GRANDIR AVEC DES PARENTS EN SOUFFRANCE PSYCHIQUE
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GRANDIR AVEC DES PARENTS EN SOUFFRANCE PSYCHIQUE

  1. 249 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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GRANDIR AVEC DES PARENTS EN SOUFFRANCE PSYCHIQUE

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Table des matières
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À propos de ce livre

L'ouvrage aborde le vécu des enfants qui grandissent avec des parents en souffrance psychique. Premiers témoins de la vie familiale, ils peinent pourtant à être entendus dans leurs difficultés spécifiques et dans les pistes de réflexion qu'ils proposent. Le regard très fin et souvent nuancé qu'ils portent sur leurs parents élargit également notre compréhension de la maladie mentale.

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Informations

Éditeur
Academia
Année
2017
ISBN
9782806121455
1.
Solliciter des enfants très discrets...
Un double mouvement, entre clinique et recherche
La douleur psychique est aussi ancienne que l’humanité. Mystère inépuisable, elle est au cœur de la condition humaine. On en trouve les traces depuis l’antiquité, tant dans la littérature et les arts que dans les écrits scientifiques. Œdipe errant sur la route, Médée l’infanticide, Caligula l’empereur fou continuent de nous inspirer autant que les travaux d’Hippocrate sur la théorie des humeurs. Mais la littérature occulte trop souvent leurs enfants… L’écrivain Henry Bauchau, dans son très beau roman, nous rappelle la présence discrète d’Antigone guidant Œdipe sur la route4. Mais qui connaît le nom des enfants de Médée, qui se souvient du destin tragique de Julia Drusilla, la fille unique de l’empereur Caligula, qui se trouva, dès sa naissance, sous le feu de sa folie ?
Aujourd’hui comme jamais, la santé mentale constitue un enjeu majeur en matière de politiques sociales. Ces dernières décennies ont été marquées par un double mouvement brouillant les frontières entre santé, souffrance et maladie. D’une part, nous assistons à une augmentation de la prévalence des troubles mentaux5 liée à l’élargissement de leur définition et au déplacement du paradigme de la maladie vers celui de santé mentale avec, entre autres, le phénomène de médicalisation de la souffrance sociale. D’autre part, le mouvement désaliéniste, entamé après la Seconde Guerre mondiale, permet à de nombreuses personnes souffrant de maladie mentale de rester ancrées dans la Cité. Depuis les an nées 1990, la notion de « rétablissement »6 contribue largement à modifier les soins en ce sens. Les politiques actuelles insistent sur l’importance de cette inscription dans la société permettant aux personnes malades de mener une vie de couple et d’être parents7. Pourtant, le regard est rarement posé sur les enfants qui les côtoient de si près.
Aujourd’hui, le mouvement désaliéniste a entraîné la prise en compte de l’entourage proche des patients. Autrefois considérées par les professionnels comme la cause de la maladie, les familles se voient peu à peu reconnues comme un appui important dans le processus de rétablissement. Depuis les années 80, les mouvements associatifs et la psychiatrie communautaire se sont largement développés, soutenant les ressources du collectif dans le soin. Les associations de patients disposent d’une force de représentation prévue par la loi8. Les pairs-aidants et aidants proches ne sont plus des inconnus. Les « savoirs expérientiels », issus du vécu des patients et de l’entourage, acquièrent peu à peu une valeur d’expertise9.
Dans cette évolution, les enfants restent étrangement peu sollicités. Pourtant, ils sont nombreux à grandir avec un parent souffrant d’un trouble psychique. Notre enquête montre que, le plus souvent, ils ne rencontrent pas un professionnel de la santé mentale au cours de leur enfance. Quand ils ont grandi, ce sont des gens comme tout-un-chacun. Nous les côtoyons parfois de très près sans connaître leur expérience si particulière. Parmi eux, nombre de soignants, qui ne se sentent pas toujours autorisés à intégrer et à parler de leur expérience, tant les tabous sont puissants.
Pour rencontrer des enfants et/ou faire trace de leurs savoirs d’expérience, nous avons diversifié les supports d’expression et les approches. Nous avons croisé nos sources : l’enquête ethnographique, les matériaux littéraires autobiographiques ou romanesques, les collages réalisés par des enfants dans le cadre d’ateliers d’expression et notre pratique clinique.
L’approche par l’enquête ethnographique
Le recueil de récits de vie est une approche de choix dans la compréhension des réalités vécues. Christelle, Jonas, Alice et Élias ont participé à la recherche ethnographique réalisée en 200810 sur le vécu des enfants qui grandissent avec un parent souffrant de maladie mentale. Nous avons choisi d’écouter de jeunes adultes parce qu’ils étaient encore proches de leur expérience d’enfant, tout en étant déjà un peu distanciés. Ils nous ont été adressés par notre réseau professionnel, sur base volontaire.
Recueillir des témoignages est une démarche exigeante sur le plan éthique. Il s’agit de respecter la vie privée des jeunes : chacun a choisi un pseudonyme. Il importe d’être vigilant à ne pas réveiller des souvenirs trop douloureux par des questions intrusives relatives aux faits vécus. Nous avons privilégié une démarche fondée sur la co-construction, l’échange et le partage de savoirs entre jeunes et professionnels. Les entretiens étaient non directifs : les narrations arrivaient spontanément, se construisaient dans la rencontre, les interventions portant essentiellement sur la validation des vécus. Le souci de ne pas « voler » le savoir des jeunes nous a beaucoup préoccupées : les entretiens enregistrés ont été retranscrits mot à mot et soumis à leur relecture. Nous avons tenu compte de leurs remarques et de leurs réserves quant à la publication de certaines parties de leur récit, voire de son intégralité dans un cas.
Ariane, 40 ans – À 13 ans et demi, je portais un pantalon beaucoup trop court, des chaussures trouées qui prenaient la pluie, j’avais de la crasse dans le cou et les cheveux gras. Je regardais la télé en boucle en mangeant des gâteaux et on allait se coucher, en espérant juste ne pas croiser « le monstre ». Je me rappelle de ces quelques personnes qui n’ont pas su tirer l’alarme pour nous. Par peur de la folie ? Par méconnaissance ? Par lâcheté ? Un médecin généraliste de SOS-Médecins que nous avions appelé, alors que notre mère avait fait une tentative de suicide. Il roulait des yeux effrayés en voyant notre situation. Il a fait une piqûre de Valium à ma mère et il est reparti sur la pointe des pieds. La sœur de ma mère, effrayée également, qui pleurait en voyant ma mère et nous, elle est restée dix jours et elle est repartie (elle ne parlait pas français, habitait à 10 000 km de là, au Brésil, et devait s’occuper de sa vie, ses enfants, son travail…) La concierge de l’immeuble qui pleurait aussi. Elle assurait le jour le jour : le linge, changer la litière du chat, nous faire une lasagne que nous mangerions les trois prochains jours. Au moins il y avait de l’argent dans la famille : le vernis de la bourgeoisie cachait notre misère psychologique. Le voisin du dessous qui entendait ma mère parler toute seule et délirer et qui n’a jamais rien dit (sauf quand il a déménagé). Voilà les seules personnes qui auraient pu alerter. On n’a vu personne d’autre à la maison pendant ces années. Notre mère était tout simplement incapable de s’occuper de nous, elle ne parvenait pas à s’occuper d’elle. Elle aurait dû être hospitalisée pour souffler, respirer et se soigner correctement. Voilà, je ne lui en veux plus.
Ariane nous a adressé son témoignage par e-mail suite à une intervention publique, en même temps que quelques lignes pour nous dire qu’il ne fallait pas minimiser la douleur des enfants. Devenir une adulte qui va « ni mieux, ni moins bien qu’un autre » nécessite pour elle, comme pour bien d’autres, un travail thérapeutique.
Les enfants et les adolescents que nous découvrirons au fil de cet ouvrage se prénomment Morgane, Martin, Jeanne, Sam, Élias, et bien d’autres que nous présenterons au fur et à mesure de leur apparition, dans le contexte où nous avons eu la chance de pouvoir les entendre. Laissons maintenant la parole à trois des jeunes qui ont partagé avec nous leur récit de vie, en précisant le contexte de notre rencontre et ce qu’elle a provoqué chez nous.
Christelle, 17 ans – Toute notre enfance, mon frère et moi, on a accompagné ma mère chaque semaine à la consultation, au Centre. Le psychiatre venait la chercher dans la salle d’attente, puis il la ramenait. Il ne nous a jamais dit ni bonjour ni au revoir. Il ne nous a jamais expliqué quels médicaments il lui donnait, ni pourq...

Table des matières

  1. Collection "Passeurs de mondes. Ethnographies cliniques"
  2. Page Titre
  3. Crédits
  4. Dédicace
  5. Préface
  6. Introduction
  7. Première Partie - Des enfants qui vivent la souffrance psychique d'un parent
  8. 1 - Solliciter des enfants très discrets...
  9. 2 - Quand je pense à mon enfance, je pense solitude
  10. 3 - J'ai vu un chien vert..;entre le doute et la confusion
  11. 4 - Un ciel d'émotions contrastées
  12. 5 - Entre honte et culpabilité
  13. Deuxième Partie - Des relations de famille complexifiées
  14. 6 - Les altérations de l'espace et du temps dans la vie des familles
  15. 7 - De l'empathie à la parentification
  16. 8 - De la différenciation à la prise de distance
  17. 9 - La fratrie dans tous ses états
  18. Troisième Partie - Transformer la souffrance psychique
  19. 10 - Développer les ressources et la créativité des familles
  20. 11 - Nommer la souffrance psychique du parent
  21. 12 - Soigner les liens : le dialogue, les échanges, la concertation
  22. Conclusions - Vous aussi, vous passerez ?
  23. Bibliographie
  24. Remerciements
  25. Quatrième de couverture
  26. Notes