Rossini sous Napoléon
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Rossini sous Napoléon

  1. 62 pages
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Rossini sous Napoléon

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À propos de ce livre

Après le triomphe de Guillaume Tell en 1829, opéra patriotique qui rompt avec le genre cher au compositeur, l' opera buffa, Rossini cesse de composer, à l'exception d'un Stabat Mater. Pourquoi ce silence? Balzac, Stendhal et Dumas qui admiraient Rossini, ont tenté, chacun de son côté, de l'expliquer, sans convaincre. Évoquant la carrière musicale de Rossini sous Napoléon, alors roi d'Italie, et l'essor de la Légende née à Saint-Hélène après la mort de Napoléon, ce livre propose une autre interprétation de Guillaume Tell et du silence qui suivit son triomphe.

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Informations

Éditeur
SPM
Année
2016
ISBN
9782336762401

Chapitre III

Rossini musicien du royaume d’Italie

En 1810, l’Italie est entièrement sous domination française à l’exception de la Sicile et de la Sardaigne.
Au Nord, Milan et Venise font partie du royaume d’Italie dont le souverain est Napoléon et le vice-roi Eugène de Beauharnais qui a épousé une princesse bavaroise. Le 11 mai 1808 les marches des États pontificaux sont annexées au royaume d’Italie formant trois départements : le Métaure (Ancône), le Musone (Macerata) et le Trento (Fermo). Pesaro entre dans le Metaure1.
Le senatus-consulte du 17 février 1810 organise les États pontificaux, annexés à la France, en deux départements, Rome et Trasimene. Pie VII est prisonnier de Napoléon.
Sujet du Pape à l’origine mais né sur la côte adriatique, Rossini ne sait plus, il l’avoue, s’il est italien ou désormais français. Italien en fait. De cœur et de raison mais sans affichage ostensible.
L’orgueilleuse République de Gênes est désormais département français avec préfet et sous-préfets. De même pour Turin, chef-lieu du département du Pô ou Florence chef-lieu de l’Arno.
À Naples, Murat a succédé à Joseph, devenu roi d’Espagne. Murat n’est en réalité qu’un préfet couronné.
C’est à ce moment que le Teatro San Moisè de Venise commande à Rossini, sur le conseil de la chanteuse Rosa Marandi, à la suite de la défection d’un autre compositeur, une farce musicale en un acte La Cambiale di matrimonio.
Rossini a dix-huit ans.
Venise est entrée, le 19 janvier 1806, dans le royaume d’Italie avec un enthousiasme apparent mais seulement apparent. La Serenissime n’a jamais pardonné au général Bonaparte de l’avoir occupée à la suite des « Pâques Véronaises », ce massacre de quatre cents blessés français par des paysans de la région, massacre fomenté en réalité par les services secrets français en avril 1797. Bonaparte l’échange ensuite contre Milan encore aux mains des Autrichiens. Puis l’incorporation de Venise, enlevée à ces mêmes Autrichiens après leur défaite à Austerlitz, dans le royaume d’Italie, le 1er mai 1806, aggrave les déceptions vénitiennes car Milan reste la capitale du royaume et Venise est ramenée à un rôle subalterne.
Dans l’appel à Rossini nulle arrière pensée politique, le compositeur étant inconnu. Et pas davantage dans le livret de Gaetano Rossi, aimable divertissement. L’histoire est simple : le commerçant Tobie reçoit une lettre de son agent aux États-Unis, Slook, qui cherche l’épouse idéale : bon caractère, bonne santé et bonnes mœurs. Slook promet une forte récompense à qui trouvera l’oiseau rare. Tobie se dit qu’il pourrait lui proposer sa fille Fanny. Mais la belle est amoureuse du jeune Eduardo, employé de son père. Après une suite de malentendus, Slook devra se résigner à laisser Fanny à Eduardo.
Succès d’estime pour cette courte farce qui tombera ensuite dans l’oubli.
Toutefois la carrière de Rossini est lancée dans le royaume d’Italie. Elle se développe parallèlement à l’essor de ce royaume que son souverain, Napoléon, est venu visiter en décembre 1807, assistant à une représentation au théâtre de la Fenice, le 3. Mais Rossini n’est pas au programme.
L’alerte a été vive en avril 1809 quand l’archiduc autrichien Jean a surpris le vice-roi Eugène et l’a battu, le 16, à Saale. Mais avec l’appui de Macdonald, les troupes d’Eugène ont pris leur revanche au passage de la Piave. Puis Eugène s’est illustré, battant l’archiduc sur le Raab le 14 juin. Les soldats italiens ont pris part avec ardeur à ce succès2. Des cantates célèbrent la victoire, mais Rossini reste muet sur le plan musical.
La paix de Vienne vient consolider les frontières du royaume qui s’enrichit d’un nouveau département, le Haut-Adige avec Trente comme chef-lieu.
En 1810 le royaume est à son apogée. Le vice-roi Eugène de Beauharnais par sa prestance et sa simplicité impressionne ses administrés3. Mais est-il aimé ? La tâche est difficile. Eugène est français, son épouse bavaroise, ses ministres italiens et les populations du royaume encore plus diverses pour souder une nation. L’absence d’une histoire commune empêche l’essor d’un sentiment dynastique, d’autant qu’Eugène n’apparaît que comme un prête-nom. Derrière il y Napoléon.
Grâce à l’organisation administrative, au Code civil qui devient la base de la législation, au développement économique et à la vie de cour, l’influence française bat en brèche celle de Vienne, s’efforçant de rallier la nouvelle bourgeoisie. Mais la culture reste profondément italienne.
Bien jeune encore Rossini le comprend. Pour lui Napoléon est loin : à Paris ou sur les champs de bataille. Il ne cherche pas à plaire aux fonctionnaires français. Il semble à l’écart des événements.
Alors que vont s’affronter l’Empereur et le Tsar, Rossini fait jouer L’Equivoco stravagante au Corso de Bologne, une ville qu’il aime, le 26 octobre 1811, puis L’Inganno felice au San Moisè de Venise, le 8 janvier 1812, Ciro in Babilonia ossia La Caduta di Baldassire au Communale de Ferrare le 14 mars 1812, La Scala di seta au Moisè de Venise le 9 mai 1812 et La Pietra del paragone à la Scala de Milan le 26 septembre 1812. Fécondité étonnante et virtuosité admirable. Certes les pièces sont courtes, mais « déjà, note Stendhal, à propos de L’Inganno felice, le génie éclate de toutes parts. Un œil exercé reconnaît sans peine dans cet opéra en un acte les idées mères de quinze ou vingt morceaux capitaux qui, plus tard, ont fait la fortune des chefs-d’œuvre de Rossini »4.
Rossini compose essentiellement sur commande : Ciro in Babilonia est donné à Ferrare pour le Carême. Mal payé, il se venge de son impresario de San Moisè en composant La Scala di sete, opéra où il multiplie les complications au point de provoquer la colère du public vénitien et se moque ainsi du directeur qui l’a traité trop légèrement, en le faisant huer par le public. Aucune référence en revanche à l’actualité. Dans Cyrus pas d’allusions à l’Empereur des Français. On reste dans l’opera buffa, alors qu’à Paris Le triomphe de Trajan de Lesueur est en réalité le triomphe de Napoléon.
La réputation de Rossini grandit. Le voici à la Scala de Milan, le 26 septembre 1812 pour La Pietra del paragone. La Scala : « le plus beau théâtre du monde », selon Stendhal. Construit entre 1775 et 1778 par l’architecte Giuseppe Piermarini et inauguré, le 3 août 1778 avec L’Europa riconosciuta de Salieri, ce théâtre est plus réputé que la Fenice ou même que le San Carlo de Naples. Il donne en moyenne un opéra vingt-cinq fois de suite. Au-dessus de quinze c’est un succès ; au-dessous de douze un échec. Y sont alors applaudis Mayr pour Adelasia et Aleramo, Pavesi et son Ser Marcantonio et Mosca grâce à I pretendenti delusi. Cimarosa, Paisiello et Paër ne viennent qu’ensuite. Les castrats comme Crescentini qu’appréciait Napoléon, s’effacent au profit de sopranos tenant des rôles masculins. À la Grassini, et à la Colbran, future Mme Rossini, on tend à préférer la Belloc ou la Correa5.
Si le vice-roi Eugène de Beauharnais est un passionné de musique, malheureusement souvent absent, la maison royale n’a que quelques loges à la Scala. Napoléon se rendra deux fois dans l’une de ces loges, les 22 et 25 novemb...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Illustration de couverture
  4. Titre
  5. Copyright
  6. Dédicace
  7. Chapitre I, Le silence de Rossini
  8. Chapitre II, Bonaparte conquiert l’Italie
  9. Chapitre III, Rossini musicien du royaume d’Italie
  10. Chapitre IV, Rossini à Naples
  11. Chapitre V, Napoléon et l’Opéra
  12. Chapitre VI, Rossini et la légende napoléonienne
  13. Chapitre VII, Guillaume Tell
  14. Les opéras de Rossini
  15. Bibliographie sommaire
  16. Table des matières