Peur rouge (La)
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Peur rouge (La)

Histoire de l'anticommunisme au Québec, 1917-1960

  1. 218 pages
  2. French
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Peur rouge (La)

Histoire de l'anticommunisme au Québec, 1917-1960

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De 1917 à 1960, un vent d'anticommunisme souffle sur le Québec et le Canada. La guerre de l'Ouest contre le bloc de l'Est se trouve intégrée dans le combat politique, idéologique et religieux. Une «peur rouge», alimentée par le premier ministre du Québec, Maurice Duplessis, avec la complicité de l'Église catholique, est au coeur des débats dans un pays où les communistes n'ont jamais été prophètes. Une tempête anticommuniste éclate en 1937 alors que le gouver­nement du Québec, dirigé par l'Union nationale de Maurice Duplessis, adopte la Loi protégeant la province contre la propagande communiste, commu­nément appelée «loi du cadenas». Les ­autorités obtiennent ainsi le droit de cadenasser tous les endroits où se fait de la ­propagande communiste. Avec l'aide des policiers, le gouvernement pousse les militants jusque dans leurs derniers retranchements.Hugues Théorêt nous fait revivre ces quatre décennies de traques et de propagande avec le sérieux et la verve qu'on lui connaît.Hugues Théorêt détient un doctorat en histoire canadienne. Chercheur en histoire, il enseigne à l'Université d'Ottawa. En 2012, il publie au Septentrion Les Chemises bleues. Adrien Arcand, journaliste antisémite canadien-français pour lequelil remporte le Prix du Canada en sciences sociales en 2014. Toujours au Septentrion, on lui doit aussi L'Expédition allemande à l'île d'Anticosti (2017) et La Presse canadienne-française et l'extrême droite européenne, 1918-1945 (2018).

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Informations

Année
2020
ISBN
9782897911614
CHAPITRE 1
L’émergence de la gauche au Canada
C’est au lendemain de la Première Guerre mondiale que naissent les mouvements de gauche au Canada avec les grandes grèves et l’influence de la IIIe Internationale communiste. C’est sur ces bases que le Parti communiste du Canada voit le jour en 1921. Comme nous le verrons dans ce chapitre, le Parti communiste naissant se butera à de fortes vagues d’opposition qui viendront à la fois des autorités politiques et de l’Église catholique.
La peur du communisme au Canada était bien réelle. Mais cette peur était surtout nourrie par une machine de propagande anticommuniste bien huilée. La revue L’Œuvre des tracts, publiée par l’École sociale populaire, était certainement le fer de lance de cette propagande fortement appuyée par l’Église catholique, comme on peut le voir dans ce numéro de la revue de 1931.
Reportons-nous d’abord à l’année 1914, « lorsque le continent européen amorça sa descente dans la catastrophe », selon la formule de l’historien britannique Tony Judt12. Le 4 août 1914, la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne. Il va de soi que, si la Grande-Bretagne est en guerre, le Canada l’est aussi. Bien que le conflit oppose la Grande-Bretagne et le Canada à l’Allemagne et à l’Autriche, les communistes sont aussi considérés comme des ennemis de l’État. Le 22 août 1914, le Parlement canadien adopte la Loi sur les mesures de guerre. Cette loi confère au gouvernement canadien des pouvoirs d’exception considérables, lui permettant de gouverner par décret s’il perçoit qu’il existe une « guerre, une invasion ou une insurrection réelle ou appréhendée ». Elle donne au gouvernement le pouvoir de censurer et supprimer les communications pour arrêter, détenir et expulser des personnes sans accusations ni procès, pour contrôler le transport, les échanges et la fabrication industrielle et pour saisir des propriétés privées. En conséquence, la loi est utilisée pour bannir 253 publications. Parmi celles-ci, 222 proviennent des États-Unis, 164 sont rédigées en langue étrangère et 89 relèvent du gauchisme.
Les textes à saveur communiste et socialiste sont particulièrement visés par cette censure, et l’affiliation à une organisation gauchiste est interdite. Certaines personnes sont également arrêtées et internées en raison de leurs convictions politiques. La loi a été utilisée pour suspendre les libertés individuelles de Canadiens qui étaient considérés comme « des sujets d’un pays ennemi », ce qui a entraîné des arrestations et des détentions en masse sans que des accusations soient portées ou sans la tenue d’un procès.
Environ 80 000 Canadiens d’origine ukrainienne sont considérées comme ennemis. La loi est demeurée en vigueur au Canada de 1914 à 1920.
Au cours de la guerre, le gouvernement fédéral interne 8 579 sujets de pays ennemis dans des camps d’internement répartis dans l’ensemble du pays. Selon sir William Dillon Otter, responsable des opérations d’internement, 3138 des personnes détenues sont de véritables prisonniers de guerre. Les autres sont des civils.
La révolution russe de 1917
En 1917, pendant que la guerre fait rage dans le nord de la France et en Belgique, la révolution éclate en Russie. Du 23 au 27 février, les Romanov, qui règnent sur la Russie depuis le xviie siècle, sont chassés du pouvoir. Le 27 février, la Douma, l’Assemblée législative russe, s’érige en gouvernement provisoire, obligeant le tsar Nicolas II à abdiquer. La bourgeoisie libérale dirige le gouvernement provisoire qui maintient la Russie dans la guerre, afin de demeurer fidèle à ses engagements envers la Grande-Bretagne et la France. La guerre favorise le renversement du régime. Comme l’armée russe mobilise 16 millions de paysans, la production de céréales est à son plus bas. La famine gagne les villes. Aux yeux du peuple russe, la révolution devient encore plus nécessaire. Dans la nuit du 24 au 25 octobre, les bolchéviks, menés par Lénine, prennent d’assaut le palais d’Hiver, siège du gouvernement provisoire. Le lendemain de la prise du pouvoir, Lénine annonce son intention d’entamer des négociations de paix avec l’Allemagne. Pour conserver le pouvoir, Lénine crée une police politique, qui lui permet de lutter contre l’opposition, et confie à Trotski l’organisation de l’Armée rouge. La Russie devient ainsi le premier foyer du communisme mondial.
Au Canada, le bruit de la révolution d’octobre se fait certes entendre, mais les Canadiens ont plutôt l’oreille tendue vers le débat sur la conscription qui fait rage au pays. La Loi du service militaire est débattue au Parlement pendant l’été de 1917 et adoptée à la fin d’août. Cette loi prévoit que tous les citoyens de sexe masculin de 20 à 45 ans sont tenus de faire leur service militaire jusqu’à la fin de la guerre. Plusieurs nationalistes refusent d’aller se battre à l’étranger tant que les Franco-ontariens n’auront pas obtenu justice face au Règlement 17 qui interdisait l’enseignement en français dans les écoles de l’Ontario. C’est le cas du député québécois Armand Lavergne qui, le 13 janvier, déclare à l’Assemblée législative de la province de Québec : « Si nous devons conquérir nos libertés, c’est ici que nous devons rester. Ce n’est pas dans les tranchées des Flandres que nous irons conquérir le droit de parler français en Ontario si nous n’avons pu l’obtenir ici. » Mais c’est Henri Bourassa qui mène la charge contre la conscription. Le fondateur du Devoir va dénoncer les « agents provocateurs » qui tendent à accuser les Canadiens français de « traîtres » à la nation en s’opposant à la conscription.
Dès l’annonce du projet de loi sur le service militaire, Henri Bourassa pourfend la loi dans une série d’articles qui paraissent dans Le Devoir entre le 28 mai et le 6 juin 1917. « C’était déjà un abus de pouvoir que de décider, sans le consentement de la nation, de la participation du Canada aux opérations de guerre en Europe, en août ١٩١٤, écrit-il. Rendre obligatoire le service militaire outre-mer serait un autre abus de pouvoir. »
C’est sans surprise que la conscription devient le thème central des élections fédérales qui se déroulent le 17 décembre 1917. La lutte oppose le conservateur-unioniste sir Robert Borden au libéral sir Wilfrid Laurier. Le gouvernement unioniste obtient 153 sièges et les libéraux en remportent 82, dont 62 au Québec. Borden a ainsi carte blanche pour recourir à la conscription pour toute la durée de la guerre. Au Québec, le mouvement de protestation contre la conscription atteint son apogée lors de la fin de semaine de Pâques de 1918. Le 30 mars, devant le manège militaire, des émeutiers sont dispersés par la cavalerie. Le lendemain, 2 000 soldats en provenance de l’Ontario et de la Nouvelle-Écosse débarquent dans la vieille capitale pour prêter main-forte aux autorités municipales. La présence des troupes envenime la situation. Le 1er avril, un violent affrontement éclate dans le quartier Saint-Roch entre les soldats et des manifestants. Après le refus de la foule de se disperser, les soldats ouvrent le feu. Bilan : quatre morts, des dizaines de blessés et plus d’une soixantaine de personnes arrêtées. Le lendemain, les journaux canadiens-français crient au scandale. À la une du journal Le Canada, on peut lire : « SCÈNES SANGLANTES. Les soldats de Toronto tirent sur la foule et les mitrailleuses entrent en scène13 ». Après cette émeute, le pays est au bord de la crise.
Au moment où la guerre prend fin, en novembre 1918, seuls 48 000 conscrits avaient été envoyés outre-mer, dont la moitié servirent au front. Dans ce contexte, la révolution russe de 1917 passe un peu sous le radar canadien. Ce n’est qu’au début des années 1920 que les Canadiens manifesteront leurs craintes et leur profonde inquiétude face au communisme émergent.
La grève de Winnipeg de 1919
La grève de Winnipeg de 1919 a été la pr...

Table des matières

  1. Du même auteur
  2. La Peur rouge
  3. Introduction
  4. CHAPITRE 1 • L’émergence de la gauche au Canada
  5. CHAPITRE 2 • L’anticommunisme religieux
  6. CHAPITRE 3 • La loi du cadenas
  7. CHAPITRE 4 • L’anticommunisme de plume
  8. CHAPITRE 5 • Fred Rose, député fédéral et espion communiste
  9. CHAPITRE 6 • L’anticommunisme d’après-guerre
  10. Conclusion
  11. Bibliographie
  12. Crédit