Migrants dans la ville
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Migrants dans la ville

Une étude socio-anthropologique des mobilités migrantes en Espagnes

  1. 250 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Migrants dans la ville

Une étude socio-anthropologique des mobilités migrantes en Espagnes

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À propos de ce livre

Cet ouvrage se propose d'étudier la mobilité des migrants et seseffets sur l'évolution de l'espace urbain à Salamanque, une ville moyenne espagnole encore peu marquée par les migrations. Ils'agit de croiser une sociologie des parcours migratoires et une sociologie urbaine, avec comme clé de lecture la notion de projetmigratoire. Par une procédure méthodologique compréhensive, s'inscrivant dans le cadre de la socio-anthropologie, il convient de saisir la logique des parcours...

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Informations

Éditeur
EME Editions
Année
2013
ISBN
9782806610997

CHAPITRE 1
POSITIONNEMENT THÉORIQUE

L’objectif de ce chapitre est de situer le cadre thĂ©orique dans lequel s’inscrit ce travail et de discuter des concepts que je mobiliserai. Je vais, dans un premier temps, aborder trois concepts qui ont Ă©mergĂ© au sein de la sociologie des migrations afin de dĂ©passer l’approche des migrations comme le simple passage d’un pays Ă  un autre : le transnationalisme, la circulation migratoire et, enfin, la mobilitĂ©. J’aborderai Ă©galement la notion de rĂ©seaux sociaux, Ă©troitement liĂ©e aux trois premiĂšres. Je vais ensuite aborder le choix de procĂ©der par une entrĂ©e par la ville. Enfin, je m’arrĂȘterai, dans un troisiĂšme temps, plus longuement sur la notion de projet migratoire, notion clĂ© de cet ouvrage.
I. QUELS CONCEPTS POUR UNE SOCIO-ANTHROPOLOGIE DE LA MOBILITÉ ?

A. Le transnationalisme

Le vocabulaire du transnationalisme
Afin de lire le champ international non Ă©tatique, Ă©merge dans les annĂ©es 1970 le concept du transnationalisme. Longtemps confinĂ© aux chercheurs nord-amĂ©ricains, ce vocabulaire connaĂźt aujourd’hui un certain succĂšs dans les milieux acadĂ©miques europĂ©ens. Cependant, des divergences existent entre l’approche nord-amĂ©ricaine et europĂ©enne du transnationalisme, de mĂȘme que chaque discipline scientifique a dĂ©veloppĂ© sa propre production et sa propre dĂ©finition. Je n’en retiendrai ici que deux, essentielles pour la comprĂ©hension de l’utilisation de ce concept : l’approche Ă©conomique et l’approche socio-politique.
L’approche Ă©conomique place l’entreprise transnationale, qui se caractĂ©rise par sa capacitĂ© de dĂ©ployer son activitĂ© dans diffĂ©rents pays, au centre de l’analyse. Lubbers, Haut-commissaire aux rĂ©fugiĂ©s des Nations Unies, dĂ©finit ainsi l’entreprise transnationale :
« Une entreprise transnationale est une sociĂ©tĂ© qui gĂšre des investissements Ă©trangers et produit des biens ou des services dans plus d’un pays. Les entreprises transnationales sont d’importants acteurs globaux possĂ©dant des ressources considĂ©rables. Elles sont de moins en moins Ă  un pays en particulier et deviennent de plus en plus virtuelles » (Lubbers, 2003, citĂ© par Lafleur, 2005 : 10.)
Cette dĂ©finition, Ă  laquelle, selon Lafleur, on associe le plus souvent le transnationalisme, met en avant l’effacement de l’État-nation au profit de l’activitĂ© Ă©conomique (ibid.).
L’approche socio-Ă©conomique, quant Ă  elle, « insiste sur les consĂ©quences qu’a la mondialisation de l’économie sur les pratiques des individus et plus particuliĂšrement des migrants » (ibid.). L’accent est mis sur la mobilitĂ© de l’individu (le migrant) et sur les capacitĂ©s de cet individu Ă  maintenir des liens avec son pays d’origine. Les « artisans » de cette approche, pour reprendre l’expression de BerthomiĂšre et Hily (2006), sont principalement Glick Schiller et ses collĂšgues. Ils dĂ©finissent ainsi le transnationalisme :
« Nous dĂ©finissons le transnationalisme comme les procĂ©dĂ©s par lesquels les migrants forgent et maintiennent des relations sociales multiples et crĂ©ent de la sorte des liens entre leur sociĂ©tĂ© d’origine et la sociĂ©tĂ© oĂč ils s’installent. Nous appelons ces procĂ©dĂ©s “transnationalisme” pour insister sur le fait que de nombreux immigrĂ©s construisent aujourd’hui des sphĂšres sociales qui traversent les frontiĂšres gĂ©ographiques, culturelles et politiques traditionnelles. Un Ă©lĂ©ment essentiel du transnationalisme est la multiplicitĂ© des participants des immigrĂ©s transnationaux (transmigrants) Ă  la fois dans le pays d’accueil et d’origine. Nous sommes cependant toujours Ă  la recherche du vocabulaire adaptĂ© pour dĂ©crire ces nouveaux espaces sociaux » (Basch, Glick Schiller et Blanc-Szanton, 1994 : 7, traduits et citĂ©s par Lafleur, 2005 : 11.)
Lafleur retient comme dĂ©nominateur commun pour ces deux dĂ©finitions du transnationalisme (Ă©conomique et socio-politique) « l’identitĂ© comme dĂ©tachĂ©e d’un territoire exclusif » (Lafleur, 2005 : 11) et montre que leur diffĂ©rence rĂ©side dans leurs disciplines respectives. Si la dĂ©finition Ă©conomique relĂšve plutĂŽt des sciences commerciales, la dĂ©finition socio-politique relĂšve plutĂŽt de la sociologie et de l’anthropologie. Dans les lignes qui suivent, c’est cette derniĂšre qui sera discutĂ©e.
Un premier apport des « Ă©tudes transnationales » est celui de rompre avec la dualitĂ© espace d’origine et/ou espace d’installation et d’ouvrir vers une interrogation sur le continuum entre les sociĂ©tĂ©s d’origine et les sociĂ©tĂ©s d’accueil « qui ne forment plus qu’un seul et mĂȘme espace de l’arĂšne de l’action sociale » (Brettell, 2000 : 104-105, citĂ© par BerthomiĂšre et Hily, 2006 : 71).
Comme l’avance Lacroix, « les rĂ©seaux transnationaux attirent gĂ©nĂ©ralement l’attention par leurs contournements de frontiĂšres, leur immersion dans l’illĂ©gal et leur apparition dans les zones grises de l’infra-lĂ©gal » et « le transnationalisme a longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme une «anti-monde» » (Lacroix, 2005 : 23). La construction du transnational peut alors ĂȘtre lue comme la tentative des migrants de dĂ©passer une fracture subie : l’émigrĂ©-immigrĂ© ne se sent jamais Ă  sa place, ni ici, ni lĂ  bas, d’oĂč la construction sociale de l’espace transnational, un espace qui inclut ici et lĂ  bas, et de la figure du transmigrant.
Une notion adéquate ?
Le transnationalisme reste aujourd’hui discutĂ©. Lafleur avance qu’une premiĂšre difficultĂ© liĂ©e Ă  l’usage de ce concept est celle de la tendance Ă  « dĂ©finir tout phĂ©nomĂšne migratoire contemporain comme transnational » (Lafleur, 2005 : 21). Portes a dĂ©fini trois conditions qui doivent ĂȘtre remplies pour pouvoir dĂ©signer une activitĂ© ou un phĂ©nomĂšne comme transnational : « 1) une part significative de la communautĂ© concernĂ©e est impliquĂ©e dans les activitĂ©s transnationales [
], 2) les activitĂ©s se produisent de maniĂšre stable et rĂ©currente [
], 3) le contenu de ces activitĂ©s n’est pas recouvert par un autre concept » (Portes, 1999, traduit et citĂ© par Lafleur, 2005 : 22).
Lacroix, lui, avance une toute autre difficultĂ© liĂ©e Ă  ce concept : « [Le transnationalisme] s’est construit autour d’une opposition forte entre deux sphĂšres : celle des rĂ©seaux et des territoires, de la mobilitĂ© et du “statique”, de la nation transcendante et du communautarisme transnational
 Aujourd’hui, cette opposition stricte est mise Ă  mal » (Lacroix, 2005 : 23). Lacroix propose alors de repenser le transnationalisme en dĂ©veloppant une approche qui laisse de la place Ă  « l’observation des rencontres et des articulations des diffĂ©rents acteurs » (ibid.), soit les interactions entre diffĂ©rents groupes tels la sociĂ©tĂ© d’accueil ou de dĂ©part et les groupes transnationaux. BerthomiĂšre et Hily vont dans le mĂȘme sens que Lacroix en proposant de « poser le regard en dehors du champ dĂ©limitĂ© du devenir national et de privilĂ©gier une dĂ©marche oĂč l’observation renseigne sur le quotidien des sociabilitĂ©s dans l’espace public » et de « chercher Ă  saisir dans l’évĂ©nement de la rencontre le sens des conflits, des ajustements, des petits arrangements et autres accommodements bien plus que de penser les appartenances dans des cadres normatifs » (BerthomiĂšre et Hily, 2006 : 80).
Dans cet ouvrage, je ne m’efforcerai pas de dĂ©finir, selon les critĂšres Ă©tablis par Portes, si un phĂ©nomĂšne ou une activitĂ© est « transnational ou non ». Il s’agirait plutĂŽt de dĂ©velopper la piste Ă©noncĂ©e par BerthomiĂšre et Hily. J’utiliserai le terme de transnationalisme pour souligner qu’un phĂ©nomĂšne ou une activitĂ© implique deux ou plusieurs État-nations et, par lĂ , pour souligner l’échelle internationale des mouvements spatiaux et relations sociales actuelles. La notion de transnationalisme sera ainsi, dans cette thĂšse, apprĂ©hendĂ©e plus comme un outil descriptif qu’un objet proprement dit. Enfin, pour revenir sur les divergences entre les approches nord-amĂ©ricaine et europĂ©enne, citons Potot qui avance que « si dans les deux cas, le constat de la transnationalisation des migrations contemporaines rend dĂ©finitivement obsolĂšte les conceptions de l’immigration comme processus d’assimilation dans le pays d’accueil, aux États-Unis la notion de transnationalisme fait rĂ©fĂ©rence aux pratiques de migrants bipolaires, socialement ancrĂ©s dans le pays d’accueil et dans celui du dĂ©part, alors qu’en France, les nouveaux flux migratoires en Europe sont plutĂŽt analysĂ©s en termes de mobilitĂ© ou de circulation migratoire » (Potot, 2003 : 18).

B. La circulation migratoire

L’introduction dans la recherche dans les annĂ©es 1980 de la notion de circulation migratoire (Hily, 2009 : 24) tĂ©moigne, comme pour la notion de transnationalisme, du besoin d’un vocabulaire permettant de dĂ©crire la complexitĂ© croissante des phĂ©nomĂšnes de la mobilitĂ©.
« Circuler », un phénomÚne ancien
Si l’expression de « circulation migratoire » est relativement rĂ©cente, le phĂ©nomĂšne ne l’est pas : de nombreux travaux, historiques notamment, ont dĂ©crit une pratique de circulation. Ceux sur la circularitĂ© des Ă©tudiants au Moyen Âge, l’ouvrage d’Anderson sur le hobo de 1923 (Hily, ibid.) ou encore ceux sur les mobilitĂ©s rĂ©pĂ©tĂ©es des travailleurs tout au long du XXe siĂšcle en constituent des exemples (Cortes et Faret, 2009 : 11). Depuis les annĂ©es 1950, ce sont les termes comme « champ migratoire », « espace migratoire », « noria » ou « migrations pendulaires » qui sont mobilisĂ©s pour donner du sens aux dĂ©placements et aux modes d’organisation des migrants d’alors (Hily, ibid.). Puis, avec les dynamiques de reconfiguration et de complexification des processus de migrations internationales, apparaissent des termes tels « migrant », « circulant », « transmigrant », « territoires circulatoires », « rĂ©seaux transnationaux », « diaspora »  (ibid.). C’est par ailleurs Mabogunje qui, en 1970, parle dĂ©jĂ  de la nĂ©cessitĂ© d’étudier la migration comme « circulaire, interdĂ©pendante et comme un systĂšme progressivement complexe et se modifiant lui-mĂȘme (Mabogunje, 1970, citĂ© par Hily, 2009 : 25). Mary, Lim et Zlotnik utilisent un vocabulaire similaire en 1992 (Hily, ibid.).
Quant Ă  la dĂ©finition de la circulation migratoire, elle correspond, selon BerthomiĂšre et Hily (2006), Ă  une dĂ©marche qui « tente de tenir compte Ă  la fois des espaces concernĂ©s par les migrations, des dĂ©placements accrus des personnes entre diffĂ©rents lieux et des flux matĂ©riels (biens, services, remises) et idĂ©els (normes, valeurs, reprĂ©sentations) induits par les migrations ». Il ne s’agit donc pas seulement d’un type de migrations de personnes, mais d’un processus plus global.
L’usage de la notion de circulation migratoire
Aujourd’hui, on retrouve l’utilisation de la notion de circulation migratoire dans diverses disciplines qui privilĂ©gient une approche dynamique des migrations plutĂŽt que l’approche en termes d’insertion ou d’intĂ©gration. Parmi les Ă©tudes qui proposent une vĂ©ritable rĂ©flexion autour de cette notion, il faut citer Le Bilan des travaux sur la circulation...

Table des matiĂšres

  1. AVERTISSEMENT
  2. REMERCIEMENTS
  3. PRÉFACE
  4. Introduction
  5. CHAPITRE 1 POSITIONNEMENT THÉORIQUE
  6. CHAPITRE 2 PROCÉDURES MÉTHODOLOGIQUES
  7. CHAPITRE 3 L’ESPACE MIGRATOIRE ESPAGNOL
  8. CHAPITRE 4 SALAMANQUE, UNE VILLE INTÉRIEURE ESPAGNOLE
  9. CHAPITRE 5 LE RÔLE DES INSTITUTIONS DANS L’ACCUEIL, LA CONSTRUCTION DE RÉSEAUX ET LES PROJETS DES MIGRANTS
  10. CHAPITRE 6 LES PRATIQUES DE LA VILLE
  11. CHAPITRE 7 LE QUARTIER DE GARRIDO NORTE
  12. CHAPITRE 8 PRATIQUES DE CIRCULATION ET DE PASSAGE
  13. CONCLUSION
  14. BIBLIOGRAPHIE
  15. Dans la collection « Mondes méditerranéens » :