Pierre Storm, Maréchal-Ferrant de l'Empereur
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Pierre Storm, Maréchal-Ferrant de l'Empereur

  1. 159 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Pierre Storm, Maréchal-Ferrant de l'Empereur

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Table des matières
Citations

À propos de ce livre

Une épopée familiale relatée sous la forme d'un journal qui nous emmène des bords de la mer du Nord hanséatique à Waterloo, évoquant avec force quelques lieux où Napoléon marqua l'histoire de l'Europe. Un récit mariant avec bonheur faits véridiques et fiction pour déboucher sur un livre empreint d'actualité à l'approche du bicentenaire de la bataille qui mit fin au règne de Napoléon.

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Informations

Éditeur
Academia
Année
2014
ISBN
9782336702438

Pierre Storm, Maréchal-Ferrant de l'Empereur

Avril 1802
Husum
Ville de Frise septentrionale
Storm.
Johann Peter.
C’est ainsi que l’on m’appelle. J’ai 20 ans en ce printemps.
Je viens d’être enrôlé dans les Armées Royales. Mes parents ne pouvaient y croire. Ni mes frères, François, Johann-Casimir. Pour eux, j’étais le bouseux ! Après nos cours de français, de mathématiques et d’histoire qui nous furent dispensés par un précepteur venu de Paris, j’avais choisi un métier de manuel : la maréchalerie.
Je n’y peux rien. J’aime lire et écrire, tant en français qu’en allemand, ma langue maternelle. Mais ma passion est et restera les chevaux. Et tout ce qui entoure cet ami et fidèle auxiliaire de l’homme.
Mes visites, chaque après-midi lorsque le précepteur nous libérait, mes frères et moi, chez le maréchal-ferrant à l’entrée du village, faisaient le désespoir de nos parents.
Je consacrais tant d’heures à m’initier aux secrets de la forge que j’en oubliais de remettre mes devoirs.
La couleur rouge-cerise que devait atteindre le fer, enfoui dans les braises du foyer, avant d’être martelé me passionnait bien plus que la lecture des poèmes de Verver ou la résolution des problèmes d’échelles à poser contre un mur avec un angle précis pour qu’elles ne tombent.
Les calculs de capacité de réservoir ne m’intéressaient que s’il s’agissait de remplir les abreuvoirs de mes compagnons !
Jusqu’à l’âge de 18 ans, j’ai fait semblant de m’intéresser à la profession de notre père car, en tant qu’aîné, j’étais appelé à reprendre son cabinet d’avocat. J’ai passé tous les concours, subi toutes les contraintes, rencontré ses pairs mais jamais je n’ai cessé mes visites chez Vital, à l’entrée du village.
En quelques années, j’ai appris à forger le fer, à manier les outils, à actionner le soufflet pour obtenir le feu à bonne température. J’ai trempé le fer, je l’ai façonné, transformé en pointes à sabots.
J’ai cerclé des tonneaux et des roues de chariots qui pesaient 200 livres. J’ai forgé des fourches, soudé des lames de ressort, réparé des ancres. Vital ne m’a rien épargné.
Souvent, après ces heures éreintantes, nous nous asseyions sous le porche de la forge, et parlions de la vie, des animaux. Vital était curieux d’apprendre. Nous échangions nos savoirs. Lui, la sagesse de l’homme de la terre, celui qui a vécu près des fermiers, toujours à la tâche du dimanche au samedi. Celui dont la seule distraction était le jeu de balle du dimanche après-midi. Et les pintes servies joyeusement à l’estaminet de la place de l’église.
Moi, mes connaissances livresques sur les contrées lointaines, les voyages de Marco-Polo et de Christophe-Colomb.
Je parvenais à vivre ces deux vies si différentes et pourtant si complémentaires.
Et puis, un jour de février, alors que les crocus montraient leurs premières touches de couleur au jardin, le recruteur est arrivé en ville.
Il avait pris chambre à l’auberge proche du port et sa venue s’était répandue comme une traînée de poudre…
Je m’étais rendu à son office, tenu à une table de l’estaminet, armé de mes lettres de créance, poussé par ma fougue de jeune homme.
Quel âge avez-vous, jeune garçon ?
J’ai vingt ans, monsieur le Recruteur des Armées.
Que voulez-vous ?
Je désire m’engager aux Armées Royales, monsieur le Recruteur.
Vous n’ignorez pas qu’il faut le consentement de vos parents ?
Je l’ignorais. Et cela représentait le premier écueil, et sans doute le plus important, sur ma route vers l’indépendance.
Le recruteur me considérait d’un œil acéré, la pipe fumante à la bouche, déversant ses senteurs viriles de tabac et de sueur alentour, les jambes allongées devant moi.
J’étais captivé par la taille de ses bottes : minces et luisantes, elles montaient jusqu’aux genoux. Soignées comme toute sa personne, sanglée dans un uniforme qui lui donnait une présence, une prestance magnifique.
Je soutenais son regard, effrontément.
Il y a bien une solution ! Je me gardais de répondre.
Vous vous engagez pour cinq ans, et je me fais fort d’obtenir le consentement de vos parents. Et de me présenter un document.
Je signais, moi l’érudit, sans lire. Sans doute un peu intimidé par le personnage, et ses deux sbires, qui l’encadraient, debout de part et d’autre de la table, vêtus eux aussi d’uniformes rutilants : vestes rouges aux galons argentés, dolman sur l’épaule, culotte blanche à galon ceinturé d’argent, colback de poils noirs ornés d’une chaîne et d’un plumeau blanc.
La tension avait baissé d’un cran, subitement. Je posais mes yeux sur le groupe d’hommes attablés un peu plus loin. Une serveuse à la poitrine opulente déambulait entre les tables, pintes de bière aux mains, attentive aux cris des clients qui réclamaient leur boisson.
Tous les détails m’apparaissaient soudain plus visibles, plus aigus, maintenant que j’avais pris la décision, j’avais franchi le pas. Les odeurs de graillon qui assaillaient mes narines me remplissaient d’aise, je sentais vivre mon corps, ma poitrine se gonflait d’orgueil.
Mais voilà que le recruteur se lève et me prend par le coude.
Allons, mon garçon, chez ton père !
Et nous voilà en quelques pas devant la maison familiale où Père a établi son étude.
Johann-Casimir nous fait entrer. Il surveillait la rue depuis sa chambre et n’avait fait qu’un bond vers la porte. Accompagné comme je l’étais, il pressentait les évènements.
Je frappe délicatement à la porte du bureau :
Père, c’est moi, je désire vous présenter un officier des Armées.
Entre, mon fils.
Le bureau de Père est immense. La pièce est rectangulaire, haute de plafond. Les murs sont tendus de toiles, de tapisseries, tandis que les boiseries cirées montent jusqu’à hauteur des yeux. Chaque pas dans cette pièce se traduit par un craquement. Le chant du bois, comme le dit Père.
Il y a des gravures de chasse et des trophées, ainsi qu’un râtelier qui m’impressionne toujours. Des armes aux fûts ouvragés, damasquinés, y sont rangées comme dans une armurerie.
Je n’y pénètre que rarement, et toujours à sa requête et en sa présence.
Vous comprenez donc le sentiment d’effroi qui m’étreint à cet instant. C’est la première fois que je demande une audience à Père. Et le sujet de ma demande est des plus délicats, vous en conviendrez.
Monsieur l’officier, que puis-je pour vous ?
Le reste de la conversation ne me parvient plus. C’est dans un brouillard ouaté que je suis les échanges de civilités.
Je m’attendais à une joute oratoire comme Père s’y entend si bien dans les prétoires. Non, rien de tout de cela.
En quelques phrases, le recruteur convainc mon géniteur du bien-fondé de mon engagement et nous voilà raccompagnés dans le vestibule, rendus aux bons soins de Liselotte, notre gouvernante.
L’orage est passé, sans s’abattre sur ma tête.
4 octobre 1906
Iéna – Prusse Occidentale
J’ai rejoint le troisième Régiment de Hussards au début de cette année. Il est cantonné à Iéna. Il n’y a pas de caserne, le régiment est installé dans des prairies entourant les fermes. Ce sont d’ailleurs les fermiers qui nous fournissent le fourrage et l’eau pour les chevaux ainsi qu’une bonne partie de notre viatique. C’est comme cela. Nous ne touchons qu’une maigre solde : alors nous nous nourrissons sur le dos des fermiers. En échange, nous leur garantissons la protection contre les voleurs – de chevaux particulièrement – mais aussi un véritable marché du travail.
Quantité de petits métiers s’épanouissent autour du cantonnement : les bourreliers créent et réparent les équipements équins tandis que les forgerons façonnent les armes, entretiennent les chariots tout comme les menuisiers d’ailleurs. Les couturières sont chaque jour mises à contribution qui pour une vareuse, qui pour un bonnet.
Seuls, les métiers de chirurgien, vétérinaire et maréchal-ferrant sont attribués à des militaires. Nous portons l’uniforme mais avec des insignes de fonction plutôt que de grade.
C’est ainsi la raison de mon engagement aux Armées. Après quatre années de labeur au sein de la maréchalerie, la qualité et la rapidité de mon travail ont été remarquées par un officier supérieur. Mon érudition ne lui a pas échappé lors de discussions alors que je ferais ses chevaux.
Il est colonel du régiment. Il m’a proposé de rejoindre son personnel de service, au sein de son état-major.
J’ai accepté avec empressement. Depuis hier, je suis responsable de la bonne tenue des quatre chevaux et deux chariots qui constituent son équipement. Deux de ceux-ci sont ses chevaux de monte, qu’il utilise alternativement. Les deux autres sont attelés aux chariots.
Je dispose d’une petite forge transportable et d’un travail de belle dimension. Celui-ci me sert exclusivement au ferrage et aux soins des sabots des quatre animaux.
Je suis nourri, équipé de pied en cap et payé !
Tout cela serait merveilleux s’il n’y avait le canon qui gronde à l’ouest et la certitude de combats sanglants à l’horizon.
Les troupes de Napoléon sont à notre porte. Et leur réputation est parvenue jusqu’à nous.
L’infanterie, dit-on, est capable ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Pierre Storm, Maréchal-Ferrant de l'Empereur
  6. Épilogue
  7. Remerciements
  8. Bibliographie