Pratiques émergentes et pensée du médium
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Pratiques émergentes et pensée du médium

  1. 292 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Pratiques émergentes et pensée du médium

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À propos de ce livre

Qu'y a-t-il de commun entre le street art, les mooc ou les forums médicaux en ligne? Il s'agit, dans tous les cas, de pratiques culturelles qui dépendent fortement des techniques qui en soutiennent l'émergence dans l'espace public. Le projet du présent volume est d'interroger ces pratiques émergentes pour la pensée médiatique qu'elles délivrent. La perspective d'analyse est sémiotique et se décline à travers une série d'études de cas qui cartographient notre imaginaire culturel contemporain.

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Informations

Éditeur
Academia
Année
2017
ISBN
9782806121295

TROISIÈME PARTIE

ÉMERGENCES
ET RÉFLEXIVITÉS MÉDIÉES

Textualité de la médiation numérique en situation de souffrance

Driss Ablali & Brigitte Wiederspiel
1. Cadrage
1.1 Médiation et médiation des genres
Sur la question de la médiation, il y a une littérature qui touche presque tous les domaines en sciences humaines et sociales, sans que cela recouvre une homogénéité de pratiques, de conceptions. Diverses approches et points de vue disciplinaires peuvent être convoqués pour un questionnement sur ses formes et ses usages. Quand on fait appel à l’étymologie, c’est une relation à trois termes qui s’impose, une relation où un médiateur s’intercale entre deux objets en vue de modifier leurs liens et les conditions de leur rencontre (Delamotte-Legrand 2004, p. 5). Dans cette perspective, plusieurs médiateurs peuvent être sollicités, en fonction des pratiques disciplinaires, comme la cognition, l’énonciation, l’interaction, le contexte, le milieu culturel, etc. Dans le sillage de la spécificité de notre corpus d’étude, nous concevons la médiation en lien avec les genres textuels. La fonction médiatrice des genres s’oppose ainsi à tout accès immédiat au sens, et le passage par l’interprétation est décisif pour saisir la portée médiatrice du genre.
Pour des raisons qui apparaîtront dans la suite, ce passage par les genres soutient l’idée selon laquelle l’accès au sens se fait toujours de façon médiée, une médiation qui impacte non seulement l’interprétation des textes mais également leur génération (Ablali 2013, 2015). C’est à cette double exigence que répond, de notre point de vue, la notion de médiation sémiotique. Elle rattache en effet la singularité des textes aux propriétés des genres textuels en tant qu’ils sont eux-mêmes médiés par l’environnement culturel dans lequel ils prennent place (cf. Rastier 2011). Mais comme on l’a souligné plus haut, nous ne réduisons pas la médiation aux genres, d’autres médiums sont possibles, sauf qu’ils sont tous sous la dépendance des genres. Pour le dire en d’autres termes, à chaque fois qu’il y a texte, les suites de phrases qui font texte vont faire simultanément genre, en activant les deux voies de la médiation : du côté de la génération, entre le texte et l’écrivant, et du côté de l’interprétation, entre le texte et l’interprète. Le genre est ainsi médiateur, parce qu’il modifie la nature des relations entre les deux instances du trivium. C’est ce que Bruno Latour appelle le « mode des prépositions », un mode qui implique à chaque fois un certain type d’engagement dans le monde des objets :
Si vous vous trouvez dans une librairie et que vous feuilletez des livres qui portent sur la page de garde la mention « roman », « document », « enquête », « docufiction », « mémoires », « essai », ces mentions jouent le rôle des prépositions. Elles sont bien peu de chose […], elles engagent de façon décisive la suite de votre lecture puisque, à chaque page vous allez prendre les mots que l’auteur met sous vos yeux dans une tonalité tout à fait différente (Latour 2012, p. 691).
Une autre précision sur le lieu de ce mode des prépositions : la médiation générique n’a pas de lieu textuel arrêté, elle n’a pas de référent, car le genre est d’abord annoncé par l’étiquette (édito, roman, lettre, recette de cuisine), ce lieu sans lieu où le genre se tait, puis il se disperse dans différentes composantes du texte. Fait fondamental, le genre ne se présente pas sous son seul aspect extérieur (son étiquette), il est la résultante d’un cheminement multi-sémiotique. Il ne peut voir le jour ou se donner le jour que grâce à l’interprétation (Ablali 2014). Et pour insister encore sur ce lien, décidemment capital, entre genre, médiation et interprétation, nous faisons appel, une autre fois, à Latour qui insiste sur le fait que le mode des prépositions est un mode qui « ne désigne pas un domaine ontologique » :
Le point capital, c’est que cette ontologie des prépositions nous éloigne d’emblée du type d’enquêtes si fréquentes jusqu’ici dans les philosophies de l’être : la préposition ne désigne pas un domaine ontologique, une région, un territoire, une sphère, une substance. Il n’y a pas de région du si ou du et. Mais, comme son nom l’indique parfaitement, la préposition prépare la position qu’il va falloir donner à ce qui suit, offrant à la recherche du sens une inflexion décisive qui va permettre de juger de sa direction de son vecteur (Latour 2012, p. 68 ; nous soulignons).
1.2 Présentation du corpus
Pour l’exploration des données textuelles en rapport avec cette question de la médiation générique, nous ferons l’analyse d’un corpus numérique issu du milieu associatif traitant de la question de la souffrance et du mal-être2. Ce travail se fonde sur un matériau empirique issu d’un dispositif d’écoute électronique mis en place par une association de prévention contre le suicide (12 000 morts par an en France). Cette dernière, dont nous ne dévoilerons pas le nom et que nous appellerons ici « association Y », assure une écoute des personnes en difficulté. Dans ce dispositif, plusieurs supports de communication ont été mis en place par l’association : le téléphone (depuis les années 1960), le courrier électronique (depuis 2000) et le chat (depuis 2006). Si l’écoute par téléphone reste le moyen le plus classique pour faire part de sa détresse, le virage numérique a pour principal objectif de répondre à la souffrance des écrivants de plus en plus nombreux qui se livrent davantage à travers un clavier qu’au téléphone. « Même s’ils ont tous un portable, le clavier leur est plus naturel pour dire leur mal-être », explique un des membres de cette association. « Il y a des mots qui sortent mieux par les bouts des doigts ».
Une fois mise en place cette contextualisation des données, reste à souligner que le support de médiation est une messagerie électronique qui renferme un contenu très particulier. Il ne s’agit pas d’une correspondance d’entreprise, ni d’une correspondance privée, ni même d’un journal intime en ligne (cf. les diaristes d’internet de Kerebel [2006]) mais plutôt d’un dispositif d’écoute élaboré par le monde associatif dont l’intention première est ainsi la prévention du suicide et de la souffrance humaine3. Ce service numérique, accessible depuis le site web de l’association, est mis à disposition des utilisateurs conjointement ou concurremment à deux autres moyens de communication qui sont le téléphone et le chat. Ces trois supports établissent une communication entre des personnes en souffrance et les bénévoles de l’association Y mais celui qui choisit la messagerie plutôt que le chat ou le téléphone marque sa préférence pour l’écrit, seul médium apte à établir un dialogue en mode asynchrone.
Trois facteurs concourent à présenter ce service numérique – son mode opératoire, son étendue et son public – mais nous commencerons par une restriction : même s’il s’agit d’un média de communication interpersonnelle, les textes intégraux de cette étude se limitent aux seuls témoignages des souffrants sans fournir les réponses de l’association Y. Pour l’introduire, nous dirons que les communications relayées par ce corpus sont des fragments de récits personnels en situation de souffrance.
Cette messagerie garantit le respect de la vie privée par son mode opératoire, l’anonymat. La question de l’anonymat en ligne est une préoccupation actuelle si l’on se réfère au vote récent sur le droit à l’oubli numérique qui permet à toute personne d’exiger, pour des motifs légitimes, la suppression de ses données personnelles. L’anonymat protège l’utilisateur en lui permettant d’anticiper sur d’éventuelles lectures extra-organisationnelles qui, on le sait et nous en sommes finalement la preuve, sont quasi-inévitables sur le Web. C’est un fait bien connu des groupes de travail sur le iText, dès lors que des textes circulent électroniquement, ils se déplacent facilement au-delà de leur lectorat destiné4. Pour notre analyse, cette couverture anonyme ou pseudonyme libère la parole et permet aux souffrants d’exprimer plus instinctivement, ou naturellement, un récit à la première personne.
C’est un corpus monumental dont les proportions échappent à l’analyse humaine, plus de 10 000 conversations électroniques écrites en messages brefs ou expansifs pour un échange singulier ou une correspondance suivie (la plus longue recueillie est d’environ cinquante messages). L’exploration du corpus a donc été soumis au traitement hypertextuel et statistique du logiciel Hyperbase5 qui, couplé au lemmatiseur Cordial, a permis de considérer les textes sur plusieurs plans : forme graphique, lemme, code grammatical, structure syntaxique, coprésence de termes, initi...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. Introduction
  6. PREMIÈRE PARTIE : ESTHÉTIQUES DE LA RÉFLEXIVITÉ MÉDIATIQUE
  7. DEUXIÈME PARTIE : POLITIQUES DE LA RÉFLEXIVITÉ MÉDIATIQUE
  8. TROISIÈME PARTIE : ÉMERGENCES ET RÉFLEXIVITÉS MÉDIÉES
  9. Table des matières