Je suis féministe, le livre
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Je suis féministe, le livre

  1. 206 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Je suis féministe, le livre

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Table des matières
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À propos de ce livre

Quand sont apparues ces Correspondances libres, furieuses et joyeuses, en 2008, le web avait encore l'air d'un vaste boy's club. C'était l'époque où le féminisme n'avait pas du tout la cote. Des aventurières ont alors pris la toile d'assaut, en faisant le pari d'offrir aux jeunes féministes une tribune à leur image. Elles ont blogué, créé et piaffé sans répit, et ce, jusqu'à transformer le web.Je suis féministe a été – et est toujours – ce blogue influent, incubateur de polémiques et d'émois, tel un feuilleton du féminisme 2.0. Cet espace a servi de porte d'entrée dans l'écriture et dans le débat public à des dizaines de jeunes francophones qui s'y sont multipliées, jusqu'à ce qu'on ne puisse plus les ignorer.Grâce au minutieux travail de Marianne Prairie, auteure et chroniqueuse, et de Caroline Roy-Blais, recherchiste et gestionnaire de communauté, Je suis féministe passe au papier, afin de garder une trace de cette aventure collective marquante. Cette anthologie réunit des textes de plus de 30 auteures, écrits entre 2008 et aujourd'hui.«Dans les voix claires et nettes de ces jeunes femmes, on entend tour à tour l'exaspération, la moquerie, la colère, la curiosité, la tristesse, la révolte, l'humour autocritique, la complicité et, surtout, un immense désir de bousculer un ordre établi sans elles.» – Sylvie Dupont, extrait de la préface

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Informations

CHAPITRE 1

OMG JSF!

COMING OUT

Dans la vie de presque toutes les féministes, il y a la première prise de conscience: le coming out. Ce moment où l’on se dit: Oh, my god! Je suis féministe! Parce que oui, ce moment charnière est important. Le féminisme nous donne des lunettes pour analyser le monde et voir d’un autre œil ce qui nous entoure. À partir du moment où l’on met ces lunettes, plus de retour possible: tout prend une couleur différente. Plusieurs de nos correspondantes ont décrit cette étape importante sur le blogue. Peut-être était-ce le titre, le très affirmatif «Je suis féministe», qui les incitait à faire ainsi? Peut-être que la prise de conscience féministe amène invariablement une envie de la partager?
N’en demeure pas moins que les personnes qui ont désiré faire leur coming out féministe via Je suis féministe (JSF) ont souvent été importantes pour le blogue. Elles se sont impliquées et elles ont pris la parole publiquement pour s’afficher comme féministes. Souvent, ce coming out était accompagné d’un questionnement sur les réactions de l’entourage, sur les devoirs que cette prise de position impliquait et sur les commentaires empreints de préjugés qu’elle suscitait. Le blogue a permis à certaines blogueuses d’échanger sur leur vécu en tant que féministes, parfois, dans des fils de commentaires aussi importants que le billet en soi.
Voici quelques extraits de coming out qui représentent bien tout ce processus d’affirmation qui semble avoir évolué avec les années. Se dire féministe n’était pas une mince affaire avant que Beyoncé ne joigne la parade de façon très glamour avec de gigantesques lettres lumineuses sur la scène des Video Music Awards en 2014. Si à la fin des années 2000, l’épithète était jugée anachronique, il semble que désormais, s’afficher publiquement comme féministe se fait plus aisément, sans trop de sourcillement. Tant mieux. Car chaque histoire de coming out est unique.

Tape dans le dos collective et autres réflexions (extrait)

Catherine, 17 avril 2009
J’aime beaucoup ce blogue. Je suis contente qu’il existe. Je suis fière de pouvoir y écrire, mais j’avoue encore plus aimer le lire, et suivre les discussions qui y prennent forme.
Pourquoi?
En fait, c’est surtout parce qu’il s’agit d’un espace de discussion et d’information féministe, en français, et made in Québec. Je suis avec plaisir d’autres blogues féministes canadiens-anglais, américains et français, et j’aime bien lire Ms. ou Bitch – enfin, quand je parviens à mettre la main sur une des trop peu nombreuses copies que l’on peut trouver en kiosque.
Mais bon. Ce sont des trucs qui viennent d’ailleurs, susceptibles de laisser croire à une féministe d’ici, relativement isolée et qui n’a pas fait son coming out quant à ses convictions, qu’elle est pas mal toute seule dans la belle province à penser comme ça, à ne pas rire de jokes sexistes, à se demander pourquoi le fameux Club Super Sexe défigure toujours le centre-ville de Montréal ou à avoir envie de grafigner en voyant les pubs de bière.
À la Conférence Jane Doe, tenue à Ottawa, au mois de mars dernier, la professeure Elizabeth Sheehy faisait ce commentaire sur l’importance de pouvoir de temps à autre se retrouver entre féministes: «Ça me permet de réaliser que ce n’est pas moi qui est folle après tout!»
Pour que le féminisme puisse continuer d’avancer, il faut que les féministes sortent de leur isolement, qu’elles puissent se regrouper et que, de façon générale, le mouvement et la pensée féministes sortent de la marginalité dans laquelle ils ont été relégués depuis les dernières années.

jesuisféministe.com, mon baptême (extrait)

Léa Clermont-Dion, 22 février 2010
J’ai l’impression de sortir du placard. Un placard rose, vous me direz? Pas tout à fait. Avez-vous déjà assisté à un coming out de quelque sorte que ce soit? Il engendre souvent quelques malaises, des sourires en coin, des airs de «Ah oui, vraiment?!», mais surtout une multitude de questionnements. Un coming out difficile à assumer en 2010, celui de s’identifier comme féministe. C’est connu, au Québec, les femmes dominent les hommes! [...]
Effectivement, le Québec et son malaise envers les Québécoises assumées ne date pas d’hier. Jacques Bouchard, le publiciste, définissait les 36 cordes sensibles des Québécois en 1978. Parmi ces 36 cordes sensibles, on retrouvait le terme «matriarcat». J’écoutais justement un débat lancé par Marie-France Bazzo à son émission sur le syndrome de Lyne-la-pas-fine, un débat particulier portant sur la question suivante: «Les Québécoises sont-elles castrantes?». En introduction: «Le Québec a toujours été historiquement une société matriarcale. [...] Les Québécoises reposent pleinement sur les acquis du féminisme».

Coming out féministe (extrait)

Caroline Roy-Blais, 6 novembre 2009
Tout d’abord, je suis féministe depuis toujours. En fait, d’aussi loin que je me souvienne; même à l’école primaire, je demandais à ma professeure d’utiliser le terme Humain plutôt que Homme afin de nous enseigner, je trouvais ça définitivement plus inclusif. À l’époque, on me trouvait cute et on se disait que ça me passerait. Néanmoins, j’ai toujours su que le féminisme serait une partie importante de ma vie.
Après plusieurs détours scolaires, je me suis finalement inscrite à l’UQAM en Études féministes. Et depuis, mon réel coming out a commencé. [...] Les commentaires du genre: «Il va falloir faire attention à ce que l’on dit!» ont commencé à fuser. Puis, mon père a souri, lui il ne dit jamais rien, il ne comprend rien à l’université, mais est très fier que sa fille y aille!

Féminisme: réactions des hommes
de l’entourage (extrait)

Stéphanie, 8 janvier 2009
J’aimerais m’adresser à vous les filles. J’aimerais savoir comment réagissent les hommes de votre famille ainsi que vos amoureux et amis de sexe masculin (ou les amoureux de vos amies) lorsqu’ils savent que vous êtes féministes. D’abord, le dites-vous? Le cachez-vous? Supposez-vous qu’il ne sert à rien de le dire, puisqu’il va de soi que vous êtes pour l’égalité des sexes? Comment réagissent-ils? Comprennent-ils la signification du mot? Sont-ils approbateurs? Décontenancés? Agressifs? Demandent-ils des précisions?
Je me demande parfois si ce n’est pas presque aussi difficile de faire un coming out féministe que d’en faire un au sujet de l’homosexualité. Pour certains hommes, il n’y a d’ailleurs pas de différence entre «féministe» et «lesbienne»… Il y a aussi beaucoup de femmes qui ont peur de ne plus être appréciées si elles affichent leur féminisme. C’est peut-être pour cela que tant de femmes commencent parfois une phrase par «Je ne suis pas féministe mais…»
Commentaires
Valérie: Pour ma part, je n’en fais pas spécialement la publicité, mais jamais je n’hésite à me déclarer ouvertement féministe quand la conversation s’y prête. La chose a toujours été bien reçue, peut-être parce que j’en parle d’une façon invitante, non confrontante. Enfin, c’est mon impression. Le seul que ça dérange, c’est mon père [...]. Et le seul argument qui lui vienne pour se plaindre des «féministes frustrées», c’est qu’il n’y a plus moyen d’être galant, par exemple en ouvrant la porte pour une dame, sans que la dame ne s’offusque «parce qu’elle est capable d’ouvrir la porte elle-même».
Pourtant, moi, je suis féministe et j’aime bien qu’on m’ouvre la porte… que ce soit par un homme ou une femme. Et moi-même, j’ouvre la porte à d’autres.
Pour moi, c’est ça aussi le féminisme: prendre un geste courtois comme ouvrir la porte, et l’élargir à tous en tant que savoir-vivre.
Isabelle N.: J’ai envie de te répondre, Stéphanie: toutes ces réponses. Je ne cache pas que je suis féministe, en fait, je le crie haut et fort. Certains amis (et amies, en passant) me taquinent, d’autres évitent le sujet, d’autres encore (mais ce sont plutôt des connaissances) cherchent la chicane à tout coup.
Je ne peux pas dire qu’aucun de mes amoureux n’a été rebuté par ça, au contraire. Sous le couvert de me trouver trop ceci, pas assez cela, certains garçons étaient clairement inconfortables avec mon féminisme. Mais j’ai eu la grande chance de tomber sur un gars charmant, que j’ai d’ailleurs épousé, qui en est fier et qui me soutient à 100%.
Mais le plus drôle, ce fut la réaction de mon père quand je lui ai dit que j’allais étudier en Études féministes.
— Pourquoi? D’où ça sort, ce féminisme, moi qui suis un homme rose!
(J’éclate de rire. Mon père est plutôt Fred Caillou)
— Ben quoi, dit-il, JE FAIS MON LIT!
Caroline P.: Moi aussi je n’hésite pas à afficher que je suis féministe. [...] Je me fais souvent demander si je brûle mon soutien- gorge. Quand mon conjoint est là, il leur répond toujours: «J’aimerais bien trop ça!» J’ai la chance d’avoir un conjoint extraordinaire, venant d’un milieu très traditionnel, conventionnel et religieux, mais ayant un esprit très ouvert.
Ce qui est spécial dans mon cas, c’est que les conversations les plus «houleuses», je les ai avec quelques amies, oui, oui! De très bonnes amies de filles qui ne se reconnaissent pas dans le féminisme… Souvent quand nous parlons, je leur dis: «Tiens, ça, ce que tu as fait ou dit c’est féministe»… elles ne le voient pas de cette manière…
Maude: [...] Quand on tombe sur le sujet, j’annonce fièrement mon féminisme, mais mon but est de désamorcer les préjugés de l’autre, et de lui permettre de mieux comprendre ce mouvement. J’ai répété très souvent, comme certaines ont dit, que le féminisme, ce n’est pas être contre les hommes. En gros, je me considère comme une vulgarisatrice du féminisme, car les médias colportent une image tellement fausse et déformée, que les gens ne savent plus ce que c’est.
Les hommes de mon entourage (mon père, mon frère, leurs amis) sont immensément respectueux des femmes et prônent l’égalité.

Mon périple féministe

Kharoll-Ann Souffrant, 9 avril 2015
Ça m’a pris un moment avant de me déclarer féministe. Enfant et adolescente, je comprenais plus ou moins ce que cela signifiait. Et ça m’a pris du temps avant d’intégrer ce concept dans ma vie de tous les jours. Je me suis réconciliée avec ce concept au cégep et à l’université. J’y ai été confrontée dans diverses sphères de ma vie.
Malgré mes appréhensions premières, c’est un concept qui me sied tout à fait. Comme femme d’abord et avant tout. Comme femme issue d’une communauté ethnique également. Puis, il y a le fait que mes parents se sont séparés lorsque j’avais 14 ans. Je suis l’aînée d’une fratrie de cinq enfants – j’ai trois sœurs et un frère – actuellement menée par ma mère qui est monoparentale et qui a fait le choix d’élever ses enfants au foyer. Mon père est toujours dans le décor et il juge important de protéger tout ce beau monde. Le féminisme, ça concerne ma famille aussi. Non, le féminisme n’est pas le combat de femmes frustrées et enragées qui haïssent les hommes. Au contraire, je crois humblement qu’il faut inclure tout le monde dans la lutte.
Le féminisme est venu me retrouver dans ma vie professionnelle. Je suis intervenante sociale de formation. J’ai eu l’occasion de faire du bénévolat pour des personnes ayant des troubles alimentaires (troubles qui affectent majoritairement les femmes). J’ai réalisé des stages d’intervention auprès de femmes en situation de pauvreté et d’itinérance. Plus récemment, j’ai fait des agressions à caractère sexuel mon cheval de bataille en devenant militante auprès de survivantes. Le féminisme, ça concerne tout ce beau monde aussi.
Puis, il y a mes aspirations futures. J’ai un intérêt très fort pour les communications. Je souhaite combiner mes passions du travail social et du journalisme à long terme. Mon objectif ultime est de pouvoir me prononcer de manière publique sur des problématiques sociales. Pour déconstruire des préjugés. Pour informer et sensibiliser. Pour, éventuellement, faire avancer la société ne serait-ce qu’un tout petit peu. Tout ça, en me basant sur mon expérience professionnelle, mais aussi sur mon expérience de femme. Cependant, comme on le sait, il y a un grand manque de diversité sur la scène médiatique québécoise. Et pourtant, malgré mon parcours et mes origines, il n’en demeure pas moins que ma voix dans le débat public n’est pas moins importante ou moins valable qu’une autre. Ça, j’essaie de me le répéter tout en étant consciente que, probablement, le chemin sera sans doute plus ardu pour moi.
Il y a toutes ces femmes que j’observe et que j’admire. Des femmes que je respecte profondément. Mais j’ai du mal à m’y retrouver dans tout ça. Je ne me sens pas à 100% représentée par ce qui est actuellement offert. Et c’est insécurisant de ne pas trouver un modèle qui me corresponde. C’est insécurisant de se dire que ce que je veux faire n’a pas vraiment été fait jusqu’à présent ou, du moins, pas à ma connaissance. Mais c’est également une source de motivation. La diversité et la différence sont des richesses à ne pas négliger. Il n’y a rien de plus fade que de banalement répéter ce qui a déjà été fait par le passé. On peut – et il faut – s’en inspirer, mais on ne doit surtout pas oublier d’y ajouter sa couleur.
J’espère que la vie et mes efforts me permettront de gagner suffisamment en assurance pour ne plus percevoir mon unicité comme un obstacle potentiel, mais bien comme un atout immense. Un atout nécessaire aux débats et à la société québécoise. Car ma place, j’y ai droit. Une voix, j’en ai une. Le plus beau cadeau que je puisse me faire est de la faire résonner.

PRISE DE PAROLE: LE LANGAGE ÉCRIT

La prise de parole féministe sur un blogue n’est pas sans signification. Le fait de mettre des mots par écrit sur le web incarne une certaine manière de penser le féminisme. Il va sans dire que Je suis féministe est défini par son médium: l’écriture et, par le fait même, le langage. La langue que l’on utilise pour s’exprimer n’est en rien neutre. Produire des textes, rédiger des commentaires, des analyses, des récits, utiliser la langue – française en l’occurrence – est en soi une prise de position.
Je suis féministe est un blogue par et pour les jeunes féministes francophones. C’est parce qu’elles ne se retrouvaient pas dans les écrits des féministes québécoises de la génération le...

Table des matières

  1. TABLE
  2. Préface
  3. Au commencement, il y avait l’internet
  4. CHAPITRE 1
  5. CHAPITRE 2
  6. CHAPITRE 3
  7. CHAPITRE 4
  8. CHAPITRE 5
  9. CHAPITRE 6