Napoléon et les femmes
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Napoléon et les femmes

Institut Napoléon N° 11

  1. 144 pages
  2. French
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Napoléon et les femmes

Institut Napoléon N° 11

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À propos de ce livre

Cet ouvrage s'intéresse à la vie des femmes sous le Consulat et l'Empire. Il envisage la conception que Napoléon se faisait de la femme, en scrutant son apport à la rédaction du Code civil sur la question de la place de la femme dans la société ou sur l'éducation des jeunes filles. Les mémoires ou correspondances permettent de se faire une idée de la manière dont les femmes qui ont traversé l'Empire ont perçu cette période de réformes, de privation des libertés, mais aussi de guerres.

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Informations

Éditeur
SPM
Année
2013
ISBN
9782336681412

L’EMPEREUR ET L’EMPIRE
VUS PAR LES FEMMES
MÉMORIALISTES

par Natalie Petiteau
À l’heure où paraît une histoire de la virilité118, il faut se demander si l’on doit lire l’histoire de la féminité à l’aune du négatif de cette publication… Si l’on s’est beaucoup interrogé sur ce que signifie « sois un homme »119, on s’est moins posé la question de savoir ce que veut dire « être femme ». La question est pourtant d’importance, et particulièrement à propos des années 1799-1815, dans une société où seule la virilité est valorisée, dans une société où la guerre a marqué les esprits, dans une société où les femmes sont d’éternelles mineures mais où elles symbolisent le raffinement de la cour de Joséphine. Certes, l’histoire des femmes a fait de considérables progrès. Mais s’est on assez interrogé sur les spécificités de la féminité ? S’est-on demandé ce que les femmes ont pu dire d’événements concernant avant tout les hommes, qu’il s’agisse de la politique ou de la guerre ? S’est-on demandé comment les femmes ont pris la plume pour parler des événements majeurs des temps durant lesquels elles ont vécu ?
Car nombreux sont ceux qui ont éprouvé le besoin de livrer leur témoignage sur les années napoléoniennes. La Révolution et l’Empire ont produit une telle rupture dans la temporalité des Français et des Européens au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle, que les contemporains ont été nombreux à éprouver le besoin de recourir à la médiation narrative. si le romantisme se caractérise par la force de la présence du passé, c’est en raison de cette entrée dans le régime moderne d’historicité120. Ainsi, le début du XIXe siècle est un temps où se produit une « véritable pulsion narrative »121. Cela a d’ailleurs conduit l’ère napoléonienne à devenir la grande ombre qui a plané sur le XIXe siècle122, tant ses contemporains ont été nombreux à la rendre palpable par la publication de leurs mémoires.
Le début du XIXe siècle constitue donc, avec l’accélération de l’histoire et l’émergence d’une prise de conscience individuelle, le carrefour idéal pour la naissance d’un temps autonome au sein duquel chaque individu se sent chargé d’un rôle spécifique dont il peut éprouver le besoin de témoigner123. Ce d’autant mieux que le XIXe siècle est le premier siècle à avoir osé se poser en inventeur de lui-même et à être perçu dès son origine comme une entité singulière et significative124. Il y a là une production spécifique, qui ne relève ni de la pure littérature, ni d’une véritable science historique. Mais cette production compte des ouvrages abondamment lus, très souvent cités, régulièrement utilisés. L’historiographie du Premier Empire ne serait pas ce qu’elle est sans ces auteurs qui ont largement contribué à construire la mythologie de l’Empire et de l’empereur125. À l’heure où l’individu a pris une place nouvelle dans la société, l’écriture de la mémoire est devenue l’affaire de chacun, homme de cour ou modeste bourgeois, général de division ou simple grenadier : celui qui a eu le sentiment de se trouver au cœur de moments qui ont fait l’histoire s’est alors senti en droit d’en porter témoignage.
Écrire la mémoire ne s’est pas fait forcément avec l’ambition d’être lu et publié, l’important a pu résider prioritairement dans le plaisir que l’on se donne à soi-même, dans ce XIXe siècle inventeur de l’individualisme et où le romantisme invite à l’épanouissement et à l’expression des sentiments de son for intérieur. La prescience du plaisir de la remémoration a donc été précoce chez certains auteurs, y compris chez une femme comme la comtesse d’Agoult : « dès ma première jeunesse, un mouvement spontané me portait à écrire, pour en garder la mémoire, mes joies et mes peines. Mon âme […] répugnait à l’oubli et à la dissipation »126. La maréchale Oudinot ne cache pas non plus que son but est de se réchauffer au souvenir du passé127. Les femmes, moins nombreuses que les hommes certes, prennent donc la plume. Elles sont moins nombreuses car elles n’ont pas eu de rôle public et officiel et lorsqu’elles écrivent, elles prennent la peine d’expliquer qu’elles ne se donnent pas le droit d’écrire sur des sujets d’importance, ce qui en soi mérite attention. Car pour l’historien, les mémoires de femmes peuvent être des sources plus précieuses que celles des hommes : elles ont un regard distancié, elles écrivent avec recul, sur des événements auxquels elles ne sont souvent mêlées qu’indirectement. Ce qui ne les empêche nullement, bien au contraire, de livrer leur opinion sur l’empereur, plus souvent certes que sur l’empire… Elles osent alors dresser des portraits dont la précision ne se trouve pas souvent chez les auteurs masculins. Et dont la sévérité peut être bien plus radicale.

LES FEMMES FACE A L’HISTOIRE

L’écriture féminine affiche des particularités que revendique clairement Mme de Rémusat : « si j’étais homme, bien certainement je donnerais une part de ma vie à étudier la Ligue ; mais, comme je ne suis qu’une femme, je me borne à brocher des paroles sur celui que vous savez »128. Ainsi, l’une des plus célèbres mémorialistes du XIXe siècle dénie aux femmes le droit d’écrire l’histoire et leur signifie que leur dignité d’écrivain peut en revanche se faire par le témoignage sur le grand homme. Mme de Boigne fait preuve à cet égard d’une modestie plus grande encore :
« je n’avais jamais pensé à donner un nom à ces pages décousues lorsque le relieur auquel je venais de les confier s’informa de ce qu’il devait inscrire sur le dos du volume. Je ne sus que répondre. Mémoires cela est bien solennel ; Souvenirs, madame de Caylus a rendu ce titre difficile à soutenir […] Préoccupée de cette idée, je rêvai pendant la nuit qu’on demandait à mon neveu quels étaient ces deux volumes à agrafes “Ce sont des récits de ma tante”« 129.
C’est ainsi que son livre fut initialement baptisé « récit d’une tante ». Georgette Ducrest, qui a vécu dans l’entourage proche de Joséphine, n’ambitionne pas d’écrire autre chose que de simples souvenirs : « il n’entre pas dans mon plan de rendre compte d’événements trop importants pour être écrits par une femme »130. marie-Jeanne avrillion attire l’attention de son lecteur sur le fait qu’elle n’a pas à avoir d’opinion sur ce que peut faire l’empereur dans telle ou telle circonstance131. être femme semble ainsi passer par l’intériorisation d’un statut d’infériorité dans le cadre duquel l’écriture doit demeurer spécifique.
Mais les écritures féminines se situent également dans une approche plus autobiographique. La marquise de La tour du Pin, en ouvrant son premier chapitre, en 1820, tend à placer la nature de l’œuvre dans laquelle elle s’engage sur le plan d’une écriture plus personnelle :
« Quand on écrit un livre, c’est presque toujours avec l’intention qu’il soit lu avant ou après votre mort. Mais je n’écris pas un livre. Quoi donc ? Un journal de ma vie simplement. Pour n’en relater que les événements, quelques feuilles de papier suffiraient à un récit assez peu intéressant ; si c’est l’histoire de mes opinions et de mes sentiments, le journal de mon cœur que j’entends composer […], je veux me montrer telle que je suis, telle que j’ai été »132.
La comtesse de Boigne avoue écrire pour « se désennuyer », en prenant bien soin de présenter ce qu’elle écrit comme un simple divertissement, « une causerie de vieille femme » : face à un présent sans joie et à un avenir sans espérance, elle éprouve le besoin de vivre dans le passé, affirmant ainsi des sentiments absolument identiques à ceux de Napoléon arrivant à sainte-Hélène. L’écriture devient pour Mme de Boigne, comme pour les militaires condamnés à l’inactivité de la vie civile, un remède à l’ennui133.
Victorine de Chastenay affiche elle aussi son besoin de dire « avec simplicité » ce qu’elle a vu, ou cru voir, sans autre plan que celui de présenter les événements dans leur ordre, et de « chercher l’histoire du cœur humain dans celle de la Révolution » : elle n’ambitionne pas d’écrire l’Histoire, mais elle revendique cependant d’écrire « pour l’Histoire », certaine d’avoir été le témoin, dans la Révolution puis l’Empire, d’événements mémorables, certaine donc, en rédigeant ses mémoires, d’accomplir une noble tâche utile aux historiens et donc aux générations futures, consciente cependant que sa mémoire peut la trahir134. Derrière une volonté affichée de ne livrer que le récit de ce dont elle a été témoin se cache donc, dans le cas de Mme de Chastenay, l’espoir d’être reconnue comme utile aux historiens. Toutes les femmes ne s’interdisent donc pas d’écrire des choses d’importance.
Il en est allé ainsi pour les femmes qui ont côtoyé Joséphine. Georgette Ducrest estime avoir le droit d’écrire parce qu’elle a été admise dans l’intimité de l’impératrice Joséphine après son divorce. Cela lui permet donc de donner « des détails vrais sur son intérieur » : « cette tâche sera d’autant plus douce à mon cœur, que ce sera donner de nouveaux sujets de regrets sur la perte de cette femme remarquable »135. L’intérêt porté aux grands personnages de l’Empire, et encore plus à une impératrice qui a toujours été assimilée à la bonne étoile du régime, suffit à justifier une telle publication, le célèbre éditeur Ladvocat ne s’y trompe pas. De cela découle également le succès, chez le même éditeur, des mémoires de Mlle Avrillion, œuvre certes d’un teinturier, mais composée tout de même avec l’aide de celle qui fut première femme de chambre de l’impératrice. Les raisons données à la rédaction de ces mémoires, publiés pour la première fois en 1833, sont emblématiques :
« Je cède au besoin que j’éprouve, parce qu’il devient plus vif, plus impérieux chaque fois que je lis des ouvrages où i...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Dans la même collection
  5. LES AUTEURS
  6. INTRODUCTION
  7. NAPOLÉON ET LE POUVOIR DES FEMMES
  8. L’ENTOURAGE FÉMININ DE JOSÉPHINE
  9. L’EMPEREUR ET L’EMPIRE VUS PAR LES FEMMES MÉMORIALISTES
  10. LA FEMME DANS LE CODE CIVILDE 1804
  11. LA SOCIABILITÉ DES FEMMES DE NOTABLES DES DÉPARTEMENTS MÉDITERRANÉENS SOUS L’EMPIRE AU MIROIR DE LEURS CORRESPONDANCES FAMILIALES
  12. ÉDUQUER LES FILLES DU PEUPLE SOUS LE CONSULAT ET L’EMPIRE. L’EXEMPLE DE LA RÉFORME SCOLAIRE DE FROCHOT, PRÉFET DE LA SEINE
  13. L’EMPIRE DES FEMMES ? OU CE QUE DIT DE L’EMPIRE UN ROMAN PORNOGRAPHIQUE FÉMININ
  14. « NAPOLÉON ET LES FEMMES PUBLIQUES » REVISITER UN LIEU DE MÉMOIRE DE L’HISTOIRE DE LA PROSTITUTION : L’ADMINISTRATION DE LA SEXUALITÉ VÉNALE, DE LA RÉVOLUTION AU CONSULAT
  15. LES FEMMES EN GUERRE
  16. LES FEMMES ET LA GUERRE À TRAVERS LA CORRESPONDANCE D’ANNETTE DE MACKAU
  17. Table des matières
  18. Adresse