Compostelle
eBook - ePub

Compostelle

La saveur du chemin

  1. 250 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Compostelle

La saveur du chemin

DĂ©tails du livre
Aperçu du livre
Table des matiĂšres
Citations

À propos de ce livre

AprĂšs un bilan de vie douloureux et souffrant de fibromyalgie, Claire Colette, 53 ans, part Ă  pied de Louvain-La-Neuve jusque Compostelle durant trois mois. Elle y dĂ©pose toute la souffrance de son corps, de son cƓur, de son Ăąme. Au retour, elle reçoit une deuxiĂšme vie, comme elle aime le dire. Une deuxiĂšme vie pour ĂȘtre plus ajustĂ©e avec elle-mĂȘme, dans ses projets avec les autres et la sociĂ©tĂ©. Ce tĂ©moignage montre comment le chemin peut transformer, pas Ă  pas, inexorablement, le marcheur au long cours.

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramĂštres et de cliquer sur « RĂ©silier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez rĂ©siliĂ© votre abonnement, il restera actif pour le reste de la pĂ©riode pour laquelle vous avez payĂ©. DĂ©couvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptĂ©s aux mobiles peuvent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©s via l’application. La plupart de nos PDF sont Ă©galement disponibles en tĂ©lĂ©chargement et les autres seront tĂ©lĂ©chargeables trĂšs prochainement. DĂ©couvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accĂšs complet Ă  la bibliothĂšque et Ă  toutes les fonctionnalitĂ©s de Perlego. Les seules diffĂ©rences sont les tarifs ainsi que la pĂ©riode d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous Ă©conomiserez environ 30 % par rapport Ă  12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement Ă  des ouvrages universitaires en ligne, oĂč vous pouvez accĂ©der Ă  toute une bibliothĂšque pour un prix infĂ©rieur Ă  celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! DĂ©couvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte Ă  haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accĂ©lĂ©rer ou le ralentir. DĂ©couvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accĂ©der Ă  Compostelle par Claire Colette en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Literature et Literary Criticism. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages Ă  dĂ©couvrir dans notre catalogue.

Informations

Éditeur
Academia
Année
2015
ISBN
9782806120359

L’ouverture du cƓur

De VĂ©zelay Ă  Saint-Jean-Pied-de-Port : 950 kilomĂštres
En quoi est-ce que l’immensitĂ© de mon savoir peut
me permettre d’aimer mon prochain si j’ai dans
la profondeur de moi-mĂȘme des blessures non cicatrisĂ©es
induisant des impulsions de haine, de rancune, de jalousie,
d’amertume ?
Arnaud Desjardins
*
Samedi 22 juillet : dĂ©part de Saint-Didier – kilomĂštre 650.
Sept heures du matin, j’embrasse Charlotte avec beaucoup d’émotion. Une deuxiĂšme sĂ©paration, celle qui ne s’évite pas cette fois, qui n’évite plus la douleur, les larmes, les peurs, les manques contenus dans cet instant. Son Ă©motion vient chercher la mienne. Nous savons que nous ne nous reverrons pas avant deux mois, que notre chemin n’est pas exempt d’épreuves ni de risques. Nous sommes tellement permĂ©ables Ă  l’autre et avons un long chemin Ă  faire pour guĂ©rir de nos blessures. Mon cƓur saigne, j’accepte ces larmes qui coulent, les miennes, les siennes, avec encore tellement de retenue.
Je sais que je dois continuer mon chemin.
Partir, mĂȘme un temps, quitter ceux qu’on aime et qui dĂ©pendent encore un peu de nous, c’est toucher aussi Ă  notre fragilitĂ©. Et si l’on n’en revenait pas ? David est adulte depuis longtemps ; sa fragilitĂ© ne vient pas faire Ă©cho de la mĂȘme maniĂšre en moi.
Marie nous prend en photo, dans les bras l’une de l’autre. Merci Marie ! Souvenir ĂŽ combien prĂ©cieux (p. 154).
Lorsque ma fille est nĂ©e, est nĂ©e chez moi une conscience nouvelle de la maternitĂ© ; est nĂ©e une capacitĂ© nouvelle de ressentir de maniĂšre vive les besoins et les fragilitĂ©s de ce petit ĂȘtre, totalement Ă  la merci de la bienveillance ou de la malveillance de l’adulte. Je devenais une mĂšre bienveillante, capable de canaliser ma violence et de passer au second plan mes propres besoins au profit de ceux de mon enfant. Et je mesurais, en mĂȘme temps, combien j’avais Ă©tĂ© manquante pour mon fils, combien je n’avais pas suffisamment pris soin de lui, pas suffisamment Ă©tĂ© Ă  l’écoute de ses sentiments, de ses besoins affectifs, de sĂ©curitĂ©, de paix, de respect, de balises. C’est cela, la violence dont je parle, « ma » violence

John Bradshaw explique que « Quand les parents portent en eux un « enfant blessĂ© », leur propre Ă©tat de manque les rend incapables de combler les manques de leur progĂ©niture. En ce cas, soit ils ressentent de la colĂšre face aux besoins de leur enfant, soit ils tĂąchent de satisfaire leurs propres besoins en rĂ©duisant leur enfant Ă  une sorte de prolongement d’eux-mĂȘmes » (13, p. 68). Et plus loin, il prĂ©cise : « Il demeure dĂ©plorable que, enfant, nous ayons dĂ» utiliser notre dynamisme et notre ressort pour survivre plutĂŽt que pour croĂźtre et favoriser l’émergence de notre moi » (13, p. 73).
Cet enfant, qui a dĂ» utiliser son ressort pour survivre, ce fut moi, puis transmis Ă  mon fils.
Bonheur, tristesse, culpabilitĂ©, remords, souffrance
 Éveil du discernement dans la joie de la dĂ©couverte du prĂ©sent et la souffrance du passĂ©.
Ma fille doit nĂ©anmoins se construire dans l’absence du pĂšre, en dĂ©couvrant Ă  ses dĂ©pens quelle place symbolique, psychique, Ă©motionnelle, affective cette absence prend dans sa vie, dans ses choix, dans ses Ă©preuves, de maniĂšre singuliĂšre et ce, tout au long de sa vie. Elle a en elle une brĂšche qui l’amĂšnera sur son propre chemin de croissance. Et c’est de tout cela qu’est empreinte la tristesse de cet instant de sĂ©paration.
En attendant, nous devons apprendre Ă  nous quitter, ici, comme dans notre quotidien. Avec la diffĂ©rence qu’aujourd’hui c’est moi qui la quitte pour mon pĂšlerinage alors que prĂ©cĂ©demment, c’est elle qui quittait la maison pour prendre son envol. Elle Ă©tait trĂšs jeune, j’ai acceptĂ© sans ĂȘtre certaine que ce soit « juste ».
Marie et LĂ©onard m’accompagnent dans cette marche du matin durant une heure ou deux, puis l’on se dit adieu. Vers neuf ou dix heures, une averse surgit, accompagnĂ©e de coups de vent violents, puis tout s’apaise, mon cƓur aussi. L’air fraĂźchit ! Je marche le long de petites routes et de chemins forestiers ; alentour, des champs de cĂ©rĂ©ales, des prĂ©s oĂč paissent des bƓufs charolais. Charme bucolique.
L’effort physique devient moins douloureux, mĂȘme si mes ampoules sont encore sensibles. Je me sens franchir une nouvelle Ă©tape. VoilĂ  trois bonnes semaines que je marche, un bien-ĂȘtre physique s’installe.
Je me dĂ©couvre une envie de rencontrer d’autres pĂšlerins, de quitter ma solitude totale, jalousement gardĂ©e, un dĂ©sir de partager l’expĂ©rience du chemin. Je suis Ă  l’écoute de ce qui doit se vivre

J’arrive Ă  Varzy, petite ville endormie sous la chaleur. Tout en descendant ses ruelles Ă©troites, de vieilles enseignes peintes directement sur les murs des maisons, dĂ©lavĂ©es par le temps, tĂ©moignent des mĂ©tiers d’autrefois : chapelier, mercier, cafĂ© et bien d’autres. FrĂŽlement d’une Ă©poque qui n’est plus

Au camping, le refuge pour pùlerins ouvre ses portes à dix-sept heures trente ; une dame me propose sa tente si je ne trouve pas de solution. Un petit clin d’Ɠil dans la tristesse de mon cƓur !
Je questionne ma tristesse. Besoin d’une proximitĂ© avec ma fille, comme lorsque nous habitions encore ensemble ? Elle a pris son envol de maniĂšre tellement prĂ©coce que je n’ai pas eu le temps de m’y prĂ©parer. Tristesse de toucher du doigt la solitude ontologique de l’humain ? Tristesse de sentir la sienne ? Tristesse d’un inachevĂ© ? Oui, d’un inachevé  Ma fille n’est pas sortie prĂ©maturĂ©ment de mon ventre physique, mais elle est sortie prĂ©maturĂ©ment de la maison, cet autre ventre maternel et j’ai acceptĂ© son envol car je n’ai pas pu dire non Ă  sa demande.
— Quelle est la valeur de ton oui si tu ne sais pas dire non, me rappelait une amie, il y a peu.
Dans mon histoire d’enfant, je percevais l’autoritĂ© paternelle comme violente. Je ne me sentais pas reconnue dans mes besoins, dans l’expression de mon identitĂ© singuliĂšre. Pendant longtemps, je n’ai pas conceptualisĂ© ni objectivĂ© cette violence, je l’ai absorbĂ©e en moi. L’intrusion psychique n’est pas repĂ©rable quand, enfant, on n’a pas la capacitĂ© de prendre du recul et que les mots ne sont pas autorisĂ©s.
Grandissant, je choisissais, « instinctivement », dans mes rencontres amoureuses, le conjoint qui me ferait souffrir.
Plus tard, j’ai dĂ» apprendre Ă  Ă©laguer mon propre « non » de sa carapace de violence, Ă  dĂ©couvrir la violence tapie dans mes comportements, dans mes Ă©motions, lĂ  oĂč je ne l’imaginais pas. J’ai dĂ» apprendre Ă  Ă©laguer de l’amour, de ma vision de l’amour, le poison de violence qui lui collait Ă  la peau. C’est terrible comme l’amour et la violence, l’amour et la souffrance ont Ă©tĂ© intrinsĂšquement liĂ©s dans mon histoire, sans pouvoir identifier cette association.
Je n’ai pas pu dire non Ă  la demande d’envol de ma fille, je pensais que cela pouvait ĂȘtre riche pour elle d’ĂȘtre « hors les murs maternels » ; nous avons vĂ©cu ensemble, dans une relation fĂ©minine pour la plus grande part. Je me disais qu’elle devait avoir d’autres besoins psychiques, affectifs que les seules « nourritures » maternelles. Être mĂšre seule est difficile, difficile de trouver la juste distance, d’apporter et l’amour qui accueille inconditionnellement et l’amour qui cadre avec fermetĂ©.
J’ai rencontrĂ© des difficultĂ©s avec la fermetĂ© car j’ai craint d’ĂȘtre dure. Mais je sais aujourd’hui que ce n’est pas pareil.
Être ferme est structurant, ĂȘtre dur est destructeur. La frontiĂšre est parfois fragile, permĂ©able. J’ai Ă©tĂ© trop dure avec mon fils et trop peu cadrante avec ma fille. Plus tĂŽt nous sommes conscients de notre histoire, de ce patchwork infini dont nous sommes construits, plus nos choix et nos engagements de vie seront justes et respectueux. Je revisite une fois de plus mon histoire, pour la nommer plus justement, la comprendre et l’élaguer sur ce chemin.
LĂ , je sais que je ne reverrai pas Charlotte avant deux mois, que je ne pourrai pas l’épauler dans la prĂ©paration de ses examens ni dans son projet de dĂ©mĂ©nagement et je connais ses fragilitĂ©s.
Joie en moi, aussi, en ce moment, Ă  l’évocation de notre amour partagĂ©, qui se dĂ©couvre, qui s’apprend. Quel plus beau cadeau de la vie que de dĂ©couvrir chaque jour que l’amour est prĂ©sent dans nos vies.
Que ce pùlerinage nourrisse en moi un nouveau regard sur la vie, pour en nourrir mes relations avec ma fille, mon fils, ma famille, mes amis, mon travail

— Regarde la vie avec les yeux du cƓur, me dit mon cƓur !
Comment fait-on ?
L’amour n’est pas une idĂ©e pure, il doit s’incarner dans le concret de notre vie, dans notre corps, dans nos actes, dans nos pensĂ©es, pour exister dans notre cƓur et pas seulement dans les discours et les principes. Que ce chemin m’éveille Ă  l’amour.
Dix-sept heures trente, la responsable du camping arrive. Deux euros cinquante pour la nuit ! Un petit refuge trĂšs accueillant, composĂ© de quatre lits, une kitchenette, une table, quelques dĂ©corations. Il me semble « habitĂ© », je me sens attendue

Je dĂ©pose mes bagages, choisis ma couchette, dĂ©lace mes chaussures et me sens soudainement envahie d’une immense Ă©motion, une vague de tristesse m’inonde et je pleure l’absence de ma fille, les souffrances de mon fils, je pleure ma solitude, je pleure mes blessures, je pleure mes erreurs, je pleure sans retenue, cette fois

On n’échappe pas Ă  soi durant ce voyage : pas de musique, pas de tĂ©lĂ©vision, pas de radio, pas de bruit, personne. Une marche qui vous lamine tout l’ĂȘtre. Et le profond silence qui permet Ă  la pensĂ©e d’éclore, Ă  la conscience d’apparaĂźtre. Juste moi avec moi, seule dans cette relation au monde, Ă  ma vie, Ă  la vie ! La solitude et l’absence de sollicitations extĂ©rieures conduisent Ă  cette expĂ©rience puissante de rencontre avec moi, permettent l’éclosion d’un nouveau regard sur mon histoire, je ne peux plus fuir ce qui est, juste accueillir ce qui se prĂ©sente ; accueillir ce que j’ai pu donner mais aussi ce que je n’ai pas pu donner et la souffrance de ma culpabilitĂ©. Le silence et la solitude me guident vers les profondeurs de mon cƓur, elles vont droit Ă  l’essentiel.
J’ai toujours Ă©vitĂ© jusqu’ici la rencontre avec moi-mĂȘme si je vis seule. Trop de souffrance reçue, trop de souffrance donnĂ©e, trop d’angoisses. Gouffre incommensurable. « Ne regrettez jamais votre passĂ©. Acceptez-le plutĂŽt comme le maĂźtre qu’il est » (116, p. 32).
Quel maĂźtre va-t-il ĂȘtre ce chemin ?
La marche est une vĂ©ritable thĂ©rapie du corps et de l’esprit ; mon corps en a vĂ©cu l’expĂ©rience libĂ©ratrice les semaines prĂ©cĂ©dentes. J’entreprends maintenant un chemin de rencontre intime avec moi, avec mon cƓur, avec mes liens, avec mon histoire. J’ai le sentiment de retrouver ma maison au fond de moi d’oĂč je voudrais tellement que jaillisse une force d’amour qui ne serait plus dans le jugement. Je le sais intellectuellement ; je l’apprends ici dans ma chair, dans mon cƓur, avec tous mes sens.
Mais il y a l’épreuve inĂ©vitable de cette nouvelle rencontre avec moi, la traversĂ©e de ce passage

Souper royal
 et monastique ; royal parce que je m’en dĂ©lecte avec un plaisir royal et monastique parce qu’il est plutĂŽt frugal : pain, saucisson, carottes, eau ! Je m’étends une demi-heure avant de reprendre l’écriture de mon carnet de route. J’y copie une phrase lue Ă  VĂ©zelay sur une affiche prĂ©sentant une exposition de calligraphie : « Aimer, c’est veiller sur la solitude de l’autre sans prĂ©tendre la combler ».
La question de l’amour est partout prĂ©sente sur le chemin

Je veille sur la solitude de mes enfants, discrĂštement par moments, plus visiblement Ă  d’autres ; nous n’avons effectivement pas Ă  combler nos solitudes, elles doivent continuer Ă  explorer la vie. Une amie m’écrivait, peu avant mon dĂ©part, qu’elle aimerait partir marcher mais ne pouvait pas quitter ses filles et ses petites-filles. Elles ne savent pas se quitter. Se quitter peut apporter une rĂ©elle souffrance selon le degrĂ© de dĂ©pendance affective. Mais la sĂ©paration est salutaire, elle permet de rĂ©tablir une juste distance, elle apprend l’autonomie, la libertĂ© inconditionnelle de l’autre, le risque de sa propre libertĂ©, la confiance en soi et en la vie, la dĂ©couverte de ce qui nous est singulier, Ă  oser son propre chemin, Ă  grandir. « On ne peut pas protĂ©ger les gens. Tout ce qu’on peut faire, c’est les aimer » (73).
Au retour de toute prise de distance quelle qu’elle soit, la sĂ©paration enrichit la relation du partage de l’expĂ©rience vĂ©cue, apporte du neuf, questionne la vie, rend lucide sur ce qui n’est plus adĂ©quat ; elle permet de vivre une nouvelle vĂ©ritĂ©.
« La source vitale doit toujours ĂȘtre la vie elle-mĂȘme, non une autre personne », Ă©crit Etty Hillesum (72, p. 4). Je sais que c’est juste mais quelle puissante et exigeante leçon !
Je comprends que ma vie doit essentiellement se nourrir de la vie, qu’elle ne peut se construire sur une dĂ©pendance Ă  qui ou quoi que ce soit, qu’elle doit chercher et suivre ce chemin de dĂ©couverte de l’amour.
Je sais aussi que mon bonheur ne peut pas dĂ©pendre de l’état de bonheur de mes proches ni de celui du monde ; lĂ  j’ai du chemin Ă  faire. Jusqu’à prĂ©sent, le malheur de mes proches et du monde influençait fortement ma capacitĂ© Ă  ressentir la joie de vivre. J’ai cette tendance Ă  penser : comment puis-je ĂȘtre heureuse alors qu’une part du monde est dans le malheur, alors qu’une part de ma famille est dans la souffrance ? C’est en mettant de la joie, de la sĂ©rĂ©nitĂ©, de l’amour en moi que, seulement alors, je pourrai ĂȘtre une force pour moi et pour les autres.
Être malheureux n’aide certainement pas le monde Ă  ĂȘtre ni meilleur ni plus heureux ! Je pense mĂȘme que nous avons un « devoir de bonheur » ici sur terre. Je le comprends mentalement, il me reste Ă  l’apprendre avec mon ĂȘtre, mon cƓur, mon corps, mon Ăąme ; je dois remettre sans cesse le travail sur le mĂ©tier pour incarner cette force.
« Des entraves, des chaĂźnes tiennent nos jeunes. Les aider demande beaucoup d’énergie et de bontĂ©. L’impatience, la colĂšre sont signes d’une usure. Leur violence devient vite notre violence, leurs angoisses, nos angoisses, et leur dĂ©sespĂ©rance nous dĂ©sespĂšre. Ce mimĂ©tisme intĂ©rieur devient dangereux. S’éloigner permet de se recharger le cƓur de beautĂ© » (67, p. 91).
Alors, allons chercher cette force ! Mais une force qui ne sera pas imbue d’elle-mĂȘme, qui ne sera pas pouvoir sur l’autre, qui sera juste une Ă©nergie de vie bienveillante. Cela ne se dĂ©crĂšte pas, cela se construit pas Ă  pas, en commençant ici pour moi et se continuant dans la vie de tous les jours Ă  mon retour.
La souffrance affective me semble plus difficile Ă  accueillir que la souffrance physique de ces trois semaines Ă©coulĂ©es ; elle pourrait sans doute m’arrĂȘter dans ce pĂšlerinage. Mon corps a retrouvĂ© une nouvelle santĂ©, une nouvelle endurance, mais qu’est-ce que mon cƓur saigne ! Cette Ă©tape m’ouvre le cƓur
 UltrĂ©ia !
Dans le refuge, une liste des hébergements jacquaires des régions que je traverserai prochainement est...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Exergue
  6. Avant de partir sur le chemin

  7. La guérison du corps
  8. L’ouverture du cƓur
  9. Au rythme de l’ñme

  10. Et aprùs

  11. Annexe I – Quelques mots sur la fibromyalgie
  12. Annexe II – Associations jacquaires en Belgique
  13. Bibliographie