Chapitre 1
Lâhistoire de ma grand-mĂšre et de ma famille au Manitoba et en Ontario (1863-1952)
Mon nom est Ma-Nee Chacaby. Je suis une aĂźnĂ©e ojibwĂ©-crie et jâai en moi deux esprits (un masculin et un fĂ©minin). Jâai eu une trajectoire longue et compliquĂ©e et parfois mĂȘme Ă©prouvante. Mes souvenirs les plus anciens sont de ramasser du bois, de fabriquer des raquettes, et de chasser et de trapper dans ma communautĂ© canadienne isolĂ©e pendant les annĂ©es 1950, Ă une Ă©poque oĂč lâalcoolisme Ă©tait endĂ©mique. En 2013, plus dâun demi-siĂšcle plus tard, jâai organisĂ© une cĂ©rĂ©monie de guĂ©rison et jâai ensuite aidĂ© Ă organiser le premier dĂ©filĂ© de fiertĂ© gaie dans ma ville de Thunder Bay en Ontario. Ce livre dĂ©crit le cheminement extraordinaire qui mâa menĂ©e jusque-lĂ .
Je vais commencer par ce qui mâa Ă©tĂ© racontĂ© sur lâhistoire de ma famille. Presque tout ce que je sais de la pĂ©riode avant ma naissance, je lâai appris de ma kokum (grand-mĂšre), celle qui mâa Ă©levĂ©e. CâĂ©tait une femme crie qui sâappelait Leliilah. Elle a eu une vie trĂšs longue et a Ă©tĂ© la plus vieille aĂźnĂ©e dans ma communautĂ© ojibwĂ©-crie. Quand ma grand-mĂšre est morte en 1967, ses docteurs supposaient quâelle devait avoir plus de cent ans. Sur son certificat de dĂ©cĂšs, ils ont Ă©tabli son Ăąge Ă cent quatre ans, ce qui veut dire quâelle serait nĂ©e en 1863. Certains aĂźnĂ©s de notre communautĂ© ont discutĂ© plus tard dâĂ©vĂ©nements qui se sont passĂ©s pendant la vie de ma grand-mĂšre et ils Ă©taient dâaccord pour dire quâelle est probablement nĂ©e dans les annĂ©es 1860.
Quand jâĂ©tais enfant, ma kokum Ă©tait connue comme conteuse dans notre communautĂ©. Quelques-unes des histoires qui suivent, elle ne les a racontĂ©es quâĂ moi. Jâen ai entendu plusieurs autres quand adultes et enfants se rassemblaient autour dâelle pour Ă©couter ses histoires.
Lâenfance de ma grand-mĂšre
Ma grand-mĂšre venait des prairies de la Saskatchewan. Elle a perdu ses parents quand elle Ă©tait trĂšs jeune, vers lâĂąge de quatre ou cinq ans. Elle se rappelait avoir vĂ©cu avec eux et dâautres familles dans des tipis sur une colline ou au bord dâune falaise qui surplombait une grande riviĂšre sablonneuse. Ma kokum mâa dit que sa communautĂ© Ă©tait en conflit avec un autre groupe de la rĂ©gion. Elle a dit que lâautre groupe nâavait pas assez de jeunes pour se rĂ©gĂ©nĂ©rer alors il voulait kidnapper les enfants de sa communautĂ©. Ă cause de ce conflit, on avait averti tous les enfants que, si un jour leurs demeures Ă©taient attaquĂ©es, il fallait quâils courent se cacher sous un canot Ă un endroit prĂ©cis, pas trop loin.
Ma kokum mâa expliquĂ© quâune nuit ses parents lâont rĂ©veillĂ©e brusquement et lui ont ordonnĂ© de se cacher. Son frĂšre, un autre enfant et elle ont couru au canot et ils se sont cachĂ©s en dessous. Ils ont entendu des cris et des hurlements venant de chez eux, mais ils sont restĂ©s sans bouger trĂšs longtemps jusquâĂ ce que le silence revienne. Puis ils ont encore attendu aussi longtemps quâils lâont pu. Le lendemain matin, ils sont sortis de dessous le canot. Lâair Ă©tait rempli de fumĂ©e et les tipis avaient Ă©tĂ© rĂ©duits en cendres. Il y avait des cadavres partout. Les enfants Ă©taient effrayĂ©s et ils sont retournĂ©s se cacher sous le canot. Ils ont finalement Ă©tĂ© retrouvĂ©s par des familles cries nomades qui passaient par lĂ en canot. Ma grand-mĂšre mâa racontĂ© que ces adultes ont enterrĂ© les morts ensemble dans un gros monticule et, aprĂšs, ils ont accueilli les trois enfants dans leur famille.
Les parents adoptifs de ma grand-mĂšre ont Ă©tĂ© trĂšs aimables envers elle. Son frĂšre et elle ont Ă©tĂ© Ă©levĂ©s dans des familles diffĂ©rentes de la mĂȘme parentĂ©. Leur nouvelle famille avait aussi Ă©tĂ© attaquĂ©e chez elle par un autre groupe autochtone, alors ils migraient Ă travers le Canada en essayant de rejoindre leur famille sur la cĂŽte de la baie James, dans le nord de lâOntario. Pendant de longues annĂ©es, ma grand-mĂšre a voyagĂ© avec eux ; lâĂ©tĂ©, câĂ©tait Ă pied, Ă cheval ou en canot et, lâhiver, câĂ©tait Ă cheval et en traĂźneau Ă chiens. Elle disait quâils se dĂ©plaçaient plus vite sur la glace et la neige, chassant et trappant des animaux pendant le voyage. Les souvenirs les plus vifs quâavait gardĂ©s ma kokum de cette Ă©poque, câĂ©tait le vent glacial qui la gelait la nuit quand elle dormait dans le tipi. Pendant ces voyages, elle a aussi vu un magasin de la Compagnie de la Baie dâHudson quand elle avait dix ou onze ans. Le magasin Ă©tait sur un bateau qui allait dâun endroit Ă lâautre pour vendre ses marchandises. Dans ce magasin, ma grand-mĂšre a vu un miroir pour la premiĂšre fois. Elle y a aussi mangĂ© sa premiĂšre orange et se souvenait de son goĂ»t Ă la fois sucrĂ© et acide.
Pendant leur voyage vers lâest, ma grand-mĂšre et les membres de sa famille ont dĂ» parcourir au moins mille cinq cents kilomĂštres sur une route qui traversait le nord du Manitoba et de lâOntario. Ils se sont Ă©tablis pour de bon quand ils ont atteint la riviĂšre Attawapiskat sur la baie James dans les annĂ©es 1880, quand Leliilah avait dix ou onze ans.
Le mariage de mes grands-parents
Quand ma grand-mĂšre avait environ quatorze ans, elle a rencontrĂ© mon grand-pĂšre, qui sâappelait Christopher Chacaby. Le pĂšre de Christopher Ă©tait français et sa mĂšre ojibwĂ©e. Ma grand-mĂšre mâa expliquĂ© que Christopher parlait aussi bien le français que lâojibwĂ©, mais elle trouvait quâil avait lâair dâun homme blanc. Elle disait quâil Ă©tait plus petit quâelle et quâil avait le teint pĂąle et les cheveux frisĂ©s. Christopher avait Ă peu prĂšs son Ăąge, mais il travaillait dĂ©jĂ quand elle lâa rencontrĂ©, comme ça se faisait Ă lâĂ©poque. Son pĂšre et lui faisaient le tour de la baie James et Ă©changeaient des marchandises comme des miroirs et des couvertures contre des fourrures de castor, de renard, de loup, de lynx, de martre, de rat musquĂ© et de belette.
MalgrĂ© sa timiditĂ©, Leliilah a tout de suite Ă©tĂ© attirĂ©e par Christopher. Elle disait quâil Ă©tait beau parleur et trĂšs drĂŽle. Il leur a fait connaĂźtre le violon, dont il jouait trĂšs bien, Ă sa famille et Ă elle. Avant de reprendre la route, Christopher a dit Ă Leliilah quâil reviendrait un jour pour lâĂ©pouser. Il est revenu quelques annĂ©es plus tard, quand elle avait environ seize ans. Le pĂšre de Christopher a alors demandĂ© Ă la famille adoptive de Leliilah si Christopher pouvait la prendre comme Ă©pouse. Sa famille lui a dit que la dĂ©cision revenait Ă Leliilah, et elle a choisi de lâĂ©pouser. CâĂ©tait la coutume que lâhomme offre des cadeaux Ă sa future belle-famille lors de la cĂ©rĂ©monie de mariage, et ma grand-mĂšre a dit que Christopher avait Ă©tĂ© extrĂȘmement gĂ©nĂ©reux. Il leur a donnĂ© deux chevaux, deux orignaux pour la viande et des mocassins, en plus des peaux de deux chevreuils et de bisons comme couvertures. Deux fusils, plusieurs miroirs, et des couvertures de la Baie dâHudson faisaient aussi partie des cadeaux. Leur cĂ©rĂ©monie de mariage a suivi les coutumes ojibwĂ©-cries : ils ont liĂ© leurs poignets avec du cĂšdre, ont allumĂ© un feu sacrĂ© et se sont offert des plumes. Christopher avait aussi achetĂ© deux alliances en or dans le magasin de la Baie dâHudson. Plusieurs annĂ©es plus tard, ma grand-mĂšre mâa fait cadeau de la sienne.
AprĂšs leur mariage, mes grands-parents ont quittĂ© leur communautĂ©, mais Leliilah nâa pas perdu contact avec sa famille. MĂȘme dans son grand Ăąge, pendant mon enfance, je me souviens quâelle visitait son frĂšre et sa sĆur adoptive. Mais la vie de ma grand-mĂšre a complĂštement changĂ© aprĂšs son mariage avec mon grand-pĂšre. Ils ont voyagĂ© ensemble pendant de longues annĂ©es et elle lâa aidĂ© dans son travail de marchand ambulant. Ils voyageaient avec dâautres familles de commerçants et un guide qui connaissait le territoire. Pendant lâĂ©tĂ©, chaque famille utilisait un wiigwaasi jiimaan (canot dâĂ©corce de bouleau), qui Ă©tait beaucoup plus grand que ceux quâon utilise aujourdâhui. Ils se dĂ©plaçaient encore plus rapidement en hiver quand ils utilisaient des traĂźneaux Ă chiens. Ils dormaient dans des tipis et vivaient souvent dans des conditions trĂšs dures.
Je ne sais pas exactement quel itinĂ©raire suivaient mes grands-parents. Ils pouvaient sâarrĂȘter parfois plusieurs mois, comme quand ma grand-mĂšre a eu ses enfants, et il est possible quâils soient souvent retournĂ©s lĂ oĂč ils avaient de bonnes relations commerciales. Au fil des annĂ©es, ils ont cependant changĂ© de territoire, de la baie James, Ă la frontiĂšre nord-est de lâOntario, au lac Nipigon, plus de cinq cents kilomĂštres au sud-ouest. Ma kokum mâa dit quâelle a eu seize grossesses pendant cette pĂ©riode. Plusieurs de ses bĂ©bĂ©s sont mort-nĂ©s ou sont morts pendant lâaccouchement. Dâautres sont morts pendant lâenfance de maladies, comme la variole, ou Ă cause dâaccidents, comme la noyade. Seulement six des enfants de ma grand-mĂšre ont survĂ©cu jusquâĂ lâadolescence, dont Deborah, ma mĂšre, qui Ă©tait la plus jeune enfant de Leliilah. Ă la maison, mes grands-parents parlaient le cri, lâojibwĂ© et le français, et leurs enfants ont appris ces trois langues en grandissant. La plupart des enfants qui ont survĂ©cu sont restĂ©s avec mes grands-parents jusquâĂ lâĂąge adulte, sauf un fils et une fille qui sont partis au pensionnat autochtone Ă un moment donnĂ© pendant les voyages de la famille. Je ne sais pas si mes grands-parents ont choisi dâenvoyer les enfants au pensionnat ou si le gouvernement les a obligĂ©s Ă le faire. Je ne sais pas non plus ce qui est arrivĂ© Ă cette tante ni Ă cet oncle. Mes grands-parents ne les ont plus jamais revus. Dans les annĂ©es 1950, quand ma kokum mâĂ©levait, elle Ă©tait trĂšs triste dâavoir perdu contact avec eux et elle supposait quâils Ă©taient morts.
Ma grand-mĂšre est devenue aveugle pendant ses voyages avec mon grand-pĂšre. Si jâai bien compris, elle a perdu la vue graduellement au fil des ans et non pas Ă cause dâune blessure. Elle mâa dit plus tard que mon grand-pĂšre voulait lâamener Ă lâhĂŽpital pour quâelle se fasse examiner les yeux, mais elle nây a jamais consenti. Ma grand-mĂšre avait peur des hĂŽpitaux parce que la plupart des gens quâelle connaissait qui y Ă©taient allĂ©s Ă©taient dĂ©cĂ©dĂ©s, et elle nâavait pas du tout confiance dans la mĂ©decine des Blancs. Mon grand-pĂšre et elle ont plutĂŽt rĂ©organisĂ© leur vie en fonction de sa cĂ©citĂ© et ils ont continuĂ© de voyager.
Pendant les annĂ©es oĂč ils voyageaient, mes grands-parents avait des idĂ©es diffĂ©rentes par rapport Ă lâendroit oĂč ils finiraient par sâinstaller. Mon grand-pĂšre voulait aller Ă Auden, un village ojibwĂ© au nord-est du lac Nipigon. Auden Ă©tait un village plutĂŽt isolĂ©, mais il pensait pouvoir y trouver du travail car on construisait le chemin de fer dans la rĂ©gion et il fallait en assurer lâentretien. De son cĂŽtĂ©, ma grand-mĂšre rĂȘvait dâaller sur la rive nord du lac SupĂ©rieur, Ă quelque cent cinquante kilomĂštres au sud dâAuden. Elle avait eu le pressentiment quâelle y trouverait un rassemblement dâautochtones. Malheureusement, ils ne se sont jamais rendus jusque-lĂ . Pendant quâils Ă©taient sur la route vers Auden, mon grand-pĂšre est tombĂ© gravement malade. Il a Ă©tĂ© amenĂ© dans un hĂŽpital, oĂč il est dĂ©cĂ©dĂ©. Ma grand-mĂšre a fini par sâĂ©tablir prĂšs dâAuden, Ă Ombabika, avec les quatre enfants adultes qui lui restaient : Jacques, Renee, Claude et ma mĂšre, Deborah, qui Ă©tait encore jeune. Ma grand-mĂšre a toujours parlĂ© de mon grand-pĂšre avec beaucoup dâamour et de respect. Elle a vĂ©cu de longues annĂ©es aprĂšs la mort de mon grand-pĂšre, mais elle ne sâest jamais remariĂ©e.
Pendant que ma grand-mĂšre vivait Ă Ombabika, elle et dâautres Autochtones de la rĂ©gion ont signĂ© un traitĂ© avec des reprĂ©sentants du gouvernement canadien, et ils ont Ă©tĂ© inscrits comme Indiens « des traitĂ©s » ou ayant le « statut dâIndien ». Ombabika ne faisait pas partie dâune rĂ©serve quand ma grand-mĂšre y habitait. Les Autochtones locaux dits « des traitĂ©s » sont devenus membres de la rĂ©serve Fort Hope, qui avait Ă©tĂ© Ă©tablie Ă cent cinquante kilomĂštres au nord dâOmbabika en juillet 1905. Par la signature du traitĂ©, le gouvernement fĂ©dĂ©ral a promis Ă ma grand-mĂšre les soins de santĂ©, lâĂ©ducation et les services sociaux.
Les premiÚres années de la vie de ma mÚre, ma naissance et mon adoption
Je crois que ma mĂšre Deborah est nĂ©e en 1908 ; ma grand-mĂšre devait avoir quarante-cinq ans quand elle a donnĂ© naissance Ă son dernier enfant. Je ne sais pas grand-chose sur lâenfance de ma mĂšre parce quâelle ne mâen a jamais parlĂ©. Ce que je sais, je lâai appris de ma grand-mĂšre et de ma cousine Flora, qui Ă©tait une jeune femme quand jâĂ©tais enfant Ă Ombabika. Je crois que ma mĂšre a passĂ© son enfance Ă voyager avec ses parents. Quand mon grand-pĂšre est mort, ma mĂšre Ă©tait dĂ©jĂ une jeune femme. Elle a continuĂ© Ă vivre avec ma grand-mĂšre, mais Ă un moment donnĂ© elle a eu un grave accident. Jâai entendu dire que câest arrivĂ© quand elle Ă©tait montĂ©e dans un arbre et avait essayĂ© de passer dâun arbre Ă lâautre au-dessus dâune riviĂšre par temps froid. Les arbres Ă©taient glacĂ©s ; elle a glissĂ© et est tombĂ©e. Elle sâest cassĂ© la hanche et dâautres os importants et on lâa amenĂ©e Ă lâhĂŽpital Ă Winnipeg, au Manitoba, oĂč on lui a mis tout le corps dans le plĂątre. Ma mĂšre a dĂ» rĂ©apprendre Ă marcher et elle a mis de nombreuses annĂ©es Ă se remettre de cet accident. Pendant une partie de cette pĂ©riode, elle habitait avec des infirmiĂšres qui lui ont appris Ă parler anglais et Ă faire de la boulangerie.
Lorsquâelle restait Ă Winnipeg, ma mĂšre est tombĂ©e malade de la tuberculose, alors on lâa envoyĂ©e dans un sanatorium pour la tuberculose Ă Thunder Bay, en Ontario, oĂč elle a vĂ©cu pendant plusieurs annĂ©es. Durant ses premiĂšres annĂ©es au sanatorium, une femme dâOmbabika y rĂ©sidait aussi. Ma mĂšre et elle nâĂ©taient sĂ»rement pas malades Ă ce moment-lĂ â ou alors elles sont sorties du sanatorium en cachette â, car cette femme a racontĂ© plus tard aux gens dâOmbabika quâelles allaient en ville boire ensemble. Ă un moment donnĂ© durant cette Ă©poque, ma mĂšre est tombĂ©e enceinte de moi. Je ne suis pas certaine de qui Ă©tait mon pĂšre car elle ne me lâa jamais dit. Quelques hommes ont Ă©tĂ© mentionnĂ©s au fil des ans et lâun dâeux semble ĂȘtre un candidat plausible, mais aucun nom nâa jamais Ă©tĂ© confirmĂ©.
En tout cas, je suis nĂ©e le 22 juillet de 1950 au sanatorium. Ma mĂšre devait avoir quarante ans, ce qui est assez tard pour avoir un enfant. AprĂšs ma naissance, ma mĂšre mâa donnĂ©e en adoption. Un couple francophone mâa ramenĂ©e chez eux Ă Thunder Bay. La femme dâOmbabika qui Ă©tait au sanatorium avec ma mĂšre a parlĂ© de ma naissance dans une lettre Ă quelquâun de sa famille, alors ma grand-mĂšre a appris ma naissance seulement aprĂšs. Elle sâest rendue Ă Thunder Bay pour me trouver avec lâassistance dâune jeune femme appelĂ©e Irene qui parlait bien anglais. Ensemble, elles ont fait de longues dĂ©marches pour me retrouver et obten...