Rationalité pluraliste, Ethique et Société
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Rationalité pluraliste, Ethique et Société

Parti-pris d'une philosophie pratique

  1. 168 pages
  2. French
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Rationalité pluraliste, Ethique et Société

Parti-pris d'une philosophie pratique

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La philosophie se fait ici pensée du tragique de la vie, de la destinée et de la condition humaine qu'elle se préoccupe d'améliorer. Elle part de la pluralité existentielle des rationalités et des modes d'appréhension du réel pour dégager une éthique régulatrice pour tout agir sociopolitique, culturel ou religieux ordonné à l'idéal de coexistence pacifique. Ainsi, elle réfléchit sur les principes d'un exister authentique dans un monde défiguré par l'intolérance, l'intégrisme et l'impérialisme.

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Informations

Éditeur
Academia
Année
2016
ISBN
9782806120908

LIMINAIRES

PENSÉE DU TRAGIQUE DE LA VIE
ET DE LA DESTINÉE HUMAINE
« … S’il est vrai de dire avec Nietzsche que les prédécesseurs de Platon étaient avant tout des penseurs tragiques méditant sur la condition de l’homme face à la nature et face au Destin, il est non moins vrai de dire que Platon a réfléchi sur un autre aspect tragique de la condition humaine : celui que lui a révélé la condamnation de Socrate et qui provient de l’injustice de la Cité. S’il y a une tragédie de l’homme dans le monde, tragédie que plus d’un poète et plus d’un mythe nous racontent, il y a aussi une tragédie de l’homme dans la Cité, mais celle-ci n’est pas qu’un drame qui se vit, elle doit être un drame qui se dénonce. C’est à cette tâche que Platon a consacré sa vie »1.
Cet ouvrage n’est, à proprement parler, ni un essai d’épistémologie, ni un traité d’éthique, encore moins une étude systématique de philosophie sociale. Pourtant, les réflexions qui s’y développent touchent à la fois aux problèmes épistémologiques, surtout à la validité de la connaissance humaine, à leurs retombées éthiques à partir des enjeux d’une philosophie sociale constamment soucieuse du mieux-vivre-ensemble, de l’amélioration de la qualité de la vie, d’un exister plus authentique dans l’espace de coexistence sociopolitique, religieuse, culturelle aussi bien à l’échelle des nations qu’à celle de l’humanité tout entière. Il s’inscrit dans une longue tradition de pensée qui, à partir de l’horizon de la philosophie pratique, porte sur les interrogations fondamentales de l’homme.
De tout temps, l’exercice de la pensée se déploie en réponse aux interrogations fondamentales que l’homme se pose dans son élan d’exister, d’habiter le monde et de vivre ensemble. Des questions sur lui-même, sur ce qui l’entoure, sur sa destinée, sur l’ordre du monde. Il se demande notamment : Qui suis-je ? Qu’est-ce que le monde ? Quelle est la place de l’homme dans l’univers ? D’où viennent l’homme et le monde ? Quelle est la destinée humaine ? La vie a-t-elle un sens ? Comment expliquer le mal et la souffrance ? Pourquoi la mort ? Y a-t-il un au-delà, une vie par-delà la mort ? Ce qui arrive a-t-il une cause ? Que puis-je connaître et quelle est la valeur de ma connaissance ? Jusqu’où peut aller la certitude humaine ? Qu’est-ce qui régit l’ordre apparent de la nature, régule le rythme des saisons, des jours et des nuits, des astres errants (Soleil et Lune) ? Comment, en dépit des antagonismes sociaux, l’homme peut-il se réaliser dans une coexistence pacifique avec les autres ?
Les premières tentatives de réponse à ces interrogations de l’homme ont donné lieu aux mythes, fruit d’une imagination collective soucieuse d’expliquer le monde et de donner sens à la vie. En effet, le mythe est le « récit d’une histoire fondamentale, d’où le groupe tire la justification de son rituel et la texture de son existence. Mettant en scène dieux, héros ou ancêtres, il donne, dans un “univers concret”, les débuts du temps et les origines de la loi »2. Résultat d’une imagination collective, les mythes ne sont pas essentiellement liés à une réflexion individuelle. Ils représentent le support, le socle d’un ensemble des croyances qui proposent des explications tant métaphysiques que théologiques du cours des phénomènes du monde. Des théories qui, pour justifier des phénomènes de la nature, évoquent des agents extérieurs à cette dernière.
Cependant, les explications mythiques ont vite montré leurs limites. La prolifération, la grande variété des mythes au sein d’un même peuple, doublée de la diversité frappante de ceux que révèlent les migrations et les conquêtes, contribueront à relativiser les explications mythiques, en faisant sentir toute l’imperfection de ces récits3. De là le besoin d’une explication plus rigoureuse et plus cohérente du contenu réel des traditions religieuses. Ainsi, des courants de pensée, les uns plus soutenus que les autres, se constituent en Inde, en Chine, en Égypte… Mais, c’est en Grèce que cet effort de pensée prendra une tournure particulière, notamment par l’effet d’une synthèse originale de multiples apports étrangers.
Aux antipodes des explications mythiques qui recourent aux agents extérieurs à la nature pour rendre raison de ce qui arrive, le discours philosophique grec opère une véritable rupture épistémologique. Au VIe siècle a.c.n. se développe, en Grèce, une dynamique intellectuelle qui rompt de manière décisive avec la pratique portée à chercher en dehors de la nature des explications aux phénomènes sociaux et naturels. À vrai dire, sans méconnaître leur génie créateur, les Grecs sont davantage des vulgarisateurs qui systématisent ce qu’un peuple des navigateurs a appris et/ou observé auprès des autres. Ainsi, « ils utilisent pour leurs explications, les techniques de l’Égypte, de la Mésopotamie et les arts mécaniques de la Grèce »4.
La grande nouveauté des Grecs restera tout de même dans la révolution qu’ils introduisent dans la manière d’expliquer des phénomènes observés dans la nature. Ils cherchent à l’intérieur même de la nature des éléments susceptibles d’expliquer les phénomènes observés. Aussi se mettent-ils en quête d’un premier principe de toute chose, qui puisse expliquer et justifier tout ce qui arrive au-delà de la mutabilité et de la multiplicité, et en constituerait la cause première. C’est en ce sens que Thalès de Millet, Anaximandre, Anaximène… considéreront respectivement l’eau, l’air et l’infini comme les premiers principes de toute chose, ce à partir de quoi s’expliquent tous les phénomènes du monde. L’important, dans le cadre de cette étude, n’est pas de se pencher sur la valeur du principe proposé par chacun mais plutôt de constater qu’avec eux s’ouvre une ère de pensée qui perçoit dans la nature des principes, des lois susceptibles de l’expliquer. La philosophie se caractérise ici par le souci de ramener la multiplicité des phénomènes à l’unité d’un principe explicatif. Et ce dernier se trouve non pas en dehors, mais dans la nature même. Les Grecs pensent que le cours des phénomènes naturels obéit à des lois inhérentes, internes à la nature et que celles-ci sont intelligibles, accessibles à la raison humaine. Il y a là une orientation révolutionnaire de la pensée qui tourne le dos aux explications mythico-théologiques pour discerner dans la nature les causes de son propre devenir. Cette recherche des principes rationnels expliquant le cours des phénomènes va de pair avec la quête d’un principe unique susceptible d’expliquer la diversité des phénomènes.
Entre le mythe et la philosophie, le hiatus le plus caractéristique n’est pas dans le désintéressement ou le refus qu’opposerait le philosophe à cerner les questions de la vie. Toute la démarcation repose sur la particularité du principe régulateur de l’acte philosophique : se laisser guider par la lumière de la raison (dont l’épistémologie détermine les limites et les pouvoirs) pour discerner les mécanismes qui président au cours des choses afin d’en saisir, au-delà de la diversité de leurs modes de manifestation, la logique profonde, le principe explicatif.
La connaissance des raisons profondes et des lois qui régissent les étants n’est pas l’œuvre des sujets anhistoriques et désincarnés. Elle instruit l’homme et l’oriente dans ses rapports au monde. Aussi, théorie et pratique, pensée et action se conjuguent et s’informent-elles au profit d’une existence en quête de son accomplissement. En ce sens, la pensée, en tant qu’exigence d’une action lucide et éclairée par la raison, définit l’acte philosophique comme amour de la sagesse.
Les études qui se développent ici se déploient sur fond de l’idée que la philosophie, loin de se réduire à des spéculations menées à partir d’un ciel éthéré et sans ancrages dans la réalité, peut notamment s’entendre comme pensée du tragique de la vie et de la destinée humaine. Le Parti-pris théorique qui s’affirme ainsi fait allégeance à la pratique qui solidarise la philosophie avec un effort de réflexion sur les énigmes de la vie, sur les conditions de possibilité de la réalisation de la société et d’un vivre-ensemble harmonieux.
La pratique philosophique qui se déploie ainsi discerne l’enracinement historique de la pensée au fil de l’évolution de la philosophie où elle considère le philosophe comme fils de son temps et ne sépare pas son activité des préoccupations, des questions de l’époque et de la société. Fils de son temps, le philosophe est pourtant un « hérétique », non conformiste, prêt à remettre en question, à transgresser, par la pensée, les certitudes admises, les évidences sacro-saintes et les principes sustentateurs d’un ordre sociopolitique, religieux ou culturel peu ou pas respectueux des aspirations à une existence plus accomplie et plus haute en dignité. Ce caractère « hérétique » et non conformiste de la philosophie tient à son essence critique qui soumet tout aux fourches caudines de la raison et au crible du doute, de l’examen rigoureux et réévalue tout en fonction de l’idéal du bien-être humain. Cette portée hérétique de la philosophie prendra une forme emblématique dans l’exigence socratique de l’évaluation critique comme geste philosophique de base et dans le criticisme moderne, notamment chez Descartes et Kant, où se récuse tout dogmatisme au profit d’une purgation de l’esprit de toute sorte de préjugés, catharsis préalable à l’acquisition d’un savoir éprouvé et apte tant à éclairer sa destinée qu’à assurer le progrès de l’humanité. Les théories contemporaines de la connaissance se construisent sur cette exigence critique. Bachelard, Kuhn et Popper s’en font largement l’écho.
Certes, l’étonnement ou, pour reprendre Aristote, l’émerveillement à l’origine de la philosophie, conduit sur la voie d’un savoir désintéressé. De ce point de vue, la philosophie se délie des exigences de la nécessité vitale. L’expression est consacrée par Jaspers : « Philosopher, c’est s’éveiller en échappant aux liens de la nécessité vitale. Cet éveil s’accomplit lorsque nous jetons un regard désintéressé sur les choses, le ciel et le monde, lorsque nous nous demandons : “Qu’est-ce que tout cela ? D’où tout cela vient-il ? Et l’on n’attend pas que les réponses à ces questions aient quelque utilité pratique, mais qu’elles soient en elles-mêmes satisfaisantes”«5. Pourtant, quelque désintéressé que veuille ainsi être le savoir philosophique, la donne change à partir du moment où l’attention se détourne de l’objet vers le sujet qui alors revient sur soi, cerne sa propre situation et entend prendre conscience de lui-même. C’est le lieu où la réflexion porte sur la condition humaine et projette dans la quête de la plénitude existentielle. Et c’est là que Epictète situait l’origine de la philosophie : dans l’expérience que l’homme fait de sa propre faiblesse et de son impuissance. La condition et la finitude humaines constituent alors le champ privilégié des réflexions philosophiques où se pensent l’aspiration au bonheur et les fins ultimes de l’existence humaine. Et même s’il a fallu attendre les Sophistes et, davantage, Socrate (qui s’illustre par le souci d’éducation de ses concitoyens) pour voir la réflexion philosophique se centrer sur l’homme, le parti-pris pour la philosophie pratique remonte jusqu’aux présocratiques et traverse toute l’histoire de la pensée.
Pythagore, le premier à avoir, en son temps, poussé la conceptualisation au degré le plus élevé, n’offre pas qu’un modèle d’abstraction philosophique. Il est tout autant « acteur » politique que fondateur d’une secte religieuse. Il s’agit chez les pythagoriciens d’une pratique philosophique qui se double d’une activité religieuse compatible avec l’engagement politique. Là, la théorisation et l’abstraction philosophiques ne s’offusquent pas d’une quelconque vocation politique. Tout visait plutôt à harmoniser « le lien entre l’homme et le divin afin de transformer l’organisation de la cité selon un idéal égalitaire, exaltant l’effort communautaire vers l’amélioration de la société (…). Pour le pythagorisme, la science des nombres, l’arithmétique est une voie d’accès vers la perfection divine en même temps qu’un moyen d’explication de la réalité physique et un modèle de l’ordre à réaliser dans l’organisation de la cité »6. Au fait, le pythagorisme était un courant de pensée engagé à la résolution des heurts et contradictions de l’époque. La crise était à la fois sociale, politique et morale. C’est l’époque où Crotone, enlisé dans le vice et rongé par le goût du lucre, est en proie à des tensions sociales subséquentes aux inégalités criantes. Dans ce contexte, l’éthique pythagoricienne revalorise le ponos – la vertu grecque qui exalte, d’un côté, la maîtrise de soi, la modération, l’austérité dans la jouissance des biens matériels (contre le goût du lucre) et, de l’autre, le courage dans la gestion de la chose publique – et jette les bases morales de l’agir politique.
À côté des pythagoriciens, à Crotone, fonctionne, à Elée, une école dont Parménide constitue la figure la plus célèbre. Loin des préoccupations des physiologues attachés à la réalité sensible, Parménid...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Collection Science, éthique et société
  4. Titre
  5. Copyright
  6. Avant-propos
  7. LIMINAIRES
  8. CONCLUSION GÉNÉRALE
  9. BIBLIOGRAPHIE
  10. Table des matières