Le regard de l'autre
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Le regard de l'autre

La naissance du nationalisme au Québec

  1. 264 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Le regard de l'autre

La naissance du nationalisme au Québec

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À propos de ce livre

Le nationalisme est un sentiment collectif rĂ©cent. Philippe Reid en rappelle l'histoire, voisine du romantisme, et la dimension idĂ©ologique.En retenant le cas des Écossais au QuĂ©bec et leurs institutions particuliĂšres, il jette un Ă©clairage neuf sur cette question.

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Informations

Année
2011
ISBN
9782895026327
Sujet
History
Sous-sujet
World History

DEUXIÈME PARTIE

LES ACTEURS SOCIAUX
ET LEUR VISION DE LA SOCIÉTÉ

CHAPITRE IV

LES STRUCTURES SOCIALES
DU BAS-CANADA

Économie, politique et religion constituent les trois plus importantes structures sociales du Bas-Canada. Chacune d’entre elles est dominĂ©e par une Ă©lite qui dĂ©finit les normes Ă  suivre dans l’action collective et qui prescrit en quelque sorte un ordre social idĂ©al. D’autres acteurs sociaux, individuels et collectifs, y expriment Ă©galement leurs propres normes.
Il rĂšgne Ă  mes yeux une grande instabilitĂ©, le mot plus juste serait dynamisme, au sein de ces structures, en raison du choc frĂ©quent d’élĂ©ments contraires. Elles se chevauchent et sont ouvertes sur l’extĂ©rieur, notamment sur Londres, Glasgow et Rome, en ce qui concerne le Bas-Canada. C’est dire qu’il n’y a pas de totalitĂ© appelĂ©e « la sociĂ©tĂ© », qui serait la somme de toutes les structures. « La sociĂ©tĂ© » est en rĂ©alitĂ© toujours problĂ©matique, constamment en train de se faire, de se dĂ©faire et de se refaire. Elle ne constitue pas ce tout unifiĂ© qui se conçoit lui-mĂȘme dont parlent certains chercheurs, non plus qu’il est loisible de parler de sociĂ©tĂ© globale qui entretient des reprĂ©sentations sur elle-mĂȘme, qui se donne des finalitĂ©s.
LA STRUCTURE ÉCONOMIQUE DU BAS-CANADA
Parler du Bas-Canada, c’est se rĂ©fĂ©rer Ă  un espace social dĂ©limitĂ© par la frontiĂšre tracĂ©e en 1791, au moment de la constitution par la Grande-Bretagne de deux colonies distinctes, le Bas-Canada et le Haut-Canada. Cela dit, nous Ă©viterons de nous perdre dans des dĂ©tails historiques, pour porter notre attention sur les principaux groupes sociaux.
Une Ă©lite marchande
L’examen de la structure Ă©conomique ne peut que rĂ©vĂ©ler la prĂ©sence d’un petit groupe d’individus vouĂ©s au commerce. Certains sont marchands de fourrures, d’autres importateurs de produits manufacturĂ©s en mĂȘme temps qu’exportateurs de cĂ©rĂ©ales, de potasse et de poissons. D’autres encore travaillent dans le commerce du bois, ou exploitent des chantiers maritimes, oĂč ils font construire les bateaux nĂ©cessaires Ă  leurs activitĂ©s commerciales.
Le premier dĂ©tail frappant chez cette bourgeoisie commerçante, c’est sa composition ethnique. W. Stanford Reid40 nous fait prendre conscience de l’origine Ă©cossaise de la grande majoritĂ© des membres de cette bourgeoisie au XVIIIe siĂšcle, de mĂȘme qu’au siĂšcle suivant. À n’en pas douter, l’économie du Bas-Canada est avant tout l’affaire des Écossais.
DĂšs 1759, au moment de la guerre de ConquĂȘte, arrivent au pays un certain nombre de marchands, Écossais de la rĂ©gion des Lowlands, plus prĂ©cisĂ©ment de Greenock, un port sur la riviĂšre Clyde en aval de Glasgow. Ils voient dans le siĂšge de QuĂ©bec non seulement une occasion de fournir en nourriture l’armĂ©e d’occupation, mais aussi des dĂ©bouchĂ©s pour leurs produits manufacturĂ©s. La chute du RĂ©gime français favorise Ă©videmment leurs desseins.
On peut citer Ă  titre d’exemple le cas de James Finlay. AssociĂ© Ă  son frĂšre Robert Ă  Greenock, il met sur pied dĂšs 1764 un service rĂ©gulier de bateaux entre la Clyde et QuĂ©bec, affrĂ©tant des navires pour l’importation de lainage, de toile, d’alcool (du rhum) et de ferronnerie ; au retour, ils exportent bois et potasse41. Des immigrants des Lowlands — maçons, jardiniers, carriers, meuniers, opĂ©rateurs de scieries
 — sont recrutĂ©s : on paye leur passage s’ils s’engagent par contrat Ă  travailler au Canada. Jusque dans les annĂ©es 1790, James Finlay veille aussi Ă  la construction de magasins, d’entrepĂŽts et de rĂ©sidences Ă  QuĂ©bec.
James Dunlop est un autre de ces marchands formĂ©s Ă  Glasgow et liĂ©s Ă  plusieurs firmes de Greenock. Fuyant la RĂ©volution amĂ©ricaine, il arrive Ă  MontrĂ©al en 1776. Il commence comme marchand gĂ©nĂ©ral, important textiles, boissons et produits alimentaires. Il a tĂŽt fait de faire construire un vaste entrepĂŽt, rue Saint-Paul. Il ne s’arrĂȘte pas lĂ  : aprĂšs 1793, il commerce avec les Antilles y exportant du bois, des provisions et du bĂ©tail et en important entre autres du sucre et du rhum. Il doit donc faire construire, Ă  MontrĂ©al et Ă  QuĂ©bec, aidĂ© de charpentiers, d’architectes navals et d’artisans Ă©cossais, une flotte de navires de plus de 400 tonneaux. Il en profite Ă©galement pour exporter vers l’Angleterre du chĂȘne de choix et des cĂ©rĂ©ales, et vers l’Écosse de la potasse, produits qu’il a achetĂ©s directement des producteurs du Haut et du Bas-Canada. Il paye ces derniers en produits manufacturĂ©s importĂ©s d’Écosse et des Antilles. Ses rĂ©serves lui permettent de spĂ©culer sur les prix. Ses activitĂ©s de cabotage sur le fleuve l’incitent Ă  amĂ©nager des quais et Ă  construire de petits entrepĂŽts. Aux alentours de 1810, il exporte dans la pĂ©ninsule ibĂ©rique du bƓuf en baril pour des armĂ©es de Wellington. Ambitieux, plein d’énergie, sachant dĂ©celer les tendances, il prĂ©voit que la guerre de 1812 entre l’Angleterre et les États-Unis sera favorable Ă  la construction de navires.
En 1800, on compte pas moins de 35 entreprises engagĂ©es, comme celles de Finlay et de Dunlop, dans le commerce (l’import-export, dirions-nous aujourd’hui) entre la Clyde (Glasgow/Greenock) et le fleuve Saint-Laurent. La domination des Écossais de la Clyde est observable aussi en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, aprĂšs 1783.
À ce noyau initial, compact et homogĂšne, ont peine Ă  se joindre des commerçants d’origine canadienne. Mal servis par l’issue de la guerre de Sept Ans, dĂ©pourvus de relations commerciales avec l’Angleterre et l’Écosse, ils soutiennent difficilement la concurrence. Aussi la plupart d’entre eux sont-ils forcĂ©s en l’espace de quelques dĂ©cennies de s’intĂ©grer tant bien que mal aux rangs subalternes de l’administration coloniale.
Ainsi, François Baby, aprĂšs maintes tracasseries et vicissitudes, deviendra grand voyer et adjudant gĂ©nĂ©ral, en plus de recevoir la charge non rĂ©munĂ©rĂ©e de conseiller lĂ©gislatif. On pourrait Ă©galement Ă©voquer le cas de Saint-Georges DuprĂ©, devenu commissaire des milices et des corvĂ©es pour le transport militaire, ou encore celui de La NaudiĂšre, autre grand voyer. La subordination des quelques commerçants canadiens Ă  l’administration coloniale est si complĂšte que, vers 1790, l’élite marchande sera presque exclusivement composĂ©e de Britanniques, des Écossais de la rĂ©gion de Glasgow pour la plupart, comme nous venons de le constater.
Mais, peut-on se demander au passage, comment un tel intĂ©rĂȘt pour le commerce s’est-il dĂ©veloppĂ© dans cette rĂ©gion ? Des historiens notent qu’une culture commerciale a commencĂ© Ă  y prendre racine au XVIIe siĂšcle. Des groupes de marchands ont rapidement trouvĂ© le moyen de sortir du cercle restreint des pĂȘcheries de Terre-Neuve (considĂ©rĂ©e alors comme une extension de l’Angleterre, donc accessible aux Écossais), auquel les confinaient les lois anglaises sur la navigation, pour commercer avec les colonies anglaises de la Nouvelle-Angleterre (importation du tabac de Virginie, par exemple), les colonies françaises et espagnoles des Antilles (le sucre, entre autres). Il y a plus : une vĂ©ritable rĂ©volution Ă©conomique, selon les dires de l’historien D. S. MacMillan42, est en train de se produire dans la rĂ©gion de Glasgow. AttirĂ©s par les nouvelles entreprises industrielles — des raffineries de sucre, des distilleries (oĂč l’on produit du rhum), des manufactures oĂč l’on fabrique voiles et cordages, des chantiers navals
 —, les gens des alentours affluent vers cette ville, qui voit sa population gonfler. Un nouveau groupe d’hommes trĂšs ambitieux Ă©merge, des commerçants qui veulent prendre leur place au soleil, qui sentent que c’est maintenant au tour de l’Écosse de connaĂźtre les bienfaits du progrĂšs. TroisiĂšme Ă©lĂ©ment d’explication : le systĂšme scolaire Ă©cossais, Ă  la base duquel se trouvent les Ă©coles paroissiales presbytĂ©riennes, qui a permis de scolariser une partie importante de la population et a rendu accessible Ă  un plus grand nombre qu’ailleurs l’éducation supĂ©rieure.
À cĂŽtĂ© de ces marchands gĂ©nĂ©raux se trouvent des commerçants qui s’adonnent Ă  la traite des fourrures, autre activitĂ© Ă©conomique largement dominĂ©e par des Écossais.
Le plus connu sans doute des marchands Ă©cossais se nomme Simon McTavish. AprĂšs avoir vĂ©cu dans l’État de New York, ce Highlander — une exception qui confirme la rĂšgle, pourrait-on dire — arrive Ă  MontrĂ©al en 1775, ĂągĂ© de 25 ans, pour y fonder sa propre entreprise. Il n’est pas le seul Ă  s’adonner Ă  cette activitĂ©. On note aussi la prĂ©sence de William Grant (de Trois-RiviĂšres) et de son associĂ© Simon Fraser, d’Isaac Todd et de James McGill, associĂ©s dans la firme Todd, McGill & Co, de George Phyn et d’Edward Ellice (ces derniers ont fui Schenectady dans l’État de New York au moment de la guerre d’IndĂ©pendance amĂ©ricaine), de la firme Phyn, Ellice & Co, de James Finlay Senior, d’Alexander Mackenzie, et de Norman McLeod de la firme Gregory, McLeod & Co, des frĂšres Benjamin et Joseph Frobisher (parmi les rares qui ne soient pas Ă©cossais), de David et Peter Grant, de Thomas Corry, et j’en passe.
On constate chez tous ces marchands de fourrures la mĂȘme ambition, la mĂȘme ardeur au travail, mais aussi le mĂȘme esprit de clan, le mĂȘme favoritisme dans l’embauche que chez les marchands gĂ©nĂ©raux. Pleins de prĂ©jugĂ©s Ă  l’endroit de tous ceux qui ne sont pas de la rĂ©gion de Glasgow, ils remplacent les Canadiens dont ils avaient eu besoin, au dĂ©but, en raison de leur connaissance du terrain et des langues indiennes, par des Écossais, de prĂ©fĂ©rence de leur propre rĂ©gion, quand ce n’est pas de leur propre famille. Par exemple, au sein de l’entreprise de Simon McTavish, qui deviendra en 1783 la North West Company, se trouvent ses neveux William et Duncan McGillivray, ses cousins Simon Fraser, John McGillivray, Alexander Fraser et Donald McTavish. Roderick McKenzie a Ă©pousĂ© la belle-sƓur de Simon McTavish, et John McDonald of Garth, une de ses niĂšces, et ainsi de suite. Les clans, fondĂ©s sur la parentĂ©, forment la base de leurs relations social...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Faux-titre
  3. Du mĂȘme auteur
  4. Titre
  5. Crédits
  6. DĂ©dicace
  7. Introduction
  8. PremiĂšre Partie
  9. DeuxiĂšme Partie
  10. TroisiĂšme Partie
  11. QuatriĂšme Partie
  12. Conclusion
  13. Notes