Pierre Le Grand
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Pierre Le Grand

Tsar des LumiĂšres ou des TĂ©nĂšbres

  1. 140 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Pierre Le Grand

Tsar des LumiĂšres ou des TĂ©nĂšbres

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À propos de ce livre

Pierre Ier de Russie n'a pas bĂ©nĂ©ficiĂ© de l'Ă©ducation d'un prince. Autodidacte, il dĂ©veloppe trĂšs jeune une passion pour les exercices militaires et la marine. Parvenu au sommet de l'État, il s'applique Ă  construire une armĂ©e moderne qui est aussi le champ expĂ©rimental de ses rĂ©formes politiques, Ă©conomiques et sociales. Fondateur d'une capitale, Saint-PĂ©tersbourg, il impose son nouveau mode de vie progressiste, respectueux cependant de l'essence mĂȘme de la civilisation russe avec le dogme orthodoxe. CrĂ©ateur de la Russie moderne, Pierre Le Grand n'a cessĂ© de susciter des jugements antagonistes, en particulier durant son sĂ©jour en France.

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Informations

Éditeur
SPM
Année
2017
ISBN
9782336793672

Les LumiÚres pétroviennes

Construire Saint-PĂ©tersbourg signifiait dĂ©fier la nature. Le climat Ă©tait inhospitalier, les vents d’ouest balayant sans cesse la ville. Les inondations, dues Ă  la fonte des neiges, les pluies estivales ou la montĂ©e des eaux de la mer compromettaient l’avancĂ©e des travaux tout comme la conservation du site. Contrairement Ă  la lĂ©gende, l’emplacement de la nouvelle capitale n’était pas une zone dĂ©serte ; les SuĂ©dois y avaient dĂ©jĂ  construit des relais et les commerçants de Novgorod avaient profitĂ© du rĂ©seau de voies fluviales qui descendaient vers le sud pour Ă©couler leurs marchandises. Relais postal de la Hanse, l’endroit Ă©tait frĂ©quentĂ© par les nĂ©gociants et colporteurs allemands.
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La construction de Saint-PĂ©tersbourg, gravure du XVIIIe siĂšcle.
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Pierre fonde Saint-PĂ©tersbourg, Peter the Great, Londres, Harrap, 1915.
Il fallait trouver de la main-d’Ɠuvre pour creuser des canaux, planter des parcs et tracer des artĂšres. La majeure partie de la ville fut Ă©difiĂ©e sur des marĂ©cages ; ils devaient ĂȘtre assĂ©chĂ©s, puis consolidĂ©s Ă  l’aide de pillons. Pour la seule forteresse Saints-Pierre-et-Paul, l’architecte en utilisa 40 000.
Quand la place fut conquise en 1703, le tsar ordonna Ă  ses soldats de commencer les travaux ; ils furent rejoints par 20 000 paysans des environs. Leur nombre s’avĂ©ra bientĂŽt insuffisant pour faire Ă©merger une ville en quelques annĂ©es. Un premier oukase de Pierre Ă©ditĂ© le 1er mars 1704 ordonna la venue de 40 000 hommes. Le nombre moyen d’ouvriers employĂ©s par an s’élevait Ă  30 000 personnes, auxquelles s’ajoutaient les prisonniers de guerre. Le choix se fit dans la population taillable et corvĂ©able, de l’ordre d’un paysan sur neuf foyers, puis un sur quatorze. Les familles qui ne fournissaient pas d’homme furent pĂ©nalisĂ©es par un impĂŽt supplĂ©mentaire : qui ne travaillait pas payait !
L’acheminement sur cet immense chantier se faisait sous haute surveillance ; le cas Ă©chĂ©ant, les ouvriers furent enchaĂźnĂ©s. PrĂšs de la moitiĂ© des hommes sĂ©lectionnĂ©s Ă©chappait cependant Ă  cette obligation ; le dysfonctionnement de l’administration, les erreurs de recensement et les problĂšmes liĂ©s aux distances leur permettaient de fuir. Les Ă©pidĂ©mies et les dĂ©cĂšs par accident firent le reste. Ils devaient se munir d’outils de charpente, de pelles et de pioches, voire s’occuper de leurs vivres pour la route. L’organisation des tĂąches relevait de la discipline militaire, mais sur place personne ne songea Ă  un approvisionnement adĂ©quat ou Ă  des instruments indispensables pour creuser la roche. Les serfs transportaient la terre Ă  dos d’homme, les brouettes faisant dĂ©faut. Les travaux eurent lieu d’avril Ă  octobre, selon un roulement de trois mois. Chacun recevait un rouble par mois, la ration de grain et de blĂ© y Ă©tant incluse.
Les logements de fortune (des baraquements ou des abris sous terre) furent construits Ă  la hĂąte. Un problĂšme majeur Ă©mergea peu aprĂšs le transfert de la capitale Ă  PĂ©tersbourg. En 1716, les prix de la consommation courante Ă©taient trois fois plus hauts qu’à Moscou ; l’ouvrier ne pouvait pas s’alimenter correctement, s’il ne recevait pas de l’aide de ses proches. Plus il venait de loin, plus il avait faim. Est-ce que la construction de la ville se fit au
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Pierre explique ses desseins Ă  ses architectes et Ă  ses ouvriers.
HĂ©liogravure du XIXe siĂšcle.
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Pierre Ă©tudiant les plans de Saint-PĂ©tersbourg, gravure sur acier du XIXe siĂšcle.
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Pierre sur le chantier de Saint-PĂ©tersbourg
Épisodes de l’histoire de Russie ; miniatures des annĂ©es 1960, collections Liebig.
prix de 200 000 morts comme l’écrivit le diplomate Weber, un homme plutĂŽt favorable Ă  Pierre le Grand ? Selon d’autres sources, les pertes annuelles s’élevaient Ă  deux tiers des effectifs (donc Ă  environ 20 000 personnes) ; les estimations les plus rĂ©alistes donnent 150 000 victimes. Le consul de France, Henri La Vie, accusait la mauvaise conduite des responsables du chantier et surtout la friponnerie des intermĂ©diaires chargĂ©s du ravitaillement. Ils volaient des denrĂ©es pour les revendre Ă  prix fort. La maltraitance ne fut pas la cause majeure de cette mortalitĂ©. La concentration des hommes favorisa les Ă©pidĂ©mies. Les carences alimentaires provoquaient du scorbut et de la dysenterie ; l’épuisement et l’insalubritĂ© des lieux firent le reste. Le tsar n’avait pas prĂ©vu de cimetiĂšre. Les morts furent jetĂ©s dans la Neva ou enterrĂ©s dans des tombes de fortune.
Les artisans qualifiĂ©s, soit 4 720 personnes en 1710, bĂ©nĂ©ficiaient d’un traitement de faveur. Ils venaient avec leurs familles et constituaient ainsi la premiĂšre population de Saint-PĂ©tersbourg. Ils avaient droit Ă  six hectares, maison et terrain compris. Ils Ă©taient mieux rĂ©munĂ©rĂ©s que les paysans.
À partir de 1718, le systĂšme de travail forcĂ© fut petit Ă  petit aboli, car la capitale commençait Ă  attirer entrepreneurs et travailleurs saisonniers.
Des soldats, libĂ©rĂ©s du service militaire, travaillaient sur les chantiers ou dans le bĂątiment. L’embauche d’étrangers Ă©tait une pratique courante et les manifestes Ă  leur attention se succĂ©dĂšrent. Ils Ă©taient mieux payĂ©s que les autochtones, soit 150 roubles par an. Les maĂźtres artisans touchaient 400 Ă  500 roubles, contre 24 roubles plus un lopin de terre rĂ©servĂ©s Ă  un Russe qualifiĂ©. Ces disparitĂ©s reflĂ©taient bien les rĂ©alitĂ©s de la ville.
Pierre dĂ©cida de creuser un quadrillage de canaux rectilignes dans l’üle Vassilevski permettant aux navires de commerce et aux barques de maraĂźchers ou de pĂȘcheurs de dĂ©charger. Comme Ă  Venise, ils assuraient le transport des hommes. Le centre de la capitale devait prendre place sur l’üle. Les dignitaires avaient ordre d’y construire leurs palais. Menchikov s’exĂ©cuta et fit Ă©difier son « Oranienbaum » de style batave. Un bĂątiment gouvernemental, les « Douze-CollĂšges », construit par le Suisse Domenico Trezzini, hĂ©bergeait tous les services administratifs ; le mĂȘme architecte bĂątit la maison de Pierre, situĂ©e de l’autre cĂŽtĂ© de la Neva. Il Ă©difia l’église de la forteresse Saints-Pierre-et-Paul avec sa flĂšche dorĂ©e qui domine la ville. Sur la rive mĂ©ridionale de la Neva, une « Nouvelle Hollande » devait prendre place au long des canaux de la MoĂŻka et de la Fontanka.
Dans son enthousiasme, Pierre avait oubliĂ© de faire construire des ponts qui permettaient de circuler des deux cĂŽtĂ©s du fleuve sans avoir recours Ă  des bateaux. Qu’à cela ne tienne ! Il dĂ©cida de dĂ©placer le centre administratif sur terre ferme. L’ancien faubourg « industriel » devint le quartier rĂ©sidentiel de la nouvelle capitale ; Pierre reporta le projet hollandais en faveur d’un modĂšle plus prestigieux : Versailles ! Pour ce faire, il lui fallait un architecte français ; il demanda ainsi Ă  Le Blond de concevoir un plan radial, un trident avec trois avenues ou perspectives qui devaient converger vers l’AmirautĂ©, le symbole de la conquĂȘte des mers par le grand souverain. L’artĂšre principale ralliait cet
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Carte de la NĂ©va, avec les premiĂšres rues de la capitale, gravure, vers 1715.
Ă©difice Ă©rigĂ© Ă  la gloire de la flotte russe au monastĂšre dĂ©diĂ© Ă  Alexandre Nevski, le vainqueur des SuĂ©dois au XIIIe siĂšcle. Les plans originaux de cette laure furent tracĂ©s par Trezzini sous l’Ɠil vigilant de Pierre, le maĂźtre d’Ɠuvre d’une rĂ©volution architecturale en son pays.
Le tsar dĂ©cida du peuplement de sa ville ; la noblesse administrative fut sollicitĂ©e de dĂ©mĂ©nager la premiĂšre. Les rĂ©sidences des hauts fonctionnaires et dignitaires furent construites selon un rĂšglement trĂšs strict qui prescrivait dimensions, style et matĂ©riaux. L’emploi de la brique Ă©tait obligatoire pour empĂȘcher les incendies. Suivant la fortune du propriĂ©taire, sa demeure avait un ou deux Ă©tages. L’emplacement des maisons suivait la mĂȘme logique ; les nobles et trĂšs hauts fonctionnaires se regroupaient autour du centre administratif ; les artisans s’installĂšrent dans un quartier plus Ă©loignĂ© dont chaque rue dĂ©signait une spĂ©cialitĂ©. Pour garantir la rapide rĂ©alisation de la ville, la construction de maisons de brique ou de pierre fut interdite dans les autres parties de l’empire. Charpentiers, maçons et tailleurs de pierre affluĂšrent ainsi vers la nouvelle capitale pour trouver du travail.
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Plan de Saint-Pétersbourg vers 1730, gravé par Reiner Ottens.
Le rythme de construction se devine Ă  partir des chiffres suivants : en 1703, Pierre ordonna l’édification de 12 maisons rĂ©sidentielles rĂ©servĂ©es aux dignitaires de l’État, en 1717, il en fit bĂątir 301. Avant le transfert de la capitale en 1712, la ville comptait 750 Ă  800 foyers, Ă  la mort de Pierre, il y en avait 6 000. En 1725, la ville comptait 40 000 habitants. Les militaires formaient en moyenne 40 % des foyers, suivis de la noblesse (de 2 Ă  20 % selon les quartiers), puis des petits fonctionnaires, artisans, commerçants, ouvriers (plus de 40 %), souvent des serfs affranchis. Le reste de la population Ă©tait formĂ© d’anciens serfs, devenus par exemple domestiques, ou qui s’étaient affranchis grĂące au mĂ©rite. Quand un seigneur libĂ©rait son paysan pour l’envoyer Ă  PĂ©tersbourg, il Ă©tait exemptĂ© de fournir une re...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Sommaire
  6. Introduction
  7. L’homme
  8. Tsar Ă  dix ans
  9. PremiÚres démarches politiques
  10. Croyant, mais anticlérical
  11. La victoire qui changea tout
  12. Péripéties diplomatiques
  13. L’Ɠuvre rĂ©formatrice d’un empereur autoproclamĂ©
  14. S’en prendre Ă  la sociĂ©tĂ©
  15. Les LumiÚres pétroviennes
  16. Conclusion
  17. Chronologie du rĂšgne de Pierre le Grand
  18. Bibliographie sélective