Corps accord
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Corps accord

Guide de sexualité positive

  1. 184 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Guide de sexualité positive

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Table des matières
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À propos de ce livre

En quoi consiste la notion de consentement enthousiaste? De quelles façons se vit le plaisir sexuel, seule ou avec des partenaires? Comment conjuguer désir et handicap ou maladie chronique? Et comment la société et la culture influencent-elles l'expérience de la sexualité? Des questions fondamentales qui se retrouvent bien souvent sans réponse, à une époque où on en aurait tant besoin pour faire des choix éclairés. Corps accord vient rompre le cycle de l'ignorance.Accessible, décomplexé et inclusif, cet ouvrage est la première adaptation québécoise du classique Our Bodies, Ourselves, dont la dernière édition est parue en 2011. D'abord publié en 1971, puis maintes fois réédité et traduit en 34 langues, OBOS a révolutionné le domaine de la santé de femmes en alliant des témoignages sur leur sexualité, des points de vue féministes diversifiés et des données scientifiques. Cette véritable encyclopédie a contribué à une réappropriation du pouvoir et du savoir des femmes sur leur corps et demeure à ce jour une ressource incontournable pour toutes les générations.

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Informations

Année
2019
ISBN
9782890916654

CHAPITRE 1

INFLUENCES SOCIALES
ET CULTURELLES
SUR LA SEXUALITÉ

Avec les représentations médiatiques des relations intimes, moi, depuis quelques années, je me demande beaucoup, dans mon couple, qu’est-ce qui est normal et qu’est-ce qui ne l’est pas. C’est dur de faire la paix avec une relation qui n’est peut-être pas dans les normes. Je pense que j’ai beaucoup de pression des représentations médiatiques, mais aussi de ce que je vois et ce que j’observe chez les autres couples. La difficulté que j’ai eue avec mon image corporelle, ce n’était même pas mon handicap, c’était une autre idée. Je ne me trouvais pas féminine. C’est une difficulté que j’aurais même si je n’étais pas handicapée. (Denise)
La sexualité est une façon d’être, de se sentir et aussi de se donner du plaisir et d’en donner aux autres. Elle peut insuffler à la personne qui l’expérimente un élan positif et fort qui permet d’approfondir les relations les plus intimes. À l’inverse, elle peut être la source d’un profond malaise. Certaines personnes ne souhaitent pas vivre ou éprouver des sensations sexuelles; cela fait partie de l’éventail d’expériences qui peuvent être reliées à la sexualité. Dans ses multiples expressions, la sexualité constitue une part importante de l’expérience humaine. Toutefois, elle est souvent peu nommée ou discutée, reléguée à l’espace privé. On prétend alors à tort qu’elle serait séparée des relations de pouvoir et du système social qui relie les individus.
Ce chapitre se penche sur la façon dont la sexualité se développe à travers des désirs individuels, mais aussi à travers l’influence de la société et de la culture: de l’éducation sexuelle au colonialisme en passant notamment par les médias ou la religion, nous présentons un tour d’horizon de ces influences. Pour commencer, nous souhaitons reprendre ici la définition des différents aspects de la sexualité proposée par Femmes Autochtones du Québec.
LES 10 FONDEMENTS DE LA SEXUALITÉ HUMAINE
SELON FEMMES AUTOCHTONES DU QUÉBEC
  1. L’image corporelle: c’est ce que l’on pense et l’on ressent par rapport à son propre corps (le degré de confort, de plaisir, l’appréciation de son apparence et sa propre perception).
  2. Le sexe biologique: il s’agit du sexe physiologique et anatomique (le cerveau, le système reproductif, hormonal et chromosomique) d’une personne.
  3. L’identité de genre: c’est le sentiment intérieur qu’a une personne d’être un homme, une femme, les deux à la fois ou aucun des deux (pas seulement physiquement, mais émotionnellement et spirituellement).
  4. L’orientation sexuelle: il s’agit du ou des genre·s des personnes (hommes, femmes ou les deux) pour qui on ressent une attirance, qu’il s’agisse d’un béguin, d’en rêver, d’en tomber amoureuse ou d’éprouver envers elles une attirance romantique, sexuelle, spirituelle ou émotionnelle.
  5. L’expression du genre: ce sont toutes les manières dont une personne communique au monde ce que le fait d’être un homme, une femme, les deux à la fois ou aucun des deux représente pour elle: par son comportement (tenue vestimentaire, démarche, voix, etc.), son choix de carrière, ses passe-temps, etc.
  6. Le système reproducteur: ce sont les organes génitaux externes et internes ayant un rôle dans la reproduction.
  7. Le comportement sexuel: il s’agit de comportements relatifs à l’intimité et à la vie privée, tels les câlins, les massages, les danses, les baisers, la masturbation, les relations sexuelles (orales, vaginales, anales), etc.
  8. Le système de réponse sexuelle: il s’agit de l’anatomie et des organes tels les organes génitaux externes et internes ayant un rapport avec les sentiments sexuels (le désir, les sensations, l’excitation, le plaisir physique et l’orgasme). Cela comprend le système reproducteur (les organes génitaux, les glandes lubrifiantes), le système nerveux (la peau, le cerveau), le système circulatoire (le cœur, etc.) et le système musculo-squelettique.
  9. Le système de valeurs sexuelles: ce sont les croyances d’une personne concernant l’éthique relative au comportement romantique et sexuel, c’est-à-dire ce qui est bien et ce qui est mal dans une relation. Cela comprend ses propres croyances sur les fréquentations, le divorce, l’abstinence, la fidélité, la communication, la virginité, la contraception et d’innombrables autres questions sexuelles.
  10. Le comportement social: il s’agit de l’attitude d’une personne en ce qui concerne ses relations avec les autres (la famille, les amis, le conjoint, etc.). Cela comprend la communication verbale et non verbale, l’amitié, la tendresse et l’amour, ainsi que les comportements romantiques (confidences, fréquentations, sorties, etc.). Parfois, cela conduit aussi à fonder un foyer, une famille ou à se marier.
Extrait de Femmes Autochtones du Québec, Ma sexualité, c’est une question de respect, 2011.
Qu’est-ce qui influence la sexualité? À peu près tout: l’éducation des enfants, les politiques gouvernementales, la religion, les médias, les entreprises pharmaceutiques, les publicités, les violences et les agressions sexuelles, pour ne nommer que ces facteurs là. Les stéréotypes basés sur l’origine ethnique, la classe sociale, l’identité et l’expression de genre, l’âge, le statut de la relation, la situation de handicap et l’orientation sexuelle jouent aussi un rôle. Dans la société nord-américaine, les idéologies dominantes comme le capitalisme, le patriarcat ou le racisme s’expriment non seulement dans la vie sociale, mais aussi dans l’intimité. Comprendre les influences sociales et culturelles sur la sexualité peut alors favoriser l’estime de soi et permettre de revendiquer son droit au plaisir. Nous traçons ici un portrait général des grandes sources d’influence sur la sexualité, mais il est certain qu’il n’est pas exhaustif. Vous trouverez des données factuelles et statistiques dans les encadrés ainsi que des références à des ressources et des ouvrages qui vous permettront d’aller plus loin si vous le souhaitez.
Ce chapitre explore la façon dont les désirs sexuels peuvent découler des pressions sociales, être influencés par le contexte ou encore refléter des contradictions propres à chaque individu. Par exemple, pour une même personne, un acte sexuel peut être une source de bien-être dans une situation et dégradant dans une autre. Quelqu’un qui vous fait un compliment dans la rue peut vous paraître déplacé, mais vous pouvez aussi apprécier l’attention que l’on vous porte. Il n’est pas rare de se sentir ambivalent·e à propos de pratiques ou de désirs sexuels, et il peut arriver d’avoir des fantasmes qui sont jugés tabous. Parfois, le temps et l’expérience sont nécessaires afin de savoir ce que l’on veut, de quelle manière et à quel moment on souhaite établir des limites.

LE COLONIALISME

Une des principales visées de la colonisation européenne en Amérique du Nord était (et demeure) l’appropriation des territoires et des ressources. À cette entreprise se sont opposées et continuent de résister la force et la détermination des nombreuses et diverses Nations autochtones, gardiennes de ces territoires vivant de ces ressources. Comme le projet d’élimination totale n’était pas réussi, le projet d’assimilation de ces Nations aux colons s’est rapidement dessiné comme un moyen efficace pour conquérir ces espaces. Plusieurs des outils utilisés visaient à imposer un système idéologique propre à la structure familiale européenne – celle des colonisateurs –, fondée sur la religion chrétienne et sur la binarité des genres.
LA LOI SUR LES INDIENS
La Loi sur les Indiens, adoptée en 1876, est toujours en vigueur. Son but initial avoué était de faire disparaître les cultures de l’ensemble des Premières Nations.
Pendant près de 100 ans, cette loi était particulièrement discriminatoire envers les femmes. Celles-ci perdaient leur statut d’Indienne si elles se mariaient à un non-Indien, ce qui les obligeait à quitter leur communauté et à renoncer à leur héritage ainsi qu’à leurs terres familiales.
Certains éléments discriminatoires de la Loi ont été éliminés en 1985 à la suite d’une longue lutte des organisations de femmes autochtones.
Depuis, des modifications à cette loi ont créé de nouvelles discriminations envers les femmes. Des clauses limitatives au statut d’Indien favorisent par exemple l’exclusion de femmes et d’enfants des réserves.
Il existe encore une inégalité des droits patrimoniaux des époux au détriment des femmes.
Extrait de Femmes Autochtones du Québec et Conseil du statut de la femme, À la rencontre des femmes autochtones du Québec, 2016.
La notion de binarité des genres est une des normes qui structurent la sexualité allochtone (non autochtone). Elle implique qu’il n’existe que deux identités de genre, soit le masculin et le féminin. Dans plusieurs contextes, par exemple dans la société patriarcale européenne, cette binarité présuppose une supériorité de l’un sur l’autre, ce qui contribue à l’inégalité entre les femmes et les hommes. Cette binarité sous-entend aussi l’attirance homme-femme, c’est-à-dire hétérosexuelle, comme celle qui est normale et attendue. On parle alors d’hétéronormativité*. Dans une société hétéronormative, on laisse peu de place à la fluidité dans la définition de ses relations intimes, de son orientation sexuelle ou de son identité de genre.
Avant la colonisation existaient de multiples formes d’organisations sociales autochtones (variant bien sûr d’une nation à l’autre) autorisant une plus grande souplesse aux individus et une certaine fluidité au sein des relations entre les personnes. Plusieurs nations autochtones accordaient aux femmes beaucoup de pouvoir d’action et de décision autant dans la sphère privée que dans la sphère publique, c’est-à-dire dans la vie sociale, spirituelle et politique des communautés. L’équilibre entre les hommes et les femmes contribuait à la santé de la communauté, dont le fonctionnement reposait sur des valeurs de réciprocité, d’interdépendance et de partage. Souvent, les hommes et les femmes assumaient équitablement les soins et la sécurité de la famille. Certaines Nations permettaient diverses formes d’alliances et de mariages, soit des couples entre personnes de même sexe, la polygamie, la séparation et le remariage. De plus, ces cultures comportaient des systèmes de genres multiples, certaines reconnaissant jusqu’à huit genres différents. Les compréhensions autochtones du monde étaient et restent holistiques: chaque personne a sa place dans la communauté, et les différences sont souvent valorisées car elles apportent une variété de perspectives.
LA SEXUALITÉ DANS LE MODE
DE VIE TRADITIONNEL AUTOCHTONE
Dans le passé, les aînés des diverses Nations enseignaient plusieurs versions de ce qui suit. L’énergie sexuelle est la force et le fondement de la vie. Au cœur de la création (du processus créatif) se trouve l’amour, et l’amour est la force d’attraction qui retient ensemble les éléments et les particules dont notre univers est composé. Sans l’amour, il n’y aurait pas d’univers: les étoiles et les planètes se fragmenteraient et s’éparpilleraient. Toute chose vivante mourrait. La sexualité est la force vitale à l’intérieur de nous. Elle est sacrée. Elle est puissante. Elle recrée la vie. Et c’est parce qu’elle est si puissante et si sacrée qu’on doit la traiter avec le plus grand respect.
Extrait de Femmes Autochtones du Québec, Ma sexualité, c’est une question de respect, 2011.
En imposant leurs systèmes de pensée et leur idéologie hétéropatriarcale – fondée sur les relations hétérosexuelles reproductives et la domination du genre masculin sur le genre féminin –, les colonisateurs ont provoqué des changements majeurs au sein des systèmes sociaux autochtones. Cela s’est notamment fait à travers les pensionnats. Il s’agit d’écoles résidentielles mises en place par une politique du gouvernement fédéral dont le but était d’assimiler les Autochtones à la majorité blanche. Les enfants étaient enlevés à leurs familles et placés dans des pensionnats où ils n’avaient pas le droit de parler leur langue et étaient baptisés contre leur gré. Ces enfants ont vécu de nombreuses violences et agressions sexuelles perpétrées par le clergé. L’éducation qui y était dispensée suivait directement les logiques de peuplement des colonisateurs. D’abord, elle était de mauvaise qualité comparativement à celle offerte aux enfants canadiens non autochtones, renforçant l’idée d’une supériorité blanche où les Autochtones n’étaient pas considéré·e·s comme des humains à part entière. Ensuite, elle séparait les enfants selon leur genre, et enseignait aux garçons à être de bons fermiers et aux filles à tenir une maison, soit à se reproduire et à élever des enfants – alors que la plupart des Nations autochtones étaient nomades ou semi- nomades. Les personnes ne se conformant pas aux ordres se voyaient exclues socialement, opprimées, battues ou même tuées.
L’HÉRITAGE DES TRAUMATISMES
IMPOSÉS AUX PREMIÈRES NATIONS
Nos peuples ont subi de nombreux traumatismes qui affectent toujours notre bien-être individuel et collectif, génération après génération. Les dépendances, la dépression, la rage chronique, les agressions sexuelles, les tendances suicidaires, les relations brisées et les sentiments de désespoir sont des exemples de l’héritage de traumatismes dont nous sommes témoins aujourd’h...

Table des matières

  1. PRÉLIMINAIRES
  2. REMERCIEMENTS
  3. CRÉDITS
  4. CHAPITRE 1
  5. INFLUENCES SOCIALES ET CULTURELLES SUR LA SEXUALITÉ
  6. CONFIDENCES INTIMES 1
  7. LE PORT DU POIL
  8. CHAPITRE 2
  9. PLAISIR SEXUEL ET CONSENTEMENT ENTHOUSIASTE
  10. CHAPITRE 3
  11. PLAISIRS À OBSTACLES
  12. ANNEXES
  13. LEXIQUE
  14. MINIPORTRAITS DES RÉPONDANT·E·S