Mettre la hache
eBook - ePub

Mettre la hache

Slam western sur l'inceste

  1. 132 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Mettre la hache

Slam western sur l'inceste

DĂ©tails du livre
Aperçu du livre
Table des matiĂšres
Citations

À propos de ce livre

— Est-ce que ton pĂšre te touche?Bang. Une balle exponentielle entre dans tous mes cƓurs. Je suis en vie! Mais ça fait vraiment mal. Vas-tu encore tirer? Parce que si oui, je vais retourner dans mes tranchĂ©es.— Pattie?— Non, il ne me touche pas.Il me tue. Et tu fais pareil.Pattie O'Green est l'extension identitaire d'une intello Ă©motive qui se prend pour une cowgirl. Faisant de l'inceste le western de toute une sociĂ©tĂ©, elle dĂ©nonce l'anesthĂ©sie sociale, la violence psychiatrique, le «viol doux». Un livre-rodĂ©o qui met la hache dans nos tabous avec la joie des grandes colĂšres rĂ©paratrices.

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramĂštres et de cliquer sur « RĂ©silier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez rĂ©siliĂ© votre abonnement, il restera actif pour le reste de la pĂ©riode pour laquelle vous avez payĂ©. DĂ©couvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptĂ©s aux mobiles peuvent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©s via l’application. La plupart de nos PDF sont Ă©galement disponibles en tĂ©lĂ©chargement et les autres seront tĂ©lĂ©chargeables trĂšs prochainement. DĂ©couvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accĂšs complet Ă  la bibliothĂšque et Ă  toutes les fonctionnalitĂ©s de Perlego. Les seules diffĂ©rences sont les tarifs ainsi que la pĂ©riode d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous Ă©conomiserez environ 30 % par rapport Ă  12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement Ă  des ouvrages universitaires en ligne, oĂč vous pouvez accĂ©der Ă  toute une bibliothĂšque pour un prix infĂ©rieur Ă  celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! DĂ©couvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte Ă  haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accĂ©lĂ©rer ou le ralentir. DĂ©couvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accĂ©der Ă  Mettre la hache par Pattie O'Green, Delphine Delas en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Social Sciences et Essays in Sociology. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages Ă  dĂ©couvrir dans notre catalogue.

Informations

Année
2015
ISBN
9782890915022

XII

Les convalescentes

SI TU PARS DE LA PERFECTI0N,
TU VAS VOIR QU’IL N’Y A NULLE PART OÙ ALLER SAUF
EN BAS
BON, ON PEUT-TU SE PARLER, LÀ?
Si tu penses que la sympathie et l’empathie c’est la mĂȘme chose, ou mĂȘme que c’est de la mĂȘme famille, comme les oiseaux sont tous des ovipares ailĂ©s, je veux dire, si tu ne vois pas que ce sont des antonymes, non, mais, je ne me demande pas pourquoi je ressens toujours de la dĂ©tresse quand je te parle.
La sympathie, c’est juste ça: c’est comme en haut, alors c’est en dehors. Quelqu’un est malade ou dans la misĂšre et tu te dis «pauvre elle, je sympathise, je suis chanceux de ne pas ĂȘtre malade, alors je devrais ĂȘtre de bonne humeur dans ’vie» ou encore «j’ai vĂ©cu la mĂȘme situation, je comprends», mais tu ne comprends pas parce que lĂ  tu penses que tu peux mesurer les sentiments, et ce n’est pas long que tu amoindris ou que tu juges le niveau de souffrance.
FAILURE OF CONNEXION
Huge failure. Et l’empathie, c’est comme le contraire, tu cherches un peu plus loin, c’est difficile, parce que tu ne seras pas la personne qui est lĂ , en dehors, Ă  ĂȘtre chanceux, ni l’évaluateur, mais
LES EMPATHIQUES SONT TOUGH!
et les sympathiques sont gossants Ă  la longue. Avec l’empathie, tu te dis «j’ai peut-ĂȘtre jamais vĂ©cu une telle situation, mais si je fais l’effort de comprendre comment tu te sens par rapport Ă  cette situation-lĂ , je peux certainement faire un lien avec un moment dans ma vie oĂč j’ai ressenti une telle chose pour une situation quelconque et je me tiens Ă  l’intĂ©rieur avec toi.»
LE QUELCONQUE EST TOUJOURS
PARTICULIER POUR QUELQU’UN, NON?
*
On vient au monde la tĂȘte par en bas et je me dis qu’on devrait peut-ĂȘtre nous laisser comme ça, pour quelques annĂ©es, pour qu’on se fasse une idĂ©e. Une idĂ©e du monde Ă  l’endroit. Dans ce monde-lĂ , ce matin-lĂ , le lendemain de la premiĂšre fois, mon corps se lĂšve, lourd comme l’élĂ©phant, il est devenu tellement grand. Parce que l’inceste est un Ă©lĂ©phant dans la piĂšce, ma mĂšre l’a vu, ma mĂšre s’est fĂąchĂ©e, ma mĂšre a agi. Et tu vas me dire que dans un monde bien redressĂ©, avec de la broche et du barbelĂ©, l’inceste n’existerait pas, mais on y vit dĂ©jĂ  dans ce monde-lĂ . Alors dans mon monde Ă  l’endroit, on m’a amenĂ©e Ă  l’hĂŽpital. J’ai sĂ©journĂ© dans l’aile toute spĂ©ciale. Dans «l’aile des convalescentes». C’est mon seul faux souvenir, mais c’est celui qui m’aide le plus Ă  guĂ©rir.
Les infirmiĂšres prenaient des marches dans l’aile des convalescentes. Elles rĂ©paraient au passage les rooms of one’s own. Dans la mienne, elles ont refait l’isolation. Les fenĂȘtres n’étaient plus Ă©tanches, la mer coulait dans son ventre, les murs Ă©taient usĂ©s Ă  la corde et les tapisseries frisaient sur leur rive. Les motifs Ă©taient tout en dĂ©sordre: ils se dĂ©faisaient en lambeaux. Ce n’était pas un chĂąteau. Mais je ne voulais pas de chĂąteau! Je ne voulais pas de rempart! Je voulais de l’espace, un clavier et de la vĂ©ritĂ©. Truth had run through my fingers. Every drop had escaped. Les infirmiĂšres poussaient le charriot avec la nourriture, avec le courage posĂ© sur les plateaux. Sur les grands plateaux! Ce courage n’a pas fait de nous des hĂ©roĂŻnes, car dans l’aile des convalescentes, le mot avait retrouvĂ© sa racine. On Ă©tait devenues courageuses comme dans se grounder dans nos cƓurs, there is no gate, no lock, no bolt that you can set upon the freedom of our heart (Virginia Woolf).
Les familles avaient des droits de visite dans l’aile des convalescentes. Elles empruntaient le petit pont vers l’autre chair du monde. Elles arrivaient par la rive opposĂ©e avec leur bagage: des valises roulantes, des valises gĂ©antes qui se vidaient durant la traversĂ©e. Elles pleuraient leur perte, puis allaient grimper dans les arbres. Elles arrachaient les branches qui pourrissaient, elles les faisaient sĂ©cher au soleil, puis elles nous les amenaient pour qu’on les brĂ»le. C’était le petit bois des convalescentes. On en avait des forĂȘts dans notre pavillon, on les mettait dans la fournaise de nos guimauves, prĂšs du sofa dans le salon. Et le punching bag, au beau milieu, aprĂšs chaque combat, s’équilibrait. Parce qu’il n’y avait aucun incrĂ©dule, aucune pesanteur pour faire osciller le grand pendule.
C’est Ă  partir de l’aile des convalescentes qu’on a pu se relever, se tenir debout devant le comitĂ© des Ă©vidences pour qu’il nous donne une petite chance. On a dĂ©roulĂ© le grand palimpseste, le manifeste qui tue l’inceste. On a parlĂ© comme Arroway qui cherche des extraterrestres: «Look, all i’m asking is for you to just have the tiniest bit of vision. You know, to just sit back for one minute and look at the big picture. To take a chance on something that just might end up being the most profoundly impactful moment for humanity, for the history... of history» (Contact). On s’est tannĂ©es d’hanging tough (New Kids On the Block) on a pris la jagged little pill (Alanis Morissette). On avançait comme ça Ă  la verticale, de victimes Ă  convalescentes. On n’a pas fait de dĂ©tour par la survivante. On a mis la hache dans le bĂ»cher, aprĂšs avoir brĂ»lĂ© vos souliers.
Croyez-nous. Croyez-nous. Croyez-nous.

On a criĂ© ça en marchant sur le balcon de l’aile des convalescentes, qui sillonne dans toutes les grandes villes. On a marchĂ© des journĂ©es entiĂšres. On a eu mal de la plante aux paumes, qu’on a jointes Ă  celles des autres depuis les cimes du monde. On sait que la dĂ©pression est une longue sensation d’impuissance, que c’est une colĂšre qui ne cherche plus l’action. C’est pour ça qu’on a persĂ©vĂ©rĂ©. C’est pour ça qu’on a criĂ©. C’est pour ça qu’on a Ă©crit. C’est pour ça qu’on a marchĂ©. C’est pour ça qu’on va continuer de brĂ»ler vos souliers. On va accrocher les nĂŽtres Ă  votre poignĂ©e. Vous les enfilerez. On restera sur le seuil. Vous le franchirez. On vous dira au revoir. Vous marcherez. Walk a mile in our shoes. Jusqu’à l’aile des convalescentes. OĂč les chambres seront enfin vacantes.

Dans le mix

(par ordre d’apparition dans l’ouvrage)

Howard Gordon, Alex Gansa et Gideon Raff,
Homeland (télésérie)
Noam Chomsky, Surviving the 21st Century
(conférence vidéo)
René Descartes, Le discours de la méthode (livre)
Françoise d’Eaubonne, Le fĂ©minisme ou la mort (livre)
Jacob Burckhardt, ConsidĂ©ration sur l’histoire universelle (livre)
Mara Tremblay, Le protocole (chanson)
Alice Miller, The Body Never Lies (livre)
Judith Butler, Frames of War: When Is Life Grievable? (livre)
Le torchon brûle (journal)
Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception (livre)
Kathy Acker, My Mother. Demonology (livre)
Robert Bresson, Mouchette (film)
Daniel Arasse, On n’y voit rien (livre)
Neil de Grasse Tyson, Cosmos (télésérie)
Virginie Despentes, King Kong théorie (livre)
Walter Benjamin, L’Ɠuvre d’art à l’ùre de sa
reproductibilité technique (livre)
Jeffrey M. Elliot, Maya Angelou, Conversations (livre)
Vic Bloom et Bob Montana, Archie (bande dessinée)
Harmonium, Pour un instant (chanson)
Marion Zimmer Bradley, Les Brumes d’Avalon (roman)
Denise Boucher, Un beau grand bateau (chanson)
Sylvia Plath, The Bell Jar (roman)
Yves Simoneau, Da...

Table des matiĂšres

  1. I
  2. II
  3. III
  4. IV
  5. V
  6. VI
  7. VII
  8. VIII
  9. IX
  10. X
  11. XI
  12. XII