Téhéran
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Téhéran

L'urbain et l'administration en question

  1. 216 pages
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Téhéran

L'urbain et l'administration en question

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À propos de ce livre

L'encerclement de la capitale iranienne, par les montagnes au nord et à l'est, ainsi que la faiblesse du vent, aggravent la pollution atmosphérique et causent régulièrement une inversion thermique, avec un grand smog. Dans le cas de l'assainissement, l'état alluvial du sol au sud et l'état rocheux de la terre au nord ralentissent la réalisation du système d'égouts de la capitale iranienne. La dispersion gestionnaire, l'absence d'une gouvernance urbaine convenable et la pluralité des acteurs transforment la scène urbaine en une arène de conflits politiques. Le Gouvernement réformiste (1997-2005) tentera de concentrer toutes les affaires urbaines au sein de la municipalité, mais l'idée ne sera pas retenue sous le gouvernement suivant (2005-2013) qui portera les Conservateurs au pouvoir. Ali Gharakhani est docteur en Aménagement de l'espace, Urbanisme de l'université Paris Ouest Nanterre La Défense.

Foire aux questions

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Informations

Chapitre I

Histoire urbaine
et échelles temporelles à Téhéran

Téhéran a d’abord été un espace rural, et ce sont des événements politiques et militaires de l’histoire iranienne qui ont présidé à son développement, ses évolutions physiques et sociales. L’histoire de l’Iran est étroitement liée au passé d’une vaste région historique couvrant les territoires compris entre le fleuve Danube à l’ouest ; l’Indus, l’Iaxarte et le désert de Gobi à l’est ; le Caucase, la mer Caspienne et le lac d’Aral au nord ; le golfe Persique, la mer d’Oman et l’Égypte au sud. La Grèce antique et la Macédoine, situées au nord-ouest de cette région historique, ont été les rivales de l’Iran antique, et des conflits ont éclaté entre ces entités. Les Arabes, qui occupaient l’ouest et le sud-ouest, ont conquis l’Iran sous prétexte du déploiement de l’islam. Les Mongols et les Afghans, qui se trouvaient à l’est, ont ravagé l’Iran de l’ère kharezmide1 et safavide2. Au nord, les tribus nomades, puis la Russie, prenaient fréquemment l’Iran comme cible pour parvenir aux mers libres et chaudes, réalisant ainsi les dernières volontés de Pierre le Grand (1672-1725), tsar de Russie. Au sud, les nouveaux arrivants européens comme les Portugais, et plus tard les Britanniques, guerroyaient contre l’Iran lui-même ou sur les bords du golfe Persique et de la mer d’Oman, et ont joué un rôle important dans l’histoire iranienne.
Les vicissitudes historiques ont entraîné de vastes changements politiques, sociaux, culturels, religieux et linguistiques : l’arrivée d’un grand nombre d’ethnies diverses venues de cette région historique a formé une mosaïque linguistique, expliquant le fait que l’Iran moderne utilise plus de soixante-quinze langues et dialectes3 pour 70 495 782 habitants (recensement de 2006), les plus courants étant le persan et le turc de l’accent azéri. Depuis l’apparition de l’écriture à l’époque élamite4 jusqu’en 1979, date à laquelle la dernière dynastie royale, celle des Pahlavis5, fut contrainte de céder la place au premier État républicain de l’histoire iranienne, le pays a connu trente-quatre régimes monarchiques dans des configurations géographiques plus ou moins variables ; les unes à l’échelle d’un empire et les autres à la mesure régionale. Durant cette longue période historique, l’Iran a eu trente-deux capitales, les unes nommées plusieurs fois comme Ispahan (par les Zirides6, Bouyides7, Seldjoukides88 et Safavides), et les autres une seule fois comme Machhad (par les Afcharides9). Il convient de noter que certaines dynasties ont changé à plusieurs reprises de capitale : les Safavides ont choisi Tabriz, puis Qazvin, et enfin Ispahan. Le rôle de capitale a bien sûr conféré à ces villes prospérité et développement.
Les fonctions urbaines de l’actuelle capitale de l’Iran, passée de la situation de hameau à celle de grande ville, sont liées à la montée ou à la chute des États souverains au cours des siècles, et à l’approche qu’ils ont adoptée envers Téhéran. Sur l’échelle temporelle, l’évolution urbanistique est parfois stagnante, quelquefois lente, et plus rapide à d’autres moments, de sorte qu’à l’ère de la République islamique d’Iran la ville s’étend sur 733 km² tandis qu’à l’époque ziride elle couvrait environ 18 hectares.

Du contexte rustique à la mutation en capitale

L’appellation de Téhéran et l’origine du nom sont toujours discutées10, mais plusieurs interprétations sont cependant disponibles. Selon l’une des étymologies, le nom de la ville est composé de tah + rân, signifiant « celui qui chasse ou qui pousse (les gens) » ou « qui creuse11 ». Une autre idée se concentre sur la signification de tah, « fond, profondeur ou derrière » dans des dialectes iraniens, associé au nom de la ville de Rey. Téhéran signifierait donc « qui est derrière Rey12 ». Certains croient que la vaste plaine sur laquelle se situe Téhéran est cernée par les montagnes environnantes et semble donc creuse (gôd), ce qui aurait donné « tâh (creuse) + rân (plaine) ». Dans une autre interprétation, le nom est une dérivation du terme Tir-ân, basé sur l’élément Tir. Cet élément a le sens de « plaine, plaine désertique », rapproché de Chemrān [Chemirân]13. Dans une perspective comparative avec Chemirân, Tahrân [Téhéran] signifie « endroit chaud » (Ghechlagh) et Chemrān [Chemirân] « endroit froid » (Yeylagh)14.
Les découvertes archéologiques de 1969 dans le quartier Gheytariyeh, au nord de Téhéran, à proximité des contreforts de l’Elbourz15, présentaient une civilisation datant de 3 200 ans. Les découvertes historiques sur les collines d’Abbasabad et les fouilles archéologiques de Darous, au nord de la ville, en 1942 montraient une histoire remontant au deuxième millénaire avant Jésus-Christ. On peut donc retracer une longue et riche histoire pour la région téhéranaise. Pourtant, l’histoire connue de Téhéran est toujours liée à Rey, car Téhéran faisait partie de cette ville antique au niveau administratif. Des traces de peuplement datant du néolithique et même de périodes antérieures ont été découvertes sur les sites de Téhéran et de Rey, tel que le site de Tchechmeh Ali, situé au nord de l’actuel Chahr-Rey.
Situé à 7 kilomètres au nord de l’importante ville de Rey, Téhéran n’était alors qu’un obscur village insignifiant, comptant parmi les premiers hameaux au nord de la ville principale16. Des hameaux de la région de Ghasran (ancien nom de l’actuelle région téhéranaise) ont connu un passé glorieux en accueillant d’anciennes civilisations. Pourtant, durant l’ère islamique, parmi les villages se trouvant entre la rivière Djadjroud (à l’est), les ruisseaux de Kan et de Soulghan (à l’ouest) et les montagnes de Darband (au nord) et de Bibi Chahrbanou (au sud), Téhéran reste inconnu, tandis que Vanak, Dolab, Mehran, Taracht et Tadjrich, des quartiers du Téhéran d’aujourd’hui, deviennent célèbres grâce à leurs personnalités religieuses et leurs poètes. Au cours des siècles suivant l’arrivée de l’islam, Téhéran était surtout connu pour sa grenade de qualité.
Téhéran, au gabarit d’un village, couvrait environ 18 hectares aux alentours du bazar moderne ; de façon plus précise, on peut estimer que ce village occupait un site à l’ouest de l’actuelle rue Cyrus (Mustafa Khomeiny), entre l’intersection des rues Cyrus et Molavi. Il s’étirait du nord-ouest jusqu’à la mosquée du bazar, et du sud-est jusqu’au mausolée de Seyed Ismaïl ; le pourtour était couvert de jardins, et les habitants pratiquaient le maraîchage et l’agriculture. Jusqu’à l’invasion mongole du XIIIe siècle, Téhéran a connu une expansion, non pas du côté du nord mais en s’étirant au sud vers l’actuelle rue Molavi, à l’est vers l’actuelle rue Cyrus, et à l’ouest vers Tchaharsogh, dans l’actuel bazar.
Étape par étape, Téhéran changera ses positions avant de parvenir au rôle de capitale : d’abord ghariyeh (bourgade), plus tard ghassabeh (bourg), ensuite balad (ville), puis paytakht (capitale) et enfin kalanchahr (métropole). La distance temporelle entre ces étapes est variable et tributaire des aventures historiques, de sorte qu’après être resté longtemps bourgade, Téhéran devient bourg au lendemain de la destruction de Rey par l’invasion mongole de l’an 1220. Trois siècles plus tard, en 1554, Téhéran est une ville fortifiée. Deux siècles plus tard, en 1785, la ville est nommée capitale de l’Iran et se transforme, après un siècle et demi, en métropole.

Passage d’une bourgade à un bourg

Téhéran était dans le passé l’une des bourgades de la ville de Rey, mais aujourd’hui les deux ont fusionné (cf. Carte 2). Situé à l’intersection des axes conduisant à Ispahan vers le sud, au Khurasan vers l’est, au Mazandéran et au Guilan vers le nord, et à l’Azerbaïdjan vers l’ouest, et en raison d’une centralité politique, commerciale, administrative et religieuse, Rey a constitué un endroit recherché par les dynasties royales d’Iran et, d’une certaine manière, un point de litige et de conflit entre elles.
Image 2
Carte 2 : Proportion spatiale du noyau primitif
de Téhéran à la ville actuelle
Rey est l’une des plus anciennes villes d’Iran et du monde, habitée par une importante population depuis 6 000 ans17. Le mot de Rey, qui signifie ville royale, remonte à l’époque des Mèdes18. Son nom est gravé dans des inscriptions de la Dynastie achéménide19, et dans des sources grecques en tant que Rega ou Rege. Les Séleucides20 l’appelaient Erya ou Eroya, et les Parthes21 Archkya. Devenu à l’époque préislamique le grand centre du zoroastrisme22, Rey a été cité dans l’Avesta, le livre saint du zoroastrisme, et fait partie des douze villes construites par Ahura Mazda, le dieu des zoroastriens23. Outre son aspect religieux, sa position sur la route de la soie24 lui donnait une grande importance commerciale. Ses habitants étaient généralement des commerçants et marchands vivant dans une certaine opulence.
À la poursuite du dernier roi achéménide Darius III (380-330 av. J.-C.), Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.) pénètre dans Rey en 331 av. J.-C. et ravage complètement la ville. Au lendemain de son décès, son royaume est divisé entre ses généraux. Pendant ce temps, un certain Séleucos, célèbre commandant d’Alexandre, réussit à vaincre le prétendant Antigone le Borgne, occupe une grande partie de l’Asie occidentale, dont l’Iran, et fonde la dynastie des Séleucides en 312 av. J.-C. À l’époque des Séleucides, Rey est ravagé par un tremblement de terre ; Séleucos 1er Nicator (312-280 av. J.-C.) reconstruit la ville et la renomme Europos, du nom de sa ville natale en Europe. Après la chute des Séleucides et l’arrivée au pouvoir des Parthes, la ville conserve son importance ; les vestiges actuels des tours et fortifications à proximité de Tchechmeh Ali, au nord-est de Rey, appartiennent à cette époque-là. Grand pôle commercial, agricole et religieux, Rey au temps des Sassanides25 est le grand centre zoroastrien, appelé la Ville Sainte, et son temple, le plus grand à l’époque, a laissé des vestiges jusqu’à nos jours.
Après l’arrivée de l’islam et la défaite de l’armée sassanide à la bataille de Nahavand26 en 642, suivie de l’effondrement du gouvernement central, l’Iran et ses territoires affiliés sont décomposés en plusieurs parties et le contrôle de chaque région, y compris celle de Rey, tombe dans les mains des conquérants arabes. La vi...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Dans la même collection
  4. Titre
  5. Préface Téhéran, métropole singulière et ordinaire ?
  6. Prélude
  7. Chapitre I Histoire urbaine et échelles temporelles à Téhéran
  8. Chapitre II Rythmes urbains et enjeux spatiaux de Téhéran
  9. Chapitre III Approches urbanistiques en Iran, les héritages
  10. Chapitre IV Actuel régime institutionnel et management urbain
  11. Chapitre V Dialogue entre politiques de la ville et développement durable
  12. Épilogue
  13. Références bibliographiques
  14. Table des matières