Usage, norme et codification
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Usage, norme et codification

De la diversité des situations à l'utilisation du numérique

  1. 256 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Usage, norme et codification

De la diversité des situations à l'utilisation du numérique

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À propos de ce livre

Cet ouvrage, intitulé Usage, norme et codification: de la diversité des situations à l'utilisation du numérique, traite d'une thématique centrale en linguistique, qui touche deux aspects apparemment antinomiques, mais caractéristiques du fonctionnement des langues, la variation des usages et la nécessité d'une stabilisation afin d'assurer l'intercompréhension entre les locuteurs.

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Informations

Éditeur
EME Editions
Année
2017
ISBN
9782806660848

NORME ET LANGUE

Image 3

NÉCESSITÉ DE LA NORME
OMNIPRÉSENCE DE L’ÉCART

SĂĄndor KISS
Université de Debrecen, Hongrie
La notion de norme – ensemble d’habitudes approuvĂ©es par une communautĂ© et susceptibles d’ĂȘtre lĂ©gitimĂ©es par une instance de lĂ©gislation linguistique – implique celle de l’écart et, par lĂ , la possibilitĂ© d’exprimer une mĂȘme expĂ©rience par des moyens linguistiques diffĂ©rents. Or, la comparaison de ces diffĂ©rentes expressions rĂ©vĂšle que mĂȘme Ă  l’intĂ©rieur d’un sociolecte bien dĂ©fini, la norme ne se laisse pas fixer avec prĂ©cision : une marge de variation subsiste toujours, sous la forme d’une synonymie entre « prĂ©sentations » diffĂ©rentes d’un rĂ©fĂ©rent identique1. En effet, mĂȘme si nous supposons qu’un type de message est conforme aux habitudes linguistiques de la communautĂ© et adaptĂ©, sur le plan de la syntaxe et sur celui du lexique, Ă  une situation et Ă  un contexte donnĂ©s, nous devons reconnaĂźtre que le rĂ©servoir offert par la langue est trop large pour exclure des alternatives : le locuteur est placĂ© devant un choix. Les Ă©noncĂ©s rĂ©alisĂ©s, reprĂ©sentant la somme de ces choix, sont sĂ©parĂ©s par des « Ă©carts », ce qui ne les exclut pas du domaine du « normal », mais relativise, dans une certaine mesure, la notion de norme, dont le contenu s’enrichit ainsi par le trait de la « pluralitĂ© ».
Ce qui retiendra ici mon attention, c’est moins la lĂ©gislation linguistique, susceptible d’ĂȘtre officialisĂ©e et fondant une sorte de culture spĂ©cifique. Je m’intĂ©resserai plutĂŽt Ă  l’écart, facteur omniprĂ©sent aux sources multiples, qui manifeste certaines propriĂ©tĂ©s du code, tout en Ă©tant liĂ© Ă  la « matĂ©rialitĂ© » des signes ainsi qu’aux conditions de leur utilisation dans le monde.
Sur un plan abstrait d’abord, on doit admettre que les relations synonymiques peuvent ĂȘtre classĂ©es suivant le type d’écart qu’elles reprĂ©sentent – ou, si l’on veut, suivant la diffĂ©rence de prĂ©sentation qu’elles mettent Ă  la disposition du locuteur. C’est trĂšs clair en syntaxe, oĂč des modifications dans l’arrangement des termes peuvent dĂ©terminer des diffĂ©rences dans le mode d’approche de la rĂ©alitĂ© ; Ă  cette variation affectant le projet global de l’énoncĂ© s’ajoutent des possibilitĂ©s de rĂ©arrangement local. Comme on le sait, la voix verbale est un moyen particuliĂšrement efficace pour modifier la prĂ©sentation du contenu sĂ©mantique : Il est considĂ©rĂ© comme un homme habile et On le considĂšre comme un homme habile sont synonymes dans ce sens qu’ils donnent un rĂ©sultat nĂ©gatif au test de la diffĂ©rence rĂ©fĂ©rentielle (cf. *Il est considĂ©rĂ© comme un homme habile, mais on ne le considĂšre pas comme un homme habile) ; la diffĂ©rence des formes verbales marque une opposition sĂ©mantique secondaire. Naturellement, l’une des solutions peut apparaĂźtre comme plus « normale », et l’écart se creuse alors entre l’« habituel » et le « (plus ou moins) surprenant » : pour garder l’exemple banal, le contexte prĂ©cĂ©dent peut favoriser le passif (on vient de parler de Pierre → Pierre est considĂ©rĂ© comme un homme habile plutĂŽt que On considĂšre Pierre comme un homme habile – l’ordre des termes reflĂšte le jeu des points de dĂ©part et des points d’arrivĂ©e). Dans le cas de la diathĂšse, l’opposition sĂ©mantique secondaire concerne la perspective, et dans une langue, comme le français, la diathĂšse coopĂšre avec l’ordre des termes ; il y a des langues oĂč diathĂšse et ordre sont dissociĂ©s, comme en latin : Petrum amat ~ Amat Petrum ~ Petrus amatur ~ Amatur Petrus reprĂ©sentent quatre prĂ©sentations diffĂ©rentes, avec des agents (sous-entendus) placĂ©s au premier ou au second rang. Le passif opposĂ© au pronominal peut indiquer la prĂ©sence implicite d’un agent : Le verre a Ă©tĂ© renversĂ© (par le chat), une telle suggestion Ă©tant Ă©cartĂ©e dans Le verre s’est renversĂ©. La relation entre un verbe intransitif et son actant unique s’exprime par le biais du choix d’une prĂ©sentation : le rhĂšme nominal est prĂ©cĂ©dĂ© d’un « introducteur » impersonnel dans Il arrive un malheur ; ce rhĂšme est mis en relief dans C’est un malheur qui arrive ; Un malheur arrive est neutre, mais peut-ĂȘtre en voie de devenir inhabituel, au profit de Il y a un malheur qui arrive.
En marge des diffĂ©rences « prĂ©sentationnelles » qui sont liĂ©es au projet global de la phrase, on peut tenter de recenser les cas typiques de l’« Ă©cart » local, pour ainsi dire. Quand on veut avoir accĂšs aux mĂ©canismes codĂ©s dans ce domaine, deux pistes semblent s’offrir tout d’abord : des rĂšgles syntaxiques assurent un va-et-vient entre la saisie explicite et la saisie implicite d’un contenu rĂ©fĂ©rentiel ; d’autres rĂšgles prĂ©voient, pour l’expression d’une relation donnĂ©e, une possibilitĂ© d’insistance, qui apporte Ă  la perception du message une nuance particuliĂšre. En ce qui concerne l’explicitation d’un contenu, on observe comment certaines pĂ©riphrases verbales dĂ©veloppent des traits qui restaient latents dans la forme verbale simple et comme amalgamĂ©s Ă  d’autres traits sĂ©mantiques. Une phrase comme Ce qui est en train de se passer, ils en sont dĂ©bordĂ©s (Duras, 1962 : 54) reprĂ©sente un « Ă©cart » par rapport Ă  Ce qui se passe, ils en sont dĂ©bordĂ©s : ni l’une ni l’autre de ces phrases n’est « anormale », simplement le trait « duratif » de la forme verbale peut ĂȘtre dĂ©tachĂ© des autres traits, et cette opĂ©ration met en valeur la simultanĂ©itĂ© des deux prĂ©dicats, dĂ©jĂ  assurĂ©e grammaticalement. On peut rappeler ici l’origine des temps composĂ©s du français : le « parfait » du latin, comme la forme scripsi, possĂšde une valeur narrative et perfective Ă  la fois ; la valeur perfective peut ĂȘtre cependant explicitĂ©e par la pĂ©riphrase du type litteras scriptas habet, source du passĂ© composĂ© : il a Ă©crit une lettre. Si le passĂ© simple il Ă©crivit, continuation directe de scripsit, reste un temps « normal » de la narration littĂ©raire, rien n’empĂȘche de le remplacer par le passĂ© composĂ© et de rĂ©aliser ainsi une autre prĂ©sentation des Ă©vĂ©nements, comme cela arrive dans L’Étranger de Camus. D’autre part, certains emplois du subjonctif sont aptes Ă  insister sur un contenu modal, notamment dans les subordonnĂ©es qui expriment le doute : Il ne pense pas que je sois arrivĂ©, solution Ă©lĂ©gante qui contient un trait redondant supplĂ©mentaire par rapport Ă  Il ne pense pas que je suis arrivĂ©.
Parmi les transformations grammaticales habituelles, dont quelques-unes ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©voquĂ©es, retenons ici le procĂ©dĂ© de condensation appelĂ© nominalisation : la variante dense et la variante « dilatĂ©e », pour ainsi dire, accusent un Ă©cart, mais elles peuvent ne pas contrevenir Ă  la norme : J’approuve qu’il parte ~ J’approuve son dĂ©part. NĂ©anmoins, les opĂ©rations de « translation », pour me servir de l’expression de TesniĂšre, se prĂȘtent, elles aussi, Ă  rĂ©aliser une diffĂ©rence dans le degrĂ© de prĂ©cision de l’énoncĂ© : le cas Ă©chĂ©ant, J’approuve son dĂ©part « provient » de J’approuve qu’il soit parti, et les syntagmes issus de la nominalisation sont vite saturĂ©s (dans J’approuve qu’il parte Ă  quatorze heures en voiture avec ses enfants, les complĂ©ments peuvent ĂȘtre difficilement « sauvĂ©s » aprĂšs la nominalisation, qui efface donc, sans crĂ©er de contradiction rĂ©fĂ©rentielle). La diffĂ©rence sĂ©mantique secondaire s’établit ici entre une expression gĂ©nĂ©ralisante et un ensemble d’expressions particularisantes. La nominalisation – procĂ©dĂ© grammatical « normal » – peut ĂȘtre exploitĂ©e d’ailleurs pour escamoter l’« agent » sĂ©mantique, donc pour mettre en relief le procĂšs, en quelque sorte dĂ©personnalisĂ©, comme dans ces phrases, reflĂ©tant une intention spĂ©cifique : [Ă©vĂ©nements lors d’un dĂźner] La dĂ©voration du canard commence (Duras, 1962 : 100) ; La digestion commence de ce qui fut un saumon (Duras, 1962 : 94).
La prĂ©sence d’une intention spĂ©cifique peut ĂȘtre clairement relevĂ©e dans les cas de synonymie syntaxique oĂč s’opposent un terme « non marquĂ© » et un terme « marquĂ© », pour rappeler une distinction proposĂ©e par le structuralism...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. AVANT-PROPOS
  6. HISTORIQUE
  7. NORME ET LANGUE
  8. NORME, DISCOURS ET TEXTE
  9. NORME ET SITUATIONS PLURILINGUES
  10. NORME ET ENSEIGNEMENT
  11. NORME ET TRADUCTION
  12. NORME ET UTILISATION DU NUMÉRIQUE
  13. Table des matiĂšres