Chirurgien de Napoléon III
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Chirurgien de Napoléon III

Auguste Nélaton (1807-1873) ou La Guerre de 70 aurait-elle pu être évitée ?

  1. 370 pages
  2. French
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Chirurgien de Napoléon III

Auguste Nélaton (1807-1873) ou La Guerre de 70 aurait-elle pu être évitée ?

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À propos de ce livre

Auguste Nélaton suit l'Empereur depuis 1864 et est nommé "Chirurgien ordinaire" en 1866 et "Chirurgien Consultant des Maisons Impériales Napoléon" en 1869. Le retrouver ici, c'est partager avec lui les souffrances qu'a connues Napoléon III des années 1860 jusqu'à ce funeste 9 janvier 1873 et partager ses inquiétudes et ainsi prendre conscience des lourdes responsabilités de tout médecin en charge de la santé d'un chef d'Etat. En l'occurrence, comment ne pas s'interroger sur celle de Napoléon III face au contexte politique international à la veille de cette guerre de 1870.

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Informations

Éditeur
SPM
Année
2016
ISBN
9782336775999

TROISIÈME PARTIE
De Napoléon III à Thiers

CHAPITRE IX
Parenthèse, Napoléon III et sa maladie

1864. Alors qu’en janvier, Rayer démissionne de sa fonction de doyen de la Faculté, poste qu’il occupait depuis la rentrée de 1862, pour Nélaton l’année commence bien, sa fortune s’élève à plus de deux millions de francs. Camille de Montalivet, l’ancien ministre de l’Intérieur - en particulier du roi Louis-Philippe -, qui avait de sérieuses difficultés de déplacement, perclus de tous ses membres, saisi de nombreuses violentes crises de goutte, dont la première avait eu lieu plus de vingt ans auparavant, lui écrit en janvier :
Montalivet Lagrange, 6 janvier 1864
Monsieur,
Vous avez mis trop de bonne grâce dans les soins que vous m’avez donnés pour que je ne considère pas comme un devoir, fort agréable pour moi, de vous en remercier de nouveau par écrit.
L’appareil exécuté par Mr Charrière d’après vos instructions a répondu, autant que mon triste état le permettait, aux espérances que vous m’aviez manifestées. Je n’ai pu m’en servir très souvent à cause de l’extrême sensibilité des muscles et des nerfs de mes pauvres jambes ; mais l’effet a été bon toutes les fois que j’ai pu supporter la flexion imposée par le jeu des clefs aux articulations des pieds. Mon invalidité est toujours grande, mais n’est pas absolue : je fais une trentaine de mètres à l’aide de mes grandes béquilles, assurément, ce n’est pas brillant, d’autant plus que je n’arrive à ce résultat qu’avec des efforts douloureux ; mais j’y vois l’assurance de l’accomplissement de votre pronostic, au sujet de la possibilité pour moi de marcher encore à peu près dans les mêmes conditions qu’avant la longue et terrible crise que j’ai subie l’année dernière.
Recevez Monsieur...
Persigny l’avait annoncé... Effectivement, le lundi 25 avril368, appelé par son confrère Henri Conneau, il est invité à se rendre aux Tuileries, à 11 heures, pour faire « l’état général » de la santé de l’Empereur. Il y est très bien reçu, et Napoléon III est tranquillisé (voir illust. p. 328) ; Nélaton indique à sa famille que celui-ci n’aurait besoin que « d’un peu de repos, avec absence de préoccupations »369. Il faut dire que depuis 1852 les milieux officiels évoquent régulièrement les « rhumatismes » et les manifestations arthritiques dont Sa Majesté souffre de temps à autre. D’ailleurs, Conneau avait été « le premier à supposer l’existence d’une lithiase vésicale devant des signes urinaires récidivants accompagnés d’urines troubles. Il hésitait sur le diagnostic de rétrécissement urétral post-blennorragique, mais les sondages et les dilatations avaient déclenché hémorragies et pyrexie370 ». En 1863, à la suite d’une violente crise, il le sonde, et l’Empereur lui exprime le souhait que l’Impératrice ne le sache pas avant d’ajouter « J’ai besoin surtout de repos, je crois. Car enfin cela n’est pas grave, n’est-ce pas Conneau ? Tu ne penses pas qu’il faille m’opérer ? [...] Et quoique tu aies la main très légère, mon cher Henri, tu m’as fait mal371 ».
En fait, l’histoire de cette maladie est très ancienne, ses conséquences dépendent de sa localisation : lorsque vésicale, elle s’appelle « maladie de la pierre »372.
Mais qui est donc cet Henri Conneau ? Relisons ce portrait tracé par Alfred Maury, le bibliothécaire des Tuileries :
Le docteur Conneau, dont la petite taille et la figure originale avaient tout d’abord piqué ma curiosité [...] tous les matins, ou à peu près, il se rendait près de l’Empereur, dans sa chambre à coucher pour prendre connaissance de son état de santé. Il devait sans doute être très au fait du tempérament de son maître, mais ce n’était assurément, comme beaucoup de médecins italiens, car il avait étudié en Italie, qu’un très médiocre praticien et l’on avait pu dire de lui comme le baron Portai disait de Pariset, « Il sait beaucoup de choses et même un peu de médecine ». [...] ainsi que me le faisait observer un jour au palais des Tuileries le docteur Rayer, peu fanatique de son art, le médecin est moins l’art de guérir que de soigner. Le docteur Conneau n’était en fait qu’une sorte de garde-malade et dès que l’Empereur se trouvait sérieusement indisposé, il faisait venir le docteur Rayer. Quand il commença à être atteint de la maladie qui précéda sa chute il fit appeler d’autres médecins en consultation, le docteur Ricord et le docteur Sée [...] C’est le docteur Conneau qui avait préparé l’évasion du château de Ham, l’Empereur lui en a toujours été reconnaissant373.
Signalons également qu’après le coup d’État de 1851, un autre médecin aurait déjà donné des soins à Napoléon III : Louis Fleury, qui dirigeait depuis 1846 un célèbre établissement d’hydrothérapie à Meudon374.
En réalité, pour la première fois, le 1er mai 1853, un agent aux gages du préfet de police Charlemagne-Émile de Maupas consigne dans un rapport secret que le souverain « était toujours dans un état de maladie et de souffrance » et révèle que « la vessie paraissait être l’organe particulièrement atteint375 ». Par ailleurs, le célèbre professeur Antoine-Joseph de Lamballe, examinant l’empereur en juin 1855, confirme l’atteinte vésicale, ne parle que de « spasmes de la vessie376 », mais signale la chose à Fortoul.
Précisons que chaque année, de 1856 à 1859 - 1858 étant celle de la fameuse entrevue secrète avec Cavour, l’alliance pour chasser les Autrichiens du nord de l’Italie, le 21 juillet -, pour traiter ses douleurs, Napoléon III fit une cure à Plombières dont les eaux passaient pour avoir des vertus sédatives et diurétiques. Il aime beaucoup cette ville, où sa mère l’avait emmené très jeune ; pourtant ce n’était pas uniquement, disait-on, parce que sa santé y trouvait des secours nécessaires. Pour Alexandre Quentin-Bauchart, en effet, « la société de Plombières et des villes environnantes était admise à présenter ses hommages au souverain, et, s’il faut en croire la chronique scandaleuse, la gracieuse Madame G..., l’astre d’une ville voisine, aurait tout particulièrement fixé ses regards : les plus grands devoirs ou les plus grandes ambitions n’ont jamais préservé les plus grands hommes de cette mystérieuse influence ». Pourquoi Plombières ? En voici peut-être une explication : on lit dans Les Annales de l’Est377 « L’inspecteur des Eaux de Plombières, le docteur Lhéritier a de hautes relations, à la Cour même, et il parvient à attirer sur la station l’attention de l’Empereur ».
En mai 1856, son état se dégrade. Fortoul note : « L’Empereur est visiblement affaibli378 ». Henri Conneau fait venir de Londres un confrère, le docteur Robert Ferguson. Arrivé à Paris le samedi 3, celui-ci voit l’Empereur deux fois : le dimanche à six heures du soir - Napoléon III étant seul - et le lundi, à 13 heures 30, en présence de Conneau. Son diagnostic est simple : fatigue nerveuse, surcharge de travail et manque d’exercice physique ; s’étant limité à un examen superficiel, il ne fait pas mention de troubles vésicaux. Il prescrit diète, moins de tabac, un bain chaud chaque matin, pas de fruits, pas de pâtisseries, repos et « eaux thermales ». Au moment de quitter le médecin français, il ajoute : « I hear you are the intimate confident of H. M. that you have a sincere regard for him - You will loose your friend and Emperor if you do not stop his exhausting and bad habits. He is on the verge of Epilepsy. It may not be to day, or tomorrow or even this year or the next - but five years will see a great change - and he and his Dynasty may be swept off379 ».
Napoléon III, remerciant Robert Ferguson, lui donne une tabatière en or et diamants contenant huit mille francs en billets de banque380. L’ambassadeur de France en Angleterre, Persigny, reçoit le 15 mai une copie du compte rendu de la visite au gouvernement anglais381, lequel a fait état de « nervous exhaustion that had a debilitating effect upon sexual performance382 »... Parallèlement, l’ambassadeur d’Angleterre à Paris, Lord Cowley, en est aussi informé. Comment Henri Conneau connaissait-il Robert Ferguson383 ? Nous l’ignorons. L’Empereur part pour Plombières le mardi 1er juillet. Le lendemain, la ville est illuminée, l’accueil est enthousiaste, l’Empereur est acclamé partout. Il s’y plaît et se porte bien384. Il en repart le jeudi 7 août.
Cinq ans après, en mai 1861, il confie à Eugénie « les douleurs sourdes que j’éprouve dans les jambes m’inquiètent, parce que je suis persuadé que c’est le symptôme d’un mal qu’on pourrait guérir, si les médecins savaient en découvrir la cause385 ». Son état continuant à se détériorer, les docteurs Conneau et Andral conseillent des cures à Vichy, dont les eaux, plus minéralisées que celles de Plombières, devraient, espèrent-ils, avoir d’heureux effets à la fois sur l’anémie et sur les troubles arthritiques. Ce devait être une erreur. La première cure a lieu du 5 au 31 juillet. Le Moniteur universel affirme « Le but unique du voyage de Sa Majesté est de soigner sa santé ». Le maire, Norbert Leroy, l’accueille : « Puisse le calme que vous trouverez au milieu de nous, puisse l’efficacité des eaux multiplier des jours précieux à la France et si dignes de l’amour de tous386 ». Napoléon III et son chef de cabinet sont tous les deux logés dans la « luxueuse » villa Strauss387, à proximité immédiate de l’hôtel des Thermes, loué également pour la circonstance. Mardi 16 et jeudi 18, théâtre. La semaine suivante, le 25, bal des sous-officiers et soldats, le 27, fête au profit des pauvres par la Compagnie fermière, l’Empereur ouvre le bal388, le 28, théâtre, avec un invité de marque, le roi Léopold Ier. Et le baron d’Ambès, cité par Maurice Gontard389, d’écrire : « Fleury et Lepic font toujours la noce... Fleury fleurette parfois dans la ville et ramène chez notre Empereur une aimable Vichyssoise »... Après qu’un décret ait été signé, le 27, sur l’exécution d’un certain nombre de travaux dans la ville, alors qu’un mot circulait390 « Si Vichy ne fait pas de bien à l’Empereur, on peut dire que l’Empereur fait du bien à Vichy », l’Empereur envoie une dépêche à l’Impératrice le 28 lui disant « Les eaux me font...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Du même auteur
  4. Titre
  5. Copyright
  6. Avant-propos
  7. Préface
  8. Introduction
  9. Avertissement
  10. Aperçus sur la médecine et la chirurgie
  11. PREMIÈRE PARTIE – La chirurgie, voie royale
  12. DEUXIÈME PARTIE – Le tournant
  13. TROISIÈME PARTIE – De Napoléon III à Thiers
  14. Postface – Aurait-il fallu opérer Napoléon III ? par Francis Choisel
  15. ANNEXE A – Répertoire des 204 médecins, chirurgiens et personnages du monde médical
  16. ANNEXE B – Répertoire des 230 autres personnages
  17. ANNEXE C – Documents
  18. Sources et bibliographie
  19. Illustrations
  20. Remerciements
  21. Table des matières