Les dix plaies de la Russie
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Les dix plaies de la Russie

De l'URSS Ă  la Russie

  1. 242 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Les dix plaies de la Russie

De l'URSS Ă  la Russie

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À propos de ce livre

Édouard Moradpour est l’un des pionniers de la « nouvelle Russie », où il est considéré comme le « père de la publicité ». Il s’installe à Moscou au lendemain de la chute du mur de Berlin et y restera vingt ans. Il mêle ici parcours personnel et réflexions sur le passage de l’Urss vers la nouvelle Russie et son capitalisme débridé. Putsch raté, chute vertigineuse du rouble, crise financière, guerres de Tchétchénie, attentats de Moscou, adieux d’Elstine, prises d’otages des rebelles tchétchènes, naufrage du Koursk, chasse aux oligarques – autant d’événements qui ont marqué le destin de la Russie postcommuniste et constituent des « plaies » encore ouvertes.

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Informations

Année
2016
ISBN
9791030201789

X
« LES TÉNÈBRES » : LA CRISE UKRAINIENNE
ET L’ISOLEMENT DE LA RUSSIE
À PARTIR DE 2014

« 
 il y eut d’épaisses tĂ©nĂšbres
 »
Exode 10 (21-29)
Avant de prendre l’avion pour Paris le 28 novembre 2010, j’avais dĂ©cidĂ© d’envoyer mes affaires en bagages non accompagnĂ©s sur un vol Air France partant de l’aĂ©roport de Sheremetyevo de Moscou deux jours avant.
J’étais arrivĂ© Ă  l’aĂ©roport le 2 novembre vers 8 heures du matin, ma Peugeot 607 pleine de valises oĂč j’avais entassĂ© l’essentiel de ce que je comptais rapatrier Ă  Paris aprĂšs vingt annĂ©es passĂ©es en Russie. Il y avait lĂ  mes affaires personnelles bien entendu, mais Ă©galement des documents historiques que j’avais conservĂ©s prĂ©cieusement, articles de journaux, photos, livres, dossiers de travail, cassettes VHS et audio (j’ai commencĂ© Ă  travailler Ă  Moscou au dĂ©but des annĂ©es 1990, les DVD et les CD commençaient Ă  peine Ă  exister
).
Je n’avais rien jetĂ©.
J’avais l’intention d’entasser ces « souvenirs » dans ma cave Ă  Paris.
À ce moment-lĂ , je ne savais pas encore que je descendrais dans ma cave en 2015 pour remonter tous ces cartons prĂ©cieux qui me seront trĂšs utiles pour Ă©crire cet ouvrage.
Au cours de cette journĂ©e passĂ©e Ă  l’aĂ©roport de Moscou de 8 h du matin Ă  8 h du soir, j’aurai, une derniĂšre fois, l’occasion de me confronter Ă  la bureaucratie russe, fortement teintĂ©e de la petite corruption quotidienne et normalisĂ©e.
J’aurais pu gagner beaucoup de temps ce jour-lĂ  et m’éviter un stress inutile si j’avais eu la bonne information dĂšs le matin.
Mon chauffeur m’accompagnait afin de m’aider dans les dĂ©marches pour expĂ©dier mes six ou sept valises, qui ne contenaient aucun objet prĂ©cieux.
J’étais persuadĂ© qu’il me suffirait de remplir quelques formulaires pour me dĂ©barrasser de cette tĂąche indispensable.
Aprùs une heure d’attente dans une file interminable devant le premier guichet, mon parcours kafkaïen allait commencer.
On m’informe tout d’abord que je dois passer devant six guichets diffĂ©rents pour faire tamponner les documents adĂ©quats une fois les taxes de douane rĂ©glĂ©es.
On m’oblige Ă  ouvrir chaque valise pour faire la liste prĂ©cise et complĂšte de son contenu sur un formulaire incomprĂ©hensible, avec une estimation du prix de chaque objet.
Un agent des douanes vérifie mes listes en fouillant les valises.
Ces listes étant un peu trop globales, je dois remplir à nouveau tous les documents avec plus de précision : chemises, pantalons, vestes, chaussettes, chaussures, ordinateurs, cassettes VHS, petits souvenirs, livres, dossiers professionnels, etc.
AprĂšs plusieurs allers-retours entre des guichets oĂč de longues files m’attendent, j’arrive Ă  l’épreuve « infranchissable » des deux tableaux que je veux rapporter Ă  Paris.
Tout Ă  fait par hasard, au moment de la construction de mes nouveaux bureaux de Euro RSCG Moradpour en 2003, j’avais dĂ©couvert, dans les ordures du chantier, deux tableaux sans valeur. Il s’agissait de portraits sur bois reprĂ©sentant deux Ă©crivains russes cĂ©lĂšbres, Ivan Goncharov et Alexandre Ostrovski. J’avais alors demandĂ© au chef de chantier l’autorisation de prendre les deux tableaux pour les accrocher aux murs de mon bureau.
En Russie, toute Ɠuvre d’art doit ĂȘtre expertisĂ©e et Ă©valuĂ©e par un certificat spĂ©cial (tamponnĂ© bien sĂ»r
) pour pouvoir franchir la frontiĂšre.
Connaissant bien cette rĂ©glementation, j’avais pris la prĂ©caution de faire le nĂ©cessaire pour obtenir les certificats en question, dĂ©livrĂ©s par un bureau dĂ©pendant du ministĂšre de la Culture.
MĂȘme pour des croĂ»tes sans valeur, il fallait s’acquitter de droits substantiels pour obtenir les certificats d’exportation.
Je pensais que j’étais en rĂšgle pour rapporter ces deux tableaux Ă  Paris.
Vers 15 h, je commence Ă  dĂ©chanter en entendant le commentaire de l’un des douaniers :
« Comment ĂȘtre certains que ces certificats correspondent bien Ă  ces deux tableaux ?! Nous devons vĂ©rifier. Je dois appeler la responsable culturelle de l’aĂ©roport pour faire une expertise. » Je n’ai pas le choix, je tiens beaucoup Ă  ces deux tableaux, souvenirs sans valeur, qui ont ornĂ© mon bureau pendant des annĂ©es.
Je vais attendre plus de deux heures cette fameuse « responsable culturelle » qui examine longuement les portraits de Goncharov et d’Ostroski, cĂŽtĂ© face et cĂŽtĂ© pile, avant de tamponner et signer mes certificats.
Il est plus de 19 h quand j’arrive au bout de ce parcours absurde et Ă©puisant, au dernier guichet pour rĂ©gler les ultimes formalitĂ©s. J’ai rĂ©ussi Ă  garder mon calme pendant prĂšs de douze heures sans quoi on m’aurait obligĂ© Ă  revenir le lendemain et tout recommencer Ă  zĂ©ro.
C’est devant ce dernier guichet que j’entends la rĂ©vĂ©lation d’un fonctionnaire Ă©tonnĂ© :
« Ah, mais vous ĂȘtes français ! Vous auriez dĂ», comme tous les Ă©trangers, prendre un broker. Il vous aurait obtenu tous les documents nĂ©cessaires en moins d’une heure pour 500 $. Il y en a plusieurs Ă  l’aĂ©roport. »
Je comprends soudain que toutes les embĂ»ches de ce parcours sont autant d’obstacles destinĂ©s Ă  dĂ©courager les gens Ă  accomplir eux-mĂȘmes toutes ces formalitĂ©s. L’« intermĂ©diaire » rĂ©munĂ©rĂ© partagerait les sommes collectĂ©es avec une chaĂźne de petits responsables.
À l’instar du « pourboire » qu’il fallait donner aux portiers des hĂŽtels pour Ă©trangers durant les annĂ©es communistes pour faire entrer une amie soviĂ©tique, il s’agit du mĂȘme systĂšme de petite corruption administrative banalisĂ©e.
Je connaissais pourtant bien ces pratiques, mais j’avais oubliĂ©, Ă  l’heure du dĂ©part, qu’en Russie, tout (ou presque) peut s’acheter, Ă  condition d’en connaĂźtre le prix.
Ainsi, j’étais de retour Ă  Paris fin novembre 2010, sans pourtant quitter la Russie dans ma tĂȘte. Je rĂ©flĂ©chissais Ă  ces vingt ans passĂ©es dans ce pays. J’avais tant de choses Ă  raconter !
GrĂące Ă  mes deux premiers romans, j’ai continuĂ© Ă  vivre dans mes pensĂ©es, la Russie ne me quittait pas.
Je suivais de prĂšs l’actualitĂ© de ce pays en gardant un contact permanent avec mon rĂ©seau d’amis. Je n’ai pas passĂ© un seul jour sans Ă©changer de coups de fil, d’e-mails ou de SMS avec ceux que j’avais quittĂ©s.
À chaque Ă©vĂ©nement, j’avais pris l’habitude de vĂ©rifier les informations par le biais de mes relations. Je voulais leur version des faits. Elle variait souvent de 180 degrĂ©s avec ce que nous entendions dans les mĂ©dias français et occidentaux.
J’étais trĂšs marquĂ© par les informations diamĂ©tralement opposĂ©es, au niveau des discours officiels comme en ce qui concerne les opinions publiques. Notamment sur ce qu’on appellera, dĂ©but 2014, la « crise ukrainienne » qui allait aboutir, rapidement, Ă  l’isolement de la Russie sur la scĂšne internationale.
Cette crise ukrainienne Ă©tait l’aboutissement d’une sĂ©rie d’évĂ©nements qui avaient marquĂ© la vie politique de la Russie durant la fin du mandat du prĂ©sident Medvedev en 2012 et au moment du retour de Poutine, en mars, pour un troisiĂšme mandat.
Le dĂ©but du mandat du prĂ©sident Medvedev en 2008 avait Ă©tĂ© marquĂ© par la crise Ă©conomique mondiale, on l’a vu.
Au cours des annĂ©es 2010-2012, l’économie du pays avait renouĂ© avec une croissance relative, grĂące Ă  l’aval de la Banque mondiale. Le contexte n’était pas pour autant merveilleux. On assistait Ă  une montĂ©e du mĂ©contentement de la population dans une cinquantaine de grandes villes, en raison de la hausse du coĂ»t de la vie. Des centaines de milliers de manifestants rĂ©clamaient la dĂ©mission de Poutine en tant que Premier ministre, tandis que ce dernier prĂ©parait dĂ©jĂ  son retour comme prĂ©sident.
En septembre 2011, Medvedev et Poutine vont annoncer officiellement que Vladimir Poutine est le candidat de leur parti, Russie unie, Ă  l’élection prĂ©sidentielle de mars 2012. Medvedev sera son Premier ministre.
Lors des Ă©lections lĂ©gislatives de dĂ©cembre 2011, le parti Russie unie obtient 49 % des voix, soit 15 points de moins qu’en 2007.
Ces Ă©lections lĂ©gislatives seront contestĂ©es pour fraudes massives, provoquant d’importantes manifestations qui rĂ©clament l’annulation du scrutin.
Le tour de passe-passe entre Medvedev et Poutine ne passait pas auprùs de l’opinion publique.
La cote de popularitĂ© de Poutine va chuter auprĂšs d’une grande partie de la population qui a bien compris la manƓuvre.
Poutine reste le grand favori pour la course Ă  la prĂ©sidentielle, mais il est contestĂ© au cours de manifestations de masse Ă  Moscou comme dans d’autres grandes villes. Ces manifestations rĂ©unissent des opposants comme Boris Nemtsov ou Garry Kasparov, le champion d’échecs.
Afin de retourner l’opinion publique en sa faveur, Poutine va organiser une gigantesque contre-manifestation qui rĂ©unit plus de 130 000 personnes en janvier 2012, dans le stade olympique de Moscou.
Poutine-candidat affirme son « amour de la Russie » et demande à ses opposants : « Aimez-vous la Russie ? »
La rĂ©ponse ne peut ĂȘtre que « Oui ! ».
DÚs le lendemain, les sondages donnent Poutine gagnant avec plus de 63 % des voix dÚs le premier tour. Il sera effectivement élu président de la Russie en mars 2012, pour un troisiÚme mandat de six ans avec plus de 63 % des voix au premier tour de scrutin.
En mai 2012, Ă  l’issue de la cĂ©rĂ©monie officielle d’investiture, il propose le poste de Premier ministre Ă  Dmitri Medvedev.
L’opinion publique n’est pas dupe. Une cassure dans les esprits se produit à ce moment-là.
Les deux premiers mandats de Vladimir Poutine entre 2000 et 2008 ont entraßné une excellente cote de popularité et de confiance, bùtie sur des résultats économiques positifs.
Son faux départ entre 2008 et 2012 en tant que Premier ministre de Medvedev a déjà eu du mal à passer.
Son vrai retour en tant que prĂ©sident provoquera des oppositions farouches et des questionnements profonds qu’il essaiera de contrebalancer par une politique de plus en plus « autoritaire » Ă  partir de 2012.
Il va s’appuyer sur un certain nombre de valeurs patriotiques, nationalistes, chrĂ©tiennes et familiales profondĂ©ment ancrĂ©es dans la population russe.
Sans les prĂ©senter dans un ordre chronologique, les faits politiques majeurs suivants illustrent Ă  l’évidence la dĂ©rive autoritariste du prĂ©sident.
– La crĂ©ation du ComitĂ© d’enquĂȘte de la FĂ©dĂ©ration de Russie. Ce sera l’organe d’enquĂȘte principal du pays, crĂ©Ă© en janvier 2011 et nommĂ© directement par Poutine.
Ce comitĂ© remplace le ComitĂ© d’enquĂȘte du procureur gĂ©nĂ©ral de Russie. Il se situe au sommet du pouvoir juridictionnel. Ce sera, en quelque sorte, le bras armĂ© judiciaire de Poutine. Le « ComitĂ© d’enqu...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. DĂ©dicace
  6. Citation
  7. PRÉFACE
  8. PROLOGUE
  9. I. « LES GRENOUILLES » : LE PUTSCH DE MOSCOU D’AOÛT 1991
  10. II. « LA GRÊLE » : LE BOMBARDEMENT DU PARLEMENT ET L’OCTOBRE ROUGE D’ELTSINE EN 1993
  11. III. « LES TAONS » : LES PRIVATISATIONS ET LES OLIGARQUES 1992-1997
  12. IV. « LES FURONCLES » : LES DEUX GUERRES DE TCHÉTCHÉNIE DE 1994 ET 1999
  13. V. « LES SAUTERELLES » : LA GRANDE CRISE FINANCIÈRE D’AOÛT 1998
  14. VI. « LES POUX » : LES TERRIBLES ATTENTATS « TERRORISTES » DE MOSCOU EN 1999
  15. VII. « LES EAUX CHANGÉES EN SANG » : LE NAUFRAGE DU SOUS-MARIN KOURSK EN AOÛT 2000
  16. VIII. « LA MORT DES TROUPEAUX » : LA PRISE D’OTAGES DANS LE THÉÂTRE DE LA DOUBROVKA DE MOSCOU EN OCTOBRE 2002
  17. IX. « LA MORT DES PREMIERS-NÉS » : LA PRISE D’OTAGES DANS L’ÉCOLE DE BESLAN EN SEPTEMBRE 2004
  18. X. « LES TÉNÈBRES » : LA CRISE UKRAINIENNE ET L’ISOLEMENT DE LA RUSSIE À PARTIR DE 2014
  19. ÉPILOGUE. POUTINE À JAMAIS ?
  20. ANNEXE. REPÈRES : DE L’URSS À LA RU$$IE