La troisième guerre punique et la destruction de Carthage
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La troisième guerre punique et la destruction de Carthage

Le verbe de Caton et les armes de Scipion

  1. 190 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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La troisième guerre punique et la destruction de Carthage

Le verbe de Caton et les armes de Scipion

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Carthage, ennemie historique de Rome, fut détruite au printemps de l'année 146 avant J.-C., après une guerre qui a duré quatre ans. Il a fallu quatre consuls pour briser les solides murs qui défendaient encore les citoyens de la cité punique. Les écrivains de la fin de la République et de l'Empire ont identifié l'an 146 comme étant la fin d'une époque. Désormais sans rivale, celle-ci s'était abandonnée au luxe. Si Caton, vétéran de la deuxième guerre punique, avait été l'instigateur de la destruction de la cité de Didon, Scipion Émilien, qui a peut-être apporté une contribution décisive à la motion du vieux censeur, en a été le principal artisan.

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Informations

Éditeur
Academia
Année
2015
ISBN
9782806120625

Chapitre VI
La guerre de Scipion Émilien

La nouvelle des échecs reçue par le consul Pison avait engendré une grande crainte parmi la population romaine. La détermination avait fait place aux doutes : Carthage pouvait-elle être détruite ? Dans ce sombre tableau apparaissait une lueur d’espoir : le souvenir des actions glorieuses accomplies par le tribun Scipion Émilien. Lorsque celui-ci revint à Rome au début de l’année 148, accompagné de Phaméas, il annonça qu’il briguait l’édilité501, une des fonctions les plus pacifiques du cursus honorum, son dessein premier n’étant pas de retourner en Afrique. Il avait d’ailleurs renoué des liens avec certains philosophes, écrivains et érudits, tels que Polybe, Térence, Panetius – lui aussi présent à Carthage en 146 –, Laelius ou Caton (le fils du censeur) qui formaient le cercle habituel de ses relations, appelé, dès le milieu du XIXe siècle, « Cercle de Scipion. »502
L’Alexandrin, qui croit en l’astrologie, soutient que tout individu est prédestiné à jouer un rôle dans l’histoire503. « Un grand homme, c’est la rencontre d’un grand caractère avec de grands événements » : la définition d’A. Malraux s’applique brillamment à celui qui allait vaincre Carthage au cours de la troisième guerre punique. Quand Émilien est nommé à la tête des troupes romaines en Afrique, celles-ci commencent à enchaîner les victoires, présentant ainsi un contraste saisissant avec leur série de défaites du début des hostilités. Scipion débarquera finalement en Afrique et sauvera Mancinus et ses troupes d’une perte certaine. Il rétablira aussi la discipline – valeur puisant sa force dans le sacré – dans l’armée romaine, avant de s’emparer du faubourg de Mégara et de fermer l’entrée des ports carthaginois. Après la prise définitive du Cothôn et le combat dans les rues, celui qui était devenu consul de Rome s’emparera de Carthage, inscrivant son nom dans l’histoire.
Par ailleurs, un héros moral émerge en la personne de Scipion, qui associe la victoire militaire à la supériorité morale, et incarne à lui seul la uirtus, la fides et la pietas. En effet, ses succès sont implicitement associés à la compréhension correcte de la vertu, démontrée par sa capacité à réconcilier les valeurs ancestrales. Les concepts de virilité et d’éthique se recoupent dans la mesure où il n’est pas possible de les séparer lors de l’analyse de l’action d’Émilien au cours du siège. Pour Polybe et Appien notamment, le Romain semble jouer un rôle didactique essentiel : étant la démonstration même de la vertu, il est un exemplum à suivre.
Le premier chapitre de cette sixième partie sera consacré à une brève biographie de Scipion Émilien. Il mettra notamment en relation vertu et fonction politique.

1. Scipion Émilien : l’archétype du bon Romain ?

Scipion Émilien est né en 185 ou 184 de mère et de père patriciens504. Fils du vainqueur de Pydna, Paul-Émile, il était entré dans la famille des Scipions à la suite d’une adoption, le fils de l’Africain n’ayant pas eu de garçon à qui transmettre ses biens et le culte de ses ancêtres.
A. E. Astin, très prudent dans ses jugements, a dressé le portrait moral de Scipion. Il le décrit comme étant quelqu’un d’équilibré, fortement marqué par ses ascendants et par un patriotisme aussi intransigeant qu’éclairé, à la fois complexé et ambitieux, et non dénué d’une certaine pointe d’arrogance et de sarcasme, ce qui aurait pu expliquer le petit nombre d’individus qui composaient son cercle de proches, par contraste avec ses nombreux ennemis parmi les sénateurs de sa caste. L’historien anglo-saxon pointe du doigt les aspects illégaux de sa carrière politique, et ses méthodes, que l’on pourrait aujourd’hui qualifier de « populistes »505. Cependant, les auteurs antiques sont unanimes quant à sa grandeur d’âme et à son génie militaire lors du siège de Carthage.
Scipion Émilien a suscité l’admiration des Anciens, car, selon eux, il possédait toutes les qualités requises du bon Romain. Il était un grand intellectuel, un fin lettré marqué par la littérature et la culture grecques, notamment par les vers d’Homère, mais il était aussi un passionné de philosophie et de politique. Velleius Paterculus oppose sa sagesse et son intelligence à l’ignorance de Mummius506. Marqué par une grande pietas, il n’en utilisait pas moins la religion pour renforcer sa popularité. Doté d’une santé robuste, il bénéficiait, disait-il, de la même protection que celle qui avait été accordée à son grand-père par Jupiter. Comme l’Africain, Émilien a tiré sa gloire de ses victoires en Espagne et en Afrique. Il faut ajouter à ces qualités multiples le sérieux, la tempérance et une grande générosité507, que facilitait une situation bien assise508. Au courage physique dont il avait fait preuve à la chasse509 et à la guerre, il alliait une certaine habilité en tant que tacticien. Il s’était distingué de nombreuses fois, notamment en 151 dans une campagne contre les Espagnols510. Pourtant, au départ, sa vocation n’était pas d’être soldat.
Il n’est pas exagéré d’affirmer que Polybe et Scipion Émilien ont entretenu des liens fraternels : les conversations familières qu’ils ont engagées le prouvent511. L’historien grec écrit : « Polybe flottait entre la joie, à la vue de cet élan affectueux du jeune Scipion, et la crainte que lui inspirait la grandeur d’une telle famille et le souvenir des héros qu’elles avaient produits. À partir de ce jour solennel, Scipion ne quitta plus Polybe et préféra sa présence à tous les plaisirs. »512 Le disciple s’est donc inscrit dans la dynamique philosophico-politique et historique de son mentor.
Scipion avait également beaucoup d’estime pour le roi Massinissa. En 150, alors que celui-ci ne put recevoir personnellement le tribun, il ordonna à plusieurs de ses fils de l’inviter à assister au combat qui allait l’opposer à des Carthaginois. Du haut d’une des nombreuses collines, Publius, qui ne fut pas hors de danger, assista à la bataille qu’il compara plus tard à celle qu’avaient eue Zeus, du mont Ida, et Poséidon, du sommet de Samothrace, au temps de la guerre de Troie513. Le fils de Paul-Émile adora le « spectacle » au point de dire qu’il n’avait jamais pris tant de plaisir lors d’une pièce théâtrale du fait qu’il se soit trouvé dans la même situation que celle des dieux. Selon Appien, 110 000 soldats furent aux prises lors de cette bataille. À la nuit tombante, chacun des adversaires retourna à ses positions. Lorsque Massinissa revint avec son armée dans le camp, Scipion Émilien le félicita. Le Numide embrassa alors affectueusement le petit-fils de son illustre protecteur et ami514. Pour Cicéron, le roi l’aurait un jour salué en des termes élogieux en l’élevant au rang de « soleil très haut » (summe sol)515.
En décembre 148, lorsque le peuple romain fut agacé par l’incapacité et les échecs successifs de Pison, il offrit à Scipion le consulat au lieu de l’édilité. Le système républicain avait déjà été adapté lorsque l’Africain, avec pour seule qualification la bénédiction de ses concitoyens, avait reçu le commandement de l’Espagne durant la deuxième guerre punique. Ce choix s’explique par les qualités personnelles du jeune homme, mais aussi en raison du nom qu’il portait. Les Romains avaient foi en la destinée toute puissante de certaines gentes, et les pertes en soldats et en argent les poussèrent à réclamer le retour de Scipion au-devant de la scène politico-militaire. Platon définit d’ailleurs la fonction politique comme l’exercice d’une portion de pouvoir déterminée par celui qui en est le plus capable516.
Néanmoins, le se...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. Table des sigles et abréviations
  6. Introduction
  7. Chapitre I – L’historiographie
  8. Chapitre II – L’affaire Massinissa
  9. Chapitre III – Delenda est Carthago : Carthage doit être détruite !
  10. Chapitre IV – Les dernières tentatives carthaginoises pour éviter une troisième guerre punique : une guerre des nerfs
  11. Chapitre V – Les premières opérations de la troisième guerre punique
  12. Chapitre VI – La guerre de Scipion Émilien
  13. Conclusion
  14. Chronologie
  15. Bibliographie
  16. Table des matières