Evolutions politiques en Afrique
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Evolutions politiques en Afrique

Entre autoritarisme, démocratisation, construction de la paix et défis internes

  1. 154 pages
  2. French
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Evolutions politiques en Afrique

Entre autoritarisme, démocratisation, construction de la paix et défis internes

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À propos de ce livre

À la fin des annĂ©es 1980, il y a un quart de siĂšcle, le continent africain Ă©tait traversĂ© par la troisiĂšme vague de transition politique. Pour l'occasion, ce livre revient sur ces Ă©vĂ©nements pour donner quelques Ă©lĂ©ments de rĂ©flexion sur certaines expĂ©riences, d'une part, et dresser un bilan partiel des Ă©volutions politiques, d'autre part. C'est donc un ouvrage original dont l'intĂ©rĂȘt scientifique rĂ©side principalement dans ces deux dimensions.

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Informations

Éditeur
Academia
Année
2015
ISBN
9782806120328
Sujet
Storia
Sous-sujet
Storia mondiale

PARTIE I
L’AFRIQUE ENTRE AUTORITARISME ET DÉMOCRATISATION

Expliquer la résilience autoritaire au Soudan :
Apports et limites de l’approche institutionnaliste

Par
Anne-Laure Mahé*
Depuis l’arrivĂ©e au pouvoir d’Omar el-BĂ©chir en 1989, le Soudan obtient systĂ©matiquement la note la plus basse sur les index des droits politiques et des libertĂ©s civiles Ă©laborĂ©s par Freedom House1. InstaurĂ© Ă  la suite d’un coup d’État menĂ© par une alliance entre militaires et islamistes qui mit fin Ă  une courte pĂ©riode de gouvernement civil dĂ©mocratique (1986-1989) -, au moment mĂȘme oĂč la troisiĂšme vague de dĂ©mocratisation atteint l’Afrique, le rĂ©gime paraĂźt s’inscrire en sens inverse du cours de l’histoire. Dans les annĂ©es 1990, les rĂ©gimes autoritaires semblaient, en effet, vouĂ©s Ă  disparaĂźtre. Sur 47 pays d’Afrique subsaharienne, 38 ont tenu des Ă©lections lĂ©gislatives compĂ©titives entre 1990 et 19952.
Cependant, au dĂ©but des annĂ©es 2000, un constat s’impose : la troisiĂšme vague n’a pas apportĂ© dans son sillage le triomphe de la dĂ©mocratie libĂ©rale, tel que prĂ©dit par Fukuyama3. La capacitĂ© du rĂ©gime soudanais Ă  se maintenir est particuliĂšrement Ă©tonnante, puisqu’elle se rĂ©alise dans un contexte interne et international dĂ©favorable. Au niveau interne, le Soudan connaĂźt une instabilitĂ© chronique dans ses rĂ©gions pĂ©riphĂ©riques. Le conflit entre le Nord et le Sud est l’un des plus longs qu’ait connu le pays, avec une premiĂšre occurrence entre 1955 et 1972 et une seconde entre 1983 et 2005. D’ailleurs, ce sont les agissements du rĂ©gime face Ă  ces diverses rĂ©bellions qui ont conduit Ă  l’émission, depuis 2009, de plusieurs mandats d’arrĂȘt de la CPI contre Omar el-BĂ©chir. Au niveau international, l’identitĂ© islamiste du rĂ©gime et sa politique Ă©trangĂšre agressive ont dĂ©bouchĂ© sur son isolement diplomatique durant les dix premiĂšres annĂ©es passĂ©es au pouvoir. MalgrĂ© cela, il est restĂ© en place, et la vague des rĂ©volutions du printemps arabe l’a Ă  peine effleurĂ©. Cette capacitĂ© de rĂ©silience appelle donc une explication.
Dans une perspective institutionnaliste, il s’agira ici d’explorer la survie du rĂ©gime au regard du rĂŽle que jouent le parti prĂ©sidentiel, le Parti du congrĂšs national (PCN), et l’AssemblĂ©e nationale mise en place au tournant des annĂ©es 2000. L’analyse permettra de mettre en Ă©vidence la fluiditĂ© et la complexitĂ© fonctionnelle de ces institutions, utilisĂ©es autant comme instruments de conquĂȘte du pouvoir que comme outils de cooptation. Le cas du Soudan dĂ©montre Ă©galement l’importance encore rĂ©elle des institutions sĂ©curitaires (armĂ©e et services secrets) que la littĂ©rature institutionnaliste rĂ©cente tend Ă  dĂ©laisser. La dĂ©compression au sein du rĂ©gime est Ă  gĂ©omĂ©trie variable et ne doit pas faire oublier le rĂŽle central de la violence et de la peur dans son maintien. L’analyse se concentrera, par ailleurs, sur la pĂ©riode prĂ©cĂ©dant la sĂ©paration avec le Soudan du Sud en 2011.
AprĂšs avoir prĂ©sentĂ© les diffĂ©rentes thĂ©ories composant l’approche institutionnaliste, dans un premier temps, nous verrons ensuite que le rĂ©gime soudanais a connu, Ă  la fin des annĂ©es 1990, un processus de recomposition reposant sur la mise en place d’institutions formellement dĂ©mocratiques. Dans un troisiĂšme temps, nous montrerons que cette transformation va de pair avec une crise du rĂ©gime, contexte dans lequel les nouvelles institutions sont Ă©rigĂ©es en instruments de lutte pour le pouvoir. Enfin, dans un quatriĂšme temps, il sera question du rĂŽle de ces institutions dans le fonctionnement du rĂ©gime aprĂšs la « rĂ©volution de palais » de 1999.

I - Expliquer la résilience autoritaire aprÚs la troisiÚme vague de démocratisation

Le maintien d’un grand nombre de rĂ©gimes autoritaires au dĂ©but des annĂ©es 2000 a remis en question la problĂ©matique de la transitologie dans son ensemble, les critiques se concentrant en particulier sur sa tendance tĂ©lĂ©ologique Ă  interprĂ©ter toute transition comme un processus de dĂ©mocratisation4. Les dĂ©veloppements rĂ©cents de la thĂ©orie mettent donc en Ă©vidence le processus de recomposition des rĂ©gimes autoritaires Ă  partir d’un certain nombre d’institutions dĂ©mocratiques formelles.

Des autoritarismes « recomposés »

Les rĂ©gimes autoritaires qui subsistent aprĂšs la troisiĂšme vague de dĂ©mocratisation sont nettement distincts de ceux qui existaient auparavant. Ces derniers Ă©taient, en effet, majoritairement des rĂ©gimes militaires et se caractĂ©risaient par une forte personnalisation5 dont les formes extrĂȘmes sont incarnĂ©es par Idi Amin Dada ou Jean-Bedel Bokassa. Ce type de systĂšme politique a aujourd’hui disparu, tout comme les rĂ©gimes afro-marxistes qui ont marquĂ© l’histoire de l’Angola, de l’Éthiopie, de la GuinĂ©e-Bissau6 . Un nouveau type de rĂ©gime autoritaire qualifiĂ© d’adouci fait surface7.
En effet, pour rĂ©pondre au dĂ©fi que constitue la diffusion de la norme dĂ©mocratique, les autocrates ont engagĂ© des processus de recomposition, conduisant Ă  l’émergence de logiques hybrides empruntant Ă  la fois Ă  la dĂ©mocratie et Ă  l’autoritarisme des Ă©lĂ©ments de conservation du pouvoir8. Ces systĂšmes organisent des processus Ă©lectoraux de façon rĂ©guliĂšre, possĂšdent des parlements et des partis politiques, mais la compĂ©tition politique s’avĂšre plus d’apparence que de rĂ©elle. Les rĂ©sultats sont gĂ©nĂ©ralement connus d’avance, les Ă©lections n’étant jamais totalement libres et transparentes pour empĂȘcher la reconduite des mĂȘmes individus Ă  la tĂȘte de l’État. De ce constat, d’aucuns en concluent que les institutions mises en place pour la dĂ©mocratie sont de la « poudre aux yeux » destinĂ©e Ă  rĂ©pondre aux exigences des partenaires occidentaux9.

L’approche institutionnaliste

Dans la lignĂ©e du nĂ©o-institutionnalisme apparu en politique comparĂ©e dans les annĂ©es 1990, de nombreux auteurs dĂ©fendent aujourd’hui l’idĂ©e que les institutions ont en rĂ©alitĂ© de l’importance et contribuent notamment Ă  la longĂ©vitĂ© des rĂ©gimes. Cette idĂ©e se trouve confirmĂ©e par l’analyse de Geddes, qui dĂ©montre que les autoritarismes possĂšdent des durĂ©es de vie diffĂ©rentes en fonction de leur configuration institutionnelle. Les systĂšmes de parti unique deviennent ainsi plus durables (avec une moyenne de vingt-quatre ans) que les rĂ©gimes personnalisĂ©s (quinze ans) et militaires (huit ans et demi)10 . L’approche institutionnaliste part du postulat central selon lequel la formation et le maintien d’une coalition favorable permettent au dictateur de se maintenir au pouvoir et d’éviter toute tentative de coup d’État pouvant ĂȘtre menĂ©e par des proches. Cette stratĂ©gie est d’autant plus importante que le rĂŽle de ces derniers dans le renversement de rĂ©gimes est reconnu. Svolik indique, en effet, que sur les 303 dirigeants renversĂ©s, plus des deux tiers l’ont Ă©tĂ© par des membres de leurs gouvernements11.
La notion de coalition a Ă©tĂ© particuliĂšrement dĂ©veloppĂ©e dans les travaux de De Mesquita12 . Quel que soit le type de rĂ©gime, les leaders doivent conserver la loyautĂ© du groupe grĂące auquel ils sont parvenus au pouvoir et s’y maintiennent. Pour cela, ils peuvent choisir de distribuer des biens privĂ©s aux membres restreints de la coalition, ou des biens publics (via la mise en Ɠuvre de politiques publiques) Ă  un ensemble plus large. Plus la coalition est large, plus les leaders vont devoir recourir Ă  ce mĂ©canisme de redistribution13. Les institutions Ă  travers lesquelles le leader est sĂ©lectionnĂ© jouent ici un rĂŽle central. Par exemple, dans les dĂ©mocraties, le systĂšme d’élection et le suffrage universel favorisent l’émergence d’une grande coalition (gagnante) formĂ©e par les Ă©lecteurs.
Dans un tel contexte, les leaders sont donc incitĂ©s Ă  mettre en place des politiques publiques ; ce qui n’est pas toujours le cas dans les rĂ©gimes autoritaires. Dans la continuitĂ© de ces travaux fondateurs, Gandhi et Przewoski considĂšrent que l’autocrate peut faire des concessions Ă  l’aide de politiques publiques, pour rĂ©pondre aux demandes de l’opposition. Les concessions se rĂ©alisent alors dans le cadre d’institutions comme le parti et le Parlement, qui deviennent ainsi des outils de cooptation14.
L’importance du parti dans le maintien de la coalition est Ă©galement mise en Ă©vidence par Brownlee : le parti Ă©tant un lieu de rĂ©solution des conflits entre Ă©lites, sa disparition (ou son dĂ©clin) favoriserait les tensions entre ces derniĂšres ainsi que des dĂ©fections en faveur de l’opposition ; ce qui pourrait mettre en pĂ©ril le rĂ©gime lui-mĂȘme15. Au-delĂ  d’ĂȘtre des canaux de rĂ©tribution et de cooptation, les institutions jouent aussi un rĂŽle dĂ©terminant dans l’équilibre du pouvoir au sein du rĂ©gime. Pour Svolik et Magaloni, elles facilitent le partage des postes de responsabilitĂ©s entre les Ă©lites au pouvoir, en attĂ©nuant leur apprĂ©hension quant Ă  la tentative du leader d’accumuler davantage de pouvoir Ă  leurs dĂ©pens16. Les institutions permettent ainsi de rendre plus crĂ©dibles les accords de partage du pouvoir conclus par les dirigeants Ă  travers la coalition. Toutefois, en Ă©quilibrant le pouvoir, ces derniers peuvent crĂ©er une configuration dĂ©favorable au dictateur, notamment lorsqu’ils font partie d’une institution unificatrice comme le parti ou l’armĂ©e ; ce qui renforcerait leur coordination, de mĂȘme que leur pouvoir de nĂ©gociation17.
Cette approche attire notre attention sur le rĂŽle jouĂ© par les institutions dans l’exercice du pouvoir autoritaire, qui cesse dĂšs lors d’apparaĂźtre comme purement arbitraire et personnalisĂ© Ă  l’extrĂȘme. Elle dĂ©montre Ă  la fois Ă  quel point les institutions peuvent servir d’instrument de cooptation efficace pour le dictateur, et combien les pratiques qu’elles mett...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. INTRODUCTION
  6. PARTIE I – L’AFRIQUE ENTRE AUTORITARISME ET DÉMOCRATISATION
  7. PARTIE II – TRANSITION AVORTÉE, CONFLIT ET INITIATIVES DE PAIX
  8. PARTIE III – L’IDÉALISME DÉMOCRATIQUE À L’ÉPREUVE
  9. TABLE DES MATIÈRES