Xénomorphe
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Xénomorphe

Alien ou les mutations d'une franchises

  1. 226 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Xénomorphe

Alien ou les mutations d'une franchises

Détails du livre
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Table des matières
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À propos de ce livre

Quarante ans plus tard, que reste-t-il à dire sur Alien? Le film n'est plus seulement cette œuvre culte et unique ayant choqué l'auditoire de son époque; il s'est transformé en une colonie de récits épars qui se sont infiltrés dans toutes les sphères médiatiques et culturelles. Xénomorphe est un voyage au cœur de cet univers de fiction explorant les mutations de la franchise Alien, du cinéma au jeu vidéo en passant par la bande dessinée et la littérature. Comment se créent, se transforment et se consomment ces œuvres après plusieurs décennies d'évolution dans ces monstrueuses constellations de récits?

Foire aux questions

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Informations

Année
2020
ISBN
9782924670675
Chapitre 1 – L’organisme parfait
« Alien n’est plus le monstre honni mais le monstre
qu’on fabrique et qu’on clone pour gagner toutes
les guerres contre toutes les autres planètes… »
Olivia Rosenthal, Toutes les femmes sont des aliens, 2016
Àla table d’un vaisseau spatial, six passagers mangent leur repas, heureux que la santé d’un de leurs collègues s’améliore. La conversation et les rires cessent lorsqu’il s’étouffe : « Mais qu’est-ce qui se passe ? C’est dégueulasse, mais pas à ce point-là. » (« What’s the matter ? The food ain’t that bad. »), lui dit-on. En quelques secondes, on le retourne sur le dos. Son corps est parcouru de spasmes et de convulsions violentes. Puis, ses côtes craquent sous la pression interne de quelque chose à l’intérieur de son estomac. Le chandail blanc se tache d’un cercle écarlate. Craquements, déchirure : une petite tête monstrueuse perce l’abdomen de l’homme. Du sang gicle sur les visages de ceux qui assistent à la scène, sur la table, jusqu’au plafond. La créature aux dents métalliques considère son environnement immédiat avant de disparaître rapidement vers les corridors sombres de la navette.
À lire cette description, il y a fort à parier que les images de cette scène charnière d’Alien font aisément retour dans votre esprit. Dès la diffusion du film en salles en 1979, cette naissance brutale s’est gravée dans les imaginaires et colonise depuis les textes3 qui gravitent, de près ou de loin, autour de l’œuvre devenue culte. La blessure ouverte, pour emprunter les mots de Roger Luckhurst (2014, p. 40-41), peine à se refermer sous les échos des reprises et des adaptations de ces soixante secondes qui nous hantent depuis une quarantaine d’années déjà. Les images de la scène ont été reprises au sein de contextes improbables comme les œuvres pour la jeunesse ou les comédies. L’esthétique et les thématiques exploitées dans la franchise Alien dépassent les frontières des récits qui tentent de les contenir et contaminent depuis les productions de tous genres. Comme ceux qui sont passés avant lui, le célèbre monstre qui jaillit depuis le ventre de sa victime acquiert, en quelque sorte, une aura mythique. Comme le monstre du Dr Frankenstein, Dracula, Dr Jekyll et Mr Hyde, chaque reprise, chaque répétition transforme le personnage, l’éloigne de sa première apparition en tentant toujours de reconduire la même intensité affective (Luckhurst, 2014, p. 7-8), de faire retour à l’original.
Au fil des nouvelles représentations ou à la moindre mention de son nom, l’Alien, le xénomorphe, s’accompagne d’histoires, de thématiques et de messages qui sont, comme ceux des monstres qui nous ont marqués avant lui, ancrés dans les peurs de la société qui l’a vu naître : peur de l’étranger, peur de l’inconnu, peur de perdre sa place au sommet de la chaîne alimentaire.
Qu’est-ce qui fait que le xénomorphe, davantage que d’autres créatures extraterrestres, a imposé cette permanence dans l’espace culturel populaire ? Comment un simple personnage de fiction acquiert-il des formes reconnaissables, peu importe le contexte dans lequel on le déplace ? Comment ces formes influencent-elles notre manière de percevoir le monde, de l’interpréter ? Pour tenter une réponse à ces questions, il faudra faire retour au commencement, à l’origine de la création du monde fictif peuplé de xénomorphes.
Au commencement, il y avait un œuf
Une tête penchée au-dessus de l’ouverture palpitante de l’œuf attend, inconsciente, la violence d’un baiser. Avec un cri, les corps se tordent et s’enlacent. Dans quelques heures naîtra un monstre dans l’horreur et le sang, à travers la destruction du corps qui l’a porté. Et peu importe s’il s’agit de la première ou de la quinzième fois que mes yeux se posent sur ces images, je ne m’engage jamais réellement dans un premier contact avec la créature qui en jaillira. C’est la difficulté de fixer un point d’origine au personnage devenu mythique : les récits lui ayant conféré ce statut s’inscrivent dans un réseau d’histoires et de thèmes qui existaient déjà avant eux et ils inspirent, à leur tour, de nouvelles histoires. De plus, mon entrée dans l’univers fictionnel d’Alien n’aura jamais la violence fulgurante d’une rencontre inattendue puisqu’il n’existe pas « de première lecture, de lecture spontanée, parce que nous sommes toujours déjà en train de lire, il n’y a pas non plus de première lecture qui serait une origine, aussi radicale et dense que le Big Bang » (Gervais, 2007, p. 34). Ceci est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit d’œuvres populaires.
Avant même que je regarde pour la première fois Alien, je sentais déjà que je connaissais les grandes lignes du film, les moments marquants comme la scène du chestburster, la forme de l’extraterrestre meurtrière, le visage de Sigourney Weaver (qui interprète le personnage d’Ellen Ripley et que j’avais vue auparavant dans d’autres productions cinématographiques) – contrairement à une certaine génération ayant eu la chance de faire cette première rencontre au cinéma. Et pourtant, même cette génération privilégiée a été préparée d’une manière ou d’une autre à ce premier contact.
Avant même de lire ou de visionner, tout un appareillage de signes entoure le récit qui sera consommé : il oriente les attentes en indiquant le genre auquel appartient l’œuvre (horreur, science-fiction, fantastique, policier, comédie, etc.), son format, ses instances créatrices et son titre (Couégnas, 1992). C’est ce que Gérard Genette et plusieurs autres après lui ont désigné sous l’appellation « paratexte4 ». Pour le roman, ces informations sont inscrites pour l’essentiel sur la couverture du livre ; au cinéma, c’est l’affiche du film qui les réunit en grande partie et me permet d’apprivoiser l’univers de fiction dans lequel je m’apprête à m’immerger en soulignant les éléments essentiels qui teinteront le voyage à venir (c’est, du moins, la thèse de Jonathan Gray, 2010).
Ainsi, avant même d’apercevoir pour la première fois la forme de l’œuf sur l’écran de cinéma, l’affiche du film plaçait en son centre la forme ovoïde. Celle-ci est craquée à la base d’où émane une vapeur verdâtre. Cette image suggère que la naissance de cet alien est en cours, imminente. Le slogan situé près de l’ouverture fait office de mise en garde : « Dans l’espace, personne ne vous entendra crier… »In space no one can hear you scream.… »). Déjà, avant même que les images se mettent en mouvement, il y a menace et hantise, anticipation d’une figure qui inquiète par sa présence à venir. Avant d’apercevoir les formes de l’extraterrestre sur l’écran, je construis, à partir de l’affiche, des projections qui peuvent combler momentanément les blancs sémantiques provoqués par la tension entre l’absence de la figure, l’indice de son incubation et l’anticipation de son apparition, de sa sortie de l’œuf.
Alien : le paratexte
Le titre, quant à lui, inscrit dans la partie supérieure de l’affiche, forme des présuppositions sur l’appartenance générique de l’œuvre en plaçant au centre de l’attention le personnage extraterrestre, l’alien. Rétrospectivement, le terme devient une composante essentielle du paratexte de la franchise, constituant la première partie de chacun des titres de ses suites et épisodes antérieurs : Aliens, Alien3, Alien : Resurrection, Alien : Covenant, etc. La répétition devient alors un principe d’élaboration qui permet d’établir un lien de filiation explicite et commercial entre les œuvres à paraître et celles qui ont laissé leur marque avant elles.
Le titre transporte aussi avec lui la signification dont il est chargé. Dans la langue anglaise, alien – utilisé parfois comme un synonyme du mot extraterrestrial – est un dérivé du latin alienus (dont aliénation est issu) qui signifie « ce qui appartient à un autre » ou « ce qui est étranger ». La polysémie du terme anglais, qui désigne tout ce qui a trait à l’altérité, ainsi que la grande quantité de textes de science-fiction mettant en scène ce type de personnage, permet au concept d’englober de multiples définitions et représentations (Monk, 2006). Qui plus est, l’absence de déterminant devant le nom alien appuie l’indétermination intrinsèque à la créature. De la même manière, l’origine du mot extraterrestre, en français, révèle une ambigüité définitionnelle : le préfixe extra (du latin extera signifiant « au-dehors », « à l’extérieur ») apposé à l’adjectif terrestre détermine l’identité d’un objet dans un rapport d’exclusion. Autrement dit, l’être ou la chose extraterrestre désigne tout élément extérieur à l’environnement terrestre lui permettant, par conséquent, de s’ouvrir à une infinité de significations et de formes.
Le terme xénomorphe, utilisé pour la première fois dans Aliens (1986) afin de décrire le mécanisme de reproduction de l’extraterrestre, a été repris erronément par les fans pour nommer la créature et s’est institutionnalisé par la suite pour faciliter la vente de produits dérivés5. Au cœur de la franchise, l’appellation donnée à l’extraterrestre change aussi souvent que sa forme : il a été « insecte », « dragon », « serpent », « créature », « chose », etc. (voir à ce sujet Hutchinson, 2014). Le néologisme xénomorphe fait écho à ce rapport d’exclusion définitionnel, en plus d’illustrer au sein de la fiction les mécanismes d’expansion des franchises transmédiatiques (Littau, 2011). Le terme est formé du préfixe grec xéno, indiquant un rapport avec l’étranger, et du suffixe morphé, qui signifie « forme ». Le xénomorphe est une créature extraterrestre qui se reproduit en prenant la forme de ce qui lui est étranger. Dans Alien : Covenant (2017), faisant suite à l’histoire de Prometheus (2012) et dont les événements précèdent Alien (1979), le xénomorphe est appelé « néomorphe », suggérant alors que la créature se transforme continuellement en quelque chose de nouveau (du grec neo, qui signifie « nouveau »). Dans son nom s’inscrit son mécanisme de reproduction qui résulte de sa relation avec ses environnements protéiformes, et qui, conséquemment, conditionne une apparence ...

Table des matières

  1. Page couverture
  2. Titre
  3. Crédits
  4. Introduction – Guide de voyages intergalactiques
  5. Chapitre 1 – L’organisme parfait
  6. Chapitre 2 – À bord du Nostromo
  7. Chapitre 3 – Longue vie à la Reine
  8. Chapitre 4 – Sérialiser la peur
  9. Chapitre 5 – Voyages au cœur de la machine
  10. Chapitre 6 – À quoi rêvent les xénomorphes ?
  11. Conclusion
  12. Remerciements
  13. Bibliographie
  14. Annexe
  15. Itinéraires alternatifs
  16. Collection
  17. Fin
  18. Quatrième de couverture