L'Enfer ne brûle pas
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L'Enfer ne brûle pas

Les aventures de Radisson, 1651-1653

  1. 246 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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L'Enfer ne brûle pas

Les aventures de Radisson, 1651-1653

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À propos de ce livre

Au printemps 1651, un jeune homme originaire de Paris débarque à Trois-Rivières. Mais, à peine arrivé, son destin bascule lorsque les Iroquois le capturent. Pour Pierre-Esprit Radisson commence alors une nouvelle vie qui va le conduire dans des contrées inconnues en compagnie des Iroquois qui, après l'avoir torturé, l'adoptent comme un frère.«Et là! Tout à coup! Il voit dix Iroquois barbouillés de couleurs vives à moitié cachés dans les fourrés. Il les met en joue et s'apprête à tirer quand, derrière lui, d'horribles hurlements lui glacent le sang. Il se retourne et aperçoit en un éclair vingt Iroquois se ruer sur lui. Il tire à l'aveuglette sur ces corps puissants qui l'immobilisent. Leurs cris, leurs armes s'abattent sur lui. Radisson voudrait lutter mais c'est impossible. Les Iroquois le clouent au sol et un violent coup sur la tête lui fait perdre conscience.»Martin Fournier, historien (Ph.D.), a participé à maints projets de diffusion publique de l'histoire et du patrimoine. Il se consacre désormais à la rédaction de romans. Il a mérité plusieurs prix, notamment un prix littéraire du Gouverneur général du Canada. Ses réalisations enrichissent la collectivité d'une meilleure connaissance de son histoire.

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Informations

Année
2021
ISBN
9782897912598
CHAPITRE 1
Radisson n’a peur de rien
Les yeux pétillants d’énergie, la bouche pleine de viande d’orignal, étourdi par la soif de vivre qui le dévore, Radisson écoute d’une oreille distraite son beau-frère Jean Véron dit Grandmesnil raconter pour la vingtième fois son exploit favori.
— T’aurais dû voir nos douze grands canots remplis de fourrures ! s’exclame-t-il. Quand j’arrive en vue de Trois-Rivières avec Saint-Claude et les trois chefs hurons dans le premier canot, je tire un coup de fusil en l’air tellement je suis content ! Tout le monde vient nous retrouver sur la grève. On échoue les canots, on débarque, on se donne l’accolade. Les hommes admirent les précieuses fourrures qu’on rapporte et ma belle Marguerite m’embrasse en pleurant de joie…
Radisson se voit parcourir ces immenses contrées que ne cessent de lui décrire les habitants de Trois-Rivières qui ont voyagé dans l’Ouest. Il rêve qu’il part jusqu’au bout du monde, qu’il y trouve bonheur et richesse. Il sent qu’il est prêt pour l’aventure.
— Les missionnaires jésuites qui sont revenus embrassent ceux qui sont restés, poursuit Véron. Puis le père Le Mercier, le Supérieur, remercie les Hurons d’être venus de si loin porter leurs fourrures encore une fois, malgré les dangers du voyage. Il leur promet qu’ils seront bien satisfaits de ce que les Français leur donneront en échange. Ensuite, on passe à table pour le festin. Nos peaux de castor font tourner les têtes encore plus que l’eau-de-vie…
Dehors, une féroce tempête de neige s’abat sur Trois-Rivières. Radisson n’a jamais rien vu de tel. Il s’arrête de temps à autre, entre deux bouchées, pour écouter les giclées de neige qui cognent aux vitres comme du sable projeté par un géant. Les violentes bourrasques font gronder le feu qui consume en un rien de temps les bûches que Marguerite ne cesse de remettre dans l’âtre pour lutter contre le froid. Le vent siffle à travers le village, hurle dans les bois, file sur l’étendue gelée du fleuve Saint-Laurent. La neige s’accumule autour des maisons qui résistent aux assauts de la tempête et restent chaudes, serrées les unes contre les autres, protégées par la palissade qui brise l’élan des rafales glacées. Comme sa sœur et son beau-frère ne montrent aucun signe d’inquiétude, Radisson continue son repas.
— C’est cette traite-là qui nous a rendus riches, ajoute Véron. Oh ! pas riches comme les marchands de Québec, pour sûr que non ! Mais pour des habitants de Trois-Rivières, on manque de rien, hein Marguerite, de rien pantoute ! C’est depuis ce jour-là que le gouverneur de Québec me fait confiance et m’écrit pour me demander conseil.
Marguerite a fini de ranger les ustensiles de cuisine. Avec précaution, elle jette une autre bûche dans l’âtre à travers les flammes vives, puis elle rejoint son mari et Radisson à table. Elle commence à être grosse d’un enfant qui va naître à l’été. Voyant que son frère se régale du ragoût d’orignal qu’elle a préparé, elle lui demande : « En veux-tu une autre platée, mon Pierre ? T’as tellement l’air d’aimer ça ! »
Radisson acquiesce à grands coups de tête, un sourire rayonnant aux lèvres, trop heureux de découvrir cette viande qu’il ne connaissait pas. Ce sont les Algonquins qui habitent à cinquante pas du fort qui en ont donné à Véron et Marguerite en échange de farine et de pois, au retour de leur grande chasse d’hiver. Radisson n’en avait jamais entendu parler mais il a vite appris que les Algonquins étaient d’indispensables alliés des Français contre les Iroquois. Ils les fréquentent presque à tous les jours comme tous les habitants de Trois-Rivières, et leur langue compliquée, leurs vêtements de peau et leurs manières étranges le fascinent.
Jean Véron a terminé son récit. Après un moment de silence, perdu dans ses pensées, il change de ton et se tourne vers sa femme.
— C’était le bon temps, hein Marguerite ? soupire-t-il…
— T’en fais pas, mon mari, ça va revenir, lui répond-elle. La traite va reprendre comme avant. C’est juste une mauvaise passe.
— Que Dieu t’entende, ma femme ! Parce que si ça continue, la traite dans les Grands Lacs, c’est fini ! Tant que les Iroquois nous feront la guerre, on pourra pas y retourner, c’est certain.
Le visage sombre, Jean Véron retourne à ses cogitations silencieuses, comme si d’évoquer la guerre contre les Iroquois le laissait sans voix, sans espoir. Pendant ce temps, Radisson avale ses dernières bouchées de ragoût sans sourciller. On l’entend saper bruyamment entre les sifflements du vent et les crépitements du feu. Lui qui n’a jamais vu d’Iroquois ne comprend pas la gravité de la situation. Marguerite pose une main ferme et rassurante sur l’épaule de son mari qui retrouve un peu d’allant. Il s’adresse à nouveau à Radisson.
— C’est avec des jeunes comme toi qu’on va s’en sortir ! lui dit-il. Au printemps, tu vas venir à Québec avec moi pour prendre les ordres du gouverneur. Après, si tu veux, tu viendras à Montréal avec les hommes qui seront parés à nous accompagner pour qu’on trouve un moyen de résister aux Iroquois et, surtout, de remplacer les Hurons dans la traite des fourrures. Il faut pas se laisser abattre, le jeune. Même si la colonie est quasiment en ruines, il faut se relever ! Il faut se battre ! Sinon, tout le monde va retourner en France. Est-ce que c’est ça que tu veux, le jeune, retourner drette d’où tu viens ? Non, hein ? Alors tu vas faire ta part ! J’ai pour mon dire que t’es prêt à nous aider. Es-tu d’accord, Marguerite ?
— Sûr que mon frère est paré à nous aider ! répond-elle avec assurance. Même que c’est sûrement ce qu’il désire le plus au monde, nous aider. Pas vrai, Radisson ?
— Certain ! s’exclame le jeune Français en secouant vigoureusement la tête, la bouche pleine de pain trempé dans la sauce du ragoût.
* * *
Pierre Godefroy, l’homme le plus expérimenté de Trois-Rivières, vient d’être choisi capitaine des milices par les habitants. À partir de maintenant, c’est lui qui dirigera la lutte contre les Iroquois. Depuis quinze ans, il a voyagé partout en compagnie des Indiens. Il connaît leurs langues, leurs ruses et leurs coutumes. Comme eux, il sait chasser, pêcher, réparer un canot, s’orienter dans les bois. Il connaît les mœurs des animaux, les plantes sauvages qui nourrissent ou qui guérissent, les dangers de l’hiver et du printemps. Il est grand, costaud, fort comme un bœuf, et ses mains sont larges comme des avirons. De sa voix puissante, il s’adresse pour la première fois à titre de capitaine à tous les hommes capables de porter une arme qu’il a fait rassembler à l’extérieur du fort, en vue de la rivière Saint-Maurice et du fleuve Saint-Laurent. Les trois officiers de milice, ses assistants, se tiennent à ses côtés.
Radisson est l’un des plus jeunes du groupe, avec son ami François Godefroy, le fils du capitaine, et Mathurin Lesueur, un grand maigre qui est arrivé à Trois-Rivières quelques semaines après Radisson, l’été dernier.
Au lieu d’écouter Pierre Godefroy, Radisson laisse porter son regard vers l’horizon lumineux. Il voit exactement par où passer, sur le fleuve Saint-Laurent, pour atteindre ces contrées lointaines dont il rêve. Le soleil radieux chauffe son visage. Le printemps va bientôt arriver, affirme son ami François. Même si à Paris, en cette saison, il ferait déjà chaud, Radisson se réjouit d’être en Nouvelle-France, à bonne distance de la palissade du village qui ne freine plus son regard, ni son imagination, heureux de contempler ces grands espaces qui l’attirent irrésistiblement.
— Les Iroquois vont sûrement nous attaquer, lance Godefroy, alors nous devons nous préparer. Nous n’avons rien à craindre si nous combattons ensemble. C’est pourquoi vous allez m’obéir, à moi et à vos officiers…
En regardant du côté du clocher pointu de la chapelle jésuite et des cheminées fumantes qui dépassent de la palissade, Radisson se dit que son temps d’apprentissage est enfin terminé. Finis d’entendre les avertissements sur son manque d’expérience et les nombreux dangers du pays. Bientôt, ce sera son tour. Il partira. Il est prêt.
— Vous connaissez aussi bien que moi vos officiers, poursuit Godefroy. J’ai nommé Jean Véron dit Grandmesnil…
Radisson porte aussitôt attention au discours de son capitaine en entendant le nom de son beau-frère, car il est fier que le mari de sa sœur ait été choisi premier officier de milice après Godefroy. C’est Véron qui lui a appris comment tirer au fusil, un privilège impensable en France pour qui n’est ni noble ni soldat.
— … Claude Volant dit Saint-Claude, crie encore Godefroy, et Gabriel Dandonneau. Ce sont les trois hommes sur qui je compte le plus. Mais nous comptons aussi sur chacun d’entre vous ! À partir de maintenant, vous allez faire des patrouilles quotidiennes autour du fort par groupe de cinq ou six, à la file, comme font les Indiens. Et vous allez vous exercer à tirer. Viens ici, Radisson !
Le jeune Français n’en croit pas ses oreilles et n’ose d’abord pas bouger. Pourquoi Godefroy l’appelle-t-il ? Qu’a-t-il fait de mal, surtout qu’il écoute maintenant avec attention les paroles de son capitaine ?
— Radisson ! crie encore Godefroy. Viens ici, je te dis !
Son ami François lui fait signe d’avancer immédiatement. Alors Radisson sort du rang et se rend jusqu’à son capitaine, très impressionné par la force qui émane de cet homme à la carrure exceptionnelle.
— Mets-toi ici, lui dit Godefroy. Tu vas leur montrer comment tirer. Écoute. Quand je lance ce bout de bois en l’air et te dis de tirer, tu fais feu. Compris ?
— Compris, répond Radisson.
La gorge serrée, les deux jambes légèrement fléchies pour être bien stable, ses pieds posés fermement sur ses raquettes à neige, fusil à hauteur de poitrine, Radisson se tient prêt. Il veut faire bonne figure, se montrer digne de la confiance que Godefroy place en lui. Soudain, celui-ci lance le bout de bois et crie : « Tire ! » Radisson porte aussitôt son fusil à l’épaule, vise, presse sur la gâchette et atteint la branche. L’impact de la balle fait virevolter celle-ci dans l’air. « Je l’ai eu ! Je l’ai eu ! » s’écrie Radisson en levant les bras au ciel et...

Table des matières

  1. L'Enfer ne brûle pas. Les aventures de Radisson, 1651-1653
  2. PRÉFACE
  3. PROLOGUE • Pierre-Esprit Radisson immigre en Canada
  4. CHAPITRE 1 • Radisson n’a peur de rien
  5. CHAPITRE 2 • Entre la vie et la mort
  6. CHAPITRE 3 • Une nouvelle famille ?
  7. CHAPITRE 4 • Subir la torture
  8. CHAPITRE 5 • Devenir iroquois
  9. CHAPITRE 6 • Orinha, l’apprenti guerrier
  10. CHAPITRE 7 • À l’attaque !
  11. CHAPITRE 8 • Le vent tourne
  12. CHAPITRE 9 • Le retour du guerrier
  13. CHAPITRE 10 • Surprises à Rensselaerwyck
  14. CHAPITRE 11 • Orinha ou Radisson ?
  15. CHAPITRE 12 • Une nouvelle vie commence
  16. À PROPOS DE L’AUTEUR
  17. LES AVENTURES DE RADISSON ONT FAIT PARLER D’ELLES…
  18. CRÉDITS