre V

Législation minière congolaise
et valeur mondialisée

•

5.1 Introduction

À travers ce chapitre, nous nous préoccupons de démontrer que la multiplicité des sociétés minières issues de la deuxième loi minière dans le bassin minier de l’Ex-Katanga a engendré non seulement la croissance économique mais bien plus encore la création d’une masse désœuvrée qui n’est rien d’autre que le produit du fonctionnement de la loi de la valeur mondialisée. Cette loi de la valeur mondialisée se manifeste par la prolifération de toutes ces sociétés minières comme nous les avons vues dans les précédents chapitres.

5.2 De l’inefficacité des législations au bien-être des populations

La masse désœuvrée est engendrée par la mondialisation du capitalisme. Cette masse désœuvrée subit les effets de l’application de la loi de la valeur mondialisée. Ce qui s’illustre par le taux de chômage croissant tel que les démontrent les tableaux ci-dessous :

Graphique n° 16 : Évolution de pertes d’emplois à Lubumbashi de 2007 à 2012

Source : Nos enquêtes sur terrain

Il est remarquable que la figure ci-dessus présente l’évolution de perte d’emploi dans la ville de Lubumbashi depuis l’année 2007 jusqu’en 2012. Il est à noter également que toutes ses pertes d’emploi doivent être reversées dans le lot des chômeurs qui est aussi croissant comme le présente le graphique ci-dessous.

Graphique n° 17 : Évolution du taux de chômage dans le bassin minier de l’Ex-Katanga

Source : Nos enquêtes sur terrain

Il ressort du graphique ci-dessus faisant objet d’une synthèse qui montre comment le taux de chômage prend son ascension dans le bassin minier de l’Ex-Katanga alors que l’avènement de la loi minière et des entreprises minières conduisait à penser que la courbe serait descendante en ce qui concerne la masse désœuvrée.

Dans le cas précis, plus d’une personne avertie penserait qu’avec la prolifération des entreprises minières, on assisterait à une absorption du chômage mais nous voulons bien montrer que dans le cas sous étude nous nous retrouvons paradoxalement avec une masse désœuvrée. En fait, cette masse n’est rien d’autre que le produit du fonctionnement de la loi de la valeur mondialisée.

En fait, la mondialisation du capitalisme se manifeste par cette prolifération des entreprises minières qui ne sont rien que l’outil du capitaliste. Une prolifération qui ne permet pas à ceux qui y œuvrent d’accéder à une consommation décente mais par contre les infantilisent et les font perdre leur personnalité, bref les déshumanise.

La masse désœuvrée cherche à fonctionner à la marge de la centrale que développent ces entreprises minières pour vivre. Le constat est qu’au lieu de vivre, cette masse s’installe en plein dans la survie. Parce qu’elle est installée dans la survie, elle développe la tendance de se faire embaucher ; or, en se faisant embaucher elle devient plus aliénée qu’avant.

Donc, la masse désœuvrée vit totalement une situation dont elle n’a pas connaissance totale. Elle sent qu’en restant en tant que telle, elle est toujours à la marge ; en devenant salariée, elle s’intègre dans le système ignorant que son intégration dans le système la rend plus aliénée qu’elle ne l’était avant, ce qui aggrave même sa condition.

C’est ici qu’on recycle la loi de la valeur mondialisée qui est une loi qui confirme la marginalisation massive.

Cette situation met les désœuvrés dans une ambivalence à telle enseigne qu’ils ne savent s’il faut abandonner ou poursuivre avec leurs activités. Ceci se consolide par nos données du terrain ci-dessous.

Graphique n° 18 : Raison de savoir pourquoi le travail de creuseurs

Source : Nos enquêtes sur terrain

Il ressort de ce graphique que 79,30 % de creuseurs pratiquent cette activité par manque d’emploi, 16,30 % de creuseurs pratiquent cette activité pour la survie, 2,30 % de creuseurs ne savent pas dire la raison pour laquelle ils pratiquent cette activité, 1,80 % de creuseurs pratique cette activité pour payer les études et 0,5 % de creuseurs ont été antérieurement licenciés de leur emploi raison pour laquelle ils pratiquent cette activité.

Figure n° 15 : Opinion de creuseurs s’ils comptent poursuivre avec leur activité de creusage

Source : Nos enquêtes sur terrain

De cette figure, il ressort que 52,40 % de désœuvrées comptent poursuivre leur activité de creusage tandis que 47,60 % de désœuvrées ne comptent plus poursuivre l’exercice de leur activité.

Graphique n° 19 : Opinion des creuseurs sur la raison de poursuivre avec cette activité

Source : Nos enquêtes sur terrain

Il ressort de ce tableau que bon nombre de désœuvrées comptent poursuivre avec leur activité faute de mieux soit 52,20 % de creuseurs ; 20,80 % de désœuvrées comptent poursuivre avec leur activité parce qu’ils estiment que leur vie en dépendait ; 19,30 % de désœuvrées comptent poursuivre avec leur activité parce qu’ils estiment qu’ils se retrouvent derrière cette pratique ; 6,30 % de désœuvrées comptent poursuivre avec leur activité mais n’ont aucun argumentaire pour cette poursuite et 1,40 % de désœuvrées estiment poursuivre avec leur activité car c’est leur terre, la terre des aïeux.

En effet, l’attachement à un travail ou à une activité n’est justifié que par l’intérêt ou les dividendes qu’on en tire et cela en dépit de sa taille.

Graphique n° 20 : Opinion des creuseurs sur la ...

Table des matières

• Couverture
• 4e de couverture
• Dans la même collection
• Titre
• Copyright
• Préface
• Introduction générale
• Chapitre I : État des connaissances et théories sur la croissance
• Chapitre II : Données sociodémographiques
• Chapitre III : Loi minière et évolution socio-économique
• Chapitre IV : Le code minier et le vécu des populations
• Chapitre V : Législation minière congolaise et valeur mondialisée
• Conclusion générale
• Bibliographie
• Table des matières