Un agent parachutiste dans l'Histoire
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Un agent parachutiste dans l'Histoire

  1. 254 pages
  2. French
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Un agent parachutiste dans l'Histoire

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L'ouvrage inscrit le récit d'une vie dans les événements qui ont marqué la première moitié du XXe siècle. Commencée par un drame, l'histoire du personnage prend, à travers les crises de l'entre-deux-guerres, un tour favorable. Mais la guerre rattrape cet universitaire, également officier de réserve. Son parachutage en Belgique depuis l'Angleterre constitue le point d'orgue d'une odyssée dont l'auteur, au terme d'une minutieuse recherche, a pu retracer les péripéties et éclairer le contexte.

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Informations

Éditeur
EME Editions
Année
2016
ISBN
9782806660688

Partie III

Métamorphoses

1 – Évasion

Quels que soient leur potentiel de liberté et d’indépendance, leur lucidité, les hommes sont intimement liés à leur environnement et aux événements qui affectent le groupe auquel ils appartiennent. Des sentiments parfois tout à fait latents au sein d’une population peuvent ainsi prendre une ampleur insoupçonnée sous le coup d’une émotion collective. Tel est le cas du patriotisme qui, dans des circonstances normales, se ramène au mieux à des formes de civisme, à un attachement à des lieux, des rites, des institutions, des modes de vie, des « valeurs ». Au moins ce sentiment de bon aloi se distingue-t-il du nationalisme, culte exclusif de la nation. Mais que surviennent des conditions particulières, mettant en péril la survie normale du groupe, alors le sentiment patriotique, cet « amour de la patrie » se réveille, jusqu’à susciter des volontés de se dévouer, voire de se sacrifier pour la défendre.
Charles, comme tant d’autres, n’a pas attendu cette année cruciale de 1942 pour partager ces sentiments. Il aime ce pays, où il a tant appris, où il a pu se forger une position sociale, ce pays aussi auquel il a déjà donné beaucoup de lui-même pour le défendre. Comme officier, il a appris à s’identifier à cette patrie qui traverse aujourd’hui les vicissitudes de l’occupation. Il sait aussi qu’elle ne sortira pas par miracle de dessous la botte de l’envahisseur, qu’il y a, en Angleterre, un gouvernement qui continue la lutte, qui défend la cause de la Belgique, qui personnifie l’espoir de bouter l’occupant hors du pays. À titre individuel, il estime avoir un rôle à jouer, non pas seulement sous l’effet d’une impulsivité qu’il sait d’habitude maîtriser, mais en vertu des qualités intellectuelles et humaines qui sont les siennes, en vertu d’idéaux de justice, d’ouverture, de respect de la personne.
Or, si ce genre de volonté existe en pays occupé, encore faut-il qu’elle soit canalisée par une organisation efficace. Cela exige non seulement des formateurs, des organisateurs, une hiérarchie, des moyens d’action, mais aussi et surtout des moyens de communication avec le dehors, qu’il s’agisse des représentants du pouvoir en exil ou des alliés.
Après ce que Spaak appellera le « temps des erreurs », s’agissant du séjour du Gouvernement en France et de ses hésitations, celui-ci, réduit initialement à quatre ministres1, a eu à cœur, dès son arrivée à Londres, de recréer les conditions normales de fonctionnement d’un pouvoir exécutif, telles que demandées par les circonstances.
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Le premier gouvernement de Londres : Pierlot, Spaakt, Gutt,
de Vleeschauwer – CegeSoma 32892 et 31272
Il dispose pour cela de différents atouts, notamment financiers. Il s’agit de cette partie de la réserve d’or de la Banque Nationale qu’il a pu sauver en Grande-Bretagne et aux États-Unis, mais aussi des ressources produites par les exportations de matières premières du Congo (denrées coloniales, cuivre, zinc, or, uranium…). L’or, il en dispose légalement, grâce à un arrêté loi du 2 février 1940 permettant aux sociétés commerciales de transférer leur siège à l’étranger. Cette législation a été appliquée dès le 15 mai à la Banque Nationale alors exilée en France, puis complétée à Londres. Alors que leurs collègues restés en Belgique continuent à opérer avec un semblant de compétences, les délégués du gouverneur de la Banque, présents à Londres ou à Washington, se voient investis de tous les pouvoirs des organes de direction réguliers de cette institution, dont le siège est désormais établi à Londres2. On retrouvera les implications de ce pouvoir financier dans la suite du récit.
Un souci primordial du Gouvernement est de maintenir ou rétablir des liens avec la Belgique occupée. De premiers contacts informels s’établissent rapidement avec l’establishment économique. Le ministre des Finances est en relation avec un représentant à Lisbonne de la Société Générale3, l’un des principaux holdings belges, avec des ramifications dans de multiples secteurs. D’autres relais précieux se manifesteront aussi dans les milieux de la Banque de Bruxelles et du holding Brufina, fondateur du service de renseignement Zéro4 ainsi qu’auprès du comité Gilles5. Mais entre-temps, les premières communications sont marquées du sceau de la lenteur.
Or, le Gouvernement aimerait pouvoir prendre régulièrement le pouls du pays, connaître les conditions d’existence de la population, son état d’esprit, les faits et gestes de l’occupant, l’évolution de l’économie, des productions industrielles. Inversement, il voudrait garder la main autant que le permettent les circonstances – c’est-à-dire peu de choses en l’occurrence –, faire prendre conscience de son existence et préparer à terme les conditions d’une reprise de l’activité politique, économique et militaire, dans le respect de la constitution et des lois. Mais avant que tout cela ne fonctionne de manière effective, il convient de peaufiner les modalités pratiques des contacts, particulièrement complexes en temps de guerre, mais combien nécessaires.
Ainsi, dès le 19 novembre 1940, le Gouvernement remet sur pied la Sûreté de l’État, à la tête de laquelle il place le juriste Fernand Lepage, substitut de l’auditeur militaire durant la campagne de mai-juin. Organisé en quatre départements, ce service couvre le renseignement (capitaine Jean Nicodème), le sabotage (lieutenant Idesbald Floor), la propagande et la presse clandestine – la guerre politique en quelque sorte (capitaine Georges Aronstein) et enfin le contact avec les services alliés chargés de l’évasion (commandant Delloye). Il opère sous l’égide du ministère de la Justice, le Gouvernement préférant celui-ci à celui de la Défense, du fait de sa méfiance à l’égard de militaires dont d’aucuns ont montré leur appétence pour un pouvoir fort à la tête duquel, par un militantisme que l’on peut juger après coup aussi excessif qu’inopportun, ils auraient bien vu le Roi.
Un peu plus tard, en 1941, le Gouvernement reconstitue, sous l’égide du ministère de la Défense (Camille Gutt à ce moment), un Deuxième bureau, initialement appelé 2e Section, axé sur le renseignement militaire. À son premier chef, le colonel Diepenryncks, succédera jusqu’en octobre 1942 le commandant Henri Bernard, futur historien et professeur à l’École royale militaire, lequel fera place à son tour au lieutenant-colonel d’artillerie Jean Marissal, dont il sera question plus loin.
Ces différents services sont alimentés en personnel par des éléments prélevés sur les effectifs militaires ou toute autre personne présente en Angleterre, ainsi que par un afflux d’évadés. Les tâches qui leur incombent portent sur l’établissement de liens avec le pays occupé : lignes de transmission de courrier, liaisons télégraphiques, envoi physique d’agents sur place, pour prendre contact, former des éléments, organiser la résistance, en accroître l’efficacité et la sécurité. Au début en effet, trop de gens de bonne volonté paieront de leur vie leur manque d’expérience et leur inobservance des indispensables consignes de prudence.
Ces tâches, ils les exercent en parallèle avec les Britanniques, qui disposent eux-mêmes de plusieurs services. Le plus connu est le Secret intelligence service (SIS). Mais à côté de celui-ci, d’autres services se sont développés sous la pression des événements, et notamment la nécessité d’une lutte clandestine dans les pays occupés. Dès le déclenchement de la campagne de mai 1940, les chefs d’état-major britanniques avaient fait valoir que si la France s’effondrait, « il serait encore possible de vaincre l’Allemagne par une pression économique, par des attaques aériennes visant à la fois des objectifs économiques et psychologiques, et par un vaste encouragement à la rébellion dans les territoires conquis par elle. »6 Dans cette dernière optique, dès la mi-juillet de la même année, Churchill avait mis en place, en marge du SIS, un service inédit, ultrasecret, dont le but allait être de faire naître et entretenir l’esprit de résistance dans les territoires occupés, entraîner des gens capables d’y constituer une cinquième colonne susceptible d’aider les troupes alliées qui y agiraient, et susciter des actes de sabotage, réalisés si possible de manière à ne pas entraîner de représailles à l’égard de la population locale.
Après les inévitables conflits de compétence et de personnes liés à la mise en place d’un tel service, celui-ci, baptisé Special Operations Executive (SOE) a pris sa forme de croisière depuis août 1941. Constitué au départ de fragments du SIS, aussi appelé MI6, du MIR ou branche « opérations » du ministère de la guerre, et d’une section semi-secrète de propagande du ministère des Affaires étrangères, il s’est séparé de cette dernière, devenue Political Warfare Executive (direction de la guerre politique) et fonctionne tout à fait indépendamment. Au niveau politique – c’est-à-dire au rang de ministre, à parité avec les ministres exilés – il est coiffé par
Lord Selborne, compagnon de route de Churchill. Sir Robin Brook – ancien élève de John Maynard Keynes7 au King’s college de Cambridge – en est le chef opérationnel, désigné comme D/R.
Ce SOE travaille aussi bien avec la Sûreté8 qu’avec la 2e Section, coopérant à l’organisation de liaisons avec le pays occupé ainsi que de missions, qu’il s’agisse de former des agents, fournir des armes ou du matériel de sabotage, déposer des agents en pays occupé ou de les parachuter les parachuter9.
Or toute cette organisation ne peut fonctionner efficacement qu’en ayant recours à des contacts sur le territoire français, tant en zone occupée qu’en zone non occupée. « Trois à quatre mille Français ont servi la cause de la liberté dans les Services de renseignement et d’action belges durant la Seconde Guerre mondiale… La coopération franco-belge a commencé dès juin 1940. Tout le mouvement des réseaux pour se relier au monde libre, c’est-à-dire à la Grande-Bretagne, s’est donné en direction du sud… Les liaisons de Londres avec le terrain, se font en grande partie par la France à l’exception des liaisons radiotélégraphiques qui, elles, doivent avoir leur terminus près des états-majors des réseaux. Mais les parachutages d’hommes, le pick-up (enlèvement d’hommes ou de courrier par avion) et le mail-pick-up (enlèvement du courrier par avion sans atterrissage) ont lieu surtout en France. Les conditions géographiques, la densité de la population, entre autres, étaient plus favorables qu’en Belgique à ces opérations. »10
Vers la toile tissée en France, des fils s’établissent également depuis le Portugal et l’Espagne, pays dont il est possible de s’embarquer plus facilement vers l’Angleterre. La Sûreté a très tôt un contact opérationnel à Lisbonne. Des relations commerciales ou diplomatiques permettent de constituer des relais pour le courrier, de fournir des gîtes sûrs pour des agents en transit. Des consulats sont sollicités pour la fourniture de documents, éventuellement de moyens de transport11.
Dirigée par Londres, une mission en particulier – elle n’est pas la première mais va jouer un rôle dans la suite de cette histoire – va conduire à la constitution d’un réseau de renseignement et d’évasion aux larges ramifications qui sera désigné par le pseudonyme de son organisateur : Sabot.
C’est le 3 octobre 1941 que Pierre Bourriez, alias Sabot, est parachuté avec un radiotélégraphiste en zone libre française. Il va créer ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Préface
  6. Avant-propos
  7. Partie I Prémices
  8. Partie II Guerre
  9. Partie III Métamorphoses
  10. Remerciements
  11. Bibliographie
  12. Table des matières