eBook - ePub
Migrants dans la ville
Une étude socio-anthropologique des mobilités migrantes en Espagnes
This is a test
- 250 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Migrants dans la ville
Une étude socio-anthropologique des mobilités migrantes en Espagnes
DĂ©tails du livre
Aperçu du livre
Table des matiĂšres
Citations
Ă propos de ce livre
Cet ouvrage se propose d'étudier la mobilité des migrants et seseffets sur l'évolution de l'espace urbain à Salamanque, une ville moyenne espagnole encore peu marquée par les migrations. Ils'agit de croiser une sociologie des parcours migratoires et une sociologie urbaine, avec comme clé de lecture la notion de projetmigratoire. Par une procédure méthodologique compréhensive, s'inscrivant dans le cadre de la socio-anthropologie, il convient de saisir la logique des parcours...
Foire aux questions
Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramĂštres et de cliquer sur « RĂ©silier lâabonnement ». Câest aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez rĂ©siliĂ© votre abonnement, il restera actif pour le reste de la pĂ©riode pour laquelle vous avez payĂ©. DĂ©couvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptĂ©s aux mobiles peuvent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©s via lâapplication. La plupart de nos PDF sont Ă©galement disponibles en tĂ©lĂ©chargement et les autres seront tĂ©lĂ©chargeables trĂšs prochainement. DĂ©couvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accĂšs complet Ă la bibliothĂšque et Ă toutes les fonctionnalitĂ©s de Perlego. Les seules diffĂ©rences sont les tarifs ainsi que la pĂ©riode dâabonnement : avec lâabonnement annuel, vous Ă©conomiserez environ 30 % par rapport Ă 12 mois dâabonnement mensuel.
Nous sommes un service dâabonnement Ă des ouvrages universitaires en ligne, oĂč vous pouvez accĂ©der Ă toute une bibliothĂšque pour un prix infĂ©rieur Ă celui dâun seul livre par mois. Avec plus dâun million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce quâil vous faut ! DĂ©couvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Ăcouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez lâĂ©couter. Lâoutil Ăcouter lit le texte Ă haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, lâaccĂ©lĂ©rer ou le ralentir. DĂ©couvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accĂ©der Ă Migrants dans la ville par Odden Gunhild en format PDF et/ou ePUB ainsi quâĂ dâautres livres populaires dans Social Sciences et Sociology. Nous disposons de plus dâun million dâouvrages Ă dĂ©couvrir dans notre catalogue.
Informations
Sujet
Social SciencesSous-sujet
SociologyCHAPITRE 1
POSITIONNEMENT THĂORIQUE
Lâobjectif de ce chapitre est de situer le cadre thĂ©orique dans lequel sâinscrit ce travail et de discuter des concepts que je mobiliserai. Je vais, dans un premier temps, aborder trois concepts qui ont Ă©mergĂ© au sein de la sociologie des migrations afin de dĂ©passer lâapproche des migrations comme le simple passage dâun pays Ă un autre : le transnationalisme, la circulation migratoire et, enfin, la mobilitĂ©. Jâaborderai Ă©galement la notion de rĂ©seaux sociaux, Ă©troitement liĂ©e aux trois premiĂšres. Je vais ensuite aborder le choix de procĂ©der par une entrĂ©e par la ville. Enfin, je mâarrĂȘterai, dans un troisiĂšme temps, plus longuement sur la notion de projet migratoire, notion clĂ© de cet ouvrage.
I. QUELS CONCEPTS POUR UNE SOCIO-ANTHROPOLOGIE DE LA MOBILITĂ ?
A. Le transnationalisme
Le vocabulaire du transnationalisme
Afin de lire le champ international non Ă©tatique, Ă©merge dans les annĂ©es 1970 le concept du transnationalisme. Longtemps confinĂ© aux chercheurs nord-amĂ©ricains, ce vocabulaire connaĂźt aujourdâhui un certain succĂšs dans les milieux acadĂ©miques europĂ©ens. Cependant, des divergences existent entre lâapproche nord-amĂ©ricaine et europĂ©enne du transnationalisme, de mĂȘme que chaque discipline scientifique a dĂ©veloppĂ© sa propre production et sa propre dĂ©finition. Je nâen retiendrai ici que deux, essentielles pour la comprĂ©hension de lâutilisation de ce concept : lâapproche Ă©conomique et lâapproche socio-politique.
Lâapproche Ă©conomique place lâentreprise transnationale, qui se caractĂ©rise par sa capacitĂ© de dĂ©ployer son activitĂ© dans diffĂ©rents pays, au centre de lâanalyse. Lubbers, Haut-commissaire aux rĂ©fugiĂ©s des Nations Unies, dĂ©finit ainsi lâentreprise transnationale :
« Une entreprise transnationale est une sociĂ©tĂ© qui gĂšre des investissements Ă©trangers et produit des biens ou des services dans plus dâun pays. Les entreprises transnationales sont dâimportants acteurs globaux possĂ©dant des ressources considĂ©rables. Elles sont de moins en moins Ă un pays en particulier et deviennent de plus en plus virtuelles » (Lubbers, 2003, citĂ© par Lafleur, 2005 : 10.) |
Cette dĂ©finition, Ă laquelle, selon Lafleur, on associe le plus souvent le transnationalisme, met en avant lâeffacement de lâĂtat-nation au profit de lâactivitĂ© Ă©conomique (ibid.).
Lâapproche socio-Ă©conomique, quant Ă elle, « insiste sur les consĂ©quences quâa la mondialisation de lâĂ©conomie sur les pratiques des individus et plus particuliĂšrement des migrants » (ibid.). Lâaccent est mis sur la mobilitĂ© de lâindividu (le migrant) et sur les capacitĂ©s de cet individu Ă maintenir des liens avec son pays dâorigine. Les « artisans » de cette approche, pour reprendre lâexpression de BerthomiĂšre et Hily (2006), sont principalement Glick Schiller et ses collĂšgues. Ils dĂ©finissent ainsi le transnationalisme :
« Nous dĂ©finissons le transnationalisme comme les procĂ©dĂ©s par lesquels les migrants forgent et maintiennent des relations sociales multiples et crĂ©ent de la sorte des liens entre leur sociĂ©tĂ© dâorigine et la sociĂ©tĂ© oĂč ils sâinstallent. Nous appelons ces procĂ©dĂ©s âtransnationalismeâ pour insister sur le fait que de nombreux immigrĂ©s construisent aujourdâhui des sphĂšres sociales qui traversent les frontiĂšres gĂ©ographiques, culturelles et politiques traditionnelles. Un Ă©lĂ©ment essentiel du transnationalisme est la multiplicitĂ© des participants des immigrĂ©s transnationaux (transmigrants) Ă la fois dans le pays dâaccueil et dâorigine. Nous sommes cependant toujours Ă la recherche du vocabulaire adaptĂ© pour dĂ©crire ces nouveaux espaces sociaux » (Basch, Glick Schiller et Blanc-Szanton, 1994 : 7, traduits et citĂ©s par Lafleur, 2005 : 11.) |
Lafleur retient comme dĂ©nominateur commun pour ces deux dĂ©finitions du transnationalisme (Ă©conomique et socio-politique) « lâidentitĂ© comme dĂ©tachĂ©e dâun territoire exclusif » (Lafleur, 2005 : 11) et montre que leur diffĂ©rence rĂ©side dans leurs disciplines respectives. Si la dĂ©finition Ă©conomique relĂšve plutĂŽt des sciences commerciales, la dĂ©finition socio-politique relĂšve plutĂŽt de la sociologie et de lâanthropologie. Dans les lignes qui suivent, câest cette derniĂšre qui sera discutĂ©e.
Un premier apport des « Ă©tudes transnationales » est celui de rompre avec la dualitĂ© espace dâorigine et/ou espace dâinstallation et dâouvrir vers une interrogation sur le continuum entre les sociĂ©tĂ©s dâorigine et les sociĂ©tĂ©s dâaccueil « qui ne forment plus quâun seul et mĂȘme espace de lâarĂšne de lâaction sociale » (Brettell, 2000 : 104-105, citĂ© par BerthomiĂšre et Hily, 2006 : 71).
Comme lâavance Lacroix, « les rĂ©seaux transnationaux attirent gĂ©nĂ©ralement lâattention par leurs contournements de frontiĂšres, leur immersion dans lâillĂ©gal et leur apparition dans les zones grises de lâinfra-lĂ©gal » et « le transnationalisme a longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme une «anti-monde» » (Lacroix, 2005 : 23). La construction du transnational peut alors ĂȘtre lue comme la tentative des migrants de dĂ©passer une fracture subie : lâĂ©migrĂ©-immigrĂ© ne se sent jamais Ă sa place, ni ici, ni lĂ bas, dâoĂč la construction sociale de lâespace transnational, un espace qui inclut ici et lĂ bas, et de la figure du transmigrant.
Une notion adéquate ?
Le transnationalisme reste aujourdâhui discutĂ©. Lafleur avance quâune premiĂšre difficultĂ© liĂ©e Ă lâusage de ce concept est celle de la tendance à « dĂ©finir tout phĂ©nomĂšne migratoire contemporain comme transnational » (Lafleur, 2005 : 21). Portes a dĂ©fini trois conditions qui doivent ĂȘtre remplies pour pouvoir dĂ©signer une activitĂ© ou un phĂ©nomĂšne comme transnational : « 1) une part significative de la communautĂ© concernĂ©e est impliquĂ©e dans les activitĂ©s transnationales [âŠ], 2) les activitĂ©s se produisent de maniĂšre stable et rĂ©currente [âŠ], 3) le contenu de ces activitĂ©s nâest pas recouvert par un autre concept » (Portes, 1999, traduit et citĂ© par Lafleur, 2005 : 22).
Lacroix, lui, avance une toute autre difficultĂ© liĂ©e Ă ce concept : « [Le transnationalisme] sâest construit autour dâune opposition forte entre deux sphĂšres : celle des rĂ©seaux et des territoires, de la mobilitĂ© et du âstatiqueâ, de la nation transcendante et du communautarisme transnational⊠Aujourdâhui, cette opposition stricte est mise Ă mal » (Lacroix, 2005 : 23). Lacroix propose alors de repenser le transnationalisme en dĂ©veloppant une approche qui laisse de la place à « lâobservation des rencontres et des articulations des diffĂ©rents acteurs » (ibid.), soit les interactions entre diffĂ©rents groupes tels la sociĂ©tĂ© dâaccueil ou de dĂ©part et les groupes transnationaux. BerthomiĂšre et Hily vont dans le mĂȘme sens que Lacroix en proposant de « poser le regard en dehors du champ dĂ©limitĂ© du devenir national et de privilĂ©gier une dĂ©marche oĂč lâobservation renseigne sur le quotidien des sociabilitĂ©s dans lâespace public » et de « chercher Ă saisir dans lâĂ©vĂ©nement de la rencontre le sens des conflits, des ajustements, des petits arrangements et autres accommodements bien plus que de penser les appartenances dans des cadres normatifs » (BerthomiĂšre et Hily, 2006 : 80).
Dans cet ouvrage, je ne mâefforcerai pas de dĂ©finir, selon les critĂšres Ă©tablis par Portes, si un phĂ©nomĂšne ou une activitĂ© est « transnational ou non ». Il sâagirait plutĂŽt de dĂ©velopper la piste Ă©noncĂ©e par BerthomiĂšre et Hily. Jâutiliserai le terme de transnationalisme pour souligner quâun phĂ©nomĂšne ou une activitĂ© implique deux ou plusieurs Ătat-nations et, par lĂ , pour souligner lâĂ©chelle internationale des mouvements spatiaux et relations sociales actuelles. La notion de transnationalisme sera ainsi, dans cette thĂšse, apprĂ©hendĂ©e plus comme un outil descriptif quâun objet proprement dit. Enfin, pour revenir sur les divergences entre les approches nord-amĂ©ricaine et europĂ©enne, citons Potot qui avance que « si dans les deux cas, le constat de la transnationalisation des migrations contemporaines rend dĂ©finitivement obsolĂšte les conceptions de lâimmigration comme processus dâassimilation dans le pays dâaccueil, aux Ătats-Unis la notion de transnationalisme fait rĂ©fĂ©rence aux pratiques de migrants bipolaires, socialement ancrĂ©s dans le pays dâaccueil et dans celui du dĂ©part, alors quâen France, les nouveaux flux migratoires en Europe sont plutĂŽt analysĂ©s en termes de mobilitĂ© ou de circulation migratoire » (Potot, 2003 : 18).
B. La circulation migratoire
Lâintroduction dans la recherche dans les annĂ©es 1980 de la notion de circulation migratoire (Hily, 2009 : 24) tĂ©moigne, comme pour la notion de transnationalisme, du besoin dâun vocabulaire permettant de dĂ©crire la complexitĂ© croissante des phĂ©nomĂšnes de la mobilitĂ©.
« Circuler », un phénomÚne ancien
Si lâexpression de « circulation migratoire » est relativement rĂ©cente, le phĂ©nomĂšne ne lâest pas : de nombreux travaux, historiques notamment, ont dĂ©crit une pratique de circulation. Ceux sur la circularitĂ© des Ă©tudiants au Moyen Ăge, lâouvrage dâAnderson sur le hobo de 1923 (Hily, ibid.) ou encore ceux sur les mobilitĂ©s rĂ©pĂ©tĂ©es des travailleurs tout au long du XXe siĂšcle en constituent des exemples (Cortes et Faret, 2009 : 11). Depuis les annĂ©es 1950, ce sont les termes comme « champ migratoire », « espace migratoire », « noria » ou « migrations pendulaires » qui sont mobilisĂ©s pour donner du sens aux dĂ©placements et aux modes dâorganisation des migrants dâalors (Hily, ibid.). Puis, avec les dynamiques de reconfiguration et de complexification des processus de migrations internationales, apparaissent des termes tels « migrant », « circulant », « transmigrant », « territoires circulatoires », « rĂ©seaux transnationaux », « diaspora »⊠(ibid.). Câest par ailleurs Mabogunje qui, en 1970, parle dĂ©jĂ de la nĂ©cessitĂ© dâĂ©tudier la migration comme « circulaire, interdĂ©pendante et comme un systĂšme progressivement complexe et se modifiant lui-mĂȘme (Mabogunje, 1970, citĂ© par Hily, 2009 : 25). Mary, Lim et Zlotnik utilisent un vocabulaire similaire en 1992 (Hily, ibid.).
Quant Ă la dĂ©finition de la circulation migratoire, elle correspond, selon BerthomiĂšre et Hily (2006), Ă une dĂ©marche qui « tente de tenir compte Ă la fois des espaces concernĂ©s par les migrations, des dĂ©placements accrus des personnes entre diffĂ©rents lieux et des flux matĂ©riels (biens, services, remises) et idĂ©els (normes, valeurs, reprĂ©sentations) induits par les migrations ». Il ne sâagit donc pas seulement dâun type de migrations de personnes, mais dâun processus plus global.
Lâusage de la notion de circulation migratoire
Aujourdâhui, on retrouve lâutilisation de la notion de circulation migratoire dans diverses disciplines qui privilĂ©gient une approche dynamique des migrations plutĂŽt que lâapproche en termes dâinsertion ou dâintĂ©gration. Parmi les Ă©tudes qui proposent une vĂ©ritable rĂ©flexion autour de cette notion, il faut citer Le Bilan des travaux sur la circulation...
Table des matiĂšres
- AVERTISSEMENT
- REMERCIEMENTS
- PRĂFACE
- Introduction
- CHAPITRE 1 POSITIONNEMENT THĂORIQUE
- CHAPITRE 2 PROCĂDURES MĂTHODOLOGIQUES
- CHAPITRE 3 LâESPACE MIGRATOIRE ESPAGNOL
- CHAPITRE 4 SALAMANQUE, UNE VILLE INTĂRIEURE ESPAGNOLE
- CHAPITRE 5 LE RĂLE DES INSTITUTIONS DANS LâACCUEIL, LA CONSTRUCTION DE RĂSEAUX ET LES PROJETS DES MIGRANTS
- CHAPITRE 6 LES PRATIQUES DE LA VILLE
- CHAPITRE 7 LE QUARTIER DE GARRIDO NORTE
- CHAPITRE 8 PRATIQUES DE CIRCULATION ET DE PASSAGE
- CONCLUSION
- BIBLIOGRAPHIE
- Dans la collection « Mondes méditerranéens » :