La correspondance entre linguistes
eBook - ePub

La correspondance entre linguistes

Un espace de travail

  1. 197 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

La correspondance entre linguistes

Un espace de travail

DĂ©tails du livre
Aperçu du livre
Table des matiĂšres
Citations

À propos de ce livre

Le prĂ©sent ouvrage fait suite au recueil Archives et manuscrits de linguistes (Academia, 2014). L'objectif de ce volume est d'entamer une Ă©tude de la correspondance entre linguistes – susceptible d'ĂȘtre pensĂ©e comme un espace de travail et comme un canal de rĂ©flexion et d'Ă©change des savoirs – et d'attirer l'attention sur le processus d'Ă©laboration des thĂ©ories linguistiques et de ses concepts. L'Ă©tude des correspondances scientifiques facilite l'accĂšs, en effet, Ă  de vĂ©ritables laboratoires d'Ă©laboration intellectuelle.

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramĂštres et de cliquer sur « RĂ©silier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez rĂ©siliĂ© votre abonnement, il restera actif pour le reste de la pĂ©riode pour laquelle vous avez payĂ©. DĂ©couvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptĂ©s aux mobiles peuvent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©s via l’application. La plupart de nos PDF sont Ă©galement disponibles en tĂ©lĂ©chargement et les autres seront tĂ©lĂ©chargeables trĂšs prochainement. DĂ©couvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accĂšs complet Ă  la bibliothĂšque et Ă  toutes les fonctionnalitĂ©s de Perlego. Les seules diffĂ©rences sont les tarifs ainsi que la pĂ©riode d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous Ă©conomiserez environ 30 % par rapport Ă  12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement Ă  des ouvrages universitaires en ligne, oĂč vous pouvez accĂ©der Ă  toute une bibliothĂšque pour un prix infĂ©rieur Ă  celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! DĂ©couvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte Ă  haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accĂ©lĂ©rer ou le ralentir. DĂ©couvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accĂ©der Ă  La correspondance entre linguistes par Valentina Chepiga, Estanislao Sofia en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Langues et linguistique et Linguistique. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages Ă  dĂ©couvrir dans notre catalogue.

Informations

Éditeur
Academia
Année
2017
ISBN
9782806121561
Chapitre 5

Glossématique « par correspondance » : Hjelmslev et ses interlocuteurs (Martinet et Bazell)

Viggo Bank JENSEN
Université de Copenhague

Lorenzo
CIGANA
UniversitĂ© de LiĂšge – FNRS

1. Introduction

Nous prĂ©sentons ici quelques spĂ©cimens de correspondance issus du riche fonds « Louis Hjelmslev » de la Kongelige Bibliotek de Copenhague, notamment : 1) une lettre de Hjelmslev Ă  Martinet dĂ©posĂ©e dans le dossier Kps. 26, que nous discutons afin qu’elle intĂšgre et enrichisse le dĂ©bat engendrĂ© par ArrivĂ© et Ablali (cf. la prĂ©sentation et la discussion la correspondance entre Martinet et Hjelmslev dans ArrivĂ© 1982, Ablali-ArrivĂ© 2001, voir ci-dessous §
2) ; et 2) l’ensemble de la correspondance entre Hjelmslev et C.E. Bazell dĂ©posĂ©e dans le dossier Kps. 21. Notre objectif est de montrer dans quelle mesure la correspondance constitue une source textuelle nous permettant d’affiner la comprĂ©hension de la thĂ©orie (en l’occurrence, de la glossĂ©matique). En effet, l’étude de l’échange Ă©pistolaire entre linguistes constitue souvent une situation privilĂ©giĂ©e pour saisir des dĂ©tails thĂ©oriques parfois importants ou des explications additionnelles, notamment pour apprĂ©cier le dĂ©bat vital, bilatĂ©ral quoique privĂ©, des thĂ©oriciens qui accompagne la publication de leurs travaux.

2. Pourquoi s’intĂ©resser Ă  la correspondance ?

Nous aimerions commencer en interrogeant l’intĂ©rĂȘt thĂ©orique de la correspondance, dont l’importance nous semble primordiale en fonction de la rĂ©Ă©valuation de la pensĂ©e structuraliste qui se produit de nos jours dans les milieux de l’histoire des idĂ©es, de la linguistique, de la philosophie du langage et de la sĂ©miotique. Une telle rĂ©Ă©valuation prend justement la forme d’une relecture des textes : l’examen philologique auquel on soumet les textes vise l’opportunitĂ© de saisir des Ă©lĂ©ments dont la pertinence avait Ă©tĂ© « narcotisĂ©e » par la rĂ©ception directe. Il s’agit donc d’un procĂ©dĂ© par lequel on dissout le texte en tant que cristallisation de la rĂ©flexion d’un auteur pour dĂ©gager les ingrĂ©dients fondamentaux, en les reliant Ă  des informations supplĂ©mentaires afin d’obtenir, au moins idĂ©alement, les moyens de : 1. poursuivre les thĂšses rĂ©putĂ©es les plus intĂ©ressantes ou dĂ©cisives en rĂ©ponse Ă  une urgence thĂ©orique quelle qu’elle soit (par exemple, une « crise des modĂšles ») ; 2. actualiser prospectivement la pensĂ©e d’un auteur ; 3. vĂ©rifier rĂ©trospectivement (c’est-Ă -dire, suivant une perspective historiographique) les sources ou les interactions avec d’autres thĂ©ories ; 4. resituer l’auteur dans le cadre organique de son Ă©poque, en en Ă©tablissant les continuitĂ©s ou les discontinuitĂ©s1. Ces informations supplĂ©mentaires dĂ©rivent typiquement des documents issus des archives ou des fonds des auteurs eux-mĂȘmes – lĂ  oĂč ce genre de dĂ©pĂŽt documentaire existe – et qui reprĂ©sentent la chance la plus importante d’accomplir la tĂąche reconstructive dont nous parlons.
Parmi les diffĂ©rents types de documents qu’on rencontre souvent dans les archives, Ă  cĂŽtĂ© des Ă©bauches des Ɠuvres, des manuscrits prĂ©paratoires des communications ou des cours universitaires ou encore des notes privĂ©es, la correspondance prĂ©sente un intĂ©rĂȘt particulier : elle se situe au carrefour entre rĂ©flexion privĂ©e (inĂ©dite, cachĂ©e derriĂšre les Ɠuvres publiĂ©es) et rĂ©flexion « publique » (Ă©ditĂ©e), comme entre thĂ©orisation « centripĂšte » (la construction d’un modĂšle propre original) et thĂ©orisation « centrifuge » (portĂ©e sur l’échange de points de vue et sur l’opposition entre modĂšles diffĂ©rents).
La correspondance entre linguistes nous permet de saisir des dĂ©tails importants sur la genĂšse des thĂ©ories, et notamment l’effort visant la solution des problĂšmes liĂ©s aux diffĂ©rentes phases d’élaboration, la confrontation vitale entre les savants sur une mĂȘme question, les incomprĂ©hensions et les prĂ©judices qui connotent l’interprĂ©tation rĂ©ciproque et qui souvent se sclĂ©rosent dans une tradition interprĂ©tative partielle, bien que prestigieuse.
À cet Ă©gard, la correspondance entre Louis Hjelmslev et AndrĂ© Martinet, prĂ©sentĂ©e et discutĂ©e Ă  plusieurs reprises par Michel ArrivĂ© et Driss Ablali (ArrivĂ© 1982, ArrivĂ©-Ablali 2001), est paradigmatique. On connaĂźt bien, d’ailleurs, l’apport de Martinet Ă  la tortueuse histoire Ă©ditoriale de l’Ɠuvre peut-ĂȘtre la plus importante de Hjelmslev, les ProlĂ©gomĂšnes Ă  une thĂ©orie du langage (dont Jeanne Martinet [rĂ©ponse Ă  ArrivĂ©-Ablali 2001 : 54-57] rappelle Ă  bon droit le « jeu d’épreuves densĂ©ment annotĂ©es » qui constituait l’arriĂšre-plan des traductions françaises) – apport qui comprenait le long compte rendu de cet ouvrage (cf. Martinet 1985), le travail soigneux de rĂ©vision de la traduction du manuscrit, ainsi que quelques conseils terminologiques qui devaient se rĂ©vĂ©ler inspirants pour l’adoption du concept de « cĂ©nĂ©matique » (Ă  la place de celui de « phonĂ©matique », plus compromis du point de vue de la tradition linguistique (cf. ArrivĂ©-Ablali 2001 : 36 ; ArrivĂ© 1982 : 88-89, n. 9, 10), de la constellation de notions comme « schĂ©ma », « usage », « processus » (cf. ArrivĂ©-Ablabli 2001 : 46, 48). D’ailleurs, comme ArrivĂ© et Ablali l’ont clairement montrĂ©, la correspondance permet d’apprĂ©cier les divergences thĂ©oriques qui sĂ©paraient les deux linguistes. On osera dire que c’est bien en cela que consiste l’intĂ©rĂȘt primordial de leur correspondance : c’est Ă  partir du dialogue issu des difficultĂ©s interprĂ©tatives, des incomprĂ©hensions, qu’on peut thĂ©matiser les questions les plus urgentes – comme les solutions envisagĂ©es (partielles, privĂ©es, pas encore explicitĂ©es ou incluses dans la thĂ©orie, temporaires, purement esquissĂ©es
) – en pĂ©nĂ©trant dans les enjeux de la thĂ©orie et en mettant au point notre comprĂ©hension. ArrivĂ© et Ablali identifient au moins trois points de rupture :
–le rĂŽle de la substance, qui se rĂ©verbĂšre, comme par un effet domino, sur nombre de questions affĂ©rentes, comme celles de la substance amorphe ou de la « matiĂšre » (ArrivĂ©-Ablali 2001 : 39, 49 sqq), ou encore du terme mĂȘme de « fonction » (ArrivĂ©-Ablali 2001 : 40) ;
–la valeur Ă©pistĂ©mologique de la phonologie et son rĂŽle en tant que modĂšle inspirateur de la glossĂ©matique (ArrivĂ©-Ablali 2001 : 41) ;
–le modĂšle hjelmslĂ©vien de l’« isomorphisme (non conforme) » vis-Ă -vis de celui de la « double articulation » proposĂ© par Martinet (ArrivĂ© 1982 : 87, n. 5).
C’est donc par esprit d’addition que nous allons prĂ©senter et discuter ci-aprĂšs (§ 3) une lettre de Hjelmslev Ă  Martinet qui n’est mentionnĂ©e que briĂšvement dans ArrivĂ©-Ablali (2011 : 39-40) et qui est fort intĂ©ressante pour la thĂ©matisation d’un quatriĂšme aspect de la querelle : le problĂšme philosophique de l’identitĂ© dans les sciences du langage qui inclut au moins en partie la question de la substance mentionnĂ©e ci-dessus (point 1).
En revanche, c’est par esprit fĂ©dĂ©rateur que nous prĂ©sentons (§ 4) l’ensemble de la correspondance entre Hjelmslev et Charles Ernest Bazell (1909-1984), professeur d’anglais et de linguistique gĂ©nĂ©rale Ă  l’universitĂ© d’Istanbul (1942-1957) et successeur de Firth Ă  l’enseignement de linguistique gĂ©nĂ©rale Ă  l’École des Études Orientales et Africaines (SOAS – School of Oriental and African Studies) de l’universitĂ© de Londres jusqu’en 1977, annĂ©e de sa retraite. Les questions les plus intĂ©ressantes traitĂ©es dans cette correspondance concernent surtout la thĂ©orie morphologique de Hjelmslev, l’agencement des catĂ©gories linguistiques et le problĂšme du rapport entre la dĂ©finition abstraite (logique) des fonctions paradigmatiques et leur interprĂ©tation concrĂšte (phĂ©nomĂ©nologique) – question trĂšs dĂ©licate, car elle montre le besoin de reporter l’outillage thĂ©orique glossĂ©matique au niv...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Sciences du langage
  4. Titre
  5. Copyright
  6. Avant-propos (D’) Ă©crire la pensĂ©e
  7. Le rĂ©seau Ă©pistolaire de Hugo Schuchardt (1842-1927) : soixante ans d’histoire de la linguistique. Coup d’Ɠil dans les archives d’un linguiste allotrique
  8. Correspondre dans un espace socioculturel linguistique particulier. Exemple du fonds Lucien TesniĂšre
  9. À l’ombre de deux maütres : la correspondance Bally-Vendryes
  10. Louis Hjelmslev en toutes lettres : éléments de réponse au projet glossématique inachevé avec Uldall dans des lettres à Martinet, Jakobson, Benveniste et quelques autres
  11. Glossématique « par correspondance » : Hjelmslev et ses interlocuteurs (Martinet et Bazell)
  12. La linguistique dans les lettres des linguistes
  13. À propos des traductions, la diffusion et la rĂ©ception du Cours de linguistique gĂ©nĂ©rale en Russie (1916-1927)
  14. Lettres inĂ©dites de Serge Karcevski au professeur Lev Chtcherba et Ă  l’acadĂ©micien Ivan Mechtchaninov
  15. Présentation des auteurs
  16. Table des matiĂšres