Vrai parler
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Vrai parler

Conversations avec le rap québécois

  1. 226 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Vrai parler

Conversations avec le rap québécois

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Citations

À propos de ce livre

Vrai parler présente l'univers du rap québécois à travers les propos croisés de plus d'une quarantaine de ses acteurs. Dans une forme qui se trouve à mi-chemin entre une histoire orale et un portrait varié et nuancé de la scÚne actuelle, les artistes abordent des thÚmes comme l'engagement, la présence des femmes, les liens avec les médias traditionnels et l'industrie de la musique populaire au Québec, les relations avec le public et les considérations identitaires. Vrai parler offre une documentation inédite du rap québécois et présente cette pratique artistique par la voix de ses artisans.

Foire aux questions

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Informations

Année
2020
ISBN
9782924670910
Survol historique
par Félix B. Desfossés et Olivier Boisvert-Magnen
Olivier Boisvert-Magnen : journaliste culturel (Voir et CISM)
On mentionne beaucoup dans l’idĂ©ologie populaire que ce serait Lucien FrancƓur et le Rap-Ă -Billy qui aurait dĂ©frichĂ© le terrain pour ce qui est de l’arrivĂ©e du rap au QuĂ©bec. Moi, je suis contre cette idĂ©e reçue, en fait n’importe quel historien ou archĂ©ologue musical serait contre ça, mais je trouve que Lucien FrancƓur est un peu notre Gil Scott-Heron, dans le sens oĂč dans les annĂ©es 70, bien avant le Rap-Ă -Billy, avec son groupe Aut’ Chose, il faisait dĂ©jĂ  des poĂšmes narrĂ©s parfois avec un lexique franglais Ă©toffĂ©, par exemple sur la chanson Le freak de MontrĂ©al. Un genre de prĂ©curseur sans le vouloir, juste parce que c’est un poĂšte qui voulait dĂ©clamer, dĂ©biter ses paroles au lieu de les chanter.
IndĂ©pendamment de ça, les dĂ©buts du hip-hop quĂ©bĂ©cois remontent au tournant des annĂ©es 80, y a peu de traces de ça, et c’était principalement en anglais. Et mĂȘme au-delĂ  de ça, je dirais que c’était pas vraiment du rap, mais plus de la danse, du graffiti pis du deejaying. Je sais mĂȘme pas qui est le premier rappeur, en fait.
Félix B. Desfossés : journaliste culturel (Radio-Canada)
Les premiers Ă©vĂ©nements hip-hop en tant que tels, c’étaient des block partys, des partys de quartier que les gens ici appelaient des blockos, qui se dĂ©roulaient les premiers Ă  Greenfield Park pis dans le quartier Notre-Dame-de-GrĂące. C’est lĂ  vraiment qu’il a commencĂ© Ă  y avoir des DJ qui faisaient spinner du disco, du funk, et qui ont commencĂ© Ă  faire des techniques de DJ, comme dans le cas du cut’n’scratch qui Ă©tait ramenĂ© de Brooklyn. Ces partys-lĂ , dans le fond, ont lancĂ© la culture hip-hop Ă  MontrĂ©al.
DJ Flight Almighty (j’oublie son vrai nom) vivait entre MontrĂ©al puis Brooklyn, pis il a commencĂ© Ă  ramener de ses voyages Ă  Brooklyn des informations pis, surtout, des techniques de DJ Ă  MontrĂ©al. La mĂȘme chose pour Butcher T qui Ă©tait un des premiers DJ Ă  MontrĂ©al. Faque dĂšs le dĂ©but du rap amĂ©ricain, fin des annĂ©es 70, dĂ©jĂ  ça commençait aussi Ă  MontrĂ©al avec des gens qui ramenaient ces influences-lĂ .
Olivier Boisvert-Magnen
L’exportation de la culture amĂ©ricaine vers la culture quĂ©bĂ©coise, c’est essentiel au dĂ©veloppement de la culture hip-hop ici parce qu’il y avait rien qui passait Ă  la tĂ©lĂ©. Donc souvent c’était des gens issus de l’immigration qui Ă©taient Ă  MontrĂ©al et qui allaient visiter leur famille aux États-Unis. C’est ça qui a aidĂ© Ă  former la culture hip-hop Ă  MontrĂ©al. Par la suite, des gars comme 01Étranjj et Shoddy, eux, avaient accĂšs Ă  des magazines — que ce soit en provenance de Toronto ou de New York —, et ils pouvaient ĂȘtre au courant de ce qui se passait dans la culture amĂ©ricaine du hip-hop. Donc c’est trĂšs vrai ce que FĂ©lix dit : beaucoup de prĂ©curseurs ont amenĂ© directement, physiquement, les techniques jusqu’ici.
Félix B. Desfossés
Pour moi, le premier jalon important ç’a Ă©tĂ© le dĂ©but de l’émission de Mike Williams, qui passait le samedi soir sur les ondes de CKGM, Ă  MontrĂ©al. Mike Williams, qui Ă©tait souvent accompagnĂ© de Butcher T, faisait jouer du hip-hop, du r&b, de l’electro funk, finalement une espĂšce d’émission de musique urbaine oĂč le hip-hop avait beaucoup de place. Tranquillement, quand il y a commencĂ© Ă  y avoir des MC Ă  MontrĂ©al, Mike et Butcher T ont commencĂ© Ă  les inviter Ă  venir faire des cyphers les samedis soirs, je pense que c’était comme de 18 h Ă  minuit, quelque chose comme ça. Faque ils pouvaient remplir beaucoup d’heures de radio avec de la musique live, avec des beats en arriĂšre pis les MC venaient. Ils ont pas mal enregistrĂ© comme ça les premiers MC Ă  MontrĂ©al. C’était beaucoup des anglophones parce que CKGM c’était une station de radio anglophone, mais y avait aussi lĂ -dedans beaucoup de francophones, de gens qui Ă©taient issus de l’immigration, entre autres des HaĂŻtiens.
Mike Williams, en 84, est parti de MontrĂ©al pour aller Ă  Toronto pour devenir DJ Ă  MuchMusic, pis il est devenu animateur de tout ce qui Ă©tait crĂ©neau hip-hop et musique urbaine pour eux. C’est pour dire que ç’a Ă©tĂ© un pionnier Ă  MontrĂ©al pis aprĂšs ça une figure super importante de la musique urbaine au Canada au complet.
Parmi les premiĂšres personnes Ă  faire du rap qui sont issues de la scĂšne hip-hop, y a Blondie B. Elle, dans le fond son vrai nom c’est Ludmila Zelkine, elle est nĂ©e d’une mĂšre française et d’un pĂšre qui est aussi nĂ© en France, mais qui a grandi en Russie. Faque elle, elle pouvait rapper en français, en anglais, en espagnol, en russe. Elle avait aussi sa partner qui se faisait appeler Teddy Bear qui Ă©tait originaire d’HaĂŻti, faque elle pouvait rapper en français, en anglais pis en crĂ©ole. Ensemble, elles faisaient un duo, pis y avait aussi d’autres duos fĂ©minins comme Wavy Wanda & Baby Blue. Y a aussi beaucoup de DJ, plutĂŽt masculins, je pense Ă  DJ Ray qui Ă©tait parmi les premiers. Tout ce monde-lĂ  gravitait autour de Mike Williams pis de l’émission de CKGM. Ça, c’était vraiment la scĂšne hip-hop de l’époque.
À cĂŽtĂ©, dans l’industrie musicale quĂ©bĂ©coise, y a eu quand mĂȘme des rĂ©percussions du succĂšs de Rapper’s Delight3. Rapper’s Delight, c’est en 1979, ç’a comme fait connaĂźtre le rap Ă  large Ă©chelle. Y a eu une espĂšce de rĂ©ponse un peu comique francophone par AndrĂ© Montmorency, qui Ă©tait un acteur homosexuel qui est devenu une icĂŽne de la culture gaie au QuĂ©bec.
Olivier Boisvert-Magnen
En fait, le rap francophone au QuĂ©bec est intimement liĂ© Ă  la parodie Ă  ses dĂ©buts. DĂšs le dĂ©but des annĂ©es 80, les premiĂšres dĂ©monstrations de « rap » qu’on a eues viennent de gens qui Ă©taient pas issus de la culture hip-hop, qui ont vu qu’il y avait une tendance aux États-Unis et qui se sont servis un peu de ça comme un canevas pour faire de l’humour.
Félix B. Desfossés
AndrĂ© Montmorency faisait du rap parodique sous le nom de Christian Lalancette, un personnage qu’il jouait dans l’émission Chez DeniseĂ  Radio-Canada. C’était un coiffeur qui Ă©tait mettons pas ouvertement homosexuel, mais qui incarnait Ă  peu prĂšs tous les clichĂ©s possibles de l’homosexualitĂ©. Donc, ç’a Ă©tĂ© un pionnier, un peu, au petit Ă©cran, de la culture gaie au QuĂ©bec. Faque AndrĂ© Montmorency a sorti la chanson Wouch Wouch en 1980, et ç’a Ă©tĂ©, Ă©trangement, un gros succĂšs parce qu’on en retrouve encore des copies par dizaines, c’est super facile Ă  trouver ce disque-lĂ .
Olivier Boisvert-Magnen
Autour de la mĂȘme annĂ©e que Montmorency, y a Bill qui fait la toune. As-tu du feu (Beurre de peanut).On est assez loin du rap, mais y a un dĂ©but de narration sur un beat funky avec un DJ. AprĂšs ça on a, Ă©videmment, RBO qui a fait probablement le plus grand succĂšs rap des annĂ©es 80 au QuĂ©bec, avec la chanson Ça rend rap. Encore une fois, oui ça ouvrait Monsieur Madame Tout-le-monde Ă  cette culture-lĂ , mais en la ridiculisant, en jouant sur les stĂ©rĂ©otypes. Ç’a peut-ĂȘtre servi un petit peu, parce qu’au moins les gens ont su c’était quoi du rap en français, mais bon

Félix B. Desfossés
On a aussi un 12’’ d’un groupe, l’artiste semble s’appeler O’Bey et est accompagnĂ© par le Rhythm Section MontrĂ©al Rock. Y a pas d’informations qui ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es sur qui sont ces gens-lĂ  prĂ©cisĂ©ment, est-ce que c’est quelqu’un qui Ă©tait du QuĂ©bec ou qui Ă©tait de passage ici (parce que beaucoup d’artistes disco passaient ici et s’en retournaient par la suite). Mais ça, c’était vraiment du disco-rap. AprĂšs ça t’as commencĂ© Ă  avoir toutes sortes d’autres exemples d’influences disco-rap avec plusieurs autres succĂšs, jusqu’à tant qu’on arrive au Rap-Ă -Billy de Lucien FrancƓur. Si on prend Blondie B, dont je parlais tantĂŽt, ben elle, ses premiers dĂ©mos datent de 1983. Donc c’est vraiment en mĂȘme temps que Lucien FrancƓur est arrivĂ© avec son succĂšs. Y avait dĂ©jĂ  une scĂšne hip-hop Ă  MontrĂ©al, Lucien FrancƓur n’en Ă©tait pas issu, t’sais.
Y avait quand mĂȘme, faut dire, beaucoup d’autres rappeurs, DJ, beaucoup Ă  MontrĂ©al-Nord, etc., et ça c’est moins bien documentĂ©, je te dirais, Ă  ce moment-ci [en 2019]. Le reste aussi est assez mal documentĂ©, mais de la scĂšne anglophone, tranquillement, les noms commencent Ă  ressortir. Butcher T est encore actif Ă  la radio de McGill en ce moment.
Olivier Boisvert-Magnen
Butcher T est une rĂ©fĂ©rence vivante, qui a lui-mĂȘme connu les dĂ©buts du hip-hop influencĂ©s par la culture amĂ©ricaine. C’est une de nos lĂ©gendes, trĂšs sous-estimĂ©e parce qu’il y a tellement pas de traces de ça qu’on peut mĂȘme pas donner suite Ă  l’histoire ou la propager. Mais Butcher T est clairement un Ă©lĂ©ment fondateur de la culture hip-hop d’ici.
Faque tout ça c’est des balbutiements dont on a gardĂ© peu de traces. C’est pas pour rien qu’il y a beaucoup de gens qui remontent Ă  Lucien FrancƓur, c’est parce qu’on a presque pas de traces, y a personne qui a enregistrĂ© d’albums qu’on peut Ă©couter maintenant.
Dramatik, par exemple, avait dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  rapper (en anglais) en 91. Mais ça, on le sait parce que c’est Dramatik et qu’il peut nous le dire. Mais tous les rappeurs de cette Ă©poque-lĂ  qui ont lĂąchĂ© peu aprĂšs, on a aucune idĂ©e ils sont oĂč. T’sais, FĂ©lix fait un travail d’archĂ©ologue, mais y a des limites Ă  ce qu’il peut faire, surtout quand ç’a pas Ă©tĂ© enregistrĂ©. Le rap Ă©tait une culture immatĂ©riel...

Table des matiĂšres

  1. Page couverture
  2. Titre
  3. Crédits
  4. Citation
  5. Avant-propos
  6. Survol historique
  7. Icitte
  8. Trajectoires et reconnaissance
  9. Vrais reconnaissent vrais
  10. La game
  11. Garde ta job
  12. Territoire hostile
  13. Présence en ligne
  14. All Hail the Queens
  15. Mentalité Moune Morne
  16. The Message
  17. Biographies des intervenants
  18. Remerciements
  19. Bibliographie
  20. Collection
  21. Fin
  22. QuatriĂšme de couverture