Adolescences lesbiennes
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Adolescences lesbiennes

De l'invisibilité à la reconnaissance

  1. 144 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Adolescences lesbiennes

De l'invisibilité à la reconnaissance

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À propos de ce livre

Tant de luttes ont été menées pour que les lesbiennes sortent de l'ombre. Pourtant, les adolescentes qui prennent conscience aujourd'hui de leur homosexualité refont le même chemin tortueux, de l'invisibilité à l'affirmation. Et le récit de ces expériences demeure rare, étouffé, voire phagocyté par le tapage continu du discours hétérosexiste.Ce livre rassemble et analyse les témoignages sans fard d'une vingtaine de jeunes femmes qui ont accepté de dévoiler pour nous ces parcours intimes. Quand prend-on conscience de son orientation sexuelle? Que faire des désirs homosexuels naissants? Comment agissent les représentations culturelles de l'hétérosexualité? Et qu'est-ce qui fait que l'on s'identifie, au final, comme lesbienne?Toutes se souviennent de l'homophobie latente à l'école, des relations hétérosexuelles malheureuses, du sentiment d'être normales ou déviantes, des réactions de leur famille, de leur propre déni. Et du silence aussi, qu'elles ont brisé pour cet essai, qui veut aider d'autres jeunes femmes à surmonter la détresse et les blessures.

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Informations

Année
2017
ISBN
9782890915824
Chapitre 1
Homophobie et hétérosexisme
Au cours des dernières décennies, l’homosexualité est passée du statut de fléau social (Chamberland, 1997) au statut de sexualité minoritaire ayant acquis une certaine légitimité. Désormais, c’est le fait de contester cette légitimité qui constitue un problème social : ce n’est plus l’homosexualité qui est pointée du doigt, mais l’homophobie entendue comme désignant les attitudes et les conceptions négatives à l’endroit de l’homosexualité (Borrillo, 2000). Ce concept occupe désormais une position hégémonique, tant dans les médias que dans le champ scientifique. Or, cet état de fait n’est pas sans présenter des enjeux importants pour les lesbiennes, qui vivent également des discriminations en tant que femmes.
La reconnaissance sociale et l’enjeu de la visibilité
L’homosexualité a longtemps été considérée comme un fléau social, et il aura fallu attendre la fin du XXe siècle pour que s’amorce une remise en question de l’opprobre qu’elle soulevait. Ainsi, « jusqu’aux années 1970, la littérature sociologique a traité l’homosexualité au pire comme une anormalité sociale, au mieux comme une déviance, et l’a le plus souvent ignorée comme n’étant pas de son ressort » (Chamberland, 1997, p. 6).
La reconnaissance sociale de l’homosexualité et des personnes homosexuelles soulève certains des enjeux associés aux politiques de reconnaissance en général. Si, comme le soulignent Payet et Battegay (2008, p. 27), « la reconnaissance pose la question de la visibilité, si on part du principe que ne peut être reconnu que ce qui est visible », ce qui doit être visible est précisément un enjeu déterminant pour une lutte politique efficace. L’histoire du mouvement des gais et des lesbiennes témoigne des transformations auxquelles les revendications de reconnaissance sont susceptibles de donner lieu.
Les émeutes de Stonewall, survenues à New York en 1969, font figure d’événement clé dans l’histoire du mouvement des gais et des lesbiennes (Larocque, 2008). Cet épisode déclencheur de la lutte pour la reconnaissance en Amérique du Nord est justifié par le contexte de vie des personnes gaies et lesbiennes, soit l’omniprésence de la répression et de la brutalité à leur égard, tant de la part des institutions que des individus (Higgins, 2011 ; Janoff, 2005). La reconnaissance est alors une question de survie, au sens propre du terme :
[...] la situation de précarité sociale dans laquelle [l’ensemble des gais et lesbiennes] se trouvait dans les années 1970 a d’abord motivé une prise de conscience collective et le partage d’un vécu commun, avant que n’émerge la possibilité d’une parole publique. Ce processus a conféré aux membres de la communauté gaie un sentiment de légitimité afin d’oser exprimer les préoccupations de base liées à la violence dont ils étaient l’objet. (Bureau et Papy, 2008, p. 67)
Considérés comme des citoyen.ne.s de seconde zone, il leur faudra attendre 1993 au Québec, année où les militant.e.s parviennent à obtenir une enquête publique sur leur situation, pour que leurs demandes de reconnaissance puissent se faire entendre. La publication du rapport de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse en 1994 intitulé De l’illégalité à l’égalité marque un tournant dans la reconnaissance des gais et des lesbiennes au Québec. Dans le cadre d’audiences publiques, des hommes et des femmes sont venus témoigner de leur vécu, de leurs souffrances et de l’étendue des difficultés qu’elles et ils vivaient :
En se basant sur les mémoires présentés et les témoignages entendus lors des audiences publiques, ce rapport dressait un portrait-choc des atteintes aux droits fondamentaux dont pouvaient être victimes les personnes homosexuelles. La consultation portait sur trois domaines précis : l’accès aux services sociaux et de santé, les relations avec la police et la conformité des lois québécoises avec la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. (CDPDJ, 2007, p. 3)
Par la suite, ce rapport a fourni des balises aux revendications du mouvement gai et lesbien. De nombreuses réformes se sont succédé « dans le sens d’une prise en compte des besoins des gais et des lesbiennes en tant que citoyens, en tant que personnes et en tant qu’êtres relationnels qui formaient des couples et des familles » (Bureau et Papy, 2008 : 65). Au Québec et au Canada, des avancées juridiques majeures se succèdent dans les années subséquentes. Dès 1999, le Québec adopte la loi 32, qui accorde aux conjoints de même sexe les mêmes droits et privilèges que ceux existant pour les conjoints hétérosexuels.
L’union civile au Québec offre depuis 2002 un cadre légal qui permet aux couples homosexuels l’accès à la plupart des bénéfices du mariage. Diverses contestations judiciaires conduisent les tribunaux provinciaux du Canada à invalider la définition traditionnelle du mariage, jugée contraire aux principes d’égalité et de non-discrimination garantis par les chartes. En 2005, le Parlement du Canada adopte une loi qui autorise le mariage entre deux personnes, sans restriction quant au sexe des époux. Enfin, depuis 2002, le Code civil du Québec admet la filiation entre un enfant et deux parents de même sexe, sans prendre en compte le statut civil du couple parental (concubinage, union civile ou mariage) (Chamberland et Lebreton, 2010, p. 146-147).
L’ouverture des droits aux personnes homosexuelles : une avancée réformiste
Ces avancées législatives ne sont cependant pas considérées par l’ensemble du mouvement gai et lesbien de façon positive, dans la mesure où elles contribueraient à renforcer les formes préexistantes de conjugalité, de filiation et de parenté. Mais la fraction du mouvement gai qui revendique l’égalité d’accès aux institutions hétéronormatives1 est la plus visible dans les sphères politique et médiatique2.
Depuis les années 1990, la lutte de ce mouvement gai a pris la forme d’une politique de l’identité. C’est en effet autour de l’orientation homosexuelle, la particularité que partagent les personnes homosexuelles, que les revendications sont conduites. Pour Fraser, la réification des identités est une conséquence inhérente aux politiques de l’identité, dans la mesure où celles-ci exercent « une pression morale sur les individus qui les mène à se conformer à une culture de groupe donnée » (Fraser, 2005, p. 78).
Les groupes sont ainsi amenés à cristalliser des aspects ou caractéristiques qui les distinguent en propre, qui sont précisément ce qu’ils souhaitent faire reconnaître. Ce faisant, ils tendent à évacuer les contestations, internes ou non, susceptibles de remettre en question l’identité du groupe. Chamberland souligne en effet que la catégorie « lesbienne » ne peut pas davantage prétendre être représentative de l’ensemble des lesbiennes que la catégorie « homosexuel » ne peut représenter l’ensemble des personnes homosexuelles :
Les lesbiennes ne forment pas un groupe homogène. Elles se distinguent les unes des autres par leurs expériences de vie, selon le contexte social dans lequel elles ont eu à affirmer leur différence, par leur façon de construire leur identité comme lesbiennes, c’est-à-dire de nommer leurs désirs sexuels, de les concevoir, de les expliquer, face à elles-mêmes et face aux autres, de les extérioriser dans leur apparence et leur manière d’être, de les articuler à d’autres facettes de leur identité personnelle. Elles se différencient encore par leur situation économique, leur insertion en termes de classe sociale et d’ethnicité, leur rapport avec leur famille d’origine, leur statut parental selon qu’elles aient ou non des enfants, selon que ceux-ci soient issus d’un mariage hétérosexuel ou d’une union avec une autre femme et bien d’autres facteurs. Elles sont également divisées selon leurs visions et leurs allégeances politiques. (Chamberland, 2002, en ligne)
La politique identitaire adoptée par le mouvement gai réformiste conduit à interpréter la visibilité médiatique des gais et celle, moins prononcée, des lesbiennes à la fois comme un moyen et une preuve de reconnaissance sociale, susceptible de favoriser une plus grande égalité de traitement des personnes homosexuelles. Au sein des communautés gaies et lesbiennes, l’insistance sur ce que partagent les personnes homosexuelles est cependant contestée par tous ceux et toutes celles qui se sentent exclus, sur la base de la classe, de l’origine ethnique, et pour ce qui m’occupe plus particulièrement, sur la base du sexe. Le sujet homosexuel au centre de ce modèle est critiqué pour occulter les différences de classe, de sexe et d’appartenance ethnoculturelle, prétendant refléter les intérêts de toutes les personnes homosexuelles, quand il représente surtout les intérêts et les expériences des hommes gais, blancs et de classe moyenne (Gamson, 2002, p. 344). Toute réalité remettant en question l’idée des conditions de vie similaires sera écartée ou du moins invitée à se faire discrète. Selon Fraser : « le modèle identitaire se prête donc trop facilement aux formes répressives du communautarisme, en favorisant le conformisme, l’intolérance et le maintien de structures patriarcales » (Fraser, 2005, p. 78).
Cette analyse de Fraser va dans le sens de celle proposée par Chamberland pour le contexte québécois :
Rappelons par exemple que la revendication de la reconnaissance des conjoints et conjointes de même sexe ne faisait pas et ne fait toujours pas l’unanimité parmi elles [les lesbiennes]. La difficulté ne réside pas tant dans l’absence de consensus que dans le manque de lieux de débats, vu l’affaiblissement du mouvement autonome des lesbiennes et leur position de minoritaires tant à l’intérieur du mouvement des femmes que dans le mouvement gai. Qui prend le leadership de définir leurs revendications ? Leurs priorités de lutte ? Pendant ces dernières années, l’agenda a été défini par le mouvement gai, plus précisément par la tendance réformiste qui prédomine au sein de ce mouvement. (Chamberland, 2002, en ligne)
De plus, les politiques identitaires du mouvement gai réformiste renvoient, selon certaines militantes et chercheuses, à une forme d’assimilation des gais et des lesbiennes à l’ordre culturel dominant. En particulier, le potentiel subversif de l’existence homosexuelle par rapport aux institutions hétéronormatives (le mariage, la parentalité) serait neutralisé par certaines avancées législatives et par les représentations médiatiques et sociales des personnes gaies et lesbiennes qui, loin de refléter la diversité des genres et des sexualités, promeuvent des représentations conformes aux idéaux de type « classe moyenne » : désir de fonder une famille, carrière, réussite financière et pouvoir de consommation. La critique de Chamberland (2002) témoigne de telles contre-positions :
En tant que féministe, je demeure critique face au modèle marital traditionnel repris dans l’union civile. Sur le plan personnel, je l’ai toujours rejeté d’abord comme un piège, puis comme un carcan qui lie trop étroitement, dans une relation conjugale idéalement permanente, sexe et amour, promesse d’exclusivité sexuelle, engagement au soutien réciproque et interdépendance économique. Malgré les changements législatifs qui y ont été apportés pour établir l’égalité entre conjoints-es, ce modèle demeure trop proche à mes yeux du « pseudo-contrat » qui a permis et permet encore aux hommes de s’approprier – puisque les conditions de l’échange sont structurellement défavorables aux femmes – les services sexuels, domestiques, reproductifs et autres de leur épouse. Il faut nuancer, j’en conviens. Mais il importe à mes yeux d’énoncer cette critique plutôt que...

Table des matières

  1. Page couverture
  2. Faux-titre
  3. Titre
  4. Crédits
  5. Table des matières
  6. Préface
  7. Introduction
  8. Chapitre 1
  9. Chapitre 2
  10. Chapitre 3
  11. Chapitre 4
  12. Chapitre 5
  13. Chapitre 6
  14. Chapitre 7
  15. Chapitre 8
  16. Conclusion
  17. Bibliographie
  18. Remerciements
  19. Fin
  20. Quatrième de couverture