Chirurgie esthétique et la dignité du corps humain
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Chirurgie esthétique et la dignité du corps humain

Recherche en philosophie de la médecine

  1. 134 pages
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Aujourd'hui dans notre société, s'interroger sur la signification que revêt le corps humain n'est pas une entreprise aisée; car, la nature et la valeur du corps humain sont au centre des questions philosophiques fondamentales. Et actuellement une de ces questions concerne l'interrogation éthique sur les manipulations non thérapeutiques du corps humain par les technosciences parmi lesquelles la chirurgie esthétique.

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Informations

Éditeur
Academia
Année
2016
ISBN
9782806120793

TROISIÈME PARTIE

En philosophie de la médecine,
quelles seraient les bases pratiques,
axiologiques et éthiques qui permettent
d’analyser la valeur ajoutée de la chirurgie
esthétique à la dignité du corps humain ?

Chapitre 5
Bases pratiques, axiologiques
et éthiques

5.1. Bases pratiques

Il s’agit ici d’appréhender les différentes visions du corps humain dans la culture moderne en relation aux corollaires axiologiques qui les sous-tendent. À mes yeux, ces différentes visions représentent les bases pratiques sur lesquelles reposent les divers arguments en faveur du recours à la chirurgie esthétique. Autrement dit, ces divers arguments ont un point commun, à savoir, l’image ou la représentation du corps humain dans la culture des sociétés modernes. Cette culture des sociétés modernes se constitue sur fond d’un développement remarquable de la technologie et de la part substantielle réservée à la créativité et à la liberté humaine. C’est une culture scientifique et technologique basée sur la performance et sur un nombre considérable de compétences variées. Une culture pluraliste où l’on peut compter un nombre incroyable des références en matière des valeurs. Nous sommes donc actuellement, dans une culture marquée par les grandes réussites techno-scientifiques, le sens de la vie et de la mort devient un objet de réappropriation par l’individu du pouvoir autrefois conféré à Dieu seul. En occident du moins, l’humanité s’est aujourd’hui soustraite à la tutelle divine et religieuse, et la liberté de vivre et de mourir se transforme peu à peu en un droit à la vie tout comme en un droit à la mort, qui les fait émerger comme de nouveaux objets de consommation, source de problèmes inédits et de nombreux dilemmes éthiques. Les barrières s’estompent, des initiatives de plus en plus osées se renouvellent dans une cadence rapide, des essais de tous genres rythment le cours de la vie. Le vent de la mondialisation s’infiltre dans tous les coins et recoins des domaines de nos vies individuelles et collectives. C’est une culture au basculement des repères hétérocentrés qui ont élevé le niveau de tolérance d’une génération qui aujourd’hui semble à l’aise avec certains tabous du monde ancien. Une culture où les interdits et les tabous d’autrefois ont fait place aux possibilités offertes par la science et par la liberté, comme l’observe Gadamer à travers ce qu’il appelle « la civilisation technologique » : « Ce n’est pas pour rien que l’on dit de notre époque que c’est une époque des sciences. […] la maîtrise de la nature scientifico-technique, aujourd’hui, a pris des proportions telles qu’elles font de notre siècle, un siècle d’une qualité différente de celle de précédentes. […] la science est devenue de nos jours le premier facteur de production de l’économie humaine, […] son application pratique a, de manière fondamentale, engendré une situation nouvelle. »85 Cependant, il faut le reconnaître, les possibilités technologiques d’aujourd’hui posent des questions particulièrement difficiles qui engagent l’urgence et la permanence d’une réflexion éthique. Du point de vue éthique, le risque majeur consiste à absolutiser les techniques et à nous laisser conduire par leurs impératifs dans les décisions qu’elles suscitent. Nous assistons à l’expansion de cette culture des sociétés modernes, une culture dont le syncrétisme ne connaît plus la notion de « frontières » et donc une culture qui emprunte ses éléments constitutifs à un nombre considérable d’univers symboliques. Les motifs de tatouages sur le corps humain aujourd’hui en sont une évidente et parlante illustration. Que représente le corps dans cette culture des sociétés modernes ? À quelles valeurs est référée la réalité corporelle, valeurs auxquelles la chirurgie esthétique doit faire correspondre ?

5.1.1. Le corps humain et la manifestation de la performance

Sollicité par l’adaptation aux mutations qui s’opèrent dans la culture des sociétés modernes, le corps humain est soumis à un ensemble d’attentes : rester svelte et jeune, silhouette bien taillée, force, beauté, élégance, sensualité, toutes des caractéristiques de la performance attendue. À ce sujet, écrit Gadamer : « L’éthique de la performance instaurée par la science moderne a porté les problèmes de l’être humain à leur paroxysme, contraignant alors notre culture occidentale à un examen critique d’elle-même. »86 Le corps humain n’échappe donc pas au culte de la performance que prône la culture ambiante. Le « Body-building », le « Getting new look » pour se plaire et pour plaire, la sensualité et l’élégance ont le vent en poupe. La chirurgie du rajeunissement participe pleinement à cette culture de la performance corporelle. L’amélioration de la silhouette par la science médicale rendue possible par la chirurgie esthétique est indéniablement un défi de la longévité et du vieillissement : vivre longtemps jeune et beau. Pour que le corps reste performant, il lui faut sans cesse l’apport de la nouveauté en énergies et en apparences. Cela est socialement valorisant, cela est valorisé par la société. Et la chirurgie esthétique rend cela possible, car elle participe à cette culture de la performance corporelle et répond aux attentes sociales de plus en plus nombreuses et exigeantes. Toutes les personnes qui recourent à la chirurgie esthétique attendent des résultats qui correspondent à la performance voulue ou imposée par la culture de la société moderne. Cela devient une nécessité si l’on ne veut pas être exclu de cette société. Dans ce contexte également, toutes les personnes qui font appel à la chirurgie esthétique attendent d’elle aussi des résultats qui correspondent à la performance des techniques utilisées.

5.1.2. Le corps humain et la production de la valeur

Selon le philosophe italien Umberto Galimberti : « Le défi du corps est le défi de ces valeurs, le stock des valeurs que notre histoire a progressivement accumulées […] le corps sur la négation duquel ces valeurs ont prospéré. »87). Sans nul doute, l’influence de la religion chrétienne dans l’histoire des sociétés occidentales, pour ne citer que le cas de cette religion, a placé le corps dans une situation inconfortable. « Le corps humain se présente aujourd’hui comme un bien-aimé malmené et pris en tenaille : d’un côté, par le christianisme en général, et le catholicisme en particulier, qui ont la mauvaise réputation de mépriser le corps au nom d’une certaine piété et morale puritaines et légalistes, et d’autre part, par la culture contemporaine accusée de vouer un culte au corps selon les canons de la beauté institués par un monde sans Dieu et qui a la réputation d’être libertaire et permissif. »88 En effet, les idéalismes judéo-chrétien et platonicien n’ont jamais été des lieux de valorisation du corps humain ; ce ne sont pas des systèmes de pensée reconnaissant la dignité absolue du corps. Ces idéalismes, conséquences du dualisme réaffirmé pendant des siècles – Platon, Saint-Augustin, Descartes – distingue en l’être humain d’une part le corps et d’autre part l’âme dont la dignité est généralement jugée infiniment supérieure à celle du corps. Dans cette perspective, le respect accordé au corps humain ne l’est que dans la mesure où ce dernier est considéré comme l’abri provisoire et fragile de l’âme. Le corps considéré comme le siège des convoitises et du péché possède un statut inférieur par rapport à l’âme. Le désir de transcendance de ces idéalismes encourage au contraire le mépris du corps au profit de l’âme.
Dans le sillage des mouvements de libération et d’émancipation qui ont pris leur envol en mai 1968, les multiples revendications de la liberté ont aussi fondamentalement atteint tous les tabous et interdits et particulièrement ceux qui concernaient le corps humain. La liberté de disposer de son corps était donc au cœur des combats idéologiques contre l’ordre établi par les traditions religieuses. La chirurgie esthétique, participant à ces mouvements de libération et d’émancipation, a donné au corps humain l’expression émancipatoire que voulaient les générations nouvelles. Ainsi la chirurgie esthétique est parvenue à donner une valeur ajoutée au corps humain en envisageant le passage de l’excès au déficit, du déficit à l’excès, en améliorant ce qui doit l’être, en reconstruisant ce qui a été détruit par le vieillissement, par l’accident ou par tout simplement le mode de vie sédentaire (l’obésité). Dès lors, la chirurgie esthétique fait produire au corps de la valeur sociale et aussi de la valeur économique. Le corps reconstitué est valorisé par la société. Le corps humain mis en valeur produit de la valeur par sa provocante, troublante et fascinante beauté. Ce qui est valorisant à travers les formes reconstituées c’est le bien-être individuel à la fois physique et psychologique. La publicité qu’on en fait fait produire à ce même corps une valeur économique. L’expressivité du corps reconstitué à travers la silhouette des mannequins et hôtesses en est l’illustration la plus parlante. Aucun produit commercial n’est livré sans qu’il ne soit visualisé au moyen d’un corps humain aux formes socialement idéales et mises en valeur. La forme « idéale » du corps humain a désormais une valeur qui s’achète et se vend. Cette valeur négociable squatte toutes les discussions autour des pratiques des interventions de chirurgie esthétique. Cela pose deux problèmes éthiques majeurs, d’une part le problème d’équité et donc d’accessibilité pour tous aux soins de chirurgie esthétique, et d’autre part le problème des limites raisonnables, tout ce qui est possible et réalisable par la chirurgie esthétique l’est-il également sur le plan axiologique et éthique ?

5.1.3. Le corps humain et l’accomplissement du bonheur et du moi en tant que liberté

Avec la possibilité ouverte du recours à la chirurgie esthétique, le corps comme signification fluctuante porte désormais la marque indélébile de la liberté humaine ou de la volonté de la réalisation du sujet humain en tant que « je ». À travers un corps remodelé, ceux qui recourent à la chirurgie esthétique visent avant tout l’expressivité d’un « moi » libre, d’un « je » qui s’affirme en tant que tel. « Être bien dans sa peau » en ayant une forme corporelle qui traduit mieux sa personnalité, son individualité, par une démarche (une décision et une action) permettant au sujet en tant que liberté de se réaliser, d’être valorisé, voilà l’art auquel est assigné le recours à la chirurgie esthétique.
La chirurgie esthétique réalise l’objectif de la volonté autonome du sujet humain d’avoir une silhouette ou un corps selon ses désirs. Bien qu’elle soit une atteinte à l’intégrité du corps humain avec le consentement libre du sujet humain lui-même, la chirurgie esthétique représente une violence symbolique admise librement pour atteindre le bonheur ou mieux pour un « mieux vivre dans sa peau » optimal. En dehors du bonheur visé comme objectif premier, la chirurgie esthétique qui est dans les mœurs du temps, fait donc partie intégrante de l’affirmation de la liberté individuelle qui veut restituer au corps son expression naturelle contre la répression des systèmes des valeurs dévalorisant le corps. En plaçant la liberté comme valeur centrale, la chirurgie esthétique participe à l’implosion des valeurs traditionnelles qui ont jusqu’ici présidé au sort néfaste réservé au corps humain. La chirurgie esthétique réalise l’objectif de la volonté autonome du sujet humain d’avoir une silhouette ou un corps selon ses désirs. Elle fait donc partie intégrante de la recherche d’un bien-être physique et psychologique qui, lui-même intègre l’affirmation de la liberté individuelle. Nous sommes loin de la répression des systèmes des valeurs dévalorisant le corps. Par cet effet, la chirurgie esthétique participe à l’implosion des valeurs qui ont jusqu’ici présidé au sort néfaste réservé au corps humain. C’est pour cela qu’on peut considérer que le recours à la chirurgie esthétique est le lieu où se valorise l’expression de la liberté individuelle face à des modes de vie aujourd’hui impraticables et incompatibles avec la modernité occidentale.

5.1.4. Le corps humain et la réponse à l’idéal social

La société moderne est possédée par le culte de la beauté du corps humain, cela n’est pas nouveau dans l’histoire de l’humanité. Ce qui est nouveau à mon avis, c’est le fait que de nos jours, l’idéal social veut que le sujet humain vive longtemps jeune et beau, en bonnes conditions physiques et psychologiques. Je peux en témoigner par les demandes qui me sont adressées en tant que soignant. Dans ce contexte nouveau, toute valorisation du jeunisme contribue incontestablement à l’apologie de l’art médical assigné à la beauté du corps. Les critères de beauté que la société présente comme image idéale deviennent des déterminants majeurs dans la pratique de la chirurgie esthétique. La métamorphose du corps humain devient donc l’idéal social que vise une spécialité de l’art médical qui, lui, est une association d’ordre purement empirique d’un savoir et d’un savoir-faire. Les critères de beauté tels nous les décrivent les magazines comme « Elle », « Lui », « Psychologies », « Féminin » deviennent de plus en plus séduisantes, intègrent de plus en plus les idées du bien-être physique et psychologique. Par conséquent, ces critères de beauté deviennent l’idéal convoité dans la société. Dans le domaine de la beauté corporelle, l’idéal social dont les paramètres sont relatifs, car difficilement définissables, devient un des déterminants majeurs dans la pratique de la chirurgie esthétique. C’est ainsi que le jeu du conformisme esthétique devient tentant pour bon nombre de nos contemporains. L’idéal de vie dans la société moderne c’est d’avoir un corps en santé et beau. Cette articulation entre la santé et la beauté est fondée par cet idéal social qui veut que le sujet humain vive longtemps jeune et beau, en bonnes conditions...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Introduction
  6. PREMIÈRE PARTIE - La chirurgie esthétique et le corps humain : leur nature et leur valeur
  7. DEUXIÈME PARTIE - Les apports de la philosophie dans l’analyse de la valeur ajoutée de la chirurgie esthétique à la dignité du corps humain
  8. TROISIÈME PARTIE - En philosophie de la médecine, quelles seraient les bases pratiques, axiologiques et éthiques qui permettent d’analyser la valeur ajoutée de la chirurgie esthétique à la dignité du corps humain ?
  9. Table des matières